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Hana-Bi

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les avis de Cinemasie

12 critiques: 4.46/5

vos avis

88 critiques: 4.13/5



Elise 4.5 Beau portrait d'un homme en crise
Xavier Chanoine 5 Kitano Takeshi au sommet de son art
Marc G. 4.5 Bouquet final
drélium 2.5 ULTRA SUBJECTIVITÉ
Sonatine 4.5 Profondément puissant, point final.
Ordell Robbie 5 Rose Fanée
Ghost Dog 4.5 Profondément ancré dans la crise économique japonaise, un portrait bouleversant...
François 4.5 Un film magnifique, violent et grave, porté par son interprète principal
Alain 5
Junta 4.5
Kame 4
MLF 4.5
Tenebres83 4.5
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Kitano Takeshi au sommet de son art

Lorsqu'un flic complètement dépassé par les événements décide de faire voyager sa femme malade, cela donne Hana-bi, oeuvre au titre aussi bizarre que magique.

L'inspecteur Nishi (Kitano Takeshi) n'a plus de repère et voit son entourage dégringoler comme un château de cartes. Son ami, fusillé à bout portant se retrouve en fauteuil roulant. Sa fille, décédée à cinq piges laisse derrière elle sa mère démoralisée et atteinte d'une grave maladie. Ses collègues tombent un à un sous les balles d'une crapule anecdotique. Les Yakuza lui demandent des comptes, non, c'est est trop. Las de ce train-train glauque, il décide de tout plaquer pour laisser libre cours à son envie principale : re-donner le sourire à sa femme dont les jours sont comptés. Entre deux trois tabassages, Nishi voyage en compagnie de sa femme. Il braquera une banque avant tout histoire de payer le "road trip" et rembourser une partie des dettes qu'il doit à la mafia. Ensuite, une improvisation de feux d'artifices près de la mer, qui malheureusement se transformeront en pétards mouillés (métaphore de la vie ratée de Nishi). Une ballade dans un parc près du Mont Fuji et une séance photo sont autant d'éléments formidables que ratés. Il ne lâchera pas tant que sa femme ne retrouve pas le sourire. Pendant ce temps, son ami paralysé peint de belles toiles histoire de passer le temps et de s'occuper comme il peut dans ce sinistre fauteuil. Une femme l'aime. Il passe devant un fleuriste et s'imagine, dans une superbe représentation imagée, des personnages, des mondes et des paysages à base de fleurs. La poésie prend le dessus, nous engouffre, nous submerge. Elle est encore plus forte car sans cesse accompagnée par la mythique bande son de Joe Hisaishi. Le moral revient peu à peu chez la femme de Nishi. Les premiers sourires apparaissent grâce à ce jeu de cartes improvisé dans la 4x4, puis la parole en toute fin de métrage, qui en guise de reconnaissance lancera un timide "merci" à son courageux mari.

Sous ses airs de tendre et d'attentionné, Nishi cache derrière lui toute cette infinie douleur. Ses proches morts, sa femme gravement malade, à la moindre parole mal placée, Nishi cogne, et dur. Mandales, écrasement facial, baguettes dans les yeux, head-shot, éclatement buccal, tout un joli programmes que Kitano apprécie dans ses films. Son personnage renfermé (son texte se résume à une dizaine de répliques maximum) lui confère un charisme que l'on ne lui soupçonnait pas. Le contraste est saisissant (peut être plus que dans ses autres réalisations), où chaque scène ultra violente s'accompagne l'instant d'après d'une image d'une poésie rare. Le film possède ainsi un cachet quasi mythique. Bercé dans un élan lyrique enivrant, sans cesse contré par une violence hallucinante, Hana-bi fait figure d'oeuvre importante dans la filmo pratiquement parfaite de Kitano. Jouant systématiquement entre polar Yakuza et comédie guillerette, Kitano a su une nouvelle fois apporter une atmosphère, une odeur particulière à son métrage pour le rendre définitif. Inoubliable Kitano, presque un cinéma de genre à part entière.



15 avril 2006
par Xavier Chanoine




ULTRA SUBJECTIVITÉ

du flan, un vide cruel qui n'a d'égal que le regard de Kitano. Inutile de chercher des significations substancielles, du lyrisme, de l'humanisme et un quelconque rapport à la nature, tout cela sonne faux et ne rime à rien à part la mise en avant de Kitano lui-même plutôt que son personnage qui n'a rien d'attachant. Je ne serais pas trop dur car il y a quelques bons passages relationnels "en suspension" mais pour le reste.... du flan. Le sujet de Kitano est toujours plus ou moins le même (un professionnel du flingue qui se pose des questions relationnelles et existentielles) et ç'est profondément restrictif, pessimiste et saoulant. Je n'y vois aucun intérêt et aucune vérité. Je suis un grand optimiste, ça joue certainement.

22 avril 2003
par drélium




Rose Fanée

C'est quoi un cinéaste en état de grace? Un cinéaste qui fait les choix les plus casse-gueule et réussit le temps d'un film tout ce qu'il entreprend, un cinéaste chez qui les choix les plus instinctifs sont aussi les plus pertinents. Cet état de grace de Kitano dans Hana Bi est pleinement visible dans le long travelling arrière du début du film dans les rues de Tokyo: bien avant que l'on voie physiquement les personnages qui discutent dans la voiture, il pose l'envie de quitter Tokyo, de laisser Tokyo derrière soi. Parce que bien plus que la quintessence du système Kitano (ce qu'était Sonatine), Hana Bi est le film d'un cinéaste qui oserait enfin les figures libres. Réalisé à l'instinct selon Kitano, le film est pourtant toujours élaboré autour de son personnage: depuis son accident de moto, son visage n'est plus seulement cet écran sans expression qui prépare le surgissement subit de la violence mais un visage scindé entre une partie expressive et une partie inexpressive qui coexistent.

Et toute la construction du film peut se voir au travers de ce prisme: simultanéité de la discussion sur le désespoir de Nishi et sa femme et du plan de Nishi jouant au base ball insouciant, enchainement abrupt de Nishi allumant sa clope et d'un coup de feu retentissant au meme moment entre autres. Mais c'est l'introduction des toiles peintes par Horibe qui donne une saveur particulière à ce choix: les toiles téléscopent le vécu de Nishi d'une façon d'autant plus pertinente que Nishi vit ce qu'Horibe ne peut vivre; là où Horibe est seul suite à son handicap, Nishi réussit provisoirement à ranimer son couple, là où Horibe est condamné par sa chaise roulante à ne faire que regarder la mer et rever de s'échapper, Nishi s'échappe véritablement et va profiter pleinement du rivage meme si cela n'effacera pas son désespoir. Parce que ce qu'il fait c'est exactement ce que fait sa femme dans un des plus beaux plans du film, à savoir arroser des fleurs déjà fanées. Ces fleurs-là, ce sont les survivants des sacrifices du miracle économique nippon qui sont désormais trop las pour se retourner ou repartir à zéro. On y fait un casse en forme d'ultime pied de nez à la société là où d'autres (les jeunes yakuzas du film) auraient plutot tenté la Bourse pour décrocher le jackpot. On s'évade, on prend son temps, cela ne solutionne rien mais permet au moins d'avoir quelques instants de bonheur ici bas.

De Hana Bi il faut aussi dire la grande liberté narrative et les changements de ton qui se font avec le plus grand naturel. On y passe ainsi de moments d'une grand drolerie (la roue de la voiture conduite par la femme de Nishi qui écrase la main d'un Nishi furieux, le garagiste qui sourit quand Nishi lui dit qu'il veut acheter sa voiture pour faire un casse) à des flash backs rendus intenses par leur silence (les souvenirs des coups de feu), du surgissement impromptu et très kitanien de la violence (la scène des baguettes ou le meurtre dans la voiture) à des passages où le désir de communion avec la nature se déploie (les plans maritimes kitaniens ici empreints d'un lyrisme absent des autres films du cinéaste), de séquences montrant des gangsters au professionalisme melvillien (la préparation de la voiture par Nishi) à des moments d'une grande liberté (la photo à l'hotel).

Et il y a la musique de Hisaishi Joe qui ajoute un élément absent des autres Kitano: le mélodrame (au sens originel de "drame avec de la musique"). On me dira que la situation de la femme de Nishi est une situation de type mélodramatique. Mais le film lui-meme ne serait pas dramatisé sans sa musique qui le rend véritablement poignant en installant de l'ampleur mélée à une certaine gravité dès le début du film. Du coup, le film transcende son genre comme peuvent le faire tous les classiques, il est polar, drame, comédie et commentaire social. A ce stade, on n'a pas parlé des acteurs: à la manière dont il réussissait à tirer parti de son jeu monoexpressif, Kitano transforme encore ici une contrainte en atout en utilisant superbement son visage à moitié immobile pour faire surgir une part d'humanité refoulée par la routine du quotidien de Nishi, Osugi Ren est poignant de jeu dramatique retenu et Terajima Susumu passe avec une virtuosité non ostentatoire de son style déterminé habituel à un registre plus grave ou décontracté.

Sauf que tout ce texte n'a toujours pas dit ce qui fait d'Hana Bi un classique. Il ne s'agit pas en effet d'un film à la fois accomplissement artistique total et date dans l'histoire du cinéma comme peuvent l'etre Citizen Kane, 2001, Mean Streets ou the Killer (ou meme Sonatine). Sauf qu'il appartient à une autre catégorie de classiques, celles des films qui réalisent de façon accomplie la somme de la vision d'un auteur (ce qu'est indiscutablement Kitano) tout en renouvelant son oeuvre, ce que peuvent etre des films tels que Mullholland Drive, les Affranchis ou Casino. Mais de toute façon Hana Bi est un film indispensable, un de ceux qui justifient à eux seuls le coup de projecteur des années 90 sur le cinéma asiatique. A l'heure où ce cinéma semble baisser en intensité et où la relève des Woo, Tsui Hark, HHH, Edward Yang, Kitano ne pointe pas le bout de son nez à l'horizon, il risque meme de devenir un des symboles d'un age d'or passé du cinéma d'Extreme-Orient.



03 avril 2003
par Ordell Robbie




Profondément ancré dans la crise économique japonaise, un portrait bouleversant d'une société qui perd ses repères

L'inspecteur Nishi qu'interprète Takeshi Kitano est un flic au bout du rouleau: il voit s'effondrer petit à petit tous ses repères sans qu'il ne puisse rien y faire. Sa fille tout d'abord, décédée à 5 ans, sa femme atteinte d'une leucémie et qui n'en a plus pour très longtemps, 1 collègue mort et 1 autre paralysé après une fusillade sanglante. Ajoutez à cela les yakusas qui lui demandent avec les manières de rembourser ce qu'il leur doit, et le tableau est complet...

Ce qui frappe dans ce film, c'est cette volonté de se couper du monde moderne et de retourner aux choses simples de la vie. Le modèle de société à la japonaise a fait son temps, maintenant de moins en moins y croient. Alors on se remet à prendre son temps, à peindre, à regarder la mer ou à rester avec sa femme pour partager quelques moments de bonheur. Mais le plus triste, c'est qu'il faille attendre d'être paralysé ou d'être condamné à mourir dans les prochains mois pour se rendre compte que c'est ça la vraie vie.

Comme l'a très bien dit François, Hana-Bi peut déconcerter, notamment par son montage qui entremêle pensée, présent et flash-backs. Il faut le voir plusieurs fois pour bien en saisir toute la puissance et l'émotion. Ne vous attendez pas non plus à des débordements de violons, de larmes et de lamentations comme les américains en sont les specialistes. Non, chez Kitano, tout est intériorisée, de la parole (la femme de Nishi dit 5 mots dans le film...) aux larmes, en passant par le rire. Et paradoxalement, c'est en montrant le moins possible que Kitano touche au plus profond son spectateur.

Soutenu par la très jolie mélodie de Joe Hisaishi, le film ne fait pas seulement pleurer, il fait aussi sourire grâce aux quelques gags que se permet Nishi pour redonner la joie de vivre à sa femme. Il possède en outre une violence sourde, brève mais intense que l'on retrouve dans les précédents films de Kitano (l'occasion ici pour moi de fustiger la bêtise de l'affiche américaine, qui annonce en gros "un chef-d'oeuvre de violence". Ok, ça fait vendre, mais ça prouve aussi qu'on n'a strictement rien compris au film...) . Car la violence n'est qu'un élément en marge de la véritable histoire: vous aurez droit par exemple au braquage de banque le moins spectaculaire du cinéma mondial; il fallait le faire... Quant aux seconds rôles, fidèles parmi les fidèles, ils sont forts en gueule et tiennent parfaitement leur place.

Dire que Hana-Bi est une oeuvre magnifique est trop galvaudé pour la qualifier. C'est par contre une oeuvre très personnelle, parsemée des tableaux du peintre et dessinateur Kitano, qui a obtenu le Lion d'Or à Venise en 1997, et qui s'est imposé comme porte-drapeau de la nouvelle vague du cinéma japonais. Déjà un classique!



22 octobre 2000
par Ghost Dog




Un film magnifique, violent et grave, porté par son interprète principal

Hana-Bi n'est pas un film bavard. Takeshi doit y prononcer une douzaine de phrases, et j'exagère à peine. Hana-Bi n'est pas un film rapide. Pas de montage ultra-serré, pas de fusillades en mouvements, pas de travelling dans tous les sens.

Hana-Bi n'est pas un film à la construction linéaire. Les quelques flash-backs dans la première moitié ont de quoi dérouter un peu la première fois, mais la deuxième vision est beaucoup plus facile. Hana-Bi n'est pas une comédie, mais il possède la petite touche d'humour Kitanesque qui surprend un peu au début, mais qui est sans équivalent. Et surtout, Hana-Bi n'est pas un film facile à suivre au premier abord. Il peut dérouter le novice en matière de cinéma japonais et surtout de films de Takeshi. Pour toutes les raisons cités précédemment, et pour le film dans son ensemble. Mais la vision de quelques autres Kitanos permet peut-être de mieux comprendre Hana-Bi, peut-être son meilleur film avec L'été de Kikujiro.

Ajoutons à tout ça la musique de Joe Hisaichi, magnifique au piano, une interprétation silencieuse et interiorisée de Takeshi, quelques acteurs déjà vus dans ses précédents films, et surtout un magnifique scénario, grave, dramatique, intense émotionnellement. La mise en scène de Kitano est aussi simple et épurée qu'à l'habitude, avec des choix de cadres souvent très judicieux et les procédés classiques, du plan fixe très court, aux plans d'ensemble commençant ou finissant en dehors de l'action des personnages.



22 octobre 2000
par François


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