Même si Leon Lai n'est pas vraiment différent de son habitude (inexpressif), il faut avouer que son habitude rend cette fois-ci service à ce court-métrage ; l'histoire, quant à elle, est plutôt intéressante à suivre, Leon jouant un homme cherchant à faire revivre sa femme grâce à la médecine chinoise et Eric incarnant un policier à la recherche de son fils égaré ; Seul reproche à faire au niveau du scénario : l'aventure du fils passe en second plan et est très mal développé, laissant l'impression d'une intrigue avortée difficilement rattrapable sur la fin. En outre, l'atmosphère basée sur une mise en scène plutôt simple et sans fioriture fait vraiment rentrer le spectateur dans l'histoire. Très bon chapitre en fin de compte qui, sans en faire trop, monte une histoire de manière crédible dans son mystère.
Après Memories et The Wheel, on désespérait de trouver quelque chose de potable dans cette réunion de moyens métrages fantastiques intitulée 3, Histoires de l’au-delà. Heureusement, Peter Chan relève très sensiblement le niveau de l’ensemble en signant un conte macabre plus émouvant que terrifiant. Si l’entrée en matière peut évoquer celle de Dark Water, avec enfants-fantômes et bâtiment lugubre lors de l’arrivée d’un flic (Eric Tsang, excellent) et de son fils dans un immeuble désert pour raisons professionnelles, l’intrigue se focalise ensuite sur le dernier habitant de cet immeuble, un étrange médecin persuadé que sa femme, morte il y a 3 ans mais choyée depuis, reviendra de l’au-delà dans quelques jours. Leon Lai, en mari qui ne se résigne pas à la fatalité, est aux antipodes du beau gosse ténébreux qu’il incarnait dans Fallen Angels, mais y est tout aussi convaincant.
Baignant dans une lumière blafarde évoquant un monde intemporel, Chez nous se termine en apothéose sur un amour impossible ici bas, sauf dans l’imagination et la mort. Un beau film, très maîtrisé, qui confirme que le savoir-faire hong-kongais en matière de fantastique depuis 20 ans est loin d’être mort, lui.
Il est toujours surprenant de voir qu'au milieu de la masse des films de fantômes sortis depuis quelques mois à Hong-Kong, seul le studio de Peter Chan (ou presque) ait réussi à faire des films intéressants. Certes, The Eye n'est pas un chef d'oeuvre du septième art, mais il se révèlait plus efficace que des dizaines de Sleeping with the Dead ou Haunted Office. Après ce premier essai très lucratif au niveau du box-office, Applause Pictures transforme l'essai avec ce moyen-métrage surprenant et terriblement réussi techniquement.
La surprise principale vient que le film surprend là où on ne l'attendait pas vraiment. La réalisation de Peter Chan se montre une nouvelle fois efficace, mais laisse la part belle à ses acteurs et au scénario. La photo de Christopher Doyle est superbe, mais peut-on en attendre moins de sa part? Non, là où Going Home marque des points, c'est en transformant la froideur légendaire de Leon Lai en atout (Peter Chan l'avait déjà rendu très convainquant dans son Comrades, Almost a Love Story), et en s'appuyant sur le trop méconnu Matt Chow pour scénariser le film. Ce dernier avait déjà marqué les esprits avec ses Bullets over Summer et Juliet in Love aux qualités humaines remarquable.
Son scénario basé sur une histoire d'un grand auteur Taïwanais est tout simplement une petite merveille, entourée de suffisamment de mystère pour construire une conclusion pour une fois intéressante. Et c'est surtout l'émotion et la tristesse qu'elle peut engendrer qui finit d'enlever le morceau. Le film ne fait jamais vraiment peur, se montre un peu lent au début en explorant plusieurs pistes (immeuble hanté, fantômes, tueur fou?) afin de ne pas se montrer trop prévisible, pour finalement se montrer plus touchant qu'effrayant. Bref, c'est très rafaîchissant dans le paysage très monotone du genre à Hong-Kong, et finalement pas si étonnant chez Peter Chan qui a toujours placé l'amour au centre de ses récits. Autre atout de ce récit, son ancrage dans la culture chinoise qui le rend difficilement "remakable": il tire en effet une partie de sa puissance de la philosophie chinoise liée à la médecine. Tenter un remake de Going Home en Occident semble un peu déplacé.
Au final, cette incursion de Peter Chan dans le genre "macabre" se révèle être un coup de maître et assurément le meilleur film fantastique sorti à Hong-Kong depuis des lustres, aux côtés de l'également très chinois Demi Hauntes.
Entre manière et maniérisme dans le mauvais sens du terme -quand une forme est reprise vidée de son sens mais non nantie d'un sens nouveau-, la frontière est ténue. Frontière que Peter Chan franchit allègrement ici et qui empêche son film d'être totalement convaincant. Parce que si certains mouvements de caméras portées ou des plans de dessus peuvent se justifier par la représentation du regard des personnages, on ne saurait en dire autant des caméras se rapprochant de façon TRES soulignée des personnages qui finissent par être lassantes ou des travellings latéraux très voyants mais jamais au service des situations décrites. L'utilisation récurrente des reflets n'est pas non plus le moyen le plus subtil d'évoquer la frontière vivants/fantômes. Le spectateur las se demande alors quand est-ce que Peter Chan va arrêter de se regarder filmer. Parce que cette volonté de stylisation à tout prix plombe l'efficacité horrifique de Going Home. De fait, quand la caméra de Peter Chan arrête de prendre la pose, quand elle n'a pas peur de se calmer, une ambiance commence à s'installer. La peur pointe le bout de son nez mais Peter Chan retombe dans ses travers maniéristes dès la scène d'après. Parmi les éléments qui contrebalancent un peu ces défauts de mise en scène, on a tout d'abord la photographie d'un Christopher Doyle prouvant qu'il n'est pas réductible à une signature wongkarwaienne pillée depuis à tort et à travers par le vidéoclip et la publicité: sa photographie en apparence assez terne donne au film un coloris de vieilles photographies qui sert l'ambiance du film. L'autre point positif est le casting avec un Eric Tsang convaincant dans un jeu retenu et un Leon Lai dont le jeu glacé est bien exploité. Le scénario est quant à lui très construit, pas du tout prévisible avec un dénouement original et surprenant. Il s'égare parfois en offrant quelques petites longueurs mais rien de grave.
Au final, Going Home est plutôt mieux que le tout-venant du cinéma de genre asiatique. Ses qualités scénaristiques montrent la capacité d'une petite partie du cinéma hongkongais à essayer de proposer des pistes cinématographiques originales dans un contexte de crise. Face à un cinéma de genre coréen incapable à quelques exceptions près de constuire un style original à partir d'idées piochées chez les voisins, il pourrait même faire figure de proue. Mais le côté maniériste de sa réalisation empêche un film pas désagréable à regarder mais inégal de véritablement emporter le morceau et de s'imposer comme la référence qu'il aurait dû être.