Arno Ching-wan | 4 | Dans l'espace, personne ne t'entendra pleurer ta mère |
Ikari Gendo | 3.5 | Kanedaaaaaaaaaaaaaaaaaaa ! Zut, c'était pas le bon Tetsuo ? Autant pour moi ;-) |
Alain | 3.75 |
A la revoyure, au milieu d’un tas de déceptions qui ne résistent ni aux ravages du temps ni à ma maturité toute relative, quelques perles animées continuent de garder leur éclat. Planquées dans de vieilles coquilles d’huîtres oubliées au fin fond d’une nébuleuse maritime, elles attendent le pêcheur galactique.
Découvert tout récemment dans des conditions plus que correctes, le film Galaxy Express 999 crame le coeur. Gamin, j’avoue n’avoir jamais vraiment kiffé Albator du même mangaka Leiji Matsumoto ; je lui préférais d’autres héros plus bondissants, d’autres vaisseaux plus virevoltants. Toutefois, je me souviens bien de ce spin-off avec ce train à vapeur dans l’espace, le gamin, la femme blonde et le contrôleur rigolo tout bleu. De voir ce film de deux heures avec un début, un milieu et une fin comble une vieille frustration en même temps que l’oeuvre me livre ses secrets de fabrication. Géniaux, collectifs, parfois aléatoires, naïfs : ils se chevauchent, se complètent et convergent vers une certaine cohérence, diffusent une jolie poésie un peu glauque, recollent un scénario parfois peu crédible – par-delà l’existence d’un train à vapeur dans l’espace s’entend – et m’enchantent jusqu’au générique de fin. Ce qui m’a toujours un peu agacé chez Leiji Matsumoto, ce sont ses femmes toutes identiques et désespérément tristes avec leurs grands yeux en amande. Toutefois, sur ce canevas la répétition s’avère pleinement justifiée.
Rappelons le pitch, sacrément macabre. La mère du jeune Tetsuro se fait tuer sous ses yeux par un androïde, le Comte Mécanique, et au jeune homme d’ensuite réclamer vengeance. Classique ? Sans doute, si ce n’est que le Comte clame dès qu’il la tue qu’il va l’empailler et l’accrocher dans son salon ! Ce qu’il fera, on aura largement l’occasion de nous en rendre « comte » par la suite. V’là la ch’tite histoire pour les ch’tites n’enfants !
Là où cet anime fait très fort, c’est en décidant de suivre à la trace cet orphelin de l’espace en manque de sa môman. Sur un ton proche des Misérables de Victor Hugo, on colle à la petite histoire dans la grande, à quelques grammes d’âme perdus au milieu du cosmos. Tout l’environnement de Tetsuro, aussi gigantesque soit-il, le ramène à sa mère. Et il nous émeut bien, le salaud, lorsqu’il fait un câlin à Maetel, la belle blonde, lorsqu’il est fasciné par une chanteuse aux cheveux bleus le temps d’une superbe chanson tristoune, ou encore lors d’un twist final aussi osé qu’évident. On observe aussi, à travers lui, ce besoin qu’ont les femmes de s’accaparer le garçon, de l’aimer comme un enfant qu’elles n’auront jamais – telle cette cyborg qui regrette d’avoir choisi la vie solitaire éternelle – ou en écho à leur enfant qu’elles ne reverront plus – en confère la maman de Tochiro, résignée. L’ensemble est servi par une animation correcte, une belle mise en image – quel savoir faire narratif ! – et une musique douce, aérienne, de Nozomi Aoki. Son score se voit renforcé par une voix féminine qui, en plus de rappeller une mère fredonnant une berceuse, évoque la voix d’Edda Dell’Orso dans l’également très nostalgique Il était une fois en Amérique d’Ennio Morricone et Sergio Leone.
Sur la grande finale, bien avant Métropolis le réalisateur Rintaro faisait tout péter sans omettre un seul instant de conférer un point de vue émouvant à sa longue et chouette scène de destruction massive. Au tout de ne former qu’un segment entre une gare et une autre, un entre-deux entre un bonjour et un au-revoir… et à bientôt.
Mise en forme correcte, mais loin d'attendre le brio du second film
Même si le résultat visuel du film est supérieur à celui de la série (et en tous les cas incroyablement meilleur que Albator 84 - Le film) le rendu visuel n'en reste pas moins décevant et très classique pour qui a vu Sayonara Galaxy Express. Bien sûr nous aurons droit à quelques scènes fort sympathiques, avec de jolies vues des villes ou du train ou encore de très beaux paysages dans cet espace imaginaire. Les couleurs sont ainsi remarquablement bien choisies, et ce même si nos personnages se déplacent bien souvent dans des lieux quasi désertiques. On notera même quelques défauts d'animation, surtout au début de l'anime (superposition des couches, vapeur...).
Bref, l'ensemble reste attrayant avec des perso au chara-design tout droit tiré des oeuvres de maîtres Matsumoto et entrés dans nos coeurs comme dans la mémoire collective ! Tetsuo, Maetel mais aussi bien sûr Albator et Emeraldas, tout le monde est là pour notre plus grand bonheur, avec en fond une musique assez variée qui s'essaye avec plus ou moins de réussite à mixer les genres.
Un bon résumé des aventures des voyageurs du triple 9...
Si l'on regrette la créativité artistique du second film, rendons hommage aux qualités scénaristiques du premier opus. Certes, l'histoire est un peu longue et traîne quelque peu en longueur. Certes, le scénario est beaucoup plus linéaire et beaucoup plus prévisible que pour la seconde adaptation au grand écran. Pourtant ce film est un bon résumé de la série et permet à ceux dont la mémoire se trouverait défaillante d'avoir un aperçu rapide de la quête initiatique du jeune Tetsuo. Car il s'agit bel et bien d'un voyage initiatique au cours duquel Tetsuo va devenir un homme, comprendre le sens de l'humanité, de la vie et... de la mort ! Et ce pour finalement comprendre quel est véritablement son but...
Un habille raccourcit de la série qui nous rappelera pourquoi le Galaxy Express a une forme de train à vapeur, nous présente bon nombre de planètes et personnage, et surtout à le mérite de couvrir largement les péripéties auxquelles doit faire face notre ami Tetsuo.
A voir pour se replonger dans l'univers de Galaxy Express sans repasser par l'ensemble de la série. Pour la qualité graphique et la complexité de l'intrigue, Sayonara Galaxy Express est meilleur, mais ce dernier est peut être trop hermétique pour qui ne connaît pas les aventures de Tetsuo et Maetel, d'où une grande complémentarité des deux oeuvres...