Un début médiocre pour la série Joy of Torture
Film de pure exploitation,
Femmes Criminelles s'ouvre sous les meilleurs auspices. Tandis que le générique défile, s'enchaîne tout une suite de scènes de tortures, toutes plus atroces (donc réussies) les unes que les autres, de l'écartèlement à la flagellation en passant par le débitage pur et simple. Jusque là, aucun scénario ne vient justifier ces excès présentés dans toute la flamboyance du scope de la Toei. Ce n'est qu'après que les choses s'aggravent. Les deux premiers sketchs du film sont profondément sans intérêt. C'est à grand peine qu'on y trouverait une quelconque profondeur voire simplement un peu d'originalité. La réalisation déçoit elle aussi car on a connu Ishii Teruo bien plus inspiré qu'ici. L'ensemble est d'une platitude et d'une fixité despérantes, à peine ébranlées par des zooms outrés, unique moteur apparent de la mise en scène. Seul attrait qui fait passer tout le reste, les scènes de tortures attendues sur lesquelles chaque chapitre se ferme. En réalité, c'est avant tout le dernier sketch qui relève le niveau. Bien plus consistant (notamment parce qu'il offre une interessante mise en abîme), il offre surtout bien plus de scènes de tortures, ici pratiquées sur des occidentales, avant que sa flamboyante apothéose dans le sadisme ne vienne apporter un point final au film.
Irresponsable mais emblématique de son temps
Bien sur, Femmes Criminelles est moralement condamnable sur son seul principe -fouiller dans l'histoire du Japon pour y trouver une période historique pouvant justifier le fait de montrer des femmes torturées à l'écran, bref ajouter à l'abjection le fait de ne pas assumer ses intentions racolleuses en voulant leur offrir un cheval de Troie; de ce point de vue les Category 3 HK dont le film est en quelque sorte un ancetre auront eu au moins le mérite d'afficher ouvertement leur démago-.
Mais quand on regarde un tel film on est en général un spectateur averti et on sait très bien qu'on y trouvera pas de discours complexe autour de la violence, de regard de cinéaste conscient de sa responsabilité morale comme c'est le cas dans Salo et meme qu'on à très peu de chance d'y trouver un peu de mise en scène. Et ce n'était pas le fait que ce soit édité par Scherzo à l'époque où Gans y bossait qui allait etre plus rassurant. Vu que c'est ce qui est autour du film qui est plus intéréssant que l'objet "cinématographique", on ne va pas se priver d'en parler avant de parler du film. A partir de la fin des années 60, la libération des moeurs fait que l'érotisme devient un genre non négligé par les studios qui se mettent notamment à produire et à faire réaliser par leurs artisans maison -qui oeuvraient aussi dans d'autres genres plus "nobles", ce qui explique la bonne tenue technique relative de ces oeuvres comparées aux films d'exploitation occidentaux- pour des films mélangeant sexe et violence et explorant divers fantasmes. Et pour ce faire, ces films se placent sous l'ère Tokugawa où les chatiments corporels pour ceux qui enfreignaient la loi étaient exemplaires et les chrétiens furent persécutés.
Le film affiche sa dimension racolleuse dès le début vu que la première scène est une scène de torture complètement déconnectée au niveau narratif de la suite comme s'il fallait déjà rendre le spectateur captif et la suite ne donnera pas à cette ouverture une dimension plus "complexe" loin de là. Le premier sketche est rien de moins qu'un mélodrame à deux francs et aux dialogues niais sur le thème passion incestueuse vs vieux libidineux qui veut acheter une femme tout ça pour amener aux chatiments attendus: c'est bien photographié dans de jolis décors, bien cadré mais pauvrement filmé et assez mal joué, aussi ennuyeux avant les tortures que gratuit dans sa cruauté au nom du réalisme. Le second ne vaut pas mieux d'un strict point de vue cinématographique substituant rayon transgression gratuite parce que sans discours élaboré de la transgression au tabou de l'inceste celui de la sexualité dans les couvents et celui du sapphisme en mettant un peu de jalousie -d'une nonne désirant sa collègue, laquelle se livre à des ébats amoureux avec le moine voisin-. Le troisième est un peu mieux interprété donc un peu plus regardable et livre une conception assez spéciale du métier de tatoueur: pour faire un tatouage représentant la souffrance d'une femme torturée et la jubilation de son bourreau, autant aller observer pour de bon les tortionnaires au travail...
D'où au final une oeuvre irresponsable et cinématographiquement médiocre mais dont l'intérêt pour l'amateur de cinéma japonais est qu'elle permet de compléter le regard qu'on peut avoir sur l'industrie cinématographique de la grande époque des studios, sur ces seventies permissives rayon censure et où la transgression était la règle à l'écran, bref c'est aussi indispendsable à voir quand on est amateur de cinéma japonais que de voir au moins un Category III si l'on s'intérèsse un peu au cinéma hongkongais de l'âge d'or. Tout simplement parce qu'il s'agit d'un produit de son époque...
quand y a de la joie
Il parrait que c'est un classique, et à ce titre c'est surement intéressant à voir. Une fois.
Car c'est vrai que c'est souvent très chiant (que de blabla inutile et de pseudo intrigues pour justifier les coups de fouet qui sont la raison d'être du film !) et rarement beau (Ishii ayant la désagréable tendance de constamment user du zoom pour finir en gros plan sur les visages... une fois toutes les deux secondes c'est fatigant). A la rigueur la troisième partie avec le tatoueur est plus intéressante que les autres - plus intense et plus perverse en tout cas.
07 janvier 2008
par
Epikt
je n'aime pas trop...
la serie "tokugawa" est un style a elle seule...elle a ses adeptes, personellement j'accroche moyennement, d'autant plus qu'elle est très inégale, certaines idées ridicules gachant certains plans interessants
mais bon, le vrai problème vient plutot d'un point de vue moral: peut on prendre "plaisir" a ce genre de film?
les amateurs de catIII du genre "untold story" devrait y trouver leur compte
un classique du film de torture, bonne ambiance, le dernier sketch est excellent.
du 100% Teruo Ishii