Contrefaçon.
Les DE PALMA des années 90, très célébrés à juste titre par la critique hexagonale, faisaient cependant regretter le cinéaste des débuts qui revisitait HITCHCOCK à coup de mélange de romantisme exacerbé et de cynisme manipulateur, celui qui n’hésitait pas à plonger tête la première dans la vulgarité pour resusciter l'esprit des classiques du maître du suspense. Beaucoup moins affranchis de leurs influences, prêtant beaucoup moins le flanc à la théorisation sauce Cahiers, un Pulsions ou un Body Double étaient aussi bien plus vivants et incarnés. Ce DE PALMA-là se retrouve en partie avec Femme Fatale. Femme Fatale, c’est photographié en gris. Mais pour un étranger, Paris est une ville grise. Comme dans Frantic de POLANSKI, autre HITCHCOCKerie sur Seine. Femme Fatale est bourré d’indices visibles faisant que le retournement de fin n’en est pas un. Comme chez HITCH. Femme Fatale est vulgaire à la parisienne. Comme Body Double était vulgaire à la californienne. A Los Angeles, c’était le glamour style Dallas/Dynasty et le monde du porno. A Paris, c’est la vulgarité franchouillarde –ces videurs et flics échappés d’une production BESSON-, la vulgarité des pubs Dior, la vulgarité du alors très fashionable style camouflage. A Los Angeles, on rejouait Vertigo sur fond de Frankie Goes to Hollywood sur un plateau porno. A Paris, c’est sur fond de SAEZ dans un bar style biker de Pigalle.
Femme Fatale, c’est un film qui n’aurait pu fonctionner avec une Uma THURMAN prévue au départ. Parce que l’ouverture du film oppose la vulgarité d’époque de son héroïne au glamour d’un Assurance sur la mort diffusé sur petit écran, la femme fatale du film ne pouvait avoir autant d’allure que Mia. Femme Fatale, c’est DE PALMA qui s’amuse à faire de la variation sur du DE PALMA, à retravailler ses situations fétiches, ses figures de style, ses morceaux de bravoure quitte à y ajouter du grotesque ou du ridicule. Ce goût de la variation trouve un écho parfait dans celles du score de SAKAMOTO sur RAVEL et Bernard HERRMANN. Certains pourront alors choisir d’adopter une posture complice avec le cinéaste pour mieux savourer la maestria formelle du film et ses retournements narratifs culottés, d’autres d’auteuriser à mort, d’autres enfin de crier à la panne d’inspiration et au film vain. Sauf que le cynisme manipulateur de DE PALMA avec ses retournements tirés par les cheveux aboutit à ce dernier plan… qui nous redonne les mâles hitchcockiens frustrés par les femmes qui leur échappent.
Mais –la critique n’est pas terminée- il reste quand même des choses de l’ordre de l’inexcusable, même au nom d’une légitime subjectivité cinéphile : que la plupart des seconds rôles semblent échappés d’une production BESSON ne justifie pas leur jeu d’acteur niveau production BESSON ; que BANDERAS ne soit pas là pour jouer le mâle raffiné ne justifie pas sa prestation pas très convaincante. La prestation moyenne de ROMIJN-STAMOS ne dispose d'aucune circonstance atténuante : d’autres mannequins devenues actrices ont montré qu’elles savaient jouer la comédie (Uma THURMAN justement). Enfin, deux ou trois bouts de dialogue frôlant la série Z ne méritent pas plus d'être passés sous silence. Du coup, DE PALMA aura offert un joli regard dans le rétroviseur de sa filmographie… sans pour autant totalement être à la hauteur de son passé. Mais non sans un certain charme laissant une petite trace après visionnage.
La maestria ne suffit pas
Cette fois-ci, malgré tout son savoir-faire, Brian De Palma ne convainc guère. Ses split-screens, ses survols de l’action et ses nanas dénudées apparaissent pour une fois bien vaines dans un scénario à la limite du foutage de gueule, multipliant incohérences et facilités d’écriture indignes d’un cinéaste de son rang : pour s’en persuader, il suffit de méditer quelques instants sur ces quelques scènes parmi d’autres :
1) le vol des bijoux au festival de Cannes où une blonde entraîne une brune vêtue d’un serpent en or en guise de bustier dans les toilettes, l’embrasse et la caresse en faisant tomber un à un ses parures, ramassées et remplacées par un complice caché dans les chiottes d’à-côté… A hurler de rire.
2) Le saut dans le vide depuis le troisième étage de la blonde avec une perruque brune, pour atterrir finalement sur un gros coussin et tomber nez à nez avec les parents de son sosie disparu depuis peu… Consternant.
3) L’entrée dans l’appartement de Lily, qui n’aperçoit la blonde ni dans son bain, ni à moitié cachée derrière un rideau… Etrange.
4) La mort des 2 méchants blacks à la fin… Pas crédible une seconde.
Dans cette relecture paresseuse de Vertigo et Lost Highway (avec le transfert de personnalité – ce que Lynch appelait « fugue psychogénique » - de la blonde en brune), rien ne séduit jamais vraiment : ni l’interprétation de Rebecca ou d’Antonio Banderas, ni la musique omniprésente mais peu inventive du pourtant talentueux japonais Sakamoto, encore moins le rebondissement onirique de l’intrigue et sa pseudo-réflexion sur le destin, modifié en bien à la fin. Cependant, si DePalma se prend les pieds dans ce projet biaisé depuis le départ pour son premier film en France, ses fans ne lui en voudront pas car ça reste malgré tout du DePalma, soit une histoire tordue filmée d’une manière possédant désormais un copyright… Et puis, la seule bonne idée du film est drôlement bien trouvée : lors de la projection de Est-Ouest (Régis Wargnier) au festival de Cannes, une méga-coupure de courant due à un braquage épargne 2 longues heures de mélo aux festivaliers reconnaissants ; un beau fantasme qui se réalise ici devant la caméra !
Demain les mouches.
C'est peu dire si Femme Fatale m'avait peu intéressé. Sur le moment, du moins. J'y avais vu un peu de Donen, un peu de Quine, un peu de Minnelli ; une façon de filmer Paris aussi exquise que désuète ; une façon de se souvenir de Hitchcock en résistant aux évidences numériques du prêt-à-filmer épileptique en vigueur aujourd'hui. Bref, Femme Fatale, pour moi, tenait du bidule postmoderne. Mais c'est que j'avais oublié qu'un film ce n'est jamais que cela. Qu'un film, ce n'est pas que une heure et quarante minutes d'images projetées au rythme de vingt-quatre par secondes. Le cinéma, c'est aussi avant - et après. Et un grand film, Louis Skorecki le rappelle tous les jours, est d'abord une manière d'organiser son propre souvenir. Or cela, cette organisation du souvenir, Femme Fatale en est maître. DePalma, ce grand virtuose de la paranoïa scopique, en est maître. Ce qui l'intéresse, ce n'est pas tellement de "montrer". Ce n'est surtout pas de "dé-montrer". Non : ce qui l'intéresse, au milieu de la profusion du montage et de la dissémination paranoïaque des images, ce sont les trous. Ce qui manque. Ce qui passe à côté de la bande. C'est-à-dire non pas hors-champ (le hors-champ, comme tous les regardeurs du post-cinéma, DePalma s'en fout), mais le hors-cinéma. Ce qui se passe dans votre tête. C'est vous, le sujet de Femme Fatale. Ce que vous loupez. Ce qui est destiné à vous travailler. Alors certes, Brian DePalma n'est pas le seul à filmer d'une telle façon. A filmer selon vous. Il n'est pas non plus le premier. Le premier, qui était-ce, déjà ? Le Lang américain ? Sir Alfred ? Les grands maîtres du Hollywood des années 40-50 ? Possible. Mais l'essentiel est qu'au temps des grands manitous du calcul gestionnaire (ceux qui, comme Lynch, se livrent à la comptabilité morbide des "effets" de cinéma - des "effets" du cinéma sur le spectateur), le cinéma de DePalma est un cinéma qui restitue, malgré les effets, une liberté intégrale du souvenir au spectateur. Une liberté intégrale en vertu des trous du film. En vertu du fait que le film, Femme Fatale, ne vit que dans les trouages que la paranoïa, que le cinéma (qui est toujours paranoïque), donne à voir. Et voir, c'est déjà se souvenir.
Jamais compris pourquoi les gens éreintaient ce film...
...peut-être est -ce qu'il est passé à la TV en 4/3 doublé à l'arrache: moi aussi ca a failli me gacher mon plaisir. Seulement, De Palma ce n'est pas rien, même si on ne sait pas toujours pourquoi on aime ses films. Il y a une densité du film qui va au delà de ce qui est affiché clairement à l'écran et De Palma excelle plus que tout autre dans une sorte de virtuosité invisble, de transparence de la réalisation qui frise l'anémie. Les films de De Palma semblent pauvres: c'est parce qu'ils refusent tout explicite, toute démonstration, se joue au delà de ce que l'on voit, et comme ses personnages, on n'est jamais vraiment sur que le film se limite à ce que l'on voit.
Le droit à l'errreur
D'abord c'est l'histoire d'un malentendu, d'un problème de vue. Ensuite c'est un échec, et puis finalement un film dont je me souviens. Le tout c'est Femme Fatale.
Du lard et du cochon.
"Femme Fatale ", qu’on l’aime un peu, beaucoup ou qu’on le déteste, reste un film assez étrange vis à vis de ce que De Palma a fait jusqu’ici. Il semble être le résultat de deux années passées pour le réalisateur sous le signe d’un pays étranger et d’un éloignement de sa terre natale. Dans le film, les personnages américains sont d’une grossièreté étonnantes. Mal servi et sans doute alléché par l’idée d’un travail avec le réalisateur, Peter Coyote et Gregg Henry en sont les premiers dindons de la farce.
Il est amusant de voir à quel point, pendant la promo du film à la télé, De Palma a cité le personnage de Welles, l’homme qui fuit les Etats Unis pour filmer en Europe. Pourtant, le bat blesse. Ce qui fait la réussite des films de Brian De Palma au sein des studios U.S, c’est la manière dont ils jouent avec le système pour s’imposer. Mais en fuyant en France, il manque sûrement à De Palma une sorte d’esprit aventurier, celui qui donne, par rapport à un « Citizen kane », un « Mr Arkadin ». Peut-être grisé par un statut auteurisant et des diners mondins, sa position artistique ressemble ici plus à celle d’un artiste américain qui peint, pleins d’idées préconçues sur ce qu’il regarde, devant les bords de Seines, en se coiffant d’un béret pour s’y croire à fond.
D’une platitude assez remarquable, la photo de Thierry Arbogast nous ressort une imagerie parisienne tristounette et lamentable, qu’on avait pas vu à un tel point depuis « Frantic » (le film de Polanski avait le mérite de ne pas la prendre au sérieux, et de bien s’amuser). C’est non sans un sourire au coin qu’on regarde, lors de la scène du bar, une bande de loubards tout droit sortis de « Rue Barbare » ! Bref, l ‘oeil n’est pas bien servi . En revanche, le cœur reste toujours prêt à s’emballer !
La séquence d’intro au festival de cannes est un bijoux. Tout est absolument magnifique, la caméra, le montage de Bill Pankow, et le boléro de Ryuichi Sakamoto (au passage, le score du film est absolument merveilleux) sont au diapason dans une séquence, à la fois douce, exittante et drôle. Voir Régis Wargnier sourire devant « Est Ouest », avant une coupure soudaine du film et l’emballement des évènements (Eli Medeiros se casse la figure sur la caméra), c’est assez génial.
Si le film était de la même veine, cela aurait été assez chouette, mais ce n’est pas vraiment le cas. Dans un bric à brac Lynchokieslowskien assez transparent ( ce genre semble plaire à une certaine establishment européenne), le réalisateur nous donne de grands instants d’émotions, ou seul sa caméra parle. Ash observant Lily (lorsque cette dernière rentre trempée chez ses parents, on dirait un « déjà vue » de Carrie assez émouvant), est une scène sublime qui met tout le film en suspens. D’autres moments éparses et magnifiques pullulent à petite dose dérrière un rêve assez monotone (bon sang, les scènes derrickienne avec Thierry Frémont, quel horreur !). Le film nous jette des petites miettes, et son fonctionnement de rèverie un peu mélancolique nous fait qu’elles restent à l’esprit à la fin du film. Les parents bizarres de Lily en vue subjective, l’arret sur image sur Banderas à la fin, la petite gràce légère des splits screen (assez originaux, et il est intéressant de le voir répété deux fois différemment), le « The End » sur l’image rosebud… Sans oublier la fin, qui aboutie rien de moins que sur la fusion des figures fémininines depalmaiennes et la création d'une nouvelle héroine. Cette illustration du ressassement aboutie au moins à créer, "in fine", quelque chose.
C’est très décevant, parfois irritant, mais le film travaille sacrément l’esprit et hante au sortir de la projo… Son statut est donc vraiment particulier.
Enfin, il faut souligner, que Rebeca Romijn-Stamos est vraiment superbe. Ses changements d’attitudes, ses fous rires qui déchirent parfois de manière absolument inattendus le film, font d’elle une étrange créature triste mais lumineuse. Enfin, Eriq Ebouaney est d’une puissance rare ! Voici un acteur qui a un avenir certain (même si je doute de celui du film au box office), et je pense qu’on le reverra, ce ne serait que justice, dans d’autres projets d’envergures.
La déchéance
Brian de Palma était un très bon réalisateur qui a réalisé de véritables chef d'oeuvres selon moi, mais depuis un moment il enchaîne les navets. Après un mission to mars qui est un des films les plus mauvais que j'ai vu de ma vie. Voilà qu'il récidive avec ce film plutôt médiocre. Bon c'est déjà mieux que mission to mars (mais est-il possible de faire pire !!!).
C'est une banale histoire de vengeance et de trahison avec une fin qui se veut original, c'est déjà mieux que rien. Seul scène intéressante, le strip-tease de la femme fatale :)
Allez reveille toi Brian. Wake up wake up
Désillusion ! C'est tout ce qu'il me vient à l'énoncer de ce film...
Le pire film de De Palma ? Certainement pas le meilleur en tout cas, il y a assez de chefs d'oeuvre dans sa filmo pour ne pas perdre de temps à visionner ce navet.
les naufragés de l'inspiration...
Brian DePalma nous avait toujours habitué dans un passé désormais lointain ,à friser la parodie et plus souvent encore l'auto-parodie.Mais les auto-citations,les références internes représentaient toujours le petit plus,le clin d'oeil pour le cinéphile complice, fan d'un cinéma Hitchcockien assumé et maitrisé,dont DePalma demeurait le continuateur zélé et irrévérencieux.
Mais voilà,tout ça c'était hier car avec ce "Femme fatale",il n'y a plus QUE ces éléments accessoires...ET PLUS DU TOUT D'HISTOIRE.Le procédé ne vaut que si le scénario est en béton,comme les invraisemblances d'un"Body Double" qui passaient sans problème grace à un pitch du tonnerre. DePalma n'est ni David Lynch ni Cronenberg pour créer un univers propre et faire fi d'un développement logique meme si artificiel.,ce n'est (n'était) qu'un excellent conteur,c'est déjà énorme...
Le film est raté du début à la fin.La trop longue scène d'ouverture à Cannes est un cauchemard pour le spectateur:il ne se passe rien et tout est pompeux,superficiel,tiré par les cheveux,avec des dialogues dignes d'une série d'aprés-midi pour TF1.C'est bètement branché,pseudo-chic et tout à fait toc,à l'image du top model -premier role.On se dit que c'est bien mal engagé.On ne se trompe pas:
ça continue de plus belle jusqu'au coup de théatre final qui n'en est hélàs pas un:le réalisateur semble surtout content d'avoir alors terminé son non-film,fier de son arnaque sur le cinéphile-payant.On pouvait le deviner dés que les scènes du milieu du film se mettent à bégayer et nous écoeurent plus qu'elles nous questionnent sur le"suspense" proposé.Franchement,les plans dans la baignoire sont alors d'un ridicule achevé...et prévisible.
Les comédiens s'ennuient ferme faute de direction d'acteur,à commencer par Banderas qui cabotine outrageusement,mais y-a-t-il autre chose à faire?Ne reparlons pas de Rebecca machin-truc,ce n'est ni une actrice ni une beauté charismatique,alors à part des pubs pour ce qu'on voudra,qu'on la laisse à sa place.
Reste une autre ENORME déception:la musique de Sakamoto,succédanné insupportable de Ravel,qui ponctue la calamiteuse ouverture citée plus haut.Chic et toc,encore une fois.Est-ce le meme compositeur qui nous a donné il y a peu une merveille de subtilité avec"Tabou"?Mais il est vrai que Oshima est un peu plus exigeant qur Brian DePalma...Et qu'avec de telles images,il faut etre TRES motivé pour pondre un truc potable.Le beau Ryuichi nous doit une sacrée revanche sur ce coup-là.
Tout de meme,Brian est dans une mauvaise passe:soit il fait ce tas de boue prétentieux,soit avec "Mission to Mars"il se plante en long et en large en voulant raconter une histoire SF basique.Le temps de la retraite a-t-il sonné?
A moins qu'il ne se régénère une ultime fois avec un polar nerveux et rappelle alors Al Pacino comme pour "L'Impasse"et plus loin encore"Scarface",deux de ses réussites absolues.Mais le temps lui est désormais compté.