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La Femme aux seins percés

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1 critiques: 3.5/5

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Xavier Chanoine 3.5 Romantisme et perversion
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Romantisme et perversion

Inspiré des écrits du Marquis de Sade, La Femme aux seins percés est une réussite du Roman porno alimentaire, en soixante-neufs minutes la boucle est bouclée, pourtant réalisé avec une véritable rigueur frôlant par moment la poésie. Quatre lieux : un vestiaire d’hôpital, deux appartements et un mystérieux club où l’on déguste des alcools et où la présence de jeunes femmes nues ne semble même plus intriguer les habitués, sont autant de lieu où l’on peut filmer le sexe et laisser libre cours aux pulsions perverses de personnes tout à fait normales. Du moins à la première approche, puisque rien ne laissait présager une telle dérive sexuelle de la part de Satsuki, salariée d’un établissement hospitalier où l’on fornique à tous les étages entre employés et patients. La jeune femme, d’apparence réservée, reçoit tous les jours chez elle un imposant bouquet de roses rouges de la part d’un gentleman qui ne souhaite qu’une chose, la rencontrer.

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Gondo, au premier abord polis et distingué, abrite sous son costume de salaryman un véritable arsenal de pulsions perverses : avant de rencontrer Satsuki, il aura par exemple injecté un puissant liquide laxatif dans un chocolat, l’obligeant à se rendre aux toilettes publiques les plus proches pour y subir un viol particulièrement abject. Pourtant, blessée mais guère meurtrie, Satsuki acceptera de revoir ce gentleman agressif et déviant, elle qui ne semble pas connaître la définition de l’amour. Consciente du caractère brutal du personnage, la jeune femme compte toutefois poursuivre cette aventure partant sur les chapeaux de roue : on y baise à tout-va, avant ou après le dîner, à proximité d’ustensiles sadomasochistes. Chaque relation sexuelle devient de plus en plus déviante, au départ complice de jeux pervers où l’on aime jouer avec l’ivresse du vain et les épines d’une rose, la jeune femme laissera la beauté du rouge vif, symbole d’un puissant amour, pour se métamorphoser en toilette humaine. Régression totale, dérive sexuelle à présent fétichiste, Satsuki, prisonnière consentante dans l’appartement de Gondo, tient à présent le rôle de chienne (à quatre pates, elle lèche les pompes cirées de son salaryman) ou de chatte (les lipettes dans une gamelle de lait).

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Au départ ancré dans une normalité des plus évidente, malgré une courte séquence en introduction où Gondo dépose une femme en voiture et la libère de ses chaines, La Femme aux seins percés abandonne le spectateur dans un univers surréaliste où se dévoilent petit à petit des hallucinations pour le moins renversantes : gros plan sur un mamelon mal modélisé transpercé, mais tant pis, c’est tout de même un mamelon, plancher d’appartement recouvert de roses, cave à vin transformée en entrepôt de cages à femmes réduites à l’état de chiennes et nourries avec des croquettes démesurées, plate-forme tournante où les jeunes femmes servent de cible aux tirs à l’arc enflammés, le tout baigné dans une épaisse pénombre dont la flamme de bougies dévoile le côté mortuaire du lieu. Pourtant, ces agressions permanentes sont en fait des éléments d’excitation : les femmes se plaisent dans ce rôle particulièrement régressif et un peu honteux, allant jusqu’à prier Gondo de les garder enfermées auprès de lui. Un véritable travail de possession dont Satsuki sera la dernière victime, éperdument amoureuse du vice. Autant les thématiques de la déviance, de la soumission et de l’apprentissage relèvent du goût douteux, autant la structure du film est plutôt brillante : la photographie de Yamazaki Yoshihiro (Seul sur l'océan pacifique, Stray Cat Rock: Machine Animal, La Promesse) brille par ses ambiances d’outre-tombe et sa lumière surréaliste, un voyage plein d’amour et de transgression plastiquement plus noble que le film érotique de base. Mais Nishimura Shogoro, l’un des pionniers du succès du Roman porno avec la série des Ménagères perverses en 1971, signe ici un film affirmant depuis le temps les bases du Roman Porno : surfer sur la mode du film érotique avec un regard d’auteur et de plasticien conscient que l’érotisme peut être un genre tout à fait noble.



05 janvier 2010
par Xavier Chanoine


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