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3.21/5
La Marche de Kamata
les avis de Cinemasie
1 critiques: 2/5
vos avis
10 critiques: 3.42/5
Un Fukasaku mineur plus personnel qu'il n'y parait
La Marche de Kamata a beau etre un divertissement regardable et un gros succès populaire au Japon au statut "culte" toujours vivace pour le public de l'archipel, il ne fait pas oublier les meilleurs Fukasaku seventies. Qui aurait d'ailleurs pensé que le coté frondeur du cinéaste laissé en veilleuse dans cette touchante comédie referait surface vingt ans après avec Battle Royale?
Globalement, le film souffre d'un trop plein de bons sentiments à une échelle fukasakienne, c'est mieux qu'Amélie Poulain certes, on s'attache aux personnages mais il n'empeche du Fukasaku "gentil" c'est un peu comme du Tarantino sans tueurs professionnels ou du Lynch sans bizarre. Autre gros problème: si les passages concernant la condition de star sur le retour, les rapports entre la doublure et sa compagne sont touchants, le film rate sa cible en terme d'humour en faisant plus souvent sourire que vraiment rire. Au niveau mise en scène le résultat est assez mitigé: si le film est assez souvent bien mis en scène de façon classique et s'il est bien monté, les zooms fukasakiens ne se distinguent pas ici de n'importe quel yes man peu inspiré. Certes, ses légendaires téléobjectifs délirants n'auraient pas eu leur place ici mais cela ne saurait excuser une telle abondance de zooms quelconques de la part d'un cinéaste de cette trempe. Ceci dit, le film n'est pas pour autant un Fukasaku impersonnel vu que son scénario traite le milieu du cinéma comme un clan de yakuzas vu que dans les deux cas un employé subalterne doit se sacrfier pour la gloire du clan/équipe du film et de son chef/acteur principal en prenant les coups/scènes d'action -la scène finale de l'escalier bien sur mais aussi les scènes parodiant les chambaras et les yakuza eigas- pour eux. Et c'est par ce sacrifice individuel que l'homme de l'ombre finit par exister aux yeux du groupe.
D'un autre coté, le film est aussi une ode nostalgique à un système de studios alors en voie de disparition au Japon, système de studios sur lequel Fukasaku, cinéaste qui donna la pleine mesure de son talent au sein de ses contraintes, porte un dernier regard, tendre et amusé en réhabilitant bien avant Satoshi Kon les hommes de l'ombre qui l'ont fait autant exister que ses stars. A ce stade, on peut comprendre la grande popularité du film au Japon: à cette époque, le Japon est à son sommet économiquement, sa population se "sacrifie" pour son bonheur personnel et le rayonnement du pays et tout en offrant au public de l'époque ce dont il avait besoin -de l'évasion- le film fait écho à cette volonté-là de par la trajectoire de sa "doublure" à terre comme put l'etre le Japon à une autre époque et finissant par relever la tete à force de détermination; d'un autre coté, le regard nostalgique sur un système de studios en déclin pourrait fournir une autre explication à un tel succès. Ou tout simplement le fait que Fukasaku brosse une gallerie de personnages attachants et hauts en couleurs, la caractère très touchant de l'histoire d'amour du film, l'émotion des dernières scènes.
Reste que malgré quelques qualités on préfère le cinéaste qui lança des cocktails molotov sur celluloid contre la société japonaise à l'approche de sa mort au cinéaste qui ne s'était pas totalement renié mais n'était pas totalement convaincant dans l'apaisement de cette Marche de Kamata.
Un peu décevant...
C'est un film assez personnel visiblement, où FUKASAKU montre librement ses petites moqueries sur l'envers du cinéma. L'histoire est assez simple, mais l'ambiance du film est plutôt originale. Des petites touches comiques viennent alimenter le film avec l'utilisation d'une BO amusante. Cependant, "Fall Guy" comporte un peu trop de passages intéressants selon moi, qui endorment le spectateur au fil de l'histoire.
De tous les FUKASAKU que j'ai vu, c'est celui que j'ai le moins aprécié.
L'enfer du décor
Digression dans la carrière de FUKASAKU, dont cette comédie populaire n'est effectivement pas très éloignée de son univers habituel : le personnage CENTRAL (mais non pas principal) est un jeune acteur fougueux, vivant à 100 à l'heure et fonce sans regarder les conséquences. Il veut à tout prix réussir, peu importe les sacrifices.
La femme est une nouvelle fois une pauvre victime totalement soumise, violentée par son (premier) amour.
Bien loin de ses milieux violents des yakuzas, FUKASAKU signe une comédie populaire typique des années '80s, satyre d'un monde qu'il connaît bien : celui du cinéma. Réglant certes quelques comptes avec le corps du métier et proposant une sorte d'image hautement métaphorique par la déchéance du haut escalier en fin de film (plus haut la position, plus longue la chute), le film ne réussit pourtant jamais à atteindre ses objectifs d'une féroce satire sous couvert d'une pantalonnade du genre. FUKASAKU (et les acteurs) n'ont aucun timing comique, gesticulations et cabotinage brassent souvent beaucoup d'air pour rien et les comédiens semblent clamer leur incapacité à faire rire en passant leur temps à hurler. Trop long, le côté dramatique est totalement noyé dans la pantalonnade et aucune scène d'émotion n'est réussi en raison d'une mise en scène étonnamment distancié, comme si FUKASAKU n'était nullement impliqué dans le malheur de ses personnages.
Seule trouvaille d'intérêt : une voix off prévient le spectateur que des studios de cinéma sont un magnifique décor, qui peut transformer le jour en nuit en un simple déroulement de voiles noirs. FUKASAKU reprendra cette annonce plusieurs fois en cours de film, notamment au cours d'une dispute, où le beau temps d'été se transforme subitement en orage tempétueux pour exprimer la (ridicule) force émotionnelle des protagonistes...
Maigre bilan pour un film ayant fort mal vieilli.