Outre le fond, qui aurait pu etre paufine comme l'a souligne la critique d'Happy, il convient aussi de saluer la forme de ce long metrage, avec notamment la superbe sequence de la galerie marchande tout en bruitage, ou les reves du heros, metaphores de ses angoisses, mais aussi de son besoin d'echapper a la banalite de son quotidien.Si l'on ajoute la superbe B-O bien rock a souhait, on obtient un beau flacon.
Pris de vitesse
"Eating Air" du critique et réalisateur de courts-métrages Kevin Tong (en collaboration avec Jasmin Ng) confirme cette volonté de jeunes cinéastes singapouriens à dépeindre une jeunesse en plein manque de repères. En crise d'identité, ils ne trouvent leur place au milieu de leur univers aseptisé tout entier focalisé sur le fait de devoir réussir économiquement. La communication avec leurs parents est totalement rompue et plutôt que de se soumettre aux codes régis par leur gouvernement, ils se rebellent en refusant jusqu'à suivre une éducation pour avoir des chances de s'en sortir plus tard.
Jeunes caïds - sans être de vrais criminels - ils passent leurs journées à tenter de tuer leur temps.
Seul l'amour semble un échappatoire salutaire dans un environnement autrement dénué de sentiments; mais même ce dernier recours sera irrémédiablement anéanti par de sombres histoires d'argent.
Les deux cinéastes collent au plus près de l'air du temps, s'engouffrant dans la brèche entrouverte par les films d'Eric Khoo et précédant le futur "15" de Royston Tan, qui poussera cet état de fait dans ses derniers retranchements. Justement, il manque peut-être à cette production l'audace d'aller jusqu'au bout de leurs idées, de peur de froisser de trop l'omniprésente Censure singapourienne; après un début tonitruant et prometteur, le film s'enlise dans un schéma autrement plus convenu et conventionnel, laissant sur la faim.
Il n'en demeure pas moins un passionnant regard sur la jeunesse et l'appréciation d'une société dans son temps et un début prometteur de deux jeunes cinéastes convaincants.
