Junta | 3.5 | Sabu pète un plomb. |
Ghost Dog | 3.5 | Les coups du sort |
Même si au premier abord Drive parait classique (des braqueurs de banque prennent en otage un salaryman souffrant de migraine et respectueux du code de la route pour s'échapper en voiture...), le traitement qu'impose SABU à ses personnages ne l'est pas du tout. Chaque braqueur possède un vécu, des qualités et défauts propres qui le guideront vers un nouveau chemin, parfois bien inattendu.
Sabu se permet quelques pétages de plomb à l'image de ce discours/chanson sur fond de rock de TERAJIMA Susumu qui est bien jouissif ou encore cette tante frappadingue qui se sent persécutée comme Carrie... L'ensemble du métrage est parcouru d'un humour décalé assez agréable, cela n'empêche pas le réalisateur de balancer des pics envers le suicide, le système japonais, ...
L'ensemble des acteurs sont excellents et on regrette finalement la trop courte apparition de Susumu Terajima tellement sa prestation est une fois de plus exemplaire. Bien qu'il y ait une bonne dose d'humour, de dérision et de critique sociale, Drive possède des longueurs parfois difficiles à encaisser, c'est l'un de ses seuls défauts mais il est de taille. Enfin j'espère que cela ne vous découragera pas à regarder ce film car il reste malgré tout un spectacle agréable à suivre.
L’ensemble du film de Sabu est basé sur des coups du sort, sur des coïncidences improbables qui pimentent heureusement la vie, et c’est ce qui fait sa force. Quelle probabilité y avait-il pour que Kenichi, le salaryman coincé et timide, trouve une opportunité favorable pour aborder cette jeune femme qui passe tous les midis devant le fleuriste ? Pour que 3 gangsters en fuite atterrissent dans sa voiture ? Pour que chacun des 4 protagonistes trouve finalement un sens à sa vie alors que le statu quo semblait être la voie la plus évidente ? Sûrement très peu, mais une bonne dose d’imprévu dans une société si parfaitement huilée qu’elle en devient ennuyeuse à mourir fait du bien, et c’est sans doute cet aspect qui a permis à Drive de devenir une comédie très populaire dans l’archipel nippon. La scène improbable la plus frappante est sans doute celle du crayon planté dans la gorge d’une balance à la suite d’un enchaînement d’évènements rappelant la fameuse théorie du battement d’ailes du papillon, d’un effet comique surpuissant.
La deuxième partie du film se fait plus contemplative au fur et à mesure du resserrement de l’intrigue sur le personnage principal ; elle se fait aussi plus mystique, n’hésitant pas à se référer à des figures du Japon traditionnel, comme si la découverte de son « moi intérieur » devait passer par la rencontre de son passé et de ses ancêtres. Moins rythmée et moins drôle, cette partie risque de dérouter quelque peu, voire de faire décrocher certains. Mais au final, Drive reste un sacré petit film signé de la main d’un réalisateur réellement talentueux, et qui mériterait une sortie dans les salles françaises au même titre que Postman Blues ou Monday.