Une bonne face de Kurosawa K.
Doppelganger s'ouvre paré des atours saumâtres d'un mauvais
Kaïro-bis et s'achève comme un Miike de premier choix. Entre ces deux extrémités polaires : la réminiscence étirée sur une heure cinquante d'un plan de
Séance en forme de Koji Yakusho dédoublé. L'intrigue ? Hayasaki, un inventeur génial mais névrosé dont les recherches piétinent, se trouve confronté à son doppelganger, un alter ego au physique rigoureusement identique mais dénué de tout sens moral et d'inhibitions. De ce personnage à propos duquel on ne saura jamais s'il s'agit d'une pure projection de l'esprit d'Hayasaki ou s'il est bien réel découle le fondement conflictuel sur lequel s'édifie chacun des films de Kurosawa. Dans
Doppelganger, la fécondité de cette contradiction essentielle au développement du récit se trouve étoffée par son déplacement dans un lieu nouveau, la comédie. Là se nouent les figures récurrentes et les situations neuves, les questionnements déjà usés et les formes nouvelles. Autour d'un tissu thématique familier,
Doppelganger déploie ainsi une hétérogénéité inédite et réjouissante, dont
Kairo par exemple, pourtant infiniment plus abouti, n'aurait su se targuer. Dans ce film plus que jamais, Kurosawa déconstruit et questionne une psyché à même l'écran. Cependant, le processus de fragmentation (traduit par l'emprunt, assez raté, des split-screen de
l'Etrangleur de Boston de Richard Fleischer) appelle ici la reconstruction d'un univers mental dans la seconde partie du film, la meilleure ; laquelle tire le récit et la représentation dans le sens d'une certaine abstraction et la comédie vers un absurde qui se coule à merveille dans le béhaviorisme de Kurosawa. Et même si formalisme, complexité et enjeux de son cinéma se trouvent quelque peu dilués dans le genre nouveau, ce dernier fait peut-être perdre au film en consistance ce qu'il gagne en attrait. Attrait d'un cinéma en mouvement qui se renouvelle ; contrairement à un
Jellyfish dont la faillite ne faisait que souligner l'ambition démesurée et inassouvie,
Doppelganger se révèle aussi plaisant dans l'inconséquence que dans ses saillies.
Kiyoshi Kurosawa parodierait-il son propre cinéma ???
C'est vraiment la sensation qui se dégage après la vision de Doppelganger. En effet cette histoire de double est assez étrange, on se pose beaucoup de questions et peu de réponses seront apportées (ce qui n'est pas spécialement grave en soit) mais surtout ce qui fait penser ainsi c'est que Kurosawa jalonne Doppelganger d'un humour (pas désagréable) qui tranche grandement avec ses oeuvres passées et qui fait bizarre au sein même du film. On a presque l'impression que Kurosawa se moque de son oeuvre. La seconde partie du métrage nous entraîne dans un mini road-movie totalement inattendu à l'image au final du film lui-même.
Côté casting, les acteurs sont tous très bons, YAKUSHO Koji est égal à lui-même et la jeune et (très) jolie Hiromi Nagasaku l'accompagne parfaitement.
KUROSAWA Kiyoshi ne rate pas complètement son sujet avec son histoire de double/fantôme cependant il perd le spectateur car on ne sait pas trop où il veut nous emmener (le sait-il lui-même ?). Pour conclure malgré une bonne réalisation on ressort troublé de Doppelganger, troublé et déçu à la fois.
Dédoublement Inabouti
Si Doppelganger est un Kurosawa Kiyoshi bien plus réussi que Bright Future, il demeure néanmoins en deçà de ses meilleurs films (Cure, License to Live et surtout Kairo) ce qui fait que Kurosawa n'a pas encore produit la grande réussite de ce qui semble etre un nouveau cycle artistique entamé avec Bright Future et marqué par un regard un peu plus optimiste sur le Japon contemporain. Petite revue en détails.
Doppelganger démarre pourtant sur les chapeaux de roue: on retrouve la Kurosawa's touch classique rayon mise en scène et travail sur le son ainsi qu'une ambiance assez proche de celle de Kairo. Surtout, on ne trouve pas ici d'images à la symbolique lourdingues meme si le dialogue sur le doppelganger fait un peu philosophie version méthode Assimil et les passages concernant la recherche scientifique sont plutot réussis. Sauf que progressivement le film retrouve un des travers du cinéaste, l'absence de tension dramatique, qui fait que l'on a tendance à vite s'ennuyer. Vient ensuite l'apparition de fameux "double" du scientifique. Et c'est là que le film se met à sombrer. Là où chez le Cronenberg de Faux Semblants ou meme le John Woo de Volte/Face les questions d'identité et de dédoublement de personnalité sont des concepts s'incarnant dans des personnages en chair et en os aux réactions imprévisibles, le double ne fait que des actes "attendus" (à savoir les désirs inconscients de l'autre, pas d'actes imprévus, de moment où le double agirait de façon autonome par rapport à son modèle et qui produiraient de la surprise) qui en font le pantin de la démonstration kurosawaienne: concrétiser le désir pour les femmes de l'autre trop timide -thème classique chez Kurosawa de la peur d'entrer en contact avec l'autre-, se venger de la pression mise sur l'autre par ses employeurs -on retrouve la satire à la main lourde du Japon salarié transposée chez les scientifiques-, saboter le travail en lequel l'autre ne croit pas...
Les plus grands -Fritz Lang avec le Secret de Derrière la Porte- se sont parfois cassé le nez en faisant des oeuvres dont les questions de psychanalyse seraient le moteur narratif en faisant dans le lourd et le démonstratif et Kurosawa Kiyoshi ne fait pas mieux cette fois. Le choix d'une approche par le gag de ses thèmes habituels aurait pu compenser cela si les gags du film ne finissaient pas tous par tomber à plat. Qui plus est, le désir de gloire et de bonheur matériel du Japon actuel -incarné ici dans le monde de la science espérant des retombées financières des découvertes scientifiques ou tentant d'acheter les inventions à leurs créateurs- est décrit avec la meme légèreté d'enclume que dans Seance. La seule idée potentielllement intéréssante de cette partie tombe elle aussi à plat: traduire directement de façon visuelle le thème du dédoublement de personnalité est une idée louable. Sauf qu'en plus d'être aussi subtil qu'un tank l'usage du split screen pour exprimer cette idée est un peu trop systématique et finit par virer au tic de mise en scène. On sait que Kurosawa apprécie beaucoup Fleischer. Mais sa mise en scène sent sur ce point l'Etrangleur de Boston mal digéré. Sauf que le film retrouve sur une fin un peu plus rythmée son niveau des débuts Spoilers avec son face à face final où le décalage apporté par la référence wooienne -l'adversaire pour qui deux précautions valent lieux qu'une et que l'on prévient "qu'il ne lui reste qu'une balle"- et l'idée de la boule font enfin fonctionner l'humour et apportent un peu d'imprévu dans une oeuvre en pilotage automatique, le final optimiste se chargeant de maintenir le film à niveau. Fin Spoilers
Permettant de quitter le film sur une note positive. On verra si ce très relatif retour en forme se poursuit chez le cinéaste.
Le RENOUVEAU du cinéma de Kurosawa.
Kurosawa aurait-il un "doppelganger" (double) ?!!!
Si la première partie de son nouveau film reprend tous les thèmes chers à son auteur et arrive une nouvelle fois à instaurer une véritable atmosphère angoîssante avec une économie de moyens étonnante, la seconde partie derape dans un genre totalement novateur pour Kurosawa : il se lance dans la comédie; mais attention : pas d'effets faciles, ni de gags faciles : le réalisateur reste fidèle à lui-même et propose un comique à double tranchant, où l'on ne sait s'il faudrait en rire ou pas.
Le réalisateur prend d'ailleurs un malin plaisir à brouiller les pistes et il faudrait pouvoir juger de la véritable valeur du film qu'après des multiples visions.
Le renouveau est en tout cas une véritable aubaine pour tout fan du réalisateur et laisse prévoir encore une longue carrière profilique à celui, qui arrive petit à petit à se défaire de son homonyme de génie AKIRA KUROSAWA (et de ne plus officier comme son "doppelganger" léger et insouciant, comme on l'a très certainement décrié à plus d'une reprise).
Je laisserais le second visionnage à mon doppelganger, quoi que...non
Le virage comique mais pas moins réflexif est bien amené dans ce Kiyoshi Kurosawa. Jamais lourd ou maladroit, il apporte de la fraîcheur à son œuvre (enfin du peu de films que j'ai visionné du réalisateur). Mais de mon interprétation de la séquence clôturant le métrage, il reste le même (pour savoir où je veux en venir, rendez-vous à la fin car je spoil). L' acteur "fétiche" du metteur en scène ainsi que tout le casting s'avère convaincant en servant avec justesse l'ensemble des différents tons de "Doppelganger" (angoisse, thriller, comédie), finalement fort à propos. -------------------SPOILER ÇI APRÈS-----------------La fin, donc, recèle bien le peu de fois qu'à Kurosawa envers l'humanité si je me réfère à l'interview en bonus du dvd français de son "Kaïro".
20 juillet 2020
par
A-b-a
Histoire sympa
J'ai bien aimé l'histoire, même si c'est parfois un peu long.
Passage préféré: quand Michio Hayashi se rend compte de l'avidité des gens, et jette ce qu'il a mis toute une vie à construire.
Du n'importe quoi
Soit j'ai rien pigé à l'histoire, soit il n'y a rien à piger !
Cela commence avec quelques notes étranges, ça continue dans le fantastique puis dans le n'importe quoi, mais pas celui marant ou parodique. C'est le n'importe quoi qui se fout de son monde et entre autre du spectateur. Au final, on a pas compris pourquoi un a regarder ce film (cette chose ?), à part pour avoir perdu son temps.