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3.70/5
Dode's Kaden
les avis de Cinemasie
5 critiques: 4.1/5
vos avis
24 critiques: 3.82/5
Un ovni - Une merveille
C'est lent à démarrer, il se passe pas grand chose, presque rien même. Dès le début, on sent que Dode's kaden est un film très personnel, qui touche au coeur de la sensibilité de Kurosawa. C'est la première fois qu'il traite la couleur, enfin, c'est pas du tout cuit quoi... Et pourtant, en se plongeant dans cet univers de crasse, on y découvre des vies attachantes, des personnages haut en couleurs, des mouvements épurés, des regards perçants. Bref, c'est merveilleux, émouvant, chaud comme un Van Gogh mais aussi froid comme un Basquiat et tortueux comme un Bacon.
Après un début qui se veut déroutant au possible, tout ça se met en place et on retrouve la simplicité et la profondeur de l'humanisme cher à Kurosawa. Merveilleusement beau et sale à la fois, dérangeant, comme un goût amer qui reste longtemps après la fin, une odeur de désespoir, de rêves éteints...
Et puis, je vois pas pourquoi je continue à déblatérer, lisez plutôt le dernier paragraphe de Ghost Dog qui dépeind parfaitement l'attachement à ce petit monde et le trouble obscur qui nous envahit lorsque le mot "fin" arrive. On se raccroche alors tant bien que mal à l'innocence du tram toqué, au rêve que lui réalise, pour tenter d'oublier les espoirs perdus des autres personnages qui vivent, eux, en pleine réalité.
Un Kurosawa atypique et formidable
Ce film est à la fois un ovni cinématographique et un ovni dans l'oeuvre de Kurosawa. Il se présente comme une successions de saynètes situées dans un bidonville. Ses habitants inventent tous leur monde imaginaire pour échapper à la dureté de leur quotidien. Cela donne des scènes superbes que ne renierait pas un Chaplin: le gamin qui crie dodeskaden (tramway toqué) et conduit un tramway imaginaire, un autre personnage qui marche en agitant le pied gauche, des alcooliques s'échangeant leurs femmes, un clochard construisant pour son fils une maison imaginaire. Il y a aussi une pointe d'autodérision de Kurosawa lorsqu'il montre le gamin percuter en "tramay imaginaire un peintre" et lui faire une leçon de code de la route: Kurosawa, ancien peintre, reconnaît sa difficulté à appréhender le monde des bidonvilles.
Dodeskaden est le premier Kurosawa en couleurs et quelles couleurs: les habitants semblent vouloir compenser la morosité de leur quotidien par des habits, des vêtements, aux couleurs criardes (bleu, rouge, jaune, vert kaki); on retrouve ces couleurs sur les murs des maisons, l'usage sybolique des couleurs est sublime (une femme est éclairée par une lumière jaune fonçé quand elle a encore l'espoir et par une lumière jaune pâle quand elle commence à le perdre). Un autre point important est l'usage des dessins: le gamin a barbouillé les murs de sa maison de dessins de tramway qui représentent ce à quoi la vie se résume pour lui. Un autre point est l'utilisation d'horizons blancs pour résumer l'avenir bouché de ces personnages.La période de canicule décrite dans le film est montrée comme une planète extra-terrestre (ciel rouge orange, sol bleuté). Le final frappe par son pessimisme: la vie continue, les problèmes restent.
Mal compris à sa sortie et pas facile d'accès, ce film trouve sa place dans les réussites majeures de son auteur et vaut bien mieux que sa réputation pas vraiment flatteuse.
Une fable généreuse et emprunte de poésie.
Dodeskaden dépeint un univers respirant la pauvreté, le malaise même si l'on tente de garder le sourire. Ne jamais dire un mot de trop ou déplacé, ne jamais tenter de rendre une personne triste, au risque de froisser encore plus la sensibilité de cette dernière. Le cadre n'aidant pas. Mais malgré cette pauvreté, les habitants résistent, tentent de vivre à peu près comme n'importe quelle personne plus aisée sur cette Terre. La solution? Toujours avoir quelque chose à se dire, à faire ou à projeter dans l'avenir. La vie ne se résume pas qu'au présent, malgré les difficultés que l'on peut rencontrer en chemin. Chaque "villageois" du bidonville possède sa propre personnalité, son propre vécu. Ici, deux femmes se partagent leur mari torché à l'alcool de riz, un père et son fils imaginent leur future maison. Une maison belle et grande dont ils visualisent la construction. Qu'importe si la couleur ne leur plait pas, ils peuvent la changer à leur guise puisque tout réside dans leur imagination. Un oncle maltraite sa nièce, forcée à travailler jour et nuit, à servir sa femme. Ce personnage froid et alcoolique poussera le vice jusqu'au viol (les sous-entendus par la suite sont extraordinaires). Un homme d'affaire atteint de tic subit la pression de sa grosse femme, guère aimable et serviable, un groupe de bonnes femmes passent leur temps à laver le linge tout en se racontant les potins sur le voisinage, un adolescent un peu bébête se met dans la peau de conducteur de tramway étant donné qu'il ne pourra jamais l'être, sa mère n'ayant guère les moyens de lui offrir quoi que ce soit, etc...
Dodeskaden n'a pas de scénario à proprement parlé. On suit le quotidien des habitants du bidonville. Un quotidien qui, par le biais de projets et de rêves de chacun ne cache hélas pas cette tristesse : la pauvreté règne, un fils ramène les restes du restaurant du coin pour se nourrir, lui et son père. Un homme ayant perdu la raison voudra à tout prix se suicider, avant d'être raisonné par un vieil homme. Ce vieil homme subira le cambriolage d'un voleur guère aisé, mais au lieu de le repousser, ira jusqu'à lui dire où se trouve l'argent et pourra repasser quand il n'en aura plus. Surréaliste. Un film teinté d'humanisme fort, comme d'habitude avec Kurosawa. Ici, il faut continuer à vivre malgré les difficultés que l'on rencontre. La vie ne s'arrête pas quels que soient les moyens que l'on a. Se donner la mort n'est pas une solution, comme le dit très justement le vieillard du film : si l'on se tue, notre entourage se tuera par la suite". Le tramway est le véritable symbole du film. Il démarre avec l'adolescent et arrive à destination à la fin du film, sous un large panorama de dessins de trains gribouillés représentant, qui sait, la liberté. A noter la composition magique de Takemitsu Toru.
Affreux, sales et méchants ?
Bien avant Short Cuts ou Gummo, KUROSAWA Akira s’était essayé dès 1970 à un genre difficile, à savoir la chronique. Une multitude de personnages, une narration éclatée, des histoires parallèles ou imbriquées les unes dans les autres, Dode’s Kaden finit par brosser un tableau magnifique d’un bidonville japonais. Outre les malentendus à la sortie du film en salles au Japon, le bide populaire de ce dernier repose peut-être aussi sur le fait que les gens n’étaient pas prêts à accepter que dans un pays en plein boom économique et financier, il puisse subsister des personnes en marge de la société, contraints de vivre misérablement aux abords d’une décharge industrielle, au contraire de L’Ange Ivre et Les Bas-Fonds, qui traitent du même sujet mais au lendemain de la guerre, ce qui est tout à fait différent.
Avec 30 ans de recul, Dode’s Kaden nous apparaît comme un témoignage essentiel de la vision humaniste et généreuse de l’humanité selon Kurosawa. Si la présentation des personnages est un peu longue et pousse à se demander où il veut en venir, l’intérêt grandit au fur et à mesure que l’étau narratif se resserre autour de 4 histoires : un père et son fils qui rêvent d’une belle maison, 2 ivrognes échangistes, une femme qui tente de faire pardonner son adultère à son ex-mari, et une jeune fille maltraitée par son oncle. Tous ces destins sont animés par l’espoir et les rêves, sans qu’à aucun moment ils ne se matérialisent. Malgré un ciel souvent représenté par de grands traits de pinceaux de toutes les couleurs, c’est un film sombre et désenchanté. On partage le quotidien de ce village avec un naturel déconcertant, comme si tous ces gens nous étaient familiers depuis longtemps. Il est difficile de les abandonner à leur sort lorsque le mot « fin » apparaît, préférant de loin faire un nouveau tour de tramway imaginaire avec le conducteur simplet.
Super !
Un film vraiment étonnant qui fait un peu penser à certains Chaplin...
Kurosawa utilise la couleur, et instaure une ambiance bien particuliere, nous offrant de superbes images.
Les personnages sont nombreux, et dans le fond, pas très riches (dans tous les sens du termes ! :)), mais il y a le truc en plus qui fait que çà marche, et çà fonctionne même très fort !
Pourquoi ? Surement en partie grace à une excellente interprétation...de plus, les histoires sont contées en parallele, ce qui fonctionne aussi très bien avec les montages à la Kurosawa.
Un film à voir absoluement si on aime Kurosawa, et à voir aussi si on aime pas ses autres films puisque celui ci est bien différent !
Rien de trop
J'ai vu Dodeskaden à sa sortie à Paris, trente ans plus tard il n'a pas bougé : difficile, provocant, superbe. Des thèmes fréquents chez Kurosawa, traités de façon dépouillée, sans verser dans le feuilleton ou le prêchi-prêcha.
Beyond imagination
Fin des années '60s / début des années '70s, le cinéma japonais est exposé à de graves problèmes : après l'extraordinaire croissance, le pouvoir d'achat des principaux foyers nippons permet finalement d'accéder au petit écran - et de mettre sérieusement en péril de nombreux studios autrement habitués aux succès populaires.
Les premiers à trinquer sont les réalisateurs indépendants - mais également les prétendus "artistes". Suite à son retentissant échec avec "Barbe Rousse" (plus gros budget de l'Histoire du Cinéma Japonais à l'époque)et connu pour son degré d'exigence et de perfectionnisme, le réalisateur est mis sur la touche.
Succombant alors aux sirènes hollywoodiennes pour pouvoir rebondir, KUROSAWA devra encaisser deux gros coups durs : celui du premier abandon de son "Runaway Train"; puis son évincement de l'importante co-production "Tora! Tora! Tora" (repris à la volée par Kinji FUAKASAKU). Egalement prévu pour tourner un documentaire sur les Jeux Olympiques, le projet sera finalement confié aux mains de Kon ICHIKAWA.
KUROSAWA suit alors le même destin que plusieurs de ses collègues indépendants (IMAMURA, OSHIMA) en créant sa propre structure artistique : la "Yonki no Kai" (Les quatre Mosquétaires) en compagnie de Kinoshita Keisuke ("Carmen revient au pays"), Masaki KOBAYASHI (la trilogie de "La condition de l'homme") et Kon Ichikawa ("La vengeance d'un acteur"). "Dodes'Kaden" sera leur premier et dernier projet en commun, essuyant un nouvel échec spectaculaire.
Suite à cette nouvelle défaite, KUROSAWA tentera de se suicider - tentative heureusement ratée - avant de revenir quelques années plus tard par le superbe projet russe de "Dersu Ouzala"...
"Dodes Kaden" est l'adaptation de huit courtes histoires (sur un total de quinze) du roman "Une ville sans saisons" de Yamamoto SHUGORO, déjà à l'origine des scénarios de "Sanjuro" et de "Barbe Rousse". Premier film en couleurs, KUROSAWA s'en donnera à coeur joie en rendant un profond hommage aux peintures de Goya, Gaumier et Klee dans un surprenant dénouement devant de somptueux décors de peintures à l'huile. Il s'amuse également à donner un fort côté théâtral par les costumes et les maisons de ses personnages, rendant un hommage très indirect à son précédent film de "bidonville" "Les Bas-Fonds", qui avait été une adaptation théâtrale.
"Dodes Kaden" constitue un véritable apogée dans la carrière du réalisateur; pour la première fois, il se permet de mettre à l'écran ses vrais phantasmes et visions du cinéma, qu'il n'aura de cesse à explorer dans ses dernières co-productions. Décors et costumes intègrent ainsi toutes les formes d'art (écriture, peinture, théâtre) et els personnages sont un condensé de stéréotypes de tous les jours.
Traité avec beaucoup d'humour, l'apparent bonheur au-delà de la misère est pourtant constamment menacé de se faire supplanter par le malheur - qui arrive d'ailleurs à prendre le dessus dans la troisième partie. Jamais encore, l'enfoui désespoir du réalisateur n'avait été aussi palpable - même si le quotidien plus souriant reprendra le dessus en fin de film. La tentative de suicide dans la vraie vie n'est pourtant pas très surprenante après avoir vu ce film.
Quant à la structure, le film se divise en trois parties : exposition de tous les personnages, quotidien des personnages, enjeu dramatique. Le retour à la "normale" est caractérisé par le singulier personnage du "chauffard du tram imaginaire", qui exécute imperturbablement ses mêmes mimiques, faits et gestes, peu importe ce qui arrive.
L'imaginaire occupe une nouvelle fois une importante place, entre le chauffard de tram et le père racontant à son fils comment sera leur future maison. KUROSAWA lui-même se réfugie dans son propre imaginaire par le décor théâtral - mais n'en demeure pas moins dupe de la réalité, en faisant apparaître le personnage du peintre, qui ne peut comprendre le chemin de fer phantasme du chauffard du tram. Une représentation pour les uns ne saura rien signifier pour d'autres.
Tel ce film : très lent, assez hostile dans sa forme narrative éclatée entre tous els différents individus, il faut vraiment se laisser entraîner dans le tourbillon de ce quotidien très peu spectaculaire - d'autant plus efficace sera la série de malheurs à frapper quelques individus au cours de la dernière partie.
Un autre très, très, très grand film d'un des meilleurs réalisateurs de tous les temps!
à voir !
Du grand Kurosawa. Une multitude de personnages, ça grouille dans tous les sens, au début on reste un peu perplexe, puis chacun prend ses propres reperes et bientot nous, spectateurs, sommes dans ce bidonville presque comme chez nous...
Touchant, drole, émouvant, un film singulier.
Waow!
Je ne suis pas fan des films atypiques mais celui-ci m'a énormément plu. C'est triste et envoutant, un film qui m'a beaucoup marquée, j'en suis encore toute retournée...
It's a colourful life
Akira Kurosawa est l'un de ces très rares cinéastes prolifiques dont la filmographie recèle de chefs-d'œuvre à peu près tous plus essentiels les uns que les autres. Au-delà des opus les plus populaires (
Les Sept Samouraïs,
Ran,
Rashomon), il y a tant d'autres pépites à découvrir et redécouvrir au sein de ce formidable accomplissement cinématographique – pépites parmi lesquelles
Vivre et
Barberousse culminent probablement – que l'on peut sans gêne affirmer et confirmer la chose suivante: tout Kurosawa se doit d'être vu.
Dodes'kaden constitue un réel tournant dans la carrière du réalisateur. Adios le Japon traditionnel et féodal capté par un somptueux scope ainsi qu'un éblouissant noir/blanc, place à la peinture d'une certaine misère sociale du pays ancrée dans les années soixante et soixante-dix au travers de plusieurs personnages vivant soit à proximité, soit dans l'enceinte même d'un bidonville. Au départ, l'exposition de ces personnages en question déroute un peu. C'est cependant un moyen pour Kurosawa de les rendre d'autant plus crédibles et attachants à nos yeux une fois le récit définitivement mis en place. On se prend alors d'intérêt pour les rêves utopiques, les ivresses, les commérages, la mélancolie ou encore les divers menus tracas qui façonnent le quotidien de tout ce petit monde. La mise en scène, extrêmement sobre et dépouillée au niveau des cadres et mouvements d'appareil, contrebalance une sorte de fantaisie formelle tendrement insolite, où l'utilisation paroxysmique de couleurs chaudes vient troubler l'aspect naturellement sombre et maussade de l'univers évoqué par le réalisateur. Une interprétation tout en finesse et des dialogues qui sonnent juste permettent de contourner l'écueil du mélo facile et démontrent par ailleurs que le senseï était autant à l'aise dans les épopées théâtrales grandioses que dans la chronique sociale amère. Cette belle évolution thématique et stylistique ne fut hélas guère saluée par le public et la critique, lesquels avaient déjà boudé l'immense
Barberousse quelques années auparavant. Un échec de plus au palmarès de Kurosawa qui tenta cette fois le suicide (en vain, fort heureusement), avant de regagner peu à peu les échelons de la gloire avec ses œuvres suivantes, car désormais mieux entouré.
Oublions le triste sort commercial de
Dodes'kaden pour mieux nous imprégner aujourd'hui de toute la saveur émanant de ce film, qui oscille constamment entre pessimisme, morosité, émotion simple et poésie. Un bon cru.
celui de kurosawa que je le moins apprécié
pas tres accessible.un ovni dans sa filmographie?oui je suis d'accord.et le message profond qu'il veut donner ne m'a pas touché du tout.film raté? ptet bien ,j'irai jusque là tout de même