Si l’on est très loin de la chaleur moite de Fleur secrète, versant artisanal coquin de Konuma Masaru, Dans l’arène du vice n’en garde pas moins son approche comique déjà entrevue au cours des ébats pervers devenus rapidement cultes. Sauf qu’au contraire d’un Fleur secrète élégant dans sa perversité, Dans l’arène du vice est un film très nul. Soit on accepte le fait d’être plongé dans une aventure coquine mettant en scène trois histoires résolument différentes, ponctuées d’apartés comiques irrésistibles menées tambour battant par un pervers notoire, soit on décide de lever les voiles au bout d’un quart d’heure de film, comme l’ont fait deux cinéastes de genre français présents dans la salle, pourtant habitués à encaisser même les pires confiseries crémeuses venues du Japon. Et de la crème, le film en a à revendre. Pas réellement fouettée d’ailleurs, les séquences chaudes étant plutôt sobres, sans sévices particuliers comme il est pourtant coutume dans tout bon film de bondage qui se respecte. Cette crème a un véritable parfum de rose, sobre et élégant, parfum à peine gâché par des à-côtés qui virent à l’endive pas fraiche. Non pas que les scènes érotiques soient les plus réussies du film, elles font cependant preuve d’un sens du cadre plutôt agréable et étonnent une nouvelle fois par leur sobriété, le film pourtant estampillé Nikkatsu n’est effectivement plus aux expériences formelles des années folles. Les expérimentations sont à mettre à l’actif des sévices corporels parfois truculents plutôt qu’aux mouvements de caméra. Ainsi, le sexe d’une jeune femme perverse étant tellement chaud qu’on y arrive à allumer un cigare avec.
Et c’est un exemple parmi d’autres, le film ne reculant devant rien. L’amusant trouble-fête pervers va jusqu’à pratiquer le bondage sur un chat, en pompant de force quelques une de ses sécrétions pour les insérer dans l’anus d’un homme endormi, qui rejette alors l’ignoble matière par une flatulence résonnant dans toute la pièce, ce qui a don d’exciter son expérimentateur. Le tout dans une ambiance festive, presque estivale en ces temps où l’on court après les filles pour leur faire des plaisanteries d’un goût douteux. Ces nombreuses cassures de ton contrastent avec la gravité de certaines séquences du film, dont certaines impliquant une secrétaire et son séquestreur dans des ébats érotiques sadiques loin d’être solaires. Dans l’arène du vice, titre ô combien vendeur pour le studio, est effectivement le théâtre propice à la violence et au sexe. Mais l’endroit est également trompeur, on est plus proche d’A Nous les petites anglaises que de La Barrière de la chair en terme de férocité. Et si dans le domaine du roman-porno les charges politiques des films de Wakamatsu Koji donnaient du corps et de la profondeur à ce courant cinématographique, l’amusante liberté des personnages du film de Konuma Masaru y apporte ce qu’il faut de légèreté mais aussi de débilité. Le film a beau dépeindre l’homme en costume et au beau CV comme un être amateur d'urine à ses heures perdues, et la société comme une immense machine forçant ses éléments à se suicider par dépit, il n’en garde pas moins cette désagréable manie de se servir de ces facteurs pour en faire un spectacle festif, presque ringard. Précipité et décousue, la narration perd en substance ce qu’elle gagne en humour gras terriblement efficace. En effet, toutes les scènes impliquant le pervers à la rose sont des moments de franche rigolade fonctionnant parce que depuis, littérature, manga ou encore bandes pornographiques ratissent ce secteur question perversité : voyeurisme, harcèlement de jeunes filles, fétichisme du pet et bien d’autres sont ici étalés sans gêne particulière, jusqu’à un dénouement surréaliste. Très inégal et beaucoup trop long, Dans l’arène du vice contient autant de moments hystériques que de passages manquant de rythme, parsemé ça et là de clins d’œil bien trouvés comme ce copycat de Lady Snowblood ou Tani Naomi dans son propre rôle, prenant le fouet pour corriger la gente masculine à son tour. Une curiosité.