visiteur | note |
Sauzer | 2.5 |
Chang La Rage | 4 |
Simon Y | 4 |
abdelali | 0 |
bwoo | 3 |
Manolo | 3 |
seizan | 3.25 |
Scalp | 4.25 |
jeff_strike | 2.5 |
Phildu62 | 2.5 |
"The convict killer" est un peu à part dans la carrière de Chu Yuan, tout en restant très proche de ses wu xia pian.
La première scène affiche clairement les ambitions du réalisateur: sans abandonner ses visuels poétiques, il inscrit son récit dans une approche qui n'est pas sans rappeler les films noirs de l'âge d'or Hollywoodien. On se situe même dans la catégorie hard boiled, avec un Ti Lung ersatz du Joe Kurtz de Dan Simmons (rétroactivement bien sûr) qui assassine froidement un homme désarmé. L'utilisation d'une arme à feu place le film dans un contexte inquiétant et brutal, l'époque est plus contemporaine, et l'anti-héros est encore plus ambigü que les chevaliers solitaires que campe habituellement Ti Lung.
Visuellement, cela se traduit par le mélange entre tenue traditionnelle chinoise et un feutre qui n'aurait pas juré sur le front de Bogie. Tony Liu s'inscrit davantage encore dans cette évolution avec son costume occidental. Les décors sont par contre les mêmes que d'habitude.
La différence tient avant tout au fait que l'intrigue évolue presque exclusivement en huis clos, l'auberge restant le lieu de tous les complots et les protagonistes n'en sortant que peu. On est loin des changements de lieux incessants propres aux adaptations de Gu Long. en ce sens, on se rapproche un peu de la seconde partie du "tigre de jade", sauf qu'ici cela se passe sur l'ensemble du récit. D'ailleurs l'intrigue s'en ressent, et les coups de théâtre la boulversent moins. Ici, pas de moine hermaphrodite ou de ninja cannibale. S'il y a bien une enquête, les identités étant à vérifier, le héros sait à qui il a affaire. Son comportement peur paraître un peu passif, car il ne pourchasse pas ses ennemis, mais au contraire les attend pour les éliminer les uns après les autres.
On retrouve cependant les trahisons à répétition auxquelles Chu Yuan nous a habitués. On verse même quasiment dans l'auto-parodie lors d'une scène qui enchaîne les retournements de situation sur à peine 5 minutes. Le suspense est bien entretenu, comme d'habitude, mais l'aspect film noir renforce l'impression de menace imminente, voire permanente.
On observe un jeu intéressant sur le regarde, qui se traduit par une utilisation appuyée des fenêtres. La caméra se faufile à travers, les personnages les traversent au cours des combats, on les ouvre pour espionner, on les ferme pour s'isoler. Une caractéristique récurrente, mais bien plus présente ici. Cette dynamique fait de l'auberfe le symbole des secrets, des découvertes, et des retournements de situation. Elle est possible grâce à ce lieu quasi unique, et appuie l'aspect presque théâtral du film.
Mais si Chu Yuan a des aspirations précises, il n'oublie pas son public, et les combats s'enchaînent à un rythme qui pourrait paraître épuisant, s'ils ne s'inséraient pas aussi bien dans l'intrigue. Loin des chorégraphies fantaisistes d'un "magic blade", Tang Chia nous livre un kung fu réaliste, ne privilégiant ni les duels, ni les affrontements de groupes, mais offrant l'un comme l'autre en quantité. Si les premiers sont un peu mous (le duel contre Dick Wei est plutôt décevant), ils vont monter en puissance au fur et à mesure, pour atteindre une intensité qui culminera dans un final aussi long que spectaculaire.
D'une brutalité qu'on a rarevement vue chez Chu Yuan, cet affrontement est extrêmement vif, les figures nombreuses, et les acteurs s'investissent beaucoup.
On notera également que Tang Chia n'inclut que peu d'acrobaties dans les affrontements, ce qui contribue à les rendre plus crédibles et permet d'éviter le recours constant aux doublures. Ti Lung est un pratiquant très convaincant, et le fait de proposer des chorégraphies purement martiales met en valeur ses qualités. Il donne notamment un nombre conséquent de coups de pieds puissants et souples.
Con interprétation dramatique est également excellente, même s'il ne surprend pas vraiment dans un genre de rôle qu'il connait bien. Tony Liu est quant à lui plus charismatique que jamais, et Jason Pai campe un savoureux caïd, s'appuyant moins sur des mimiques exagérés que Ku Feng. Et même si ce dernier a un grand charisme, c'est un plaisir de trouver un autre acteur à sa place.
Les femmes (fatales) ne sont pas en reste, et participent grandement au massacre.
Cette incursion dans un genre différent est aussi appréciable que réussie et apporte un vent de fraicheur au cinéma de Chu Yuan, tout en en gardant les codes.
A voir!
Encore un très bon film de Chu Yuan (Killer Clans), cette fois-ci il se réattaque au genre kung-fu après un très grand nombre de wuxia pian à scénarios à tiroirs tirés de nouvelles de Gu Long, mais que les fans de ses films se rassurent, le scénario de Convict Killer est tout aussi compliqué. En fait il est très similaire à ses wuxia, à la différence qu'il se passe à une différente période (l'Ere républicaine) et donc les costumes et les armes ont changés, on se bat à mains nues, aux couteaux, à la chaîne et même aux pistolets. Les combats sont chorégraphiés par Tang Chia et regorgent toujours de nouvelles trouvailles, ils peuvent peut-être paraître un peu plus lents que leurs concurrents de l'époque, simplement parce que la caméra de Chu Yuan est en général spectatrice à la différence par exemple d'un Sun Chung (Avenging Eagle) avec sa Steadycam qui se place au milieu des combats, mais ils sont tout à fait acceptables et très divertissants.
Au niveau des acteurs, en tête d'affiche Ti Lung (Magic Blade) toujours aussi charismatique qui a troqué son sabre pour une chaîne et entouré de Jason Pai Piao (Shaolin Intruders), Liu Yung (Clan of Amazons) et Li Ching (Anonymous Heroes), tous parfaits dans leurs rôles.
En conclusion, un film de kung-fu thriller original de par son scénario, ses décors et sa période dans lequel il est situé, de bons acteurs avec des rôles qui leur vont à merveille et des combats originaux bien qu'aucun ne sortent vraiment du lot. Recommandé.