A ton étoile
A la manière d’un 8 mile, c’est au « biographé » lui-même que revient l’honneur d’interpréter son propre rôle, renforçant l’authenticité de l’histoire, forcément estampillé « vraie » même si un peu romancée pour le cadre cinématographique. Le « biographé » en question, c’est Dida, petit caïd des banlieues qui a mal tourné et se retrouve en tôle avant de découvrir sa voie : la boxe thaïe, dans laquelle il va progressivement exceller jusqu’à devenir champion du monde dans un temps extrêmement court. Ce dernier s’en sort plutôt bien en restant relativement crédible dans les scènes dramatiques (il ne faut cependant pas lui en demander trop, lorsqu’on le voit par exemple pousser une gueulante trop artificielle en voiture…), tout en montrant ce qu’il sait faire sur un ring – et c’est assez spectaculaire. Dida est en effet un jeune homme petit mais très bien bâti, vif, nerveux, physiquement parfait pour ce sport, et avec la démarche « roulement de mécanique » qui correspond. Face à lui, Bernard Giraudeau est convaincant, même si l'intrigue avec sa fille est clairement là pour donner un peu de consistance à l'ensemble.
Le film de Xavier Durringer, lui, avance vite, sans se retourner ni s’appesantir, tel un boxeur sans cesse en mouvement avec un seul objectif en tête : vaincre. Pourtant, il est particulièrement émouvant dans le sens où l’on voit Dida, au départ brut de fonderie, violent, insoumis, voleur et rebelle, se tailler petit à petit en pierre précieuse. Son arrivée à Bangkok (l’aéroport, le taxi, le camp d’entraînement) est par exemple décrite de façon très pertinente et l’on comprend que c’est un vrai choc pour lui : en s’entendant dire qu’aucun étranger n’est accepté dans le camp car ça n’apporte que des ennuis et en étant obligé de rester plusieurs jours devant la porte, soit une initiation au moins aussi dure que celle permettant d’être membre de la secte de Fight Club, Dida va subitement apprendre l’humilité, le respect, le travail, la détermination, le courage et la reconnaissance, toutes ces valeurs qu’il n’avait pas comprises et intégrées en France…
Leçon d’espoir pour qui croit en lui et en sa bonne étoile malgré l’adversité, Chok Dee est aussi un séduisant portrait de la Thaïlande qui donne envie d’y aller/retourner.
Dida accède à son premier rôle de cinéma en racontant son parcours personnel, plutôt bien aidé par une réalisation sympathique et soutenu par un casting solide. L'ensemble se regarde avec plaisir. Manque peut être un souffle d'héroisme à la Rocky pour nous faire totalement rentrer dans le film, le film perdant petit à petit de son intérêt. Très divertissant néanmoins, et assez réaliste également.