Blade - Blacle - Blaclé - Baclé
Commençons par les traditionnels remerciements à l'asiatique de service qui nous permet de chroniquer ce film. C'est la pauvre Françoise Yip qui s'y colle, avec deux lignes de dialogues et 20 secondes à l'écran. Le plus gros challenge reste finalement de la repérer. Passons.
Blade Trinity est un mauvais film. On voyait déjà d'un mauvais oeil le remplacement de Benitio Del Toro par un scénariste de formation, les craintes se sont hélas vite vérifiées. Le scénario est d'une rare banalité, enchaînant scènes d'action sur scène d'action avec comme transitions des dialogues bien pauvres. Le sidekick comique est souvent à la limite de la vulgarité, les enjeux dramatiques sont inexistants, les ficèles scénaristiques usées jusqu'à la corde. Dracula possède un charisme digne d'un Baldwin à son sommet, tandis que la nouvelle équipe de tueurs de vampire est bien pâle par rapport à la précédente. Même Wesley Snipes paraît s'ennuyer.
Les scènes d'action bénéficient évidemment des moyens techniques américains, mais c'est là aussi sans passion et bien loin des deux premiers films. Le montage très clipesque rend les chorégraphies de combat bien peu lisibles, sans pour autant apporter un style quelque peu intéressant. Wesley Snipes paraît bien moins énergique que dans le précédent épisode, et on constate facilement que les autres acteurs ne sont pas ceintures noires de quoi que ce soit. Jessica Biel est bien mignonne (bon ok, carrément même, mais on n'a qu'une scène de douche bien sage à se mettre sous la dent...), mais en tueuse de vampire, on repassera.
Difficile de vraiment défendre cette conclusion poussive de la série. L'ensemble sent beaucoup trop l'opportunité commerciale pour convaincre, surtout que la mise en oeuvre manque singulièrement de classe. Ce qui finalement irrite le plus est que le film tente de se la jouer cool avec ses punch lines à répétition et ses effets de style, mais sans en avoir jamais les moyens. On est bien loin des "Comme disait mon père avant de tuer ma mère: pour que quelque chose soit bien fait, il faut le faire soit-même" du précédent épisode, et Goyer à la caméra n'a pas le quart de la maîtrise de Del Toro. Comme quoi à nouveau, faire un film d'action avec un minimum de style demande beaucoup plus de talent que l'on croit.