De l’art d’aller jusqu’au bout de ses idées
Saif Ali Khan, superstar de Bollywood, se frotte ici au film d’auteur, sans chansons ni durée à rallonge (1h20 seulement), le premier du jeune réalisateur Homi Adajania. Photographie soignée, thème musical au violoncelle omniprésent et entêtant, voix off narrant l’enchaînement, ce Being Cyrus est une réussite côté mise en scène, explorant un univers très ancré dans la réalité : le quotidien d’une famille lambda partagée entre Mumbai et le Panchgani, les relations distendues entre ses membres, avec au centre un vieil homme qui n’a plus toute sa tête mais qui a encore tous ses roupies, notamment la propriété de l’ensemble de l’immeuble qu’il habite. Au beau milieu de cet imbroglio somme toute banal débarque un beau jour Cyrus, sorte de gendre idéal incarné par le beau, mais ténébreux et imprévisible Saif, qui gravite d’abord autour du sculpteur et de sa femme, avant de se rendre à Mumbai sur ordre de celle-ci pour se rapprocher de son beau-père.
La première partie, bien que plaisante, s’avère relativement décousue et l’on ne sait trop où Adajania veut en venir. Puis subitement, sans qu’on s’y attende, son film vire à l’intrigue policière sur fond de complot, de vengeance et de meurtres. Le retournement de situation est brutal, mais conserve son aspect décalé avec toujours ce thème musical classique et cette voix-off, histoire de dire simplement « that’s just the way it is ». Une citation référence est d’ailleurs très représentative de l’esprit du film : « Aux échecs, à la fin du jeu, le Roi et le pion retournent dans la même boîte ». Sous entendus, dans la vie aussi… Sans être franchement indispensable, Being Cyrus mérite donc un détour, ne serait-ce que pour le rebondissement final.