Ghost of Nang Nak
"Banana Tree Ghost" n'est autre qu'une énième variation de la légende de "Nang Nak"…ou plutôt de sa version khmère, "Kmouch Srey Neang Nak". Un homme ne se doute nullement de la mort de sa femme, qui l'attend bien sagement à son retour d'un voyage. Le mari se demande bien pourquoi les villageois évitent de s'approcher de sa maison, mais ne découvre la terrible vérité que lorsqu'il voit le bras de sa bien-aimée s'allonger anormalement pour cueillir un fruit dans les hauteurs d'un arbre.
Le cinéma khmer étant toujours relativement inexistant – du moins sous la forme internationale – le film fait partie de ces nombreux longs-métrages annuels tournés en vidéo numérique pour rogner sur les coûts de production. Celui-ci a été réalisé par la sérieuse équipe de CamPro sous l'égide de son fondateur Heng Tola. Propriétaire d'une société informatique (pratique pour la réalisation honnête – quoique limitée – de nombreux effets spéciaux), le jeune homme a étendu ses activités lors du léger renouveau du cinéma khmer après 2003 pour se lancer dans la location de matériel cinématographique (ou plutôt vidéo) et pour tenir un cinéma. Afin de rentabiliser ses films, il projette donc ses autoproductions sur grand écran. S'étant fait une spécialité – à ses débuts – à tourner de drames fortement inspirés de la vie quotidienne, il a dû se résoudre à suivre la mode des films d'horreur, dont la population khmère est particulièrement friande.
"Banana Tree Ghost" est loin d'être la première adaptation de la célèbre légende; en revanche, le savoir-faire certain de son équipe et son goût à vouloir représenter une certaine Cambodge traditionnelle se retrouve jusque dans son souci du détail. Son actrice principale n'a donc pas oublié de se brosser les dents avant d'apparaître devant la caméra, mais a les chicots noircis pour avoir abusé – comme tous les protagonistes du film – du "Mor Lou", dont le jus avait pour fâcheuse tendance de noircir les dents à force d'en manger. Vêtements, décors et moyens de transport sont donc tous calqués sur l'ancien mode de vie cambodgien, même si le budget ultra-restreint (aux alentours de 20.0000 dollars) ne permet évidemment pas une reconstitution à la hauteur des thaïlandais "Bang Rajan" ou "Nang Nak"…
Il n'empêche, que ce "Banana Tree Ghsot" est l'une des meilleures versions de la célèbre légende, même si l'intrigue respecte à la lettre la légende ultra-connue et que la fin est particulièrement vite emballée (avec une mention spéciale pour le "cou du lapin" incroyablement mou).