ma note
-/5
Merci de vous logguer pour voir votre note, l'ajouter ou la modifier!
moyenne
3.62/5
Bad Guy
les avis de Cinemasie
7 critiques: 4.21/5
vos avis
49 critiques: 3.61/5
Ils firent l'amour et la mort.
Entre le chaos et le paradis, la folie et la raison, l'amour et la mort, Bad Guy est une oeuvre aussi fragile qu'extraordinaire, montrant sous son aspect le plus cradasse les conditions de vie infernales des prostituées, sous la houlette de différents proxénètes et gardes du corps rapprochés. Une jeune fille va faire les frais de sa naïveté en provoquant une personne dérangée dans la rue qui venait de l'embrasser avec force. Une jeune fille qui n'a rien demandé, proie facile d'un esprit malsain et faible.
Pourquoi l'oeuvre de Kim Ki-Duk se différencie d'une autre traitant du même sujet? Par sa singularité? Par son aspect poétique douloureux? Par le réalisme saisissant de ses séquences où la passion côtoie le sadomasochisme? Peut-être pour toutes ces raisons évoquées, créant cet espèce d'univers fantasmagorique et pourtant optimiste, alors que l'on ne s'y attend pas au vu des épisodes chaotiques que vit Sun-Hwa, interprétée par une Seo Won extraordinaire de beauté et terrifiante à la fois. Dans la première heure on appréhende chaque déshabillement, chaque passage à l'acte qui équivaut à une véritable torture, à un viol. Puis, Sun-Hwa gagne en assurance jusqu'à être complètement happée par le monde qui l'entoure : celui de la liberté utopique où l'on ne sait jamais ce qui arrivera demain, si une fugue est possible ou mieux encore, une mise en liberté par le proxénète. On espère, on demande, on supplie.
Véritable pièce maîtresse de la filmographie de Kim Ki-Duk, à mes yeux, Bad guy puise son intérêt au niveau de la composition des personnages. Jo Jae-Hyeon et Seo Won mènent la danse grâce à leur sensibilité, même si Han Gi reste et restera une crapule de service malgré son côté humaniste proche de la date de péremption à mon goût. L'histoire est effrayante et je pense que Ki-Duk ne prend pas assez de recul sur la gravité des propos de son film. Vous en connaissez beaucoup, vous, des jeunes filles qui se font capturer du jour au lendemain, forcées à se prostituer et qui tombent amoureuses de leur propre proxénète? Moi pas, mais je m'y force d'y croire, de voir en Bad Guy plus loin qu'un simple film traitant de la prostitution. J'y vois un drame sidérant et d'une infinie tristesse. J'y vois des hommes se faire mal, se faire pitié, j'y vois des femmes emprisonnées mais conscientes de leur situation, j'y vois une jeune fille désespérée mais droite dans ses choix. J'y vois aussi la perfection d'une mise en scène atteignant des doux sommets que ce soit au niveau de l'esthétique générale ou de la fabuleuse partition qui enveloppe cet ensemble dramatique et surréaliste. A la fin je n'y vois plus rien. J'y pense.
Esthétique : 4.25/5 - Des plans sidérants dans la chambre de Sun-Hwa pour une esthétique d'ensemble intéressante.
Musique : 4.25/5 - Indescriptible et surréaliste. A l'image du film, donc.
Interprétation : 4.5/5 - Seo Won porte toute la tristesse de l'oeuvre sur ses épaules et l'emporte on ne sait où...
Scénario : 3/5 - Formidable peinture du monde de la prostitution, entre réalité et fiction.
La froide mécanique de l’amour
Film violent ancré dans une réalité sociale dure, Bad Guy décrit les sentiments amoureux introvertis d’une brute épaisse moitié-mac moitié-gangster qui épie la fille de ses rêves – une prostituée – derrière une vitre sans teint. Film assez glacial, aux scènes répétitives montées cut et aux situations ayant du mal à se décanter, Bad Guy s’adresse au spectateur friand de bas-fonds glauques où l’on se tape sur la gueule pour dire bonjour, je t’aime, je te hais et au revoir, un peu à la manière de Sympathy for Mr Vengeance. Film globalement bien fait et bien interprété, il faut cependant aimer le genre pour l'apprécier…
Kim Ki duk: Une trilogie de la douleur.
(L'Ile, Address Unknown, Bad Guy)
Ce que nous nommons « la trilogie de la douleur » est le regroupement de trois de ses films qui presentent dans trois relations au spectateur tres differentes la douleur au travers d’un corps feminin. L’objet est un corps qui souffre, un corps feminin, mais la question est qu’est cette douleur pour le spectateur ? Quels sont les moyens du cinema pour que le spectateur accede a cette douleur, et de quelles facon peut il y acceder ? Kim ki duk, ne discourt pas dans ses films sur le cinema et ses possibilites, il essaye d’appliquer des techniques existantes pour en tirer un effet. En tant que realisateur, il correspond assez bien a une idee de plus en plus repandue chez les theoriciens du cinema, a savoir que le cinema n’est que de l’emotion . Pour simplifier l’approche, prenons ces trois films dans leur chronologie.
L’Ile, une femme tiens un centre de repos pour hommes sur un lac. Le lieu en soit est isole du monde, et chaque cellule defini par une petite cabane sur le lac est isolee des autres. Kim ki duk a etudie en France a l’ecole des Beaux Arts, ce qui se ressent sur les compositions picturales de ce film. Les formes et couleurs y sont toujours en harmonies et d’une douceur qui correspond au rythme de la narration. Le seul element perturbateur est la femme, qui est pourtant la quintescence meme du lieu. Ses traits de visage sont a la fois delicats et tranchants, comme sont caractere. C’est en fait l’idee d’une douceur « hypocrite », qui cache quelque chose. Ce qui est cachee c’est la douleur, une douleur que le spectateur ne peut pas voir derriere tant de vernis, et qui va donc devoir la ressentir. C’est un trouble inquietant qui traverse le film et qui trouve son execution dans une scene que le spectateur a peine a voir : la femme se met une grappe d’hamecons dans le sexe et tire d’un coup sec. Cette scene laisse un souvenir douleureux et singulier. En effet, le spectateur garde le souvenir d’une scene que pourtant il n’a pas vu. Le moment ou la femme se dechire le sexe avec les hamecons est remplace par un cut tout aussi violent(1) . La mise en place de la scene est tres precise et fait echo a une scene anterieur ou un homme avale cette meme grappe d’hamecons et essaye de se dechirer la gorge. Ce qui fait que lorsque la repetition se met en place, le spectateur devance l’action et devine ce qui va arriver. Jusqu’a la limite du supportable, au moment fatidique la plus part des gens ferment les yeux. C’est a dire que nous gardons le souvenir de quelque chose que nous ne voyons pas sur l’ecran. Nous le voyons en nous, c’est le pouvoir speculatif du spectateur qui lui fait voir l’acte, que par la suite il projete dans le film, la ou il est manquant. Ainsi, la douleur contenue dans le film s’echappe de l’objet film pour exister dans le corps meme du spectateur qui se met a ressentir une douleur qui lui est pourtant physiquement exterieure. Ce qui assure cette mecanique, c’est justement le cut sur le corps de la femme en tant qu’image filmique. Il n’y a pas superposition de l’imagination du spectateur sur les images du film puisque justement ces images ne sont pas dans le film.
Dans Address Unknown les choses sont un peu plus compliquees. Le film tient un discours foncierement anti-americain. Peut etre pour passe la censure, plus vraissemblablement pour incister la tention de l’epoque quand a la presence americaine, Kim Ki duk a noye son film sous une masse de personnages, dont le point commun reste que malgre tout leur vie est « obscurcie » par la presence americaine. Au coeur de l’histoire, il y a un personnage feminin eborgne enfant par son frere. C’est autour de sa douleur que le film se construit. Mais le film ne montre jamais la douleur, il la raconte. La douleur est ici une matiere invisible qu’il va falloir faire percevoir par le spectateur. Ainsi, le film raconte bien l’oeil transperce par la balle, le viol que la jeune fille subit et l’avortement qui s’en suit, il raconte bien la quasi prostitution de cette jeune fille avec le soldat americain pour recuperer un oeil normal, mais il ne le montre pas. Tout au plus le spectateur voit le camarade de la fille se faire frapper par les deux voyoux a tour de role, et il comprends que celui qui s’en va, va comme son ami violer la fille : le spectateur voit apres l’operation la voiture s’agiter dans un champs et il comprend que c’est le prix qu’elle doit payer. La douleur que ressent cette fille, la violence a laquelle elle est confrontee structure tout le film, mais sans etre en lien avec le spectateur, sans lui etre adressee. Il la percoit par l’intermediaire de moyens detournes, et c’est ce qui donne sa force au film. Contrairement a L’Ile, le spectateur ne ressent pas cette douleur, et contrairement a Bad Guy, il n’a aucune responsabilite dans ce qui arrive. Le spectateur est confronte a une violence, une douleur qui lui sont etrangers, l’objet film et le corps voyant sont dissocies, ce qui creer une dualite forte dans laquelle film et spectateur entrent en opposition, presque en conflit.
Enfin il y a Bad Guy, dont la douleur de la femme, du corps de la femme est tres directement au coeur de l’histoire. Un homme (le Bad Guy), voit une fille dans la rue et en tombe immediatement amoureux. Pour « la seduire », il va la pieger et en faire un prostituee. Tout le film tourne autour des sevices faits a cette femme, de viols, de bagarres dont le dispositif filmique nous rend temoin comme le Bad Guy. Un miroir sans teint est au mur a cote du lit la fille, et separe sa chambre d’une petite piece d’ou le Bad Guy la regarde. En amorce ou en reflet sur le dos du miroir, il regarde avec nous les attrocites en cours. Le spectateur est completement assimile au Bad guy par le dispositif, il regarde avec lui, par lui : il est lui. C’est un sentiment trouble qui se creer alors chez le spectateur. C’est la situation de voyeurisme du spectateur, voir sans etre vu, similaire a celle du Bad Guy qui le rend responsable de ce qui se passe. Le spectateur est la cause des violes, c’est sa position de voyeur, de « venu pour voir » conjuguee au mimetisme entretenu par la position du Bad guy qui le rend responsable. Ce qui fait que malgres la durete de ce qu’il voit, il ne peut mettre le Bad Guy en faute, il ne peut l’accuser d’un quelconque tort car il ne peut s’accuser lui meme. Le film bascule d’une durete tres premier degre vers un honirisme explicite qui empeche definitivement de juger le Bad Guy et en fait presque oublier les viols passes. Bad Guy emmene la fille sur une plage. La, ils voient une fille accroupie sur le sable. Elle se leve et se dirrige vers la mer. Les deux viennent s’installer exactement a la place ou elle etait. Un systeme de champs contre champs montre le couple entrain de regarder la fille avancer dans l’eau. Lui est impassible tandis qu’elle s’etonne de la situation. Le cadre, la composition des couleurs et la fille qui avance dans l’eau font directement echo au personnage feminin de l’Ile. Quelque chose est entrain de disparaitre. Et c’est un nouveau cut, comme dans L’Ile qui fait disparaitre ce personnage, mais cette fois tout en douceur. Le morcellage de la scene par le champs contre champs annonce autant la disparition de la fille dans l’eau que le cut lui meme. Il intervient donc presque naturellement au terme d’une mecanique qui touche a sa fin. L’evenement du cut sur l’image et la disparition du corps dans l’eau se passe au meme instant. C’est au moment precis ou le corps disparait dans l’eau que le plan disparait du film. A partir de cet evenement le film change : il est envahit par une poesie fantastique(2) sans realisme, qui necessite l’adhesion du spectateur. La main droite sur le sol, elle trouve des morceaux de photos dechirees dans le sable. Le spectateur identifie un corps drappe de rouge, comme la fille qui avancait dans l’eau. Le lien se fait automatiquement : c’est elle qui est sur la photo.
La suite est un reve qui envahit la durete du film, fait de cliches que certains diront faciles, mais qui garde cette idee que nous proposions au debut (Kim Ki duk essaye d’appliquer des techniques existantes pour en tirer un effet) : les deux personnages se regardent sans forcemment se voir au travers des photos sans visages qui sont collees sur le miroir. Qui sont ces gens qui sont sur les photos ? c’est la question que prepare la suite du film, apres la disparition evenementielle de ce corps feminin.
Dans Bad Guy, la femme sur la photo est celle qui disparait dans l’eau, mais c’est aussi celle qui la relaie sur la plage. A cet instant, le corps se divise, quelque chose disparait et quelque chose reste (ou arrive). Mais qu’est ce qui disparait et qu’est ce qui reste ? Est ce la douleur qui quitte le film en s’enfoncant dans la quietude de l’eau ? Visiblement non, comme nous le montre la bagarre au couteau, ou la peine exprimee par l’acolyte restant. La douleur est toujours la, le corps souffre toujours. C’est l’expression de cette douleur qui disparait, en un sens la revolte. Ce qui s’installe alors est une sorte de soumission, d’acceptation. La soumission d’un corps a un ensemble qui le depasse.
Que nous montrent ces photos ? Avant tout, que l’histoire est avant d’avoir lieu. Elles incarnent « le grand livre du destin(3) » de Diderot . Les personnages ignorent qu’il s’agit d’eux, mais le spectateur n’est pas dupe. Ainsi, la mise en scene de ces photopraphies introduit la prise de conscience par le personnage de sa situation, et de son incapacite a faire autrement.
La douleur est peut etre la marque de la resistance, une marque de vie. Un corps qui ne souffre plus est un corps mort, comme celui de la fille a la fin de L’Ile, qui apres s’etre tant fait souffrir de maniere masochiste meurt, avec la barque comme cercueil et le lac comme linceuil. Elle devient une pure composition plastique, froide et immobile, des algues et nenuphars en guise de parure, semblable a la douce Ophelia(6). Elle est devenue une figure, une icone imuable et eternelle. Elle acquiert la quietude des premiers plans qui presentaient le lac comme un pur espace plastique, sans vie.
Mais quel est donc ce corps dont la vie s’exprime dans la douleur, et l’apaisement dans la mort ? Au coeur de Address Unknown, il est un corps dont le film ne parle pas directement mais qui est temoin des evenements, un corps qui en un sens souffre de la souffrance des autres. C’est le « corps-mere », on dit generalement « terre-mere ». C’est la douleur du pays devenu un corps presque inerte qui s’exprime par la douleur de ses « membres(4) ». Dans son essai sur Im Kwon taek, Cho Eun sun decrit le corps de la femme comme une representation symbolique de la Coree : un corps qui souffre, que l’on maltraite sous pretexte de le proteger(5) . Non, qu’il s’agisse vraimment de la meme chose, mais participant du meme travaille, n’est ce pas la Coree, la societe coreenne qui souffre dans ces films ? Peut etre la douleur d’un cineaste qui voit le visage de son pays deforme par une histoire qui le depasse, ne le concerne peut etre pas vraimment, mais la subit.
1 Cela reprend le procede utilise par Hitchcock dans la scene de la douche de
Psychose. Les coups de couteaux sur le corps etaient remplaces par des cuts sur la pellicule.
2 Nous employons ici fantastique au sens litteraire developpe par Todorov dans Le Fantastique.
3 Denis Diderot, Jacques le fataliste.
4 Le mot membre evoque en francais la partie d’un tout (le bras est un membre du corps), comme l’unite d’un groupe (le membre d’une famille). C’est dans ces deux sens que nous entendons ce mot.
5 « destroys a national body in the name of nationalism », Cho Eun sun, The female body and enunciation, in Im Kwon taek. The Making of a Korean National Cinema, chapitre 3, pg 91.
6 Ophelia, Sir John Everett Millais, 1851-1852.(http://www.artmagick.com/paintings/painting1901.aspx): merci qui ? merci tanuki :)
Stylisitiquement somptueux mais pas le grand film espéré
Avis avec SPOILERS
Après le ratage Real Fictionet la relative déception Adresse Inconnue, Kim Ki Duk offre un film constamment sur le fil du rasoir et d'une grande force. Mais le manque de soin apporté à son écriture scénaristique produit un sentiment de relatif gâchis. Tous les ingrédients de ce qui aurait pu être la première réussite majeure du cinéaste sont là mais le film ne fait qu'égaler l'Ile au lieu de le surpasser.
Un des gros points forts du film est la façon dont Cho Jae Hyun réussit à nous attacher au personnage aussi fascinant que dégoûtant d'Han Gi. Son physique effacé et sa prestation faite de retenue où l'expressivité vient plus du regard que des mimiques rendent ainsi les explosions de violence de Han Gi frappantes parce qu’imprévisibles. Et cet aspect colle tout à fait à un récit d'un amour qui éclot progressivement au milieu d'un univers sordide notamment en encaissant sans broncher des gifles de l'être aimé. Car Han Gi est juste un proxénète qui a gardé un reste de sensibilité aux êtres humains et aux choses : il offrira d'ailleurs à Sun Hwa un recueil de peintures d'Egon Schiele. Mais il ne sait exprimer cette sensibilité que par la violence. Cela se voit dans le baiser forcé du début et les scènes où il étreint Sun Hwa violemment. Mais aussi dans la scène de la plage où il emmène Sun Hwa pour partager un instant tendre et où il la retient lorsqu'elle tente de s'échapper. Et contrairement aux clients de Sun Hwa inconscients de l'horreur de la vie de femme-bétail Han Gi a conscience qu'il l'a parachutée par amour dans une situation intolérable. Il ne se prive d’ailleurs pas de remettre en place ses collaborateurs lorsque ceux-ci ne sont pas satisfaits du manque de professionnalisme de Sun Hwa, de son insoumission.
En refusant de porter un jugement moral sur un tel personnage, Kim Ki Duk prête forcément le flanc aux accusations de sexisme. Alors qu’il s’agit juste de parler intimement de lui dans son cinéma, de confronter son propre regard sur les femmes et sur des situations extrêmes à celui du spectateur. Et de le pousser ainsi à s’interroger en le mettant dans une position malaisante. Tout simplement parce qu’en filant la métaphore du spectateur-voyeur le dispositif de mise en scène se place du point de vue d’Han Gi. Car durant une grande partie du film Han Gi est là tapis derrière un rideau à observer Sun Hwa faire l'amour, à voir ses souffrances, ses difficultés d'adaptation à son métier et ses regrets et sa tristesse sont d'autant plus intenses qu'ils sont filmés entourés d'obscurité. Et le film va montrer Han Gi progressivement conquérir l'espace intime de Sun Hwa, passer de voyeur à occupant. Progressivement, l'image de Han Gi va finir par se superposer à celle de la chambre et quand finalement Sun Hwa découvre son reflet dans le miroir elle réalise que leurs destinées sont inséparables. Ce dernier point révèle maheureusement les limites du film : un dispositif fascinant finit par déboucher sur un symbolisme à gros sabots.
Et cette incapacité à tenir ses belles promesses ne se retrouve que trop dans son écriture scénaristique. Le film commence de façon réaliste. La vie des prostituées y est dépeinte dans sa cruauté mais aussi comme un quotidien professionnel ordinaire avec ses rapports de force hiérachiques, ses compétitions pour obtenir le client et les jalousies crées par le succès d'une employée. Sun Hwa se fait ainsi détester par ses collègues qui ne comprennent pas que l'innocence est un atout décisif sur un marché du sexe composé en majorité d'hommes murs ou mariés. Vient ensuite une seconde partie du film comportant beaucoup d'invraisemblances ou de facilités scénaristiques (la photo, la "résurrection"...). On retrouve là un défaut des premiers films du cinéaste et de Birdcage Inn dont le film se veut une relecture. Pourquoi ces éléments ne fonctionnent-ils pas ici? Parce que si la première partie nous avait préparé à la naissance d'un amour, elle n'avait pas préparé au surgissement d'éléments non réalistes, ce qui est censé être la réalisation d'un conte de fée ne passe pas ici. Bien sûr, le talent des acteurs fait que le film conserve alors sa force malgré ces facilités.
Talent qui compense d’ailleurs aussi un score musical alternant le meilleur et le pire. Avec sa photographie et sa mise en scène toutes deux superbes, il s'agit en outre du Kim Ki Duk le plus abouti stylistiquement à ce jour. Mais tout cela n’atténue pas la légère déception face à un film confirmant le talent du cinéaste mais également ses limites pas négligeables.
Un très grand film romantique sous ses aspects glauques et sombres
Si il est bien un réalisateur coréen dont le nom soit connu internationalement, c'est sans conteste Kim Ki-Duk dont L' Ile et Adresse Inconnue se sont grandement fait remarqué dans les festivals internationaux. Mais au sein de son pays, ses films n'ont été que des échecs au box-office jusqu'à ce Bad Guy qui a réussi à avoir un bon petit succès modeste. Kim Ki-Duk serait-il devenu un cinéaste commercial? Oui et non...
Dès la première scène du film, on comprend directement les intentions de Kim Ki-Duk, surtout dans ce plan qui cristallise tout le développement du film: un homme et une femme assis sur un banc public avec des fleurs en arrière-plan pour rajouter encore plus de glamour: une image récurrente du cinéma coréen. Mais au-delà de cette image idyllique pointe une face sombre, cachée: tout d'abord l'énorme cicatrice que porte Cho Jae-Hyun et qui l'empêche de parler, à celà se rajoutent son côté bestial et le dégoût de Seo Won envers lui. Un homme aime et une femme et fera tout pour que ce soit réciproque: voilà le point de départ de bien des films romantiques mais ici Kim Ki-Duk va l'adapter à son univers et c'est en celà que Bad Guy est une réussite incontestable, c'est la perversion d'un genre pour mieux lui rendre hommage. Ici, la différence de classe sociale entre les personnages sera le moteur du film et c'est ainsi qu'on suivra la descente aux enfers de Seo Won qui sera peu à peu intégré dans le monde de la prostitution pour mieux partager l'univers dans lequel vit Cho Jae-Hyun et le comprendre.
A ce point du récit, Kim Ki-Duk introduit d'ailleurs une idée de mise en scène simple mais efficace via le miroir sans teint de la chambre de Seo Won. Cho Jae-Hyun peut ainsi observer l'évolution de la déchéance de cette femme via un point de vue "objectif" dont le cadre ne bouge jamais. De par sa réalisation, il crée aussi une habile mise en abîme car les rideaux qui s'ouvrent et s eferment sur cette chambre font irrésistiblment penser aux rideaux qui couvre l'écran d'une salle de cinéma: à ce moment, il n'ya plus de différence entre le spectateur et le proxénète et en poussant un peu plus, on pourrait presque y voir un clin d'oeil de Kim Ki-Duk à son public habituel où il semblerait dire "voici du sexe et de la déviance, régalez-vous". Aussi, il est clair que cette vitre représente la frontière existante netyre les deux personnages et il faudra attendre qu'elle se brise pour que les deux personnages puisse enfin réellement se trouver(d'aileurs au passage, on notera une certaine obssession du cinéaste pour les yeux qui se confirme ici). Tant qu'on est dans le registre technique, il faudrait aussi tirer son chapeau face à cette rue remplie de vitrines où plus de la moitié du film se passe, de cet amas de couleurs assez flashantes(les néons, les perruques et les vêtements des prostitués) on retire une ambiance unique et très cinégénique. Mais bon, tout cela serait bien vide sans un fond conséquent...
A l'instar de L' Ile, le protagoniste principal est muet mais ici, l'handicap prend une certaine valeur narrative car il se fait le représentant de l'incapacité de Cho Jae-Hyun à exprimer ses sentiments pour la femme qu'il aime. Son seul moyen d'expression est la violence mais au fond de lui-même se cache une certaine maladresse qui le rend d'autant plus profondément humain comme lorsqu'il prononcera ses seuls mots du film avec une voix à briser le coeur ou l'évolution de son personnage qui passe des fantasmes inassouvis à l'amour platonique. En un sens, on pourrait même voir la déchéance de Seo Won comme un sacrifice bénéfique pour eux deux, un fait qui se confirme lors d'une superbe scène où elle va le voir en prison alors qu'il est condamné à mort. A propos de cette scène d'ailleurs, on retrouve d'ailleurs bien des caractéristiques propres au mélodrame, notamment via la musique du film qui est vraiment exceptionnelle: la chanson "I Tuoi Fiori" d'Etta Scollo apparaît comme le thème inéluctable du film et donne vraiment des frissons lors de deux scènes-clés du film, la grandiloquence émotionnelle du morceau transcende littéralement le film pour l'amener vers des moments inoubliables de cinéma brut et sans complexes.
Mais qui dit cinéma dit aussi fiction et c'est sans doute là que Bad Guy s'affirme comme l'un des oeuvres les plus hantantes de ces dernières années car malgré son contenu à caractère choquant, Kim Ki-Duk a réussi a atteindre une forte maturité avec ce film et ce n'est pas un hasard qu'il ait réussi à marcher au box-office car comme dit précédemment, Bad Guy est un hommage au film romantique et n'a rien à envier à des classiques du genre comme Il Mare car son film s'avère être comparable à un conte de fées. Un très beau conte où le fantastique et le sur-naturel apparaissent pour que le destin s'accomplisse et réunisse enfin deux êtres qui étaient faits l'un pour l'autre dès le départ. Kim Ki-Duk conclue cette superbe histoire d'amour sur l'émouvant "Blott en dag" de Carola et on reste là bouche-bée pendant le générique de fin devant ce chef-d'oeuvre du septième art. Il y'aurait énormément de choses à dire sur ce film mais je vais tout simplement terminer par un simple et mérité: Merci Monsieur Kim Ki-Duk!
Bad Guy fut un film polémique en Corée, et il est vrai que certains sentiments défendus dans cette œuvre peuvent être assez discutables, mais je retiendrai tout d’abord la prestation des deux acteurs principaux qui ont du s’accommoder de rôles très difficile à interpréter. Leurs jeux teintés de souffrance permet à ce film de garder un intérêt tout particulier, de mettre en avant le destin funeste des filles de joie. Pourtant, Bad Guy est loin d’être parfait et pêche par sa lenteur et par son absence de dialogue. Le fait que le personnage de Jo Jae-Hyun soit muet était une idée assez conceptuelle dans son ensemble, mais je ne suis pas certain que cela a rendu un fier service au film.
Sensible, beau, et sordide.
Kim Ki-duk ne fait souvent pas dans la dentelle, et encore une fois il nous le montre dans ce Bad Guy, somme toute très réussi.
Le personnage principal, fait froid dans le dos. Et l'ensemble est si fouillé, que les lumières, la bande son, ou encore le jeu des personnages, ressortent tel que le film paraît être complètement sur une autre planète. Loin loin très loin de l'humanisme.
Ce film est un film complètement fou, où l'image de la femme n'est pas des plus reluisant. C'est sans doute ce qui fait que je ne peux pas souvent dans les films de Kim, à cause de cela, le montré comme un chef d'oeuvre.
En effet cinématographiquement, c'est splendide, magistralement tourné, mis en scène ect...
Mais le message ne passe pas, l'image de la femme tel qu'elle nous est décrit en rebutera plus d'un je suis sur, tout comme cela ma rebuté, et me rebute toujours dans les films de KKD.
Si vous voulez voir un film maîtrisé technique de bout en bout jetez-vous dessus... Sinon pour les autres...
Kim Ki-Duk n'est pas parfait...
Kim veut nous faire son Bad Lieutnant ? OK, soit.
Donc un personnage détestable, muet, gros dur qui est en mal d'affection, et une jeune fille qu'il va contraindre à la prostitutioon après que celle-ci se soit refusée à lui (en même temps, vu comme il s'y prend au début du film...).
On devrait soi-disant ressentir une émotion kitanienne à la vision de cette sombre histoire, des non-dits, des regards, des pics de violence absurde. Mais on s'ennuie ferme, jamais on ne s'attache aux persos (de quelque manière que ce soit), donc du coup on est tenté par un petit roupillon au bout de 20 min. Mais on persévère, car on sait le monsieur capable du meilleur (L'Île, au pif).
Comme du pire.
Car la hype autour de Kim Ki-Duk est telle qu'on aimerait presque déjà sortir le mot favori des cinéphiles en herbe : "surestimé".
Je dirais simplement inégal, et un peu trop "bon client des festivals" (ce qui à long terme n'est jamais bon).
Bon, bref, Bad Guy c'est mauvais comme tout, presque autant que le misérabiliste et ridicule Adresse inconnue.
UN FILM INTELLIGENT ...
J'ai beaucoup apprécié BAD GUY. Tout d'abord, grâce à la réalisation quasi-parfaite de Kim Ki-Duk, qui traite un sujet délicat sans aucune vulgarité (imaginez un instant un tel sujet traité par Hollywood) et grâce aux nombreux plans merveilleusement maîtrisés et assimilables à des photographies sublimes d'artistes spécialisés confirmés. Ensuite grâce au jeu des acteurs principaux qui assurent tous deux des rôles difficiles et permettent au réalisateur de matérialiser à l'image l'étude une nouvelle fois les relations humaines. Finalement, la musique sublime finit par faire voyager à des milliers de kilomètres et permet de donner une dimension nouvelle au film. Un film beau, intelligent qui pourra en rebuter plus d'un tant par le propos traité que par l'univers de Kim Ki-Duk, un univers dûr, sensible, violent et poétique à la fois.
Bad Guy, c'est tout simplement une grande histoire d'amour, avec des sentiments très forts.
Le film fait un peu penser à l'Ile car ce n'est pas une histoire d'amour classique, tout au contraire...le contexte n'est pas vraiment habituel pour ce genre d'histoire (tout comme l'Ile), même si, ici, contrairement à l'Ile, il n'y a pas de sentiment de détresse, on voit l'histoire d'amour naitre, s'amplifier...
L'interprétation est bonne, surtout Cho Jae Hyun qui est très impréssionant.
Pour faire court, c'est une histoire d'amour pas tout à fait ordinaire, loin des nian-niantises qui existent en nombre.
Histoire d'A ...
Sous son aspect glauque, malsain et dérangeant, Bad Guy cache une triste et belle histoire d'amour . C'est vrai que l'histoire est complètement irréelle, mais le cinéma n'est pas la réalité pas plus que la réalité n'est le cinéma .
L'histoire est des plus simple : un homme Hangi observe une jeune fille Seon-Wha belle et pure, fasciné il finit par s'approché d'elle, l'embrasse de force et se fait humilié par cette dernière ...
Ce film peut-être vu comme une métaphore, la jeune fille représente une personne bien établie alors que le personnage de Hangi le côté marginal de l'être humain, ici de la Corée . En fait, c'est le mépris de Seon-Wha pour Hangi qui va déclencher la vengeance de ce dernier ; le mépris de fait d'abord par le regard de Seon-Wha au moment où "le héro" s'assoit à côté d'elle sur le banc puis au moment de l'humiliation quand elle lui crache au visage .
Dans la seconde partie du film, on assiste à la déchéance de Seon-Wha, Hangi l'observe avec et sans ses clients au moyen d'un miroir sans teint ; c'est dans ses moments que petit à petit il finit par tomber amoureux d'elle . La barrière qui les séparaient fini par se brisée ; socialement car elle n'est plus la jeune fille pure qu'elle etait au début du film, elle est désormait un être humain aussi marginalisé que lui et symboliquement au moment de la sortie de prison de Hangi où chacun des deux personnages brisent de leur côté le miroir sans teint .
Mais c'est probablement la dernière partie du film qui à choquée les âmes puritaines, en effet Hangi rend sa libèrté à Seon-Wha, mais cette dernière choisit de rester avec lui et de se prostituer pour leurs permettrent de survivre .
En tout cas, une excellente cuvée que ce Bad Guy qui prouve que Kim Ki-Duk est Le Meilleur réalisateur coréen de ce troisième millénaire . Son casting est exceptionnel , Cho Jae-Hyun a un charisme et une beauté animal qui sont ici à leurs zénith, Seo Won est à la fois pure, innocente et mutine . La musique innoubliable, surtout le thème I Tuoi Fiori de Etta Scollo ...
Un film à ne pas manquer .
Aussi fort que méchant !
Kim Ki-Duk fait très fort avec ce Bad Guy ! Un film qui nous prend à la gorge dès les premières scènes (Jo Jae-Hyun n'y est surement pas pour rien), il nous entraîne dans ce monde, où plutôt dans cette ruelle où tout est différent... La prostitution ne sert ici que de subterfuge à KKD pour faire ressortir en nous ce coté voyeur. Quelle mise en scène pour nous fondre petit à petit derrière ce miroir, nous aussi à épier les faits et gestes de cette fille tout droit sortie d'une comédie romantique (qui a parlé d'histoire d'amour ?)... ou plutôt à comprendre ce "mauvais garçon".
Car il faut bien le dire, au-delà des thèmes abordés, la force de ce film revient certainement aux acteurs et à l'esthétisme, à travers jeux de miroirs et autres mimiques (jeux de regard, grimaces) qui se recoupent tout le long du film pour nous offrir une véritable dose d'émotion à l'état pur, lorsque survient cette scène à la plage, où KKD nous entraîne littéralement dans le monde "réel", là où l'amour à sa place et toute la rage du bad guy se transforme en autre chose (amour ? passion ? haine ?). Même la musique nous entraîne et nous fait chavirer (ah, I Tuoi Fiori !), chavirer d'amour, de compassion, de haine parfois... tant de sentiments qui nous viennent à l'esprit lors de ce film, et qui le rendent pour moi inévitable.
Si il faut y trouver certains défauts, peut-être que les moments un peu surréalistes peuvent choquer certaines personnes. Néanmoins, je n'y vois là que la continuité d'une histoire déjà assez invraisemblable qui se permet certains excès pour nous pousser "trop loin". La cruauté est parfois si belle...
Mélo des bas-fonds.
Encore un sujet polémique pour Kim Ki-Duk:avec BAD GUY et cette histoire de prostitution ,il ne risque pas de se réconcilier avec ses plus farouches détracteurs qui ne voient en lui qu'un provocateur insensé.
Le film décrit la descente aux enfers d'une jeune étudiante aprés un stupide vol hasardeux.Si le scénario ne s'embarasse pas de détails concernant l'environnement social et familial de la belle Sun-Hwa,son approche sans concession et réaliste
a des accents de vérité implacables,en décrivant un monde peuplé de petites frappes,de filles hystériques et paumées et de clients minables.Un véritable univers parallèle,ce qui rend le fiancé de la jeune fille encore plus lisse et polissé.
Mais il s'agit aussi d'un superbe portrait d'un parfait sale type,devant lequel nous sommes d'abord incrédules puis finalement touché par son comportement paradoxal et ambivalent.Ce proxénète (increvable malgré tout ce qu'il subit!) ombrageux fait preuve d'une maladresse pathologique à communiquer ses sentiments profonds,en particulier pour sa jeune protégée qu'il préfère observer derrière une galce sans teint.Mutique tout au long du film,sauf en une seule occasion ou un filet de voix le rend plus pathétique encore,son expressivité et sa gestuelle parlent pour lui.La jolie Sun-Hwa,employée et victime du sinistre bonhomme,l'accompagnera au bout de son parcours au terme d'un processus de fascination-répulsion forcément destructeur.
C'est peu de dire que l'interprétation de JO Jae-Hyun,familier du réalisateur,est magnifique,et face à lui la sublime SEO Won (déjà vue dans L'ILE) est parfaitement crédible dans ce rôle éprouvant.
BAD GUY bénéficie d'une photographie particulièrement soignée,la caméra nous réservant de beaux plans nocturnes des quartiers rouges,Kim Ki-Duk mettant toujours en valeur ses comédiens et bien sûr ses comédiennes.La violence de la rue est contrebalancée par des moments contemplatifs bienvenus,les dernières scènes en particulier:ce n'est pas pour rien si on cite Kitano en parlant du cinéma de Kim Ki-Duk.
Il partage avec le japonais la cohérence d'un univers personnel,ou le spectateur reconnait dés les premières images qu'il entre dans un film de l'un ou de l'autre cinéaste (surtout que la difficulté à exprimer ses sentiments a aussi été traitée par Kitano,que l'on ne songe qu'à son KIKUJIRO par exemple).
La fascination du metteur en scène pour la violence et les bas-fonds,pour les déviances sociales ,sont toujours chez lui un point de départ et non une simple finalité relevant de la provocation stérile,une matière à réflexion pour mettre en lumière les incohérences de la société coréenne actuelle,et au-delà de toutes les sociétés industrialisées.
Dans BAD GUY,il en va de même,mais de cette histoire trés sombre émerge pourtant un vague espoir final.Comme une fleur qui pousserait sur un tas d'ordures,peut-être vénéneuse,mais ennivrante et méritant d'exister.Ou quand des bas-fonds surgit le mélo.
Force Brute
"Bad Guy" est dans la droite lignée de ses précédents et des films à venir : personnages marginaux, film peu bavard, histoire faisant appel aux plus bas instincts.
L'histoire pourrait froisser certains, traitant Kim de cinéaste de l'esbrouffe en se focalisant sur une histoire tout de même assez sordide; il est pourtant loin d'un "Old Boy", construisant une véritable histoire, pleine de sensibilité et de sagesse.
Parfaite métaphore de l'aliénation de l'amour, "Bad Guy" touche, émeut et se pose en profonde refléxion d'un cinéaste, qui semble colporter une véritable rage à l'égard de la gente féminine.
La mise en scène est somptueuse et particulièrement travaillé point de vue langage cinématographique; la musique est envoûtante, la lumière magnifique.
Un grand bravo à tous les comédiens, qui s'en sortent haut la main avec un scénario, qui n'a pas dû être très facile à interpréter.
"Bad Guy" dégage encore cette force brute, motivant toutes les premières oeuvres de Kim, mais s'intègre parfaitement par rapport à un traitement de l'image bien plus maîtrisé que par le passé.
La voie de la maturité était d'ores et déjà entamée pour trouver son aboutissement dans ses oeuvres les plus récentes.
Un grand cinéaste en devenir !!!
Vies en laisse
Echaude par le tres moyen The Coast Guard, j'esperais que ce film resterait au niveau des films precedents de ce brave realisateur et releguerait le pauvre Guarde-Cote au rang d'accident de parcours. Effectivement, cela calme:
Un homme mysterieux avise une jolie jeune fille qui attend son amoureux sur le banc d'en face. Alors que celui ci se decide enfin a nous honorer de son auguste presence, l'homme mystere pete un cable et embrasse la fille de force. S'ensuit une machination savamment ourdie qui va precipiter la donzelle dans les affres de la prostitution, avec notre etrange heros comme "deus ex machina"...
Comme souvent chez Kim-Ki Duk, c'est l'image, d'une beaute a couper le souffle, qui frappe. Ensuite, l'intrigue toujours decalee: impossible de savoir ou le realisateur cherche a nous emmener. Ce qui semble au prime abord un enieme film glauque et amoral (il l'est, certes...) se revelant au final une passionnante etude sur le syndrome de Stockholm (liant la victime a son ravisseur...). L'ambiance de violence etouffee, de denouement horrible attendu mais toujours retenu instauree par le film doit beaucoup a son tenebreux acteur principal, sorte de croisement mutant de Tony Leung et...euh...Sami Naceri. Un film noir, tres noir, mais aussi tres beau.
Parenthese: j'aimerai juste que les acteurs chez K. Ki-Duk soignent un peu leur timing dans les scenes de combats: les coups et les impacts a contre temps sont parfois trop visibles, et "sortent" le spectateur de l'histoire pour lui faire entrevoir de trop pres les ficelles du film...
Terrible image de la femme
Film captivant du début a la fin. Image de la femme vraiment dégradée mais à la fois "sacrée". Personnages principaux très attachants.
Passage préféré: le tout début, et la fin.
pas convaincu
Tout ce film me parait artificiel, calcule, gratuit.
Le scenario ne tient pas debout, la psychologie des personnages est obscure et on n'en sait pas plus a la fin qu'au debut. Reste une realisation soignee.
Mais ou donc KKD a-t-il voulu en venir?
Un an apres, je remonte ma note d'un demi-point. Apres tout, ce film n'est pas si mal, j'etais de trop bonne humeur la premiere fois.
Un chef-d'oeuvre qui dérange
Bad Guy est sans doute le plus fort des films de Kim Ki-Duk. Avec
L'île, il réalise un outrage à l'intégrité féminine délivrant tel message dont lui seul est capable. C'est vraiment un dieu du cinéma, il parvient à transmettre une douleur effroyable, c'est difficilement imperceptible, même pour le spectateur du dimanche. Il y a vraiment du génie en Kim Ki-Duk, bien qu'il soit très controversé en Corée, je ne doute pas un instant de son talent.
Pour revenir à
Bad Guy, il faut vraiment le regarder pour se faire une idée, car il n'existe aucun autre film s'en raprochant. L'histoire m'a vraiment troublé psychologiquement, c'est un regard très dur et pourtant si réel sur la vie. J'ai vraiment adoré ce film, je ne peux que vous le conseiller encore et encore ! :)
BOF
bad guy n'est pas un mauvais film, mais il ne plaira certainement pas à tous le monde. le scénario m'a semblé complètement irréaliste et artificiel de bout en bout: passons. pour le reste eh bien c'est quand meme mou et répétitif, malgré un jeu d'acteur passable (faudra quand meme qu'ils apprennent à donner/recevoir des coups ou des claques car la ca frise le ridicule); la réal est sobre et de "bon gout" sans etre extraordinaire.
finalement on sait pas trop ce que veut dire KIM ki duk, mis à part la puissance de l'amour (?!). si ce film était français je l'aurais surement détesté car il aurait été encore plus artificiel et intello je pense mais celui la remporte la mention passable pour moi
tres bon film mais...
j'ai trouvé ce film excellent a part les 2 evenements "fantastiques"
ATTENTION SPOILER : tout d'abord le coup de la photo ou il manque les visages, hum c'etait tellement evident de qui se cachait dessus, mais bon c'est pas grand chose, ce qui m'a le plus embéter c'est ce choix dans la santé du hero, il se fait exploser la tete par une brique, se fait transperser par un morceau de verre, et se fait poignarder, et hop 30 secondes apres il est en pleine forme, on se croit dans highlander, y a plus vraiment d'enjeu dramatique quand il lui arrive quelque chose vu qu'on se dit qu'il est immortel, mais bon vu que j'aime bien les films qui finissent mal cette fin me va plutot, c'est un choix et non "le destin" qui agit, d'un autre cote je n'aurais pas crié au scandale s'il avait été tué..
Un film unique.
"Bad Guy" est un très, très, très bon film. Très bon car unique, et c'est déjà ça.
Aussi parce que Kim Ki-Duk est un bon réalisateur. Ses plans, s'ils sont parfois hasardeux, se révèlent souvent beaucoup plus subtils et recherchés qu'ils n'y paraissent; car s'il y a bien quelque chose que Ki-Duk a voulu faire, c'est instaurer une ambiance unique et marquante. Sur ce point c'est une réussite totale. Les acteurs sont deux, c'est bien simple: sous le regard de sa caméra, Ki-Duk a juste fait s'agiter les persos secondaires dans le cadre, comme les éléments impuissants d'un drame déjà mort; ce drame est une histoire d'amour, il y a donc elle, juste et (donc) déchirante, et surtout lui, très (trop?) bon et donc puissant. A eux deux, portés par l'excellente et écclectique bande originale, ils véhiculent une source d'espoir dans ce tableau vain, puis une touche d'horreur quand les choses s'arrangent; ce sont deux êtres humains ayant perdu leur humanité, des monstres en apparence, et ils le font sentir tout le long de l'oeuvre, avec une intensité remarquable.
Mais il y a un mais. Ce mais, c'est à la fois un scénario peut-être trop ellisite : trop d'ellipse, trop de raccourcis, trop de métaphores (on aurait aimé une scène à la Dawson, histoire d'avoir kekchose de familier à se mettre sous la main, une réaction typique et attendue, une once de normalité!); puis une fin (sans la dévoiler) bien trop sombre pour mon petit coeur fragile, surtout que ce n'était pas obligé... enfin; le cinéma de Ki-Duk est un cinéma à part: si vous aimez, vous adorerez Bad Guy; sinon, déconnectez vous du film et appréciez juste sa beauté formelle... parce que ça vaut le coup, vraiment; à l'image de l'affiche du film, une oeuvre d'art à elle seule...