Alain | 4 | A découvrir |
Sonatine | 5 | Sublime de poésie, sublime de nostalgie. |
Anel | 3.5 |
Malgré qu'il se passe à Hong-Kong, Autumn Moon n'a rien à voir avec la cinématographie locale. J'ai vu un bon petit paquet de films HK mais jusqu'à présent, aucun film n'avait réussi à dépeindre Hong-Kong de façon tellement humaine. Non pas que l'humanité résiderait dans les personnages comme on pourrait le penser dans un premier temps mais c'est leur environnement qui a le plus subi cette mutation: Clara Law filme ici Hong-Kong de manière totalement novatrice, excluant toute donnée relative à son statut de grande ville. La foule, le bruit, la pollution, etc: tout ça n'a plus court et les personnages peuvent évoluer enfin évoluer dans un environnement spacieux. Même ces immeubles d'une laideur incroyable où s'entassent des centaines de familles s'observent sous un regard neuf, celui d'une ville moderne et à la pointe mais où les gens ont leurs drames personnels et sont perdus dans la multitude de la ville.
Le film se rattache alors à deux de ces personnes: d'un côté le japonais dans ses 25-30 ans qui porte un regard désabusé sur sa vie et ses amours et de l'autre côté, une jeune fille encore plein d'avenir mais qui ne peut se résoudre à émigrer au Canada avec ses parents. Entre les deux, commençera une relation de donnant-donnant, l'expérience de la vie de l'un apportera les réponses au questionnements de l'autre mais même si les personnages essayent de résolument se tourner vers l'avenir, c'est tout d'abord dans leur passé que le film prendra position. Il n'est pas étonnant de voir le japonais déambuler dans les rues ou les chambres d'hôtels caméra à la main car le support vidéo pallie au manque de souvenirs du personnage, de tout ces détails insignifiants qui font son passé et lui manquent cruellement. Par contre, la mémoire de la jeune hong-kongaise est matérialisée par le personnage de sa grand-mère et avec, on ne peut s'empêcher de penser à la dualité de la mentalité locale, tiraillée entre traditions ancestrales et modernisme. D'ailleurs on pourrait très bien voir dans ce film une certaine métaphore de la société HK à l'approche de la rétrocession, à un moment où il faut retrouver soi-même son identité pour l'affirmer et en conséquence affronter l'avenir la tête haute. Fort de toute cette thématique, Autumn Moon ne dépareille pas au niveau de la réalisation (fortement aidée par l'impression d'espace mentionnée plus haut) et constitue un "outsider" de choix dans l'industrie cinématographique HK du début des années 90.