Moins réussi qu'An Affair
Après lecorrect An Affair, E J Yong offrait avec Asako in Ruby Shoes une romance bien moins réussie. Suite à l'échec du film au Box Office, le cinéaste rebondira en terme de succès public avec Untold Scandal. Sauf que c'est d'un point de vue artistique que ce dernier film sera un échec.
Mais revenons-en à Asako in Ruby Shoes. On retrouve ici quelques unes des qualités formelles d'An Affair malheureusement mariées à d'autres parti pris moins plaisants. On trouve ainsi quelques grands angles pas vraiment judicieux, un usage facile et pas vraiment inspiré de l'arrêt sur image. L'usage répété de travellings sur le même bord d'armoire pour faire la transition entre divers instants temporels sent l'idée de mise en scène gadget. La manière dont la caméra recule lors d'une scène où Asako est endormie a un parfum d'esthétisme publicitaire. Et la première moitié du film offre un usage des plans de dessus sentant l'esthétisant: les cadrages font alors dans le pictural pour le pictural, le recours aux reflets fait dans le beau plan pour le beau plan. Le scénario n'est lui pas non plus exempt de défauts. L'humour rate sa cible tandis que la fin du film sent la facilité narrative.
Heureusement dès lors que Lee Jeong-jae et Dachibana Misato ont assez de talent pour rendre leurs personnages attachants. Associés à un score de bonne facture signé du talentueux CHO Sung-woo, ils maintiennent le film à flots. Reste alors également le fait que le web ne soit pas qu'un simple ressort narratif dans le film. Il s'intègre en effet à un vague propos sur le sentiment de solitude par delà les frontières en Asie. L'internet "lie" ainsi indirectement deux être solitaires chacun dans leur pays respectif pour des raisons différentes. Tandis que la scène où U In assiste à un banquet fait pour lever des fonds pour créer un "New Chinatown" coréen renvoie dos à dos la solitude personnelle d'U In et celle des immigrés chinois dans la société coréenne. Propos sur l'universalité de la solitude à l'heure de la mondialisation qui fait quand même gros cliché thématique du cinéma d'auteur contemporain.
Au final, les scories formelles précédemment mentionnées et les ratés scénaristiques du film en font une déception par rapport à An Affair. Et maintiennent Asako in ruby shoes dans le ventre mou du genre en Corée du Sud.
Une nouvelle voie pour E J-Yong
Avec l'explosion d'Internet ces dernières années, le cinéma a trouvé de nouvelles sources d'inspiration pour ses scénarios. En général, ça donne des You've Got Mail ou autres Who Are You? mais quand le réalisateur d'An Affair se penche sur la question, ça donne un film loin des romances habituelles.
Si Lee Mi-Sook voyait sa vie cloisonnée par des contraintes extérieures, le personnage de Lee Jung-Jae ici s'est volontairement coupé du reste du monde intérieurement par manque de caractère et d'affirmation. Sa vie d'employé communal est évidemment peu palpitante et il est clair que ce personnage ne manquera pas de rebuter les spectateurs de par son antipathie et le côté pathétique de ses frustrations dans lequel il semble se complaire(voyeurisme, masturbation) alors qu'il a la possibilité d'avoir des relations humaines et amicales avec le personnage de Kim Min-Hee (qui a une forte présence visuelle à l'écran de par sa chevelure rouge). De plus, le film comporte des touches d'humour assez maladroites qui , même si elles traduisent le côté absurde et pathétique du personnage, ne font pas mouche. On rajoute à ça la légendaire lenteur narrative coréenne et voilà le cocktail parfait pour faire décrocher la plupart des gens du film. Mais en tenant le coup, on sera finalement récompensé lorsque l'histoire embraye sur la japonaise Misato Tachibana qui prolonge la thématique de l'étouffement mais dans une optique extérieure à sa personne(créé ici par une famille au bord de la rupture et une maladie sous-jacente). Cette partie du film a le mérite de réveiller le spectateur ne fusse que par la présence dans de petits(mais remarqués) rôles incarnés par Ren Osugi et Iizuka Minoru, tous deux ayant l'air de sortir tout droit d'un Kitano (pour rappel, le film est co-produit par la Shochiku).
La volonté d'émancipation de Misato Tachibana apporte un essor narratif au film appréciable car son parcours vers une mort volontaire est vouée à l'échec et est bien reflèté par le petit studio miteux où elle pose pour le le net et qui la cloître entre les quatres coins de l'écran alors que pour elle, ce job est juste synonyme de liberté financière pour mener son projet à bien. Cette hausse d'intérêt thématique se traduit aussi par une réalisation qui se lâche enfin et qui profite des ressources visuelles de ses décors en introduisant un environnement coloré et chatoyant qui contraste avec l'état moral des personnages et de fait, devient l'idéal des personnages(comme cette scène de danse vers la fin), leur but. De retour en Corée, la détresse morale de Misato Tachibana se confondra avec les espoirs faussés de Lee Jung-Jae et le film trouve son point d'équilibre en mettant à égalité les deux personnages même si ils resteront de parfaits inconnus l'un à l'autre hormis l'illusion que leur procure le net. Mais au contraire d'An Affair, tout concourt ici à l'avancée des personnages et non à leur implosion et cela fait d'Asako In Ruby Shoes un film de transition, une évolution du cinéma d'E J-Yong qui se traduit d'ailleurs par un final qui reprend celui d'An Affair mais où ici le réalisateur nous livre le fin mot de l'histoire comme une réponse à ses propres questionnements de direction à prendre en tant que réalisateur-auteur.
Dans l'ensemble, Asako In Ruby Shoes s'avère inégal et moins puissant qu'An Affair mais il vaut mieux voir un réalisateur évoluer que de faire du sur-place et on ne peut qu'attendre impatiemment le troisième film d'E J-Yong qui devrait à coup sûr peaufiner les ébauches d'idées de ce film.
29 septembre 2002
par
Alain
Un très beau film mêlant comédie (subtile) et mélancolie.
L'histoire laisse présager quelque chose d'assez larmoyant et il n'en est rien. On s'émeut, on sourit, on est touché par les difficultés que vivent les deux acteurs principaux, mais on ne pleure jamais.
Le film est très bien construit et devance toujours le spectateur de deux coudées.
Non vraiment rien à redire. Sinon que ma critique est tout sauf pertinente.
mi-nippon et mauvais
En voyant ce genre de copproduction nippo-coréenne on se dit vraiment que la Corée et le japon doivent se détester : le film est en effet coupé en deux parties, une au Japon l'autre en Corée, voulues parallèles mais entre lesquelles on peine à tisser des liens convaincants.
Pour le reste, comme trop souvent c'est filmé en mode automatique et de temps à autre ça gâche une ou deux idées qui auraient pu donner quelque chose.
21 décembre 2008
par
Epikt