Super zéros
Après une série de courts-métrages très engagés (à l'extrême-gauche) politiquement et un premier (très) essai expérimental, "Exhausted" pour Gok, les frères Kim s'attaquent finalement au long-métrage avec le bien-nommé "Anti Gas Skin".
Entièrement réalisé en marge de l'actuel star system coréen, "Anti Gas Skin" accumule autant les avantages, que les travers d'un film indé, les seconds l'emportant malheureusement sur le premier.
Tout d'abord, impossible de penser une telle liberté d'idées dans un film commercial, évidemment. Depuis le personnage principal de "la femme à barbe", obligée de coucher dans le lit de son chef de police de père et qui mène une bande de gens prêts à tout pour se faire trucider par le mystérieux psychopathe, en passant par le soldat américain névrosé, qui voit des fourmis partout et saute des tombes jusqu'au trouble candidat politique aux prochaines élections du poste du maire, tous donnent lieu à des situations les plus foldingues, absolument imprévisibles et souvent totalement irrévérencieuses. Une belle brochette de losers plus ou moins attachants, métaphores de différents travers de l'actuelle société coréenne. Une galerie de portraits, qui avait donné pour donner un vrai potentiel culte, que les Frères Kim cherchent d'ailleurs à tout prix de viser…sauf que la sauce ne prend jamais vraiment.
Rythme décousu et beaucoup trop lent, le film semble davantage une succession de vignettes pensées – justement – pour choquer, plutôt que de chercher à être cohérent. L'idée de départ est sympa, le portrait de chacun des personnages suffisamment intriguant (en début de film) et leurs motivations une belle variation autour du film de serial killer, mais ça manque singulièrement de tenue. S'y ajoute une fin totalement confuse, qeu n'aurait certainement pas renié Sono Sion, mais – là encore – absolument pas abouti pour atteindre l'objectif visé.
Alors, les Frères Kim: prochains talents à surveiller de près ou rois de l'esbroufe ? "Exhausted" puait déjà l'opportunisme à mille lieues et le tremplin offert par CJ pour s'élancer dans la cour de grands avec "White" a été tout sauf concluant. Il y a pourtant de la suite dans les idées et un vrai effort pour se démarquer de l'actuelle industrie cinématographique coréenne, mais il faudra plus de tenue et beaucoup de maturité pour aboutir à un vrai film.
