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3.73/5
L' Anguille
les avis de Cinemasie
7 critiques: 3.89/5
vos avis
40 critiques: 3.83/5
Comme un poisson dans l'eau
Il est étonnant de voir qu'Imamura n'ait pas cru aux qualités formidables de son Anguille, désertant le festival de Cannes avant même l'attribution des récompenses. Cette formidable leçon de vie nouvelle est à la fois un exercice de style narratif et visuel, le cinéaste titillant les sens du spectateur par sa mise en scène certes classique mais privilégiant une certaine liberté artistique avec ses plans étirés en longueur qui donnent plus de sens au réalisme (l'empoignade entre Takuro et l'alcoolique, surprenante), sa faculté à positionner la caméra dans des positions qui accentuent la force ou la faiblesse des personnages, l'utilisation juste suffisante d'effets spéciaux afin d'éviter de tomber dans le clinquant (Takuro miniaturisé faisant des allers-retours dans l'aquarium) ou encore ce zoom sec en fin de métrage, cerise sur le gâteau rayon surprises visuelles. Mais la grande fraîcheur du film est à mettre à l'actif d'une galerie de personnages tous plus attachants les uns que les autres. Dans le rôle de Takuro, Yakusho Koji excelle par sa sobriété et sa tenue d'ensemble véhiculant l'intégralité de son passé, là où les mots et longs discours seraient de trop. Keiko, demoiselle manquant de se suicider par overdose de médicaments, retrouve elle aussi le goût de la vie en accompagnant Takuro dans son salon de coiffure malgré ses démêlés avec son ex-mari, lequel l'accuse de lui avoir volé quelques millions de yens. Le reste du casting est particulièrement hétéroclite et sollicite nos joues plus d'une fois puisque l'on s'étonnera à sourire comme un gamin devant cette ribambelle de personnages colorés sortis tout droit de l'espace : et l'espace, l'un la guette puisqu'il passe son temps à attendre l'arrivée des extraterrestres, la mère de Keiko adepte du flamenco pour asile de fous, certains se la jouent intermédiaires cools à bord de leur 4x4 cabriolet rouge clinquant, tandis que d'autres s'imaginent yakuzas légaux
Le géni d'Imamura est d'avoir façonné une histoire finalement classique, la liberté conditionnelle d'un criminel frustré d'une femme qui prenait visiblement plus de plaisir avec un inconnu étant monnaie courante, mais ce qui fait la différence avec un film se rapprochant d'un tel contexte, thriller dans l'âme pourrait-on dire, ou alors téléfilm du dimanche midi pour la ménagère de moins de cinquante ans, c'est qu'Imamura semble être maître de son oeuvre : pas un cadrage raté ou pas un plan de trop, ligne narrative passionnante et foisonnant d'idées qui ne peuvent que la bonifier comme l'utilisation judicieuse de la symbolique de l'anguille, de l'hameçon, oeuvre foisonnant de séquences bien amenées comme lorsque Keiko tente tant bien que mal de fournir un repas à Takuro du haut d'un pont, lorsque Keiko confie à ce dernier qu'elle n'a jamais connu quelqu'un de si attentionné, lorsque l'on se voit pris de compassion pour Takuro qui subit les attaques radicales de personnes trop frustrées parce qu'elles n'ont pas réussi à se repentir de leurs actes et que se lamenter sur la tombe d'une victime ne suffit pas à fiche la paix à son âme. Le film regorge de trouvailles qui enchantent la chronique d'un homme bien. Un criminel, certes, mais un homme bien. N'oublions pas la superbe composition musicale de Ikebe Shinichiro lequel rend une copie sans faute, admirable. Imamura trouve ici un nouveau souffle avec L'Anguille, oeuvre qui n'a pas besoin de trop en faire ou trop en dire pour étonner (le cinéaste passant les huit années de prison de Takuro en un plan, il fallait oser) et qui prouve encore que les grands du cinéma japonais avaient encore à dire au cours des années 90, Kitano se voyant récompensé d'un Lion d'Or à Venise pour Hana Bi la même année. Drôle, romantique, philosophique, un conte de la vie courante à savourer.
Vertigo sous l'eau
L'Anguille est le magnifique récit de la réconciliation d'un homme avec son passé et le monde qui l'entoure. Mais ce qu'on aime surtout dans l'Anguille, c'est qu'il est aussi un bel hommage au cinéma de genre dans ce qu'il a de meilleur. En plaçant Yamashita en position de voyeur dans la scène du début du film (Fenetre sur Cour) et en lui faisant commettre au rasoir un crime guidé par sa frustration vis à vis du sexe opposé (Psychose), Imamura offre deux clins d'oeil appuyés à Alfred Hitchcock. Le magnifique score d'ouverture de Ikebe Shinichiro évoque quant à lui un Bernard Hermann apaisé de par son mélange d'angoisse et de calme. En bon disciple d'Hermann, Shunichi Ikebe va faire de son score la caisse de résonnance des tourments de Yamashita: ce score plein d'angoisse sans etre pathétique reflète son désir d'etre en paix avec son passé, sa capacité à ne rien laisser voir au monde extérieur de ses tourments. Le fait que Keiko lui évoque par son physique et ses attitudes sa femme défunte rappelle Vertigo. Dans les deux cas, il s'agit d'etres craignant le sexe opposé et tourmentés par le souvenir de la femme aimée. Mais le cinéma de genre va servir la satire du Japon obsédé du profit lors de la violente scène d'expédition punitive des chefs d'entreprise contre Keiko qui leur a soi-disant dérobé leur argent: on se retrouve alors face à des patrons en apparence policés mais dont les méthodes n'ont rien à envier à celles des yakuzas.
Mais cet agréable bonheur n'est pas le seul du film. Imamura nous offre une gallerie drole de personnages pittoresques allant d'une mère pratiquant avec force sensualité le flamenco à un homme attendant les ovnis qui fait écho à un Yamashita incapable de communiquer avec les humains. Avec Keiko, il nous offre un nouveau personnage de femme forte prenant toute seule ses décisions et résistant au tumulte du monde qui l'entoure: elle imposera ainsi à Yamashita sa volonté séductrice (l'installation de force chez lui, l'attente sur le pont avec sa métaphore de l'hameçon/Keiko attirant l'anguille/Yamashita, sa capacité à tenir tete à ses chefs d'entreprise et à prendre son parti dans la scène de l'expédition punitive). La réalisation est de facture classique mais offre des cadrages au cordeau ainsi qu'une vraie attention à la nature et au monde animal (les beaux gros plans sur l'anguille et les grenouilles). Quant à Yakusho Koji, il trouve un de ses meilleurs rôles où il réussit à incarner un être dont on puisse deviner les tourments intérieurs sans que ces derniers soient trop voyants pour le monde qui l'entoure: son jeu devient d'ailleurs plus tendu lors de la scène de l'expédition punitive comme si Yamashita y trouvait moyen d'extérioriser sa rage et de crever l'abçès de son passé.
Avec l'Anguille, Imamura obtenait une Palme d'or très méritée ex-aequo avec le superbe Gout de la Cerise. Et il offrait un nouvelle grande réussite cinématographique à une année 1997 -grand millésime cinématographique- pourtant pas avare de ce coté-là ( Happy Together, Hana-Bi, Lost Highway entre autres...).
Apprivoiser c’est compliqué...
C’est l’histoire d’un mari honnête qui rentre un beau soir de la pêche en trouvant sa femme au lit avec un inconnu qui a une grosse voiture. Meurtri au plus profond de sa chair et de son cœur, il s’empare d’un poignard et plante sa femme dans une effusion de sang irréelle. Le voici devenu bête sauvage en l’espace de quelques secondes, honte de l’humanité. Il monte alors sur son vélo et se rend au commissariat de police le plus proche. A sa sortie de prison 8 ans plus tard, l’esprit formaté par la doctrine militaire régissant les lieux et ami avec une anguille apprivoisée (qui, il faut bien l’avouer, fait pâle figure face à notre Bernie national ami avec les hyènes…), le dénommé Yamashita se doit d’affronter à nouveau le monde extérieur.
A l’instar de son anguille, ce meurtrier d’un jour qui a payé ses dettes envers la société va être doucement apprivoisé par son nouvel entourage : un bonze, un chasseur d’ovni, un charpentier brutal et une jolie assistante. Objectif : lui redonner goût à la vie. Tout va commencer par le travail (petit patron d’un salon de coiffure dans un coin bien tranquille au bord d’un étang), puis par l’amour qui refait surface même s’il s’est juré de ne plus avoir affaire aux femmes. Mais malheureusement, comme on l’a appris avec De Palma notamment (Scarface, L’Impasse), le passé nous rattrape toujours, et voilà qu’une rumeur coure sur son meurtre et son attitude cavalière consistant à ne pas regretter son acte. Tout le monde va finir par être au courant, et Yamashita va devoir se battre pour gagner sa légitimité à vivre parmi les autres.
De même, à l’instar de Yamashita et de son anguille, le film de Imamura doit être apprivoisé afin qu’il puisse donner le meilleur de lui-même. Ce n’est pas difficile du tout car les personnages sont intéressants et le thème du film – la repentance et la réadaptation à la société après la prison – ne l’est pas moins. Mais il faut savoir entrer dans le monde de ce grand réalisateur humaniste, se laisser dorloter par les touches de poésie raffinées et la mélodie récurrente un peu décalée parsemant le film, et se laisser convaincre par son propos généreux. L’Anguille, Palme d’Or Cannes 1997, vaut bien d’ailleurs 2 visions.
Mon premier Imamura : original et étonnant
L'Anguille est la palme d'or exaequo du festival de Cannes 1997. Le film est effectivement très bon et servi par des acteurs excellents. C'est un de mes premiers contacts avec le cinéma japonais, et le premier avec Shohei Imamura. Les personnages de ce petit monde sont très intéressants, toujours un peu étranges ou loufoques (cf le chasseur d'OVNI) mais arrivent néanmoins à sonner juste. Certains pourront trouver certains passages incompréhensibles (le personnage principal a une anguille apprivoisée à qui il parle... ), mais ils ne sont là que pour souligner la douleur permanente que ressent le personnage principal depuis la mort de sa femme ("Cette nuit-là, je suis mort avec elle").
En conclusion, si vous aimez le cinéma japonais, c'est un très bon film à ne pas louper. Et si vous êtes encore novice en la matière, c'est un excellent représentant de ce cinéma et d'un de ses piliers, qui vous surprendra probablement.
Supprenant, mais très intéressant
Comment Mr Toutlemonde peut en arriver à perdre les pédales et déraper au point de tuer sa femme? C'est incroyable et même effrayant, de voir de quoi quelqu'un de paisible est capable sous un accès de colère. Tout porterait presque à croire que ce pauvre homme à rêver aussi bien la lettre que le meurtre, mais pas du tout, c'est la réalité et cela le bouleverse tout autant que le spectateur. Il en devient même incapable de blesser un poisson. Le pire, c'est qu’il a même peur de se réintégrer dans la société.
Où il a de la chance, c'est que la société va aller le chercher et que petit à petit tout un petit monde va se remettre en place autour de lui.
Il ne s'agit certainement pas d'une production qui aura nécessité des investissements trop importants, mais est-ce nécessaire lorsque l'histoire se suffit à elle-même. Comme quoi, il n'y a pas que des films d'action qui peuvent distraire.
La Palme pour un film exceptionnel..
Un film splendide a voir ou a revoir. Yakusho Koji est tout à fait admirable dans ce rôle qu'il joue à la perfection. Les prises de vue exceptionnels et les éclairages choisis donnent un caractères à la fois brute et doux.
Tout est excellent dans ce film, rien n'est à redire.
c'est un film trop comtemplatif à mon goût. Il ne se passe pas grand chose pendant ce film, en fait je ne me souvient même plus de ce qui s'y est passé tellement cela m'a pas captivé.
Touchant, interressant
Ce film est poétique (métaphore de l'anguille etc...), jolie (paysage etc...), intelligent et interressant (le reconstruction de 2 êtres brisés) et baigne dans une atmosphère propre aux films asiatiques!! Le désarroi de l'homme est très bien retranscrit à l'écran sans que l'on tombe dans le mélodrame à l'américaine!! Un film à voir absolument!
Oui oui oui
Un prix à Cannes bien mérité.
Magnifique et libre adaptation
Au départ il y a un trés grand roman paru au Japon en 88 et seulement en 2001 en France (chez Actes Sud)"LIBERTE CONDITIONNELLE" signé Akira Yoshimura.D'une noirceur incroyable,il conte la dérive d'un repris de justice incapable de s'intégrer au "vrai" monde aprés tant d'années passées enfermé.Mais ce bouquin était fait pour Imamura,tant il s'en dégage une grande humanité,à la fois triste et cocasse.Le réalisateur a complètement changé l'histoire pour ne garder que le thème principal,et bien sûr cette vision humaniste ,drôle mais désespérée à la fois,commune aux deux versions.La fin quant à elle est aussi remaniée,positive chez Imamura alors que le romancier n'accorde aucune issue à son anti-héros.
Le film est d'une richesse incroyable:personnages qui se croisent,se cherchent,s'observent,tout un petit monde vivant autour de ce salon de coiffure isolé.Mais ce n'est pas une simple chronique des jours qui passent:il y a aussi une véritable intrigue avec le passé qui ressurgit,le comportement énigmatique et solitaire du personnage principal,l'évolution de sa relation avec la femme suicidaire,etc...Et cette satanée anguille!
Jamais complètement dramatique,ce film n'est en aucun cas une franche comédie non plus,il représente parfaitement la vie telle qu'elle est. Entourant ses personnages de beaucoup de compréhension ,de chaleur même, mais sans être dupe de la réalité souvent cruelle,Imamura est bien aidé par les comédiens,à commencer par le charismatique Koji Yakusho ,vu chez Kiyoshi Kurosawa notamment.Le reste du casting est à la hauteur,créant une galerie de protagonistes hauts en couleur et souvent émouvants. Ce film prend toujours le parti d'insinuer,jamais de démontrer ou de donner des leçons,c'est sa principale intelligence.Profond sans être lourd,il a un charme infini que je prend plaisir à redécouvrir à chaque nouvelle vision.
La jeunesse n'a pas d'âge: Imamura,vénérable octogénaire, s'avère bien plus irrespectueux des valeurs établies, et autrement plus ouvert d'esprit que pas mal de ses jeunes confrères "tendance"...
Une palme d'or ? Ah.
Même si le film m'a plutôt plu, il n'est vraiment pas à la hauteur de mes espérances dans son ensemble. Curieux, j'en attendais à quelque chose de beaucoup plus subtil, surtout quand j'ai su que c'était IMAMURA Shohei derrière la caméra. Le scénario et les acteurs sont bien présents, mais la touche artistique est trop rustique à mon goût...
A voir à l'occasion, mais je ne le recommande pas spécialement parmi sa filmo.
Du bon boulot
Un scénario bien ficelé, de bons acteurs, une excellente réalisation, Imamura a fait du bon boulot. Je reproche seulement le fait que l'humour aurait pu être plus présent car il y a un bon potentiel. Néanmoins, je recommande ce film.
Très bon
Un excellent film japonais au scénario atypique et très bien réalisé
unagi, quel film!!!!
ce film est un chef d'oeuvre!a la fois violent, crue par ses lumieres,mais terriblement beau et drole!
on ne peut sortir de ce film indemne!
demain sera un autre jour....
Une magnifique d'amour d'un homme au lourd passé, chargé d'une grande passion qui l'amena à réaliser l'irréparable et pour lequel, la société le condamnera. Ce passé, aujourdhui sorti de prison, lui pèse mais tant bien que mal, sa vie doit reprendre. La vie pour lui a pris une autre grandeur, rare et inestimable, il essaie de la rendre plus belle tout autour de lui en toute modestie...
Un film, plein de bonnes volontés, magique et généreux. ^__^
un film agréable et touchant
j'ai trouvé cette histoire touchante: apres avoir enduré une peine de prison de 8 ans suite a un crime passionnel (meutre de sa femme qui le trompais avec un autre homme), Yamashita doit se reconstruire en tant qu'etre humain ds la société. mais pour ca , il lui faut reprendre confiance en lui et de nouveau s'ouvrir aux autres. accompagné de son anguille recueilli lors de son sejour en prison, il va ouvrir un salon de coiffure, se faire des amis et rencontrer une femme, Keiko , qui lui servira d'assistante et qui lui rappelera étrangement sa femme.
a voir.
Surprenant. un splendide tableau de la societe contemporaine. La musique est accrochante, c'est tres particulier, tres...japonais! A voir
Le principal atout de ce film est son ambiance tellement unique, il faut dire que l'acteur principal (vu dans "cure" et dans "eureka") y est pour beaucoup. Comme le disait Imura à Kitano dans une rencontre, c'est un acteur habitué à parler beaucoup à qui il a demandé de se taire pendant la majeure partie du film, et il faut dire que ce pari risqué est réussi! On a peu l'impression d'assister à une chronique de la vie à la campagne avec ces personnages tous si différents et attachants à leur manière, ces situations à la fois quotidiennes et si peu ordinaires, ces discutions communes en apparence, et finalement pleines de sens.
Le fait que le héros préfère parler à son anguille qu'à ses amis, s'il peut être vu comme une forme de folie (idée appuyée par la question de la lettre) est aussi révélateur de la profonde solitue dans laquelle beaucoup de gens se trouvent de nos jours. C'est un peu le propos du film, comment vivre dans une société qui n'accepte pas la différence sous des aspects de tolérance (je ne parle pas de la société japonaise, mais de la société dans laquelle chacun de nous vit de nos jours). C'est aussi un hymne à l'amitié, comme on peut le voir en particulier avec le voisin qui pêche, qui s'avère être celui qui le comprend le mieux, et toujours présent pour aider. La grande puissance de ce film, c'est sa linearité, qui nous rapproche de ces gens, qui nous fait comprendre leur vie, avec ses joies et ses douleurs, et qui les rend si humains. Un beau film.