| Ordell Robbie | 2.75 | L'Impasse |
Adapté des Bas-fonds de Maxime Gorki et de Mutter Landstrasse de Wilhelm Schmidtbonn, Ames sur la route pourrait etre vu d'un oeil distant comme un ersatz du cinéma muet occidental de l'époque. Rien n'empecherait le script d'etre tourné à l'identique en Occident. Son grand thème asséné de façon didactique par les intertitres, c'est la nécessité de la compassion thème récurrent du versant puritain du cinéma américain de l'époque. Le personnage de la jeune bourgeoise habitant dans une maison au style occidental est le parfait clone vestimentaire et gestuel de Lilian Gish. Et on y célèbre meme Noel. Formellement, on sent l'influence de Griffith et des techniques formelles en vogue en Occident: gros plan, fondus enchainés... Néanmoins, c'est pour d'autres raisons qu'il fut plébiscité par les intellectuels en son temps. On pourrait en effet voir dans les expérimentations de Murata sur le montage et la narration une incarnation japonaise de l'idée d'avant-garde. Murata tente de croiser trois récits différents quitte à passer du coq à l'ane par le montage et expérimente sur la narration en flash backs. Mais ce qui était audacieux pour son temps a pris un énorme coup de vieux de nos jours. Cette façon d'arreter une histoire pour revenir à elle plus tard exactement au point de son arret finit par rendre le récit embrouillé. L'expérimentation narrative semble ici trop souvent une fin en soi, de l'original pour l'original. Et du coup le film finit par devenir longuet. Reste une oeuvre témoignant de la grande modernité des techniques narratives utilisées dans le cinéma populaire nippon de son temps.
