Retour aux sources
En 2011, le retour de Kim Ki-Duk est la grande nouvelle du cinéma coréen. Il s'est totalement renouvelé et revigoré avec sa stupéfiante mise à nu Arirang, primée à Cannes. Il a enchaîné avec Amen, nouvelle mise à zéro, très culotté, même si le résultat est, comme très souvent chez lui, imparfait. Il n'y a que Kim Ki-duk pour assumer des intrigues pareilles, des alliages aussi casse gueule entre le presque rien et le méga métaphysique. Filmer une amateur qui tente d'être actrice est finalement le programme numéro 1 du film, et cela en fait déjà une sorte de film expérimental. L'actrice est assez limitée, flirte avec le ridicule, mais Kim Ki-duk est malin en la filmant en plans courts. Le montage est le point fort du film, parfois vraiment hypnotique. A force de tout faire lui même, le gars commence à maitriser tous les compartiments du cinéma avec une insolente facilité.
Par contre, Amen est assurément son film le plus fauché. Il est clairement au bord de l'amateurisme technique, le son est ainsi très brut, quasiment sans mixage. On le ressent d'autant plus que le film a été réalisé en France, et parfois Kim Ki-duk n'a pas trop fait attention aux bribes de dialogues entendus derrière (y compris des "ça filme?").
La France, autre retour au sources pour Kim Ki-duk, qui y vécu quelques temps et y tourna Wild Animals, film bien raté, mais déjà bien culotté à l'époque. Ici, il a débarqué avec, pour toute équipe, l'actrice (ils étaient donc souvent seulement deux, un devant, une derrière la caméra), un synopsis pour tout plan, tourné en deux semaines à la suite du festival de Cannes 2011. Il filme parfois comme un touriste, parfois comme un grand cinéaste (une magnifique scène dans les champs). De nouveau, comme il y a des années, on attend le prochain Kim Ki-duk.