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Les Amants Crucifiés

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les avis de Cinemasie

3 critiques: 4.17/5

vos avis

15 critiques: 3.87/5



drélium 4.5 Classique mais rythmé et grandiose. Gros coup de coeur.
Ordell Robbie 4.5 un belle dénonciation de l'envers de la féodalité
Xavier Chanoine 3.5 Les fugitifs
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un belle dénonciation de l'envers de la féodalité

On retrouve bien sur dans les Amants Crucifiés les thèmes de prédilection de Mizoguchi: la dénonciation de l'exploitation de l'homme par l'homme au travers du vendeur d'almanachs rémunérant au lance-pierres ses employés, l'attaque en règle contre la cruauté d'élites vivant sur le chantage (un patron capable de ruiner des hauts dignitaires s'il le souhaite), l'exaltation des femmes frondeuses (l'héroine créant son indépendance vis à vis de l'ordre social au travers de l'amour et heureuse de périr en étant fidèle à elle-meme, en ayant refusé les compromis de son époux et de sa famille qui souhaitaient recoller les morceaux). Mais ce qui frappe surtout dans le film (surtout à la lumière des clichés critiques sur le thème Kurosawa l'occidentalisé contre Mizoguchi le japonais) est qu'il ne s'agit rien de moins qu'un film noir transposé à une époque médiévale. Les éléments narratifs sont des clichés du genre: la jeune femme mariée à un homme beaucoup plus agé qu'elle pour des raisons pécuniaires, la fuite après avoir dérobé un butin juteux, la découverte réciproque de deux etres dans la fuite, l'envie de chuter ensemble plutot que de survivre seul. On n'est pas si loin du Facteur sonne toujours deux fois ou de sa relecture néoréaliste Ossessione. La seule différence est que l'héroine est faussement accusée d'adultère et ne devient intime du jeune artiste que dans la fuite. Mais le film est aussi littéralement un film noir: l'étreinte sur la barque (les barques, ces lieux où se fait et se défait souvent la narration chez Mizoguchi) a d'autant plus de force émotionnelle qu'elle est filmée dans un noir presque complet de meme que l'avant-final où le père de l'artiste avoue à son fils en pleurs qu'il a honte de lui. La scène d'arrestation tire sa force du fait que la brutalité policière y est filmée à distance. Pour le reste, les cadrages au cordeau ont une beauté quasi-picturale et la mise en scène est un modèle d'économie. Les Amants Crucifiés appartient aux réussites majeures de Mizoguchi et du cinéma mondial.



13 juin 2002
par Ordell Robbie




Les fugitifs

Ce beau film de Mizoguchi, présenté au festival des Arts en 1954, contient suffisamment de séquences intenses pour marquer les esprits. D'abord sa caméra, énergique et captant la lumière avec grâce et volupté, souligne l'aspect dark en faisant souvent face aux protagonistes. Dans Utamaro, Mizoguchi filmait ses acteurs de dos, façon estampe, mais de dos comme pour accentuer la soumission ou une forme de pudeur cachée. Dans Les amants crucifiés, rien de tout cela, et la pudeur due aux traditions et valeurs du Japon féodal ne raisonne qu'à travers la position des femmes, soumises au Maître comme ils l'appellent, mais les sentiments éprouvés ne sont jamais cachés. Il n'est donc pas étonnant de voir Mohei et O-San s'enlacer comme de parfaits amoureux, prêts à mourir plutôt que d'endurer la honte d'être crucifiés dans la cour du village pour adultère. Et à Mizoguchi au travers d'un mélodrame bien calculé, de dénoncer le système et la corruption même chez les plus hauts placés. C'est cette confrontation des genres qui donne toute la signification à son oeuvre, brillante et bien interprétée, rappelant parfois les excès fantastiques et fictifs d'un Contes de la lune vague après la pluie notamment lors du passage en barque dans un noir complet, triste et dont O-San souhaite mourir par amour. Le pathétique de cette séquence contraste avec le sérieux de la forme, la peur qui s'en dégage et le flou situationnel : on ne voit rien, on est au beau milieu d'un lac, et l'on ne sait plus vraiment si l'on doit mourir. Le doute imprègne aussi la famille des deux fugitifs. Le père de Mohei, incapable de cacher sa rage d'avoir un fils aussi indigne, finira par l'héberger, le dénoncer, pour finalement le libérer, chose qu'on ne trouve pas dans la famille d'O-San dont la mère y dénoncera sa venue sans gène.

19 août 2007
par Xavier Chanoine


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