Ordell Robbie | 3 | Date du yakuza eiga mais réussite cinématographique mineure. |
El Topo | 3.5 | Quelques faiblesses et pourtant, un film essentiel |
La série Tokugawa ne révélait pas vraiment en Ishii Teruo un grand du cinéma japonais. Tout en leur étant bien supérieur cinématographiquement, ce premier volet de série à succès Abashiri Prison a tendance à le confirmer. Bon produit artisanal emblématique des années dorées du cinéma populaire nippon, le film est pourtant loin de s'imposer comme une réussite cinématographique majeure.
C'est que ce premier volet est une espèce de compilation/service minimum du cinéma populaire japonais et c'est ce qui lui donne un peu de charme. On a ainsi plaisir à entendre Takakura Ken chanter le code d'honneur yakuza et les regrets, on a aussi plaisir à retrouver son légendaire charisme. Et la mise en scène d'Ishii Teruo n'est pas dénuée de savoir faire à défaut d'etre renversante: bon usage de la caméra à l'épaule, sens du cadre, efficacité des scènes d'action. Le scénario est emblématique de la capacité du cinéma de genre nippon de l'époque à croiser influences étrangères et thèmes spécifiquement japonais: du film de prison sous influence hollywoodienne oui mais avec de l'honneur, de la fidélité entre yakuzas, de l'amitié virile, de la trahison, des rapports familiaux difficiles et meme sur la fin un peu d'humanisme.
Les limites du film sont son humour qui est loin de faire mouche, le fait que les scènes en prison soient loin d'etre toujours captivantes et aussi que le film ne décolle un peu que lorsque certains passages ont un peu plus de dramatisation. On pourrait déplorer aussi un certain manque de rythme. Les limites du film sont aussi celles d'Ishii Teruo: on ne demande pas forcément qu'il y ait un auteur aux commandes d'un film de genre, l'histoire du cinéma japonais ayant prouvé (cf Uchida) que les artisans n'avaient parfois rien à leur envier. L'ennui, c'est qu'au rayon de la grandeur artisanale on a vu mieux qu'Ishii Teruo.
Du coup, alors que ses enjeux thématiques sont assez profonds, le film n'est que divertissant sans etre émotionnellement impliquant. Ceci dit, il est important pour ce qu'il a représenté pour le yakuza eiga des années 60: tourné avec un budget réduit, il rencontra un succès surprise au Box Office nippon et révéla LA star masculine du genre Takakura Ken. Le film est malgré tout très loin de représenter le haut du panier sixties du genre. A voir néanmoins comme symbole du système de studios nippon de son temps.