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Infernal Affairs

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les avis de Cinemasie

17 critiques: 3.29/5

vos avis

116 critiques: 3.98/5



Flying Marmotte 4.5 Ca c'est un polar... un vrai....
Marc G. 0.5 Mise en scène nonsensique + scénario bordelique = infernal affairs
Xavier Chanoine 3.25 Agréable et rythmé. Manque un poil d'audace.
Archibald 3.25 Un polar mafieux qui fit incontestablement date. A juste titre, c'est déja plus...
drélium 3 Très mitigé. Parfois surprenant mais le plus souvent terriblement convenu et lo...
Ghost Dog 3 Déséquilibre patent
Junta 4.25 Il y a des déçus … ?
Sonatine 2.25 Un début de maturité.
jeffy 4 un film à ne pas manquer
Arno Ching-wan 3.5 Un modèle d'efficacité et surtout une histoire sacrément bonne !
Ordell Robbie 3.5 Hollywood/Hong Kong
François 3 Un polar inégal, manquant de peu le statut de must-see
Alain 2.75 Un coup dans l'eau
Tenebres83 4.5
MLF 2.75
Anel 5
Aurélien 3
classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement


Agréable et rythmé. Manque un poil d'audace.

Si le film d'Andrew Lau s'avère être une bonne réussite policière contemporaine, on ne peut pas dire qu'il brille par son originalité. Le film est bon en lui-même, c'est indéniable, mais on a plus l'impression de regarder un épisode de 24hChrono qu'un véritable film dit "révolutionnaire". Un peu partout Infernal Affairs a cette réputation d'être déjà culte, soit la culture ciné s'arrête au polar HK des eighties pour sortir ce genre de bétises, soit un rien épate.

Si l'intrigue étonne par sa qualité et sa force à créer une atmosphère rapidement stressante, les nouveautés brillent par leur absence. On a toujours droit au grand Maître qui inculque à ses élèves les lignes de bonne conduite, le parcours de deux "flics" sur une affaire perpendiculaire, des ordres de mission donnés par un chef qui ne rigole pas (interprété par le génial Anthony Wong), et le fameux mafioso ironique et lâche. N'oublions pas le duel de fin agrémenté d'un twist convenu à l'avance. Soit. Mais là où Infernal Affairs attire notre attention, c'est sur sa forme, maîtrisée et prouvant que les Chinois ont leur propre style, loin des clicks visuels abominables du cinéma US en constante recherche d'identité. Ainsi, le fabuleux Tony Leung (sûrement le plus grand acteur asiatique de sa génération avec Chow Yun-Fat) épate par sa nonchalance et sa générosité (bien qu'on l'ai vu dans un meilleur rôle), Anthony Wong, increvable acteur mythique des années 90 met tout le monde d'accord sur sa classe et son culot d'en imposer même quand il se tait, tous deux en mettent littéralement plein la vue, et apportent une véritable ampleur, presque un autre souffle à ce polar finalement terriblement conventionnel et joué d'avance.

Je m'attendais à une claque plus forte, j'ai juste "apprécié". Un film sympa à mater tout en mangeant son repas du soir. Pas plus.

Esthétique : 3/5 - Une mise en scène pleine de peps. Musique : 3/5 - La bande-son ne joue pas un rôle particulièrement crucial. Elle est juste bonne. Interprétation : 4/5 - Des mecs au charisme de dingue. Scénario : 3/5 - Affaire policière très classique, heureusement que la forme rattrape le fond.



09 août 2006
par Xavier Chanoine




Un polar mafieux qui fit incontestablement date. A juste titre, c'est déja plus discutable.

Infernal Affairs est plus qu'un simple film, que l'on aime ou pas, Andrew Lau Wai-Keung à malgré tout fait de ce film, un symbole. Un symbole d'abord car il y réunit les plus grands acteurs masculins hong-kongais (hormis peut-être quelques Tony Leung Ka-Fai, Jacky Cheung Hok-Yau et d'autres). Andy Lau Tak-Wah n'est ni plus ni moins LA star depuis la rétrocession, Tony Leung Chiu-Wai est sans doute le meilleur acteur de la péninsule depuis la mort de Leslie Cheung Kwok-Wing, Anthony Wong Chau-Sang et Eric Tsang Chi-Wai sont les deux plus vieux roublards du milieu et Shawn Yu Man-Lok (Edison Chen Koon-Hei, déja moins) est un jeune acteur très doué à surveiller. Symbole également car le genre qu'il traite est peut-être le genre le plus culturellement hong-kongais du cinéma (hormis le comique mo lei tau, et les wu xia pan) tant les triades sont ancrés dans la société locale. Symbole enfin car Infernal Affairs marque le commencement d'une nouvelle ère cinematographique pour le cinema HK. Après l'âge d'or des wu xia pan de la Shaw Brothers, aprés l'âge d'argent des années 80 dont Jackie Chan, Sammo Hung, John Woo, Chow Yun-Fat et autres Yuen Woo-Ping étaient les précurseurs, après l'âge de bronze des années 90 où les polars de Johnnie To Kei-Fung cotoyaient les meilleurs Jet Li, voici venir un nouvel âge lancé par Infernal Affairs et que plus tard des films comme Kung-Fu Hustle ou New Police Story confirmeront.

Je ne m'attarderais pas sur la réalisation beaucoup plus technique qu'intuitive excepté pour dire que le budget et la propreté photographique étaient tout sauf le fort des premiers polars Milyway, et pourtant... La beauté plastique est louable, pourvu que le contenu le soit autant. Ne sacrifions pas la créativité au profit du conformisme international. Le scénario n'a rien de franchement nouveau, les infiltrés à HK, on connait (le parallélisme de deux taupes étaient toutefois assez inédit). Mais il se cache derrière cette facilité de thème apparente, un travail réel des personnages comme on n'en voit pas assez. Certains sont plus délaissés que d'autres, et on sent une modération de la morale par moments mais le film a le mérite de nous présenter quatres personnages (les deux taupes et leurs chefs respectifs) à la psychologie plutôt bien creusée. Malheureusement, comme trop souvent, le film fit victime de son succés et deux suites (une préquel et une sequel) furent extirpées d'un scénario déja pas si fourni en terme de richesse narrative et de surcoît, plutôt fermé à toute suite. Les deux suites alimentent un peu la trame et confére donc une importance capitale mais pas forcément justifiée au premier épisode qui n'a pas les épaules nécessaires. Le choix de "trilogiser" ce film est donc assez discutable.

Tony Leung Chiu-Wai est majestueux, il est le seul à jouer au feeling et non dans la technique. Même si tous ont une formation de départ assez comparable, Tony contrairement à tous, semble avoir oublié son passé télévisuel et avoir abandonné sa veste d'acteur-studio sur les plateaux de Wong Kar-Wai. Certes ce n'est pas la première fois qu'il nous éblouit, mais il le fait une fois de plus, et cela joue beaucoup à la crédibilité générale. Eric Tsang, le Tai Lo du cinéma hong-kongais, s'impose largement au milieu de ses cadets et, si on prend en compte la trilogie entière, hérite du rôle le mieux construit, donc le plus intéréssant. Andy Lau est également magistral, lui aussi a su minimaliser son jeu, intérioriser le personnage et nous livre un prestation impressionante de retenue et tient tête à son partenaire Tony Leung sans faillir. Je ne crois pas que la volonté qui l'habite de raccrocher est politiquement correct, au contraire, le politiquement correct, appelons cela le conformisme, aurait voulu que le "vilain-méchant" le reste jusqu'au bout, or lorsqu'on connait le dénouemet, on est loin du conformisme.

En Bref, une nouvelle ère s'affirme pour le cinéma hong-kongais avec Infernal Affairs, l'âge des films sans le sou, c'est bien fini ! Mais cela implique forcément un appauvrissement de créativité qui fait cruellement défaut à ces films, IA y compris. Cependant, un scénario axé sur la psychanalyse des personnages, eux-même interprétés par des acteurs grandioses ainsi que quelques scènes bien prenantes font de ce film, un bon polar triade à voir.



27 septembre 2005
par Archibald




Déséquilibre patent

Cette – rare – grosse production made in HK n’est pas un mauvais film, mais elle souffre des mêmes maux que quelques autres grosses productions récemment tournées, comme Fulltime Killer ou Running On Karma : une idée de départ sympa, mais qui s’enferre dans un méli-mélo improbable de rebondissements et de fausses pistes, jusqu’à se prendre les pieds dans les cordes et s’écraser lourdement.

Infernal Affairs démarre sur les chapeaux de roues : les 10 dernières années des 2 principaux protagonistes sont passées en accéléré à la manière d’une bande-annonce, avant que s’enchaîne la scène clef du film, à savoir leur première confrontation dans leur statut social usurpé : le flic infiltré dans la mafia, et vice-versa ; au bout du compte, le décor est solidement planté au bout de 20 minutes : on connaît les enjeux, les acteurs, les motivations de chacun… Seul problème, il reste 1H15 à combler, et on attend au tournant le scénario qui nous a été concocté par Lau et Mak. Et sans surprise, le rythme retombe subitement. Comment terminer de manière crédible cette histoire ? A l’image de la femme écrivain d’Andy, cette question semble trotter dans toutes les têtes, sans qu’une réponse franchement convaincante y soit apportée : les incohérences se multiplient alors (Tony suit Andy la taupe à la sortie du ciné pendant 5 bonnes minutes sans avoir l’idée de lui sauter dessus…), la confusion de certaines scènes permettant de noyer plus ou moins habilement le poisson, l’orientation du scénario s’avère très politiquement correcte (le malfrat infiltré chez les flics veut redevenir « bon », alors que le flic infiltré chez les malfrats ne pense à aucune seconde rester « méchant ») et le rebondissement final de la deuxième taupe est vraiment niais.

Si l’histoire est décevante malgré un matériau de départ alléchant, la mise en scène et le casting sont par contre beaucoup plus satisfaisants : on est loin des mouvements de caméra classes et cadrés au cordeau du Heat de Michael Mann, ni de l’intensité émotionnelle dégagée par le tandem Pacino - De Niro, mais la qualité est là. Des acteurs de la trempe de Tony Leung, d’Andy Lau, d’Eric Tsang et d’Anthony Wong dans un même film, on n’avait pas vu ça depuis un bail à Hong-Kong, et la médiocrité d'un The Stormriders ou d'un A Man Called Hero n'est plus qu'un mauvais souvenir malgré la présence d'Andrew Lau derrière la caméra…



05 septembre 2004
par Ghost Dog




Il y a des déçus … ?

Je ne savais pas trop à quoi m’attendre avec IA, d’un côté certaines critiques sont peu enthousiastes, de l’autre en plus que ce soit le retour du polar sombre, le casting est quand même plus qu’alléchant.

Pour commencer je dois vous prévenir, j’ai vu le film dans sa version chinoise et celle-ci contient un avantage et un inconvénient (chacun de taille) par rapport à sa sœur jumelle hong kongaise : la fin de cette version est superbe et vu les échos que j’ai de la fin internationale (qui est la même qu’à HK), mon cœur fait plus que balancer vers celle que j’ai vue (ça c’est l’avantage). L’inconvénient c’est le doublage mandarin, déjà de faire bizarre niveau sonorité (il faut un certain temps d’adaptation) on ne retrouve pas les voix qu’on affectionne tant (je pense en particulier à Eric Tsang).

L’histoire est celle d’un flic infiltré dans le milieu (Tony LEUNG Chiu Wai) et d’un membre de Triade infiltré dans la police (Andy LAU Tak-Wah), chacun a son mentor de l’autre côté de la barrière qui s’affronte (Anthony WONG Chau-Sang et Eric TSANG Chi-Wai).

Pour les acteurs, je souhaite appuyer en particulier la prestation d’Eric Tsang, car tout le monde parle de celle d’Andy Lau (qui atteint un niveau de maturité certain dans son jeu), de TLCW (est-ce que c’est déjà arrivé qu’il ait mal joué ?) ou encore Anthony Wong (qui réitère la même performance que dans Time and Tide) mais pas assez de lui. Cet acteur est incroyable, il suffit de regarder sa filmographie et le style de rôle qu’il peut jouer (le bouffon, le vieux sénile, le chef de triade, … et tellement d'autres encore), il est toujours crédible et complètement polyvalent. En gros les 4 acteurs livrent une belle performance, tous sans exception.

Pour les actrices la donne n’est pas la même, certes elles sont bien jolies, mais quel dommage que leur personnalité ne soit pas du tout développée (sauf un petit peu pour Sammi CHENG Sau-Man qui à droit à un mini traitement de faveur). Le film aurait gagné à être un peu plus long pour ainsi exposer plus en détail leur personnage. Cet aspect est bien l’un des seuls reproches que je puisse faire à Infernal Affairs.

Le scénario, bien que classique est traité de manière efficace et la co-réalisation (Andrew LAU Wai-Keung et Alan MAK Siu-Fai) a été bénéfique. Andrew Lau ne nous gave pas d’effets clippesques et se sert de la table de montage avec quelques ralentis/accélérés bien sentis qui mettent du rythme tout en ne plombant pas la réalisation. La photographie est vraiment soignée et plusieurs plans sont très beaux avec de joli mouvement de grue, un gros travail a été effectué sur l’ambiance et ça marche. La musique à consonance asiatique est en symbiose avec les images, en bref c’est un régal visuel aussi bien qu’auditif.

Qu’est-ce qu’on a au final : une réalisation léchée, une histoire classique mais diaboliquement maîtrisée, et un gros casting avec des acteurs au sommet ; le seul défaut se sont les protagonistes féminins justes esquissés. Même si le budget est élevé on ressent toute l’ambiance des petits polars HK, et rien que pour ça se serait dommage de bouder son plaisir…



03 mai 2003
par Junta




Un début de maturité.

Loin des tribulations triadeuses des Young and Dangerous (sept opus tout de même et un nombre de clones conséquent), Infernal Affairs réunit un casting de stars qui ne peut paraître qu'alléchant. Au final on a un film avec des défauts, mais aussi quelques qualités qu'on ne peut lui refuser.

Tout d'abord la mis en scène d'Andrew Lau qui semble avoir subit plusieurs opérations qui fera le bonheur des spectateurs allergiques aux films clipesques et nourris aux speed-ball. Pour une fois notre jeune Andrew s'essaie à une mis en scène sobre au possible avec, à plusieurs reprises, des plans franchement superbes (utilisation des flous, travelling élégants) qui au passage, font volontairement penser à Heat.

Ensuite l'intrigue est plutôt réussie dans l'ensemble, une fournée de personnages (typique dans le polar) assez variés, des contres évènements assez subtils et des dialogues qui sonnent juste. Bref un cocktail de qualité qui ont fait une bonne surprise, mais alors me diriez-vous, qu'est ce qui ne va pas ? Une sous-exploitation évidente des acteurs (Tony Leung, Andy Lau, Anthony Wong, Eric Tsang c'est fait déjà beaucoup à diriger), et un rythme un peu plus pimenté qui fait défaut au film.

Infernal Affairs est un film honnête, Andrew Lau est un réalisateur à suivre malgré sa filmographie devenue maintenant paradoxale.

P.S : Le Générique du début est hideux.



01 avril 2003
par Sonatine




un film à ne pas manquer

Difficile de reprocher quelque chose à ce film, bon scénario, bien filmé, bonne musique, mais surtout quels acteurs! Quel bonheur de voir Andy Lau et Tony Leung à leur meilleur niveau. C'est vrai qu'il manque à ce film un petit peu de magie pour qu'il devienne un réference absolue, mais vraiment la confrontation à distance de deux acteurs vaut absolument le détour. C'est surement le premier rôle à la mesure du talent d'Andy Lau depuis Running out of Time. On en redemande!

13 mars 2003
par jeffy




Hollywood/Hong Kong

Le cas Infernal Affairs est intéréssant parce qu'il est révélateur des problèmes actuels du cinéma de genre hongkongais. Depuis que le cinéma de Hong Kong n'est plus en autarcie, ce dernier est déserté par la population locale qui lui préfère les films américains ou coréens pour cause de meilleure finition. Sauf qu'historiquement c'est le cinéma de genre qui a permis la gloire cinéphile et commerciale en Occident du cinéma hongkongais (1). Infernal Affairs se veut une réponse à cette situation. Petit état des lieux.

POUR: Anthony WONG excelle dans un registre plus sobre qu'à l'habitude. Ce vieux briscard d'Eric TSANG est aussi bon que chez Marco MAK. Un Andy LAU des bons jours joue très bien son personnage d'infiltré. Mais Tony LEUNG Chiu-wai les surclasse tous. Ce bloc de charisme pur monopolise chaque plan. Il exprime des choses très intenses et riches au travers d'un regard et d'un sourire. Il évite entre autres la mièvrerie à la scène des retrouvailles avec son ex-femme en en faisant une belle scène toute en regrets -mais bon ce n'est que la routine du bonhomme-. La réalisation d'Alan MAK n'est pas trop gâchée par le montage d'un des frères PANG. On retrouve d'ailleurs son talent pour créer la durée entrevu dans A War Named Desire. L'utilisation des reflets lors des scène en haut de l'immeuble pour faire "entrer en scène" les personnages permet de les fondre dans le décor urbain hongkongais, à la manière dont un Michael MANN fondait ses personnages dans un univers urbain gris métallisé. Les fondus enchaînés font passer d'un moment émotionnel à un autre même si c'est sans la flamboyance d'un John WOO. Les cadrages penchés créent bien une perte de repères ou une confusion. Et la mise en scène alterne élégance du travelling et stylisation semi-documentaire. La photographie d'Andrew LAU est superbe: on sent la patte d'un Christopher DOYLE comme conseiller visuel vu que les scènes d'intérieur ont une colorimétrie qui évoque celle de Going Home. C'est dans l'élégance de la photographie, son sens de la durée en suspension et sa stylisation toutes deux héritées du polar HK post-1997 que le film maintient une identité HK malgré le renoncement au mélange des genres qui fit une partie de la singularité du cinéma hongkongais de l'âge d'or.

L'idée de Hard Boiled au carré du scénario représente aussi un concept intéréssant. Intéréssant car le brouillage d'identités, de repères entre bien et mal, flic et voyou qu'il implique incarne une forme de trait d'union entre HK et Hollywood:  on retrouvait en effet ce type de perte de repères aussi bien chez Michael MANN, dans la vague de polars post-Syndicat du crime que dans ce Volte/Face réalisé par un Hongkongais sur sol américain. L'hommage à WOO est d'ailleurs évident dans la scène où Huang rappelle à Yan son anniversaire et lui fait un cadeau lors d'une réunion secrète. Le film peut bien sûr se voir comme une réponse de Hong Kong aux blockbusters coréens. Il s'agit d'offrir un produit que sa finition rende exportable, ce dernier point ayant longtemps été d'un point de vue commercial la grosse faiblesse des actioners hongkongais. Mais cette réponse vaut mieux que les blockbusters made in Korea parce que justement plus axée polar psychologique qu'action pachydermique. Polar psychologique qui se révèle, à l'instar des B movies HK passés, capable de construire ses personnages dans l'action. Le portable est lui utilisé de façon bienvenue comme ressort dramatique. Et une partie du score utilise bien cuivres et des percussions. La fin mandarine fait quant à elle parachutée mais plus sobre que la fin cantonnaise.

CONTRE: Shawn YU et Edison CHEN ont une fadeur et un charisme dignes d'une huître. Le charisme zéro et la pauvreté du jeu de Sammi CHENG et Kelly CHEN font regretter la présence que pouvaient avoir les Charlie YOUNG, Brigitte LIN, Sally YEH et Maggie CHEUNG d'antan. La réalisation clippeuse d'Andrew LAU avec des accélérations et des inserts malvenus gâche une partie du film. Le scénario ne convainc pas lorsqu'il tente de singer le versant hors action du meilleur Michael MANN. Les relations Yan/sa psychiatre et Liu/sa femme écrivain sont ainsi bien moins construites que les relations de couple dans Heat ou dans Révélations et elles ont un côté trop attendu: le psychiatre parce que Yan est "schizo", l'écrivain qui est une mystificatrice comme peut l'être l'infiltré Liu -qui est le personnage classique et mille fois vu de l'arriviste-. Comme si le film faiblissait lorsqu'il s'écartait trop du savoir faire HK pour sombrer dans la mauvaise imitation de ses modèles. Le film n'atteint en outre jamais la puissance émotionnelle espérée en dépit de ses évidentes qualités de finition alors que la phrase d'ouverture de Sam et son allusion à Rome laissaient augurer d'un duel psychologique titanesque à la Heat ou à la Full Alert. Le score fait la plupart du temps trop dans le Hans ZIMMER sans que l'on sombre pour autant dans le pompier à la Shiri ou 2009. Et l'emphase d'une fin cantonnaise tout aussi parachutée que la mandarine ne cadre pas avec le reste du film. SURTOUT, sur une trame voisine, A Toute Epreuve était quand même d'une autre trempe cinématographiquement (notamment grâce aux seconds rôles bien plus charismatiques qu'ici).

Tentative revendiquée de faire passer le polar HK de l'ère du cinéma de série à celle du blockbuster, Infernal Affairs tourne le dos à une partie de ce qui faisait la singularité du polar made in Hong Kong. Le brocarder pour cela équivaudrait cependant à reprocher à Volte/Face, autre produit hybride issu de la mondialisation, d’avoir abandonné en cours de route le sentimentalisme des réussites wooiennes hongkongaises. En tant que crossover assumé, le film du tandem LAU/MAK fonctionne très bien mais demeure bien moins abouti que le formidable face à face TRAVOLTA/CAGE orchestré par WOO. Reste que si le polar a connu un retour en grâce à Hong Kong après des années de désaffection de la part du public local il le doit à Infernal Affairs : le film a été un succès –plutôt mérité- alors que le pari était risqué en ces temps de crise. Ce qui n'est déjà pas rien...

(1) Ce ne sont pas les comédies romantiques prisées du public local qui assureront aux executives hongkongais de ne pas repartir bredouille des marchés du film occidentaux.



16 février 2003
par Ordell Robbie




Un polar inégal, manquant de peu le statut de must-see

infernal affairs 02 Avec ses 97 minutes, Infernal Affairs se révèle être un bon polar à personnages, mais aussi un petit gâchis par rapport à son sujet et son casting. On passe un agréable moment, mais on comprend aussi rapidement qu'avec quelques modifications, le film aurait pu entrer dans une autre catégorie.

En effet, le matériau est intéressant. L'histoire, sans être très originale, parvient à captiver sur le thème déjà souvent traité des taupes. L'originalité est ici apporté par la dualité du concept: un flic infiltré, un malfrat infiltré, deux situations identiques et si différentes. Alan Mak n'a pas inventé la poudre, mais son travail du même tonneau sur A War Named Desire montrait qu'il savait varier sur des thèmes peu originaux. Ici il aborde plusieurs sujets intéressants, parle du destin et de ce qu'on en maîtrise, s'attache aux personnages et à leurs sentiments plutôt qu'aux moyens du film. On peut à la fois se demander où sont passés les 40 millions du budgets, et se réjouir de tenir un film de personnages plutôt qu'un bocal cher mais vide. Quoique pour réussir un film de personnages, il faut de bons interprètes, et cela se paye aussi... Autant donner 5 millions à un Tony Leung plutôt que pour faire des effets numériques tape à l'oeil.

Justement, le casting est impressionnant, réjouissons-nous. On va encore dire qu'Andy Lau n'est pas au niveau demandé par le rôle, mais quand on le connaît depuis ses débuts, il faut tout de même reconnaître qu'il a acquéri un niveau plus qu'acceptable. Il parvient ici à faire passer quelques nuances dont on n'aurait jamais rêvées 10 ans auparavant. De plus, son rôle est moins intéressant que celui de Tony Leung. Ce dernier écrase un peu la concurrence avec une interprétation de première classe. Tony porte l'histoire de son personnage sur son seul visage. On se tait et on admire. Derrière ces deux stars, on trouve Anthony Wong et Eric Tsang également à leur aise, dans deux registres différents. Wong est nettement plus calme que d'habitude, mais livre à nouveau une performance solide. Quant à Eric, il est aussi outrancier que d'habitude, également avec succès. Bref, ces quatre-là délivrent ce qu'on attendait d'eux, voir même plus.

Qu'est-ce qui cloche me direz-vous? Le scénario d'Alan Mak est intéressant, mais en 1h40, il ne peut pas délivrer sa pleine puissance. Les personnages féminins sont sacrifiés, alors que Sammi Cheng et Kelly Chen auraient pu donner de l'épaisseur au récit. Kelly se retrouve avec le pire rôle du film, cinq minutes de présence à l'écran interdisant toute implication dans son personnage. Sammi s'en tire à peine mieux mais hérite d'un personnage un peu plus intéressant et délivre une belle scène après un début un peu irritant. Quant à Shawn Yue et Edison Chen, avec quelques minutes de présence à l'écran, ils n'apportent pas grand chose au film. Dommage, on sait que Shawn est capable de bonnes choses. plus généralement, le scénario aborde plusieurs thèmes très forts, mais ne les développe pas autant qu'on aurait pu en rêver.

La coréalisation se montre également inégale, avec les effets clipeux d'Andrew Lau un peu perdus dans un film de personnages et de tension. Cela reste cependant supportable avec un seul travelling circulaire. Ne cassons pas non plus trop de sucre sur le dos d'Andrew, sa photo est superbe. On peut aussi reprocher au film de ne pas avoir assez travaillé son ambiance, le film manque de rythme et de tension alors que le matériau le permettait. Alan Mak n'est pas un grand réalisateur, seulement un bon faiseur, et ce film le confirme. Jamais la réalisation n'atteint la maîtrise d'un Johnnie To par exemple. On a heureusement droit à quelques montées en tension de premier choix. Quant à la musique, c'est le même son de cloche, plutôt correcte en majorité, percutante de temps en temps.

Au final on hésite entre déception, vu la renommée du film et le manque de consistance du produit, ou plaisir de voir le retour du polar avec un scénario à bon potentiel, une bonne interprétation et quelques scènes puissantes. Bref, n'en attendez pas trop, et le film passera pour ce qu'il est: un polar bien foutu et bien ficelé à presque tous les niveaux.



16 février 2003
par François




Un coup dans l'eau

Andrew Lau c’est comme les derniers films de Tsui Hark : on adore ou on déteste mais dans tous les cas ça ne laisse pas indifférent. Pourtant, après avoir essuyé une série d’échecs commerciaux et artistiques, on peut sentir une remise en question du bonhomme dans la seconde moitié de l’année 2002 : tout d’abord en produisant le typiquement indé Runaway Pistol et ensuite en co-réalisant ce Infernal Affairs. Alan Mak étant l’autre larron chargé de la réalisation, ça aurait pu faire frémir les fanboys vu que son travail le plus connu est A War Named Desire mais en creusant sa filmo, il s’avère qu’il est plus un bon artisan (à la manière d’Herman Yau mais avec plus d’argent) qui peut s’adapter à tous les genres que le prochain réalisateur-culte de polars comme on voudrait le faire croire (mais dans le fond, on perd pas aux changes). De fait, avec un Andrew Lau qui doit modérer ses ambitions et un réalisateur versatile mais impersonnel, on peut déjà comprendre le paradoxe d’Infernal Affairs : un film qui se veut ambitieux mais se retrouve limité à tous points de vue. Déjà le casting est problématique de par sa profusion : certes, ça assuré une bonne partie du succès du film au box-office mais on peut vraiment douter de l’utilité des rôles féminins (Sammi Cheng, Kelly Chan et la newcomer Elva Hsiao) qui semblent avoir été vaguement greffés à la dernière minute au script pour assurer un certain temps de présence à l’écran de ces stars (alors qu’Edison Chen et Shawn Yu sont mieux intégrés), de fait on se retrouve avec de sérieux passages à vides lors de l’apparition de ces personnages féminins tant ils sont inutiles à l’intrigue ou au développement des caractéristiques de nos deux héros principaux. Tant qu’à parler du script, il a aussi un sérieux problème de rythme global car soit il étire trop certaines scènes (au début quand la police surveille les activités d’Eric Tsang) ou alors il abuse de raccourcis scénaristiques trop simples (comme lorsque Tony Leung découvre la vraie identité d’Andy Lau).

Au niveau de la mise en scène, le pré-générique montrant le passé des deux antagonistes est assez bien rythmées en accordant le style visuel à la rapidité narrative via moultes effets de montage mais ça se calme beaucoup par la suite et hormis le fameux visuel des toits des gratte-ciels qui rappelle Running Out Of Time 1 et 2, on sent qu’il s’agit bien plus d’une réalisation en pilotage automatique qu’un vrai style de cinéaste digne de ce nom : sur ce point, on en vient à regretter les moments d’inspirations qu’avait Andrew Lau pour son Bullets Of Love qui même si il était très inégal avait au moins quelques séquences mémorables. Et c’est bien là le problème majeur d’Infernal Affairs car chaque minute sent le compromis à plein nez et à force de jouer la consensualité, le film peine à se créer une véritable identité, ce quelque chose qui fait qu’on aurait envie de le revoir mais rien de tout cela car il est juste un honnête polar qui va d’un point A à un point B sans surprises et après un seul visionnage, il est difficile de trouver une raison pour revenir dessus. Maintenant, avec le succès anthologique du film au box-office et la préquelle qui s’annonce, il ne reste plus que deux possibilités : soit Andrew Lau continue dans cet aspect tiède, soit il revient à son style outrancier et décomplexée qui faisait la gloire de Legend Of Speed, sans compter que cette préquelle pourrait amener à Infernal Affairs un développement des personnages, de là même manière que Young&Dangerous a acquis de la profondeur au fur et à mesure des épisodes. Wait & See comme on dit mais actuellement, Infernal Affairs a peu d’atouts pour lui.



16 février 2003
par Alain


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