Un chambara d'exception
C'est une bonne surprise de voir qu'Hideo Gosha en avait déjà sous la patte pour sa première réalisation. Non pas que ces futurs bébés soient mauvaises, loin de là, mais Trois Samouraïs hors-la-loi est tellement exemplaire en bien des points qu'on se demande comment le père Gosha a pu faire mieux. Surfant sur la vague des Ronin-eiga initiés par Kurosawa en 62 avec l'excellent Yojimbo, Hideo Gosha reprend de toute pièce le mythe du samouraï solitaire (à comprendre sans Maître), vagabond et hors-la-loi. Sakon Shiba est un mercenaire à la recherche d'un toit et d'un peu d'hospitalité. En chemin il croise trois paysans en proie à de hauts samouraïs, en effet ces derniers détiennent la fille du chef des samouraïs dans une grange et menacent de la tuer si le haut placé ne cède pas aux revendications des paysans. Shiba décide alors d'apporter son aide à ses pauvres paysans.
Trois samouraïs hors-la-loi suit le schéma classique des films de genre des années 60, à savoir un étalage de gueules peu fréquentables, les services d'un homme avec en retour de la nourriture et un toit et la rencontre de personnages bis en complément d'aide. Gosha nous gratifie alors d'un chambara d'exception non sans rappeler ce que produisaient les grands maîtres tels Kurosawa ou Sergio Leone. Pourquoi je cite ces noms, simplement parce que ce sont eux qui ont inspiré Gosha pour ses réalisations. On retrouve du Kurosawa pour l'humanisme des personnages, mettant tout en leur pouvoir pour aider des paysans inconnus (l'injustice des pauvres face aux puissants), pour le traitement du Ronin (caractère, posture, classe, force au combat) et pour la réalisation générale. On y trouve aussi du Leone pour la qualité exceptionnelle de la mise en scène, proposant des cadres rythmés, formellement très réussis. De même pour la galerie croustillante de personnage avec son lot de gueules guère recommandables, pleine de sueur et de sable tranchant aussi vite que dégainait Clint.
A la fois chambara élégant et léger, Trois samouraïs hors-la-loi mettra aussi tout le monde d'accord sur son effroyable ambiance, glaciale, presque ténébreuse. On passe sans broncher d'un plan rigolo, presque burlesque, à un autre terriblement plus difficile. C'est simple, il n 'y a de pitié pour personne, les opprimés mourront à la pelle tandis que les hauts placés rigoleront. C'est la loi.
Esthétique : 5/5 Musique : 2.5/5 Interprétation : 4.5/5 Scénario : 4.5/5
Chambara noirissime
Trois Samourais hors la loi est le film coup d'essai/coup de maitre qui permit à Gosha Hideo de se faire une place très particulière dans le paysage chambara de son époque: si Kurosawa avait introduit avec Le Garde du corps la figure du samourai mercenaire, il le faisait dans un désir avoué de parodie et de décalage. Alors que la vision du ronin chez Gosha est bien plus désespérée, faisant écho au Hara Kiri primé à Cannes l'année précédente.
Au travers du récit d'un enlèvement d'une femme noble par des paysans désespérés auxquels se joindra un ronin errant, Gosha constate d'abord de façon désabusée la disparition du code d'honneur non plus seulement chez les samourais mais dans la féodalité japonaise. Pour essayer de délivrer la jeune femme noble, les seigneurs vont en effet faire appel à des samourais déclassés sortis de prison spécialement pour l'occasion. Quant au sacrifice du ronin errant (accepter d'etre torturé pour que ses collègues paysans aient la vie sauve), il se révèlera vain: les seigneurs ont oublié la valeur d'une promesse faite entre deux samourais et les paysans seront malgré tout exécutés (et un de ses collègues au service de la noblesse raillera la vanité de son effort). Certes, quelques personnages croient encore à une certaine idée de la morale: le film exalte en particulier la détermination de certaines femmes malgré leur condition aisée (alors qu'une femme de basse condition y sera prete à se sacrifier moyennant finances), ce sont les femmes qui vont se plaindre des traitements infligés au jeune ronin, c'est l'une d'elles qui aidera le jeune ronin à s'évader, c'est encore la fille du magistrat qui s'interpose pour sauver son père lors du final vengeur. Mais s'il exalte des personnages épris d'honneur et de morale dans une époque où elle a disparue, Gosha semble néanmoins fataliste durant tout le film et malgré une fin heureuse en apparence la condition des personnages n'est pas meilleure qu'au début du film. Le pessimisme de Gosha transparait dans sa peinture tout le long du film des rapports de classe. Là où l'homme sans nom kurosawaien était un grand cynique derrière sa décontraction affichée, les héros de Gosha n'hésitent pas à compatir et à prendre parti pour un peuple souffrant parce qu'il appartient comme eux à un monde regardé avec mépris par les puissants: les paysans se battent pour un morceau de nourriture (la jeune femme enlevée comprend d'ailleurs leurs souffrances), vivent dans un misérable moulin, l'aristocratie use contre eux d'un pouvoir absolu fait de terreur (et de l'utilisation à son propre profit d'etres qu'elle voués aux gémonies en leur faisant miroiter une condition financière meilleure). S'ils semblent au début vouloir se révolter contre cet état de faits, le final révèle leur lacheté et leur résignation à mille lieues de la vision idéalisée du paysan chez Kurosawa.
Si la réalisation du film est plus classique que celle de Goyokin, l'or du Shogun, ce dernier comporte des effets de mise en scène très intéréssants: un usage retenu du zoom, une profusion des cadrages penchés pour refléter le chaos ambiant, l'utilisation très frappante des ombres dans les duels au sabre comme pour nous dire que s'y trouvent des enjeux plus puissants que ceux d'un duel d'homme à homme. La sécheresse des combats au sabre impliquant parfois une dizaine d'assaillants est symbolique de l'évolution du chambara durant les années 60. Lors des scènes de torture, la violence est suggérée par de brusques coupes ou par l'usage des ombres qui rendent encore plus atroces les souffrances du jeune ronin et confirment que Gosha n'est pas un cinéaste nihiliste mais un moraliste désabusé avec un vrai discours sur la violence. Qui plus est, Gosha démontre déjà un vrai sens du cadre en Scope qui se confirmera par la suite.
Là où un Goyokin sera divertissant, Trois Samourais Hors la Loi annonce déjà par sa vision pessimiste de l'humanité le regard noir sur le monde de Portrait d'un Criminel. Et son désespoir irriguera progressivement tout le chambara de la seconde moitié des années 60. Outre qu'il avait révélé un grand cinéaste, le film fait dès lors date.
Un chef d'oeuvre qui en annonce bien d'autres...
Trois rônins prennent le parti de défendre les droits de paysans écrasés par un despote local. L’objectif : faire baisser les taxes par un seigneur en visite quelques jours plus tard. Malheureusement, les obstacles sont nombreux et le magistrat qui les tyrannise ne semble pas décidé à les laisser faire…
Three Outlaw Samurai, le premier film de Gosha Hideo, est la transposition d’une série télévisuelle très populaire et déjà réalisée par ce dernier pour la toute jeune chaîne Fuji TV. Devenu le premier réalisateur de télévision nippon à s’attaquer au grand écran sans passer par l’assistanat, le futur auteur des chefs-d’œuvre que sont Goyokin, Tenchu ! ou encore Hunter in the Dark signait là une merveille de ken-geki qui allait le révéler comme un des plus grands réalisateurs japonais de l’histoire du chambara.
Tout en faisant lointainement écho au Yojimbo (Le garde du corps) de Kurosawa Akira, Three Outlaw Samurai est parfaitement représentatif de l’œuvre à venir de Gosha Hideo. On y retrouve tous ce qui allait faire la prodigieuse essence de ses futures réalisations : les scènes de sabre magnifiquement chorégraphiées, un sens du cadre inouï, de magnifiques mouvements d’appareils, une direction d’acteurs plus que solide et ce pessimisme teinté d’une certaine mélancolie qui semble toujours le rattraper… En effet, au-delà de ses indéniables qualités techniques, de l’excellente performance de ses acteurs (Immense Tamba Tetsuro) et de sa trame frayée de main de maître, le film est avant tout une réflexion très sombre autour de la condition du samouraï, les rapports figés entre les classes, et l’incapacité des masses enchaînées à prendre leur destin en main. Comme il le fera plus tard dans Tenchu ! notamment, Gosha s’attache aussi à donner sa vision d’un monde où les petits ne cessent de se heurter au Réel sans jamais bénéficier d’une quelconque justice. Naturellement ici ce sont les tenants de la bonne cause qui finissent par l’emporter sur les opprimants mais personne hormis l’imagerie mythologique du samouraï, ne sort véritablement grandi de ce duel manichéen. La misanthropie et le pessimisme qui caractérisent Gosha font effet et le spectateur d’abord subjugué par la qualité de l’objet filmique en tant que spectacle est bien obligé d’en arriver à l’évidence : par le jeu des rapports de force, les vainqueurs du combat qui vient de se livrer avaient déjà perdu avant même que les sabres ne soient dégainés et qu’ait retenti le premier « cham-bara-bara » de la carrière de Gosha Hideo sur grand écran…
Pas de fioritures!!
Un début déjà prometteur pour Gosha. Il fait ses armes sur un scénario de pure exploitation, idéal pour tester, on l'imagine, une direction d'acteurs et quelques figures de style.
L'histoire reprend le concept principal de
Les Sept Samouraïs de Kurosawa: ici il y en a trois et on a également quelques pauvres paysans à sauver de la famine et des massacres gratuits. Ajoutez à cela une princesse et on pense soudain à la
La Forteresse Cachée du même Kurosawa.
Gosha y ajoute son style & quelques beaux combats magnifiquement chorégraphiés (ah cette fin!) et nous obtenons un chouette divertissement. Manquent à l'appel les tourments habituels chez ses personnages, que nous retrouvons dans ses oeuvres suivantes (le proche
Hitokiri le châtiment par exemple), et bien qu'un cahier des charges ait vraisemblablement été imposé, ce film n'en reste pas moins un excellent divertissement chambaresque.
1er film d'Hideo Gocha déjà très prometteur
Pour un 1er film c'est la claque. L'intrique est passionnante et l'on est emporté dès les premières minutes. Les acteurs sont tous impeccables et
Hideo Gosha déborde d'idées dans sa mise en scène ultra nerveuse. En particulier lors des séquences de combats (très graphiques pour certaines). On sent là une terrible envie de s'exprimer qui colle parfaitement à l'histoire. Et puis cette fin à la manière de
Rahan, j'adore.
Un Chambara sans aucun temps mort que je recommande vivement.
Chambara prometteur
Dés les plan d’ouverture, on sait qu’on va passer un bon moment. On suit pendant 3 minutes les pas de Sakon, qui marche dans la boue, avant de découvrir le moulin dans lequel la prise d’otage a lieu. Mine de rien, juste avec cette intro, Gosha fait preuve d’une maitrise visuelle intéressante, qui sera grandement confirmé par la suite. C’est simple, ce mec a un sens du cadre assez hallucinant, ce qui rend les combats spectaculaires et fascinants. Les 3 combats qui restent en tête sont ceux dans la maison close, dans la foret en pleine nuit et bien sûr le combat final, toujours rythmés. C’est très graphique et magnifique, on sent bien l’influence du spaghetti dans le choix des cadres (d’ailleurs qui a influencé qui ?). Le tout baigne dans un N&B très précis.
L’histoire en elle-même reste simple, mais il est intéressant de noter que le traitement est assez noir, teinté d’une certaine mélancolie. Cette époque soit disant pleine d’honneur est dépeinte ici comme un monde désenchanté, dans lequel l’honneur n’est qu’un prétexte a la trahison. Finalement, ce sont les opprimés, les paysans, qui a travers leur acte désespéré montreront le plus d’humanité et d’honneur.
Le trio d’acteur principal est impeccable. Dominés par le très classe Tetsuro Tamba, Isamu Nagato et Mikijiro Hira s’en sortent superbement bien. En peu de mot, mais avec des gestes et des attitudes évocateurs, leurs personnages sont décris de manière précise, chacun ayant sa propre histoire et sa propre motivation. Motivation boostée par la présence importante des femmes, chacun en ayant une a laquelle se raccrocher.
Bref, je vais pas faire long, mais pour un premier film, c’est juste une totale réussite.
Black-blood chambara-movie!
Le premier film d'un maitre des samurai action films. Mise en scéne des combats memorable.
excellent film,qui contient en germe tous les suivants....
bravo! quel film!!
beaucoup de maitrise(notamment du cadre) et un beau sens de la progression dramatique.
ce film est un peu ce qu'était "bob le flambeur" pour melville, c'est a dire un coup d'essai,pas encore abouti totalement,mais terriblement attachant parce qu'il prefigure tout le reste avec en plus un supplément de spontanéité.
attention:c'est pas un film très drole,mais c'ewst une vision recommandée ca c'est sur!
Un bon chambara signé GOSHA Hideo.
Pour un premier film, on peut dire que GOSHA Hideo était décidemment bien parti. Le réalisateur regroupe pour ce film les trois formidables acteurs : TAMBA Tetsuro, NAGATO Isamu et HIRA Mikijiro !
Ces trois personnages forment les "Three Outlaw Samurai" qui s'associent, presque par hasard, pour aider les pauvres paysans malmenés par leur chef. On retrouve donc dans cette histoire de nombreux éléments communs aux "Zatoichi" avec KATSU Shintaro.
Les trois personnages féminins qui accompagnent ces samourais influencent beaucoup leurs actions et finalement leurs destins, à l'image de nombreux chambaras de KUROSAWA Akira. La morale de la fin m'a fait aussi beaucoup pensé aux films de ce dernier.
"Three Outlaw Samurai" est un film à voir ; et si l'on est fan du genre il est à voir absolument ! :)
La loi du plus fort
Pour ceux qui auraient eu l'occasion de voir le hongkongais Le trio magnifique de Chang Cheh édité par Wild Side, l'histoire de rônins prenant partie pour les paysans ayant enlevé la fille d'un administrateur n'est pas inconnue; pour cause : il s'agissait d'un remake des Trois samourais…Premier film, Hideo Gosha s'inspire de sa propre série télévisuelle à succès pour signer la transposition sur grand écran. S'inspirant du modèle du samouraï mercenaire popularisé depuis Le Garde du Corps par Kurosawa en 1962, il profite du cadre du film de divertissement populaire pour surfer sur la vague de chambaras (films de sabre) contestataires. Alors que les films historiques avaient essentiellement servi à des récits de courageux samouraïs, la tendance s'inverse au cours des années '60s. Des réalisateurs dépeignent les difficiles conditions de vie et les forts clivages sociaux régnant entre Seigneurs, les samouraïs et le reste du peuple. Ainsi, le rapt de la fille de l'administrateur est la dernière solution des pauvres paysans n'ayant plus rien à perdre. La figure des rônins répond à la massive vague de samouraïs "licenciés" au cours du XIXe siècle en plein règne de paix. Ayant servi leurs Seigneurs, ils sont particulièrement sensibles aux malheurs du "petit peuple", luttant eux-mêmes pour leur survie. Profitant d'une surprenante et audacieuse maîtrise visuelle pour un premier film, le réalisateur aborde de sérieuses issues sociopolitiques sous couvert d'un film de divertissement et d'exploitation. Passionnant!
Le premier film de Gosha Hideo, et déjà, une réussite.
Un de mes jidai-geki préférés. Il y a tous les ingrédients du bon film : scénario des plus efficaces (il ne faut pas plus de 5 minutes pour se rendre compte qu'on va passer un bon moment), faisant par ailleurs penser à du Kurosawa pour la touche humaniste ; personnages charismatiques (et bien interprétés), capables d'actes les plus braves (sacrifice) ou tout l'inverse (traîtrise) ; place de la Femme non négligeable ; combats violents et intenses, scènes de torture ou de mises à mort (le film est globalement plus rythmé qu'un chambara classique à la "Samuraï Rebellion", où toute la haine du personnage principal est contenue sur deux heures avant d'éclater, mais cela n'empêche pas le final d'être de qualité et répondant à ce qu'on espérer d'un film de ce genre) ; et enfin, Gosha Hideo aux commandes (pour son premier film !), qui offre une réalisation de qualité. Bref, faut vraiment être difficile pour reprocher quelque chose à un premier film aussi maîtrisé que celui-ci.
Touffu !
Il y a plein de choses dans ce film, et ce sont de bonnes choses : si on y trouve comme chez Kurosawa du social, de très belles images, et trois samouraïs aussi différenciés que dans le clan des sept, on y voit aussi des combats qui ne vous culpabilisent pas même si on ne connaît rien au théâtre japonais, et des femmes avec autant d'épaisseur et de contradictions que les personnages masculins.
Peut-être justement parce que le film est touffu, le montage me paraît inégal. Non qu'il y ait des longueurs ou que l'intérêt faiblisse, mais les transitions (certains dialogues, les arrivées de personnages, les amorces de rebondissements) sont un peu négligées (tantôt conventionnelles et tantôt trop abruptes).