Retour vers le remake
A première vue, on pourrait croire ce film coréen original par son thème - le voyage dans le temps- et l’affrontement des 2 mondes que sont le moyen-âge et l’ère moderne. Ce serait oublier que Heaven’s Soldiers est un remake de l’excellent film japonais Les Guerriers de l'apocalypse avec Sonny Chiba (1979), et qu’il n’en soutient malheureusement jamais la comparaison. Avec l'interprétation catastrophique d'une pauvre GONG Hyo-jin complètement à côté de la plaque, un ton très désinvolte qui annihile toute idée de surprise de la part de personnages semblant considérer qu'il est ma foi bien normal de se retrouver à une époque révolue à la faveur d’une comète, ou encore une lourde démonstration scénaristique qui rassemble artificiellement coréens du Nord et du Sud dans une même aventure, le film de Min Jun-Gi ennuie et déçoit rapidement. Seul le cas de Lee Sunshin, futur grand général qui s’ignore, retient l’attention et fait méditer sur la destinée de l’être humain - mais c'est peu…
Caricatural
Ou quand le cinéma coréen veut rivaliser avec celui des USA... Lorsque la caricature est volontaire comme c'était le cas avec
Arahan, on pouvait trouver la parodie drôle. Mais ici, l'humour est bien involontaire. Pourtant les meilleurs moments du films sont peut-être les scènes qui montrent le nationalisme coréen, tout aussi primaire dans sa description que son équivalent américain, à titre d'exemple cette réplique "la Corée pourrait être le seul pays à pouvoir lancer une attaque nucléaire péventive contre les Etats-Unis." Alors même si cela ne concerne que les 10 premières minutes du film, il y a là de quoi se réjouir. Quant à l'histoire, le plus simple est de dire que les personnages sont trop baclés pour pouvoir intéresser le spectateur. La pseudo opposition nord-sud n'est ici qu'un alibi et rien n'est fait pour surmonter les clichés habituels. On est donc à l'opposé d'un film comme
Welcome to Dongmakgol. Un film assez fade donc, qu'une vision au second degré rachète partiellement.
Plaisir coupable
Autour d’un cahier des charges une nouvelle fois pro-coréen à mort, MIN Jun-Gi brode un divertissement pour demeurés assez jouissif au demeurant. Le mélange des genres potentiellement forts que sont paradoxe temporel, humour à la Les visiteurs et boucherie médiévalo-gunfightesque détonne. Quelques seconds couteaux ont des gueules mémorables, la mise en scène est gentiment efficace, voire plutôt bonne pour les quelques scènes de bataille furieuses, et le soundtrack est, une fois est coutume, pompier, surtout pour la très mauvaise fin et ses envolées lyriques franchement mammouthesques. Drapeau coréen et final aberrant sont donc dans un menu-formule "tout compris". Désoléééééé, on ne fait pas dans le détail.
Quelques scènes nous font pourtant apprécier la chose: celle bien fun où des autochtones médiévaux découvrent une grenade puis s’amusent à enlever, remettre (enlever, remettre) une goupille sous les yeux effarés de prisonniers du futur, les nombreux passages où le cabotinage de PARK Joong-Hoon fait des ravages avec sa tronche hilarante nous rappelant avec bonheur les mimiques décalées de John Belushi (mimiques auxquelles Sur la trace du serpent devait d'ailleurs beaucoup), enfin et surtout LA scène de ouf, celle où un gros bill nord-coréen annonce calmement, une hache à la main : « bouge pas, je m’en occupe et je reviens » à une jeune demoiselle, avant d'aller se fritter à lui tout seul une bonne vingtaine de gusses armés jusqu’aux dents.
Le bilan de ce "Heaven's Soldiers" reste mitigé à cause d’un message malsain beaucoup trop présent derrière du divertissement, répètons-le, foncièrement bon au demeurant. "Corée Nord et Sud, tous ensemble!! On est potes, ouais!!... Contre le reste du monde!! 'culés d'reste du monde!!..." Mouais... Ca c'est dommage, et même dangereux puisque participe à la vague massive d'embrigadement cinéphilique coréenne. La nation et la vengeance sont les deux moteurs habituels du film bourrin lambda. C'est comme ça mon bon môssieur...
La grâce divine lui est passée à coté, dommage
Le concept, à la base, paraissait bien étrange, et ne rassure pas au premier abord. Faire revenir des soldats plus de 300 ans en arrière avec tout leur arsenal dernier cri contre une bande de chinois avec au mieux des arbalètes est plutôt osé. Enfin on peut tout de même féliciter l'initiative ; c'est assez culotté et le scénario en général tient plutôt bien la route. On remarque que les relation entre les soldats des deux Corée ne sont pas exagérées, et que le soldat nord-coréen un peu trop naïf apporte une touche comique au film. Il est également agréable de sentir que les personnages sont bien dedans ; spécialement Kim Seung-Wu et Park Joong-Hoon, toujours très crédibles dans leurs rôles. Par contre il est dommage de constater que la présence de Kong Hyo-Jin n'est visiblement faite que pour assurer le quota de présence féminine, avec un rôle qui aurait nettement pu convenir à un homme, moyennant quelques légères retouches sur le scénario.
Cependant, malgré tous les bons points qu'il ai à concéder au film, il manque quelques choses ; la petite étincelle qui permet de finir sur une sentiment de satisfaction nécessaire à un bon sommeil. Ou peut-être qu'il y a quelque chose en trop ; sans doute le fait de vouloir insérer dans l'histoire un personnage réel afin que le spectateur coréen moyen se sente plus fort après que le film ai ravivé sont cher sentiment patriotique, reconnaissant que la Corée a su pendant un temps repousser ses agresseurs sans qu'on lui vienne en aide. Il y a aussi l'envie de toujours rajouter une couche de « pour la réunification », comme si les nord-coréens allaient regarder le film et en être profondément touchés. Et techniquement parlant, les musiques commencent à être un peu trop poussives (j'accorde que ce n'est pas la première fois mais il y a un moment où le vase est plein). Dans le même genre de film, en moins patriotique mais racontant une événement historique de manière comique, Hwangsanbeol est bien meilleur ; d'ailleurs pour le patriotisme, on repassera, le film parlant en effet d'un conflit intérieur coréen (Baekche contre Shilla).
Bref une bonne idée, pas mal de culot, mais qui pompe mal dans le patriotisme. Bonne interprétation tout de même et également des combats bien orchestrés.
24 septembre 2005
par
Elise