Témoignage : la France et le ciné HK en 1974

En sortant tout un tas de vieux magazines ciné jaunis d'un carton usé provenant de la cave d'une ancestrale et vénérable association orléanaise, l'on me dit : "On va jeter ces vieux trucs. Si ça te dit de..." Arghl ! Et comment ! Comme ma vieille mule Sara, paix à son âme et coucou à Don Siegel, ne pouvait pas tout porter, je me dus de faire un choix cruel. Je repartis avec une vingtaine de magazines seulement (ainsi qu'un exemplaire du Necronomicon et un autre du Canon du tournesol mais chut). Parmi ceux-là, celui-ci, le n°281 de la Revue du cinéma image et son de février 1974 et son dossier signé Daniel Sauvaget consacré au ciné HK . Pourquoi en causer ? Pourquoi en causer maintenant ? Parce que King Hu, qui n'y est pourtant pas mentionné. Ce mois de février 2012, la cinémathèque de Paris va consacrer une rétrospective au réalisateur de L'hirondelle d'or. En France, des chanceux découvrirent le maître en même temps que son chef d'oeuvre A Touch Of Zen, en même temps qu'un genre à part entière : le Wu Xia Pian, au Festival de Cannes en 1975. Cela fit beaucoup d'un coup ! Cf. le n° 169 de Positif, très largement vanté dans le dernier numéro en date. L'oeuvre en repartit avec le prix de la commission technique, laissant toute une tribu de cinéphiles encore chancelante, sous le choc, ingurgitant difficilement la révélation, en son temps aussi puissante que celle d'un Zu, les guerriers de la montagne magique ou autre The Killer. Comme le dit Christophe Gans dans un récent entretien disponible sur la toile : avant qu'il ne participe activement à la démocratisation du ciné HK en France, soit avant l'heure du grand partage, voir ou disposer de ce type de film rare revenait à posséder un trésor que d'aucuns souhaitaient garder pour eux comme Gollum son anneau unique.

Bref : c'était comment, avant 1975 ? Dans le sillage de la révélation Bruce Lee, le Kung Fu fit grave la nique aux bobines d'exploitation italiennes et... mais j'arrête là de blablater puisque pratiquement tout m'est tombé dans les mains et les yeux sans que j'ai à partir, tel Indiana Jones, en quête de l'arche des péloches perdues. Place à un article daté de 1974.

Vous trouverez ci-dessous les scans des pages concernées. Plus pertinents qu'une (laborieuse) réécriture du texte proprement dit, ils laissent transparaître une ambiance toute particulière ainsi que quelques illustrations pour le moins plaisantes. Appréciez le sérieux - et la rigueur - d'un texte qui pas une fois ne se moque des retitrages français des films HK, pourtant aussi consternants qu'hilarants. En route, doc ! 

Made in Hong Kong !


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Avant de partager ce témoignage d'époque très bien documenté, j'avais demandé l'autorisation au principal intéressé, soit Daniel Sauvaget. Voici sa réponse : 

En effet, c'est bien le même Daniel Sauvaget qui était critique de cinéma et qui sera ensuite un des collaborateurs du site Acrimed.

Sans entrer dans les détails, j'ai collaboré régulièrement aux revues Revue du cinéma/Image et Son, puis Le Mensuel du cinéma (en gros 1971-1994), et bien sûr à la Saison cinématographique.

J'ai suivi les sorties de films de kung fu (même les plus mauvais), surtout pour la Saison jusqu'en 1977 ou 78, la Saison ayant en effet pour principe de traiter toutes les sorties en salles (en France). Vous y trouverez, année par année de nombreuses chroniques sur ces films (...)

C'est bien volontiers que je vous autorise à reprendre librement tout ou partie de mon texte. Peut-être devrez-vous faire une patiente relecture afin de rectifier une ou deux fautes ou coquilles d'imprimerie : à l'époque, on fournissait des textes dactylographiés, recomposés à l'imprimerie, corrigés par l'auteur sur épreuves, mais sans correcteur professionnel.
 
Si vous cherchez de la documentation sur l'évolution de ce genre cinématographique, vous pouvez vous adresser (au-delà des spécialistes asiatiques) à Charles Tesson, qui enseigne à l'UFR Cinéma et Audiovisuel de Paris3-Sorbonne nouvelle, et qui étudie avec constance les cinéma d'Extrême-Orient (et du sous-continent indien).

J'ai rencontré aussi à Paris 3 un jeune chercheur qui a fait, ou est en train de faire, une thèse sur les films de Bruce Lee. Je pourrais retrouver son nom (qui m'échappe aujourd'hui) si c'est utile.
 
Bon courage
 
Daniel Sauvaget

"Ce ne sont pas les informations qui nous font défaut.
 Ce qui nous manque, c'est le courage de comprendre ce que nous savons
 et d'en tirer les conséquences" (Sven Lindqvist, 1992)
"

Merci à Daniel Sauvaget pour son autorisation quant à la reprise de ce texte pour Cinemasie

date
  • février 2012
crédits
Histoire