Interview Pang Eun-Jin

Courte interview effectué lors du 12ème Festival International du Film de Pusan, dans laquelle Pang Eun-Jin revient sur sa carrière d'actrice et nous parle de son implication dans le cinéma indépendant en Corée.

Vous avez tourné deux fois avec Kim Ki-Duk. Quelle relation entreteniez-vous avec lui ?

Sur le premier film (Birdcage Inn), il n'y avait qu'une relation réalisateur-actrice mais il y avait une bonne atmosphère sur le tournage. Puis Kim ki-duk m'a dit qu'il écrivait le scénario de l'Ile pour moi. Mais une fois écrit, il a trouvé que qu'une autre actrice, Seo Jeong, correspondait mieux au rôle. Puis j'ai fait Adresse Inconnue, mais le rôle était très difficile, car je sentais que je devais être plus mûre pour le faire. Le tournage allait très vite car tous les acteurs avaient beaucoup d'expérience. Il n'y avait pas beaucoup d'essais avant les prises ; c'est dommage car je pensais pouvoir faire mieux. C'est ce qui est le plus difficile.

Comment revoyez vous votre carrière d'actrice ?


Lors de la retrospective à Paris, Princess Aurora devait être projeté au Publicis. Mais les droits avaient déjà été achetés par un distributeur qui n'a pas accepté de projeter le film en tête d'affiche (le centre culturel coréen a plus tard aidé à projeter le film à l'action christine). Donc 301 302 a été proposé pour remplacer Princess Aurora comme programme principal et j'ai pu le revoir après 12 ans.
Les gens n'ont pas arrêté de dire que j'étais très féminine et intelligente mais c'est très ironique car je n'ai jamais joué que des rôles bizarres comme des femmes battus ou débiles, très loin de ma vraie personnalité.
Retrospectivement, à cause de ces rôles trop éloignés de ma personnalité, je ne peux pas en définir un qui soit celui qui me tienne le plus à coeur. Je souhaiterais par la suite faire un film qui soit vraiment représentatif de ce que je suis, un personnage plus confortable pour le regard des gens.
Maintenant que je suis plus agée et plus mûre, je pense pouvoir jouer des émotions plus complexes. Par exemple, personne ne me propose de rôle de mère ; cela signifie que pour les gens, je ne dégage pas cette image, et c'est handicapant pour une actrice.
À mesure que l'on vieillit, les rôles changent. Mais maintenant que je suis réalisatrice, c'est comme si je m'étais arrêté de grandir et que je ne pouvais plus progresser.

Maintenant que vous êtes réalisatrice, vous allez continuer à jouer ?


Pour le moment, je penche plutôt du coté réalisation (à 51%), mais mon rêve est d'écrire un film que je réaliserais et dans lequel je jouerais. Ce n'est pas mon objectif mais j'aimerais le faire un jour. Je pense que cela arrivera naturellement.
Quand je vois des réalisateurs, je leur demande s'ils ont un rôle que je pourrais jouer, mais ils me répondent toujours que comme je suis réalisatrice, je ne peux pas être actrice. Je pense qu'ils ont peur d'avoir deux réalisateurs sur le tournage.
En France, Matthieu Kassovitz ou Agnes Jaoui sont réalisateurs et interprètes. C'est une pratique assez courante en occident mais en Corée, ce n'est pas encore banalisé. Donc finalement je joue plutôt dans des films indépendants de réalisateurs que je connais.

Comment êtes vous impliquée dans le cinéma indépendant ?


Le premier film indépendant sur lequel j'ai travaillé, en tant qu'assistante réalisateur, c'était Wooden Closet (24 min), puis j'ai continué à travaillé dans le cinéma indépendant (actrice, documentaliste). Mon dernier film, Puff The Rice, je l'ai réalisé dans mon université, quand j'étais encore étudiante.
Je veux continuer à faire du cinéma indépendant. Mais la distribution de films indépendants est difficile en Corée, donc je pense continuer à travailler sur les deux tableaux (indépendant et commercial). Dans le cinéma indépendant, on a de la marge dans l'écriture et la réalisation, alors que dans le commercial, il y a beaucoup plus de restriction. Donc je dois continuer à travailler dans les deux domaines.

Les acteurs du cinéma indépendant sont beaucoup plus actifs dans la distribution de leur film et leur énergie est une bonne chose pour le secteur indépendant. En Corée, on a la possibilité d'améliorer le niveau du cinéma indépendant et le maintenir car il y a beaucoup d'informations sur les films des autres continents et il y a beaucoup de réalisateurs et distributeurs de films indépendants en Corée.

Comment voyez-vous la situation des femmes réalisatrices en Corée ?


En Corée, il y a de nombreuses réalisatrices, mais leurs films sont moins populaires. Peut-être que les gens pensent que les femmes préfèrent les choses plus romantiques, plus féminines, donc les distributeurs les acceptent moins facilement.
Deux réalisatrices, Seong Ji-Hye et Kim Hee-Jeong ont eu beaucoup de succès à l'étranger, mais très peu en Corée. Beaucoup de femmes ont réalisé des films, mais à cause des problèmes de distribution, ils étaient réalisés avec des petits budgets et n'étaient projeté que dans quelques salles en Corée. Finalement, il n'y a certes pas beaucoup de réalisatrices en Corée, mais il y en a plus que ce que les gens pensent.

Que pensez vous de la rétrospective de vos films à Paris ?


Cette rétrospective a été organisée dans le cadre du "Festival où tout est féminin" ; si je n'avais été que réalisatrice, je n'aurais pas été choisie, mais j'ai également de l'expérience en tant qu'actrice. C'était évidemment un grand honneur d'être sélectionnée. Je suis heureuse que mes films aient été projetés en France, où les gens aiment les autres cultures.

Est-ce que ça vous pousse en avant ?


Rencontrer des acteurs et réalisateurs étrangers aide à progresser. Je veux faire des films qui plaisent en Corée, mais je souhaiterais qu'ils soient également acceptés dans le monde entier, qu'ils puissent toucher tout le monde. Quand je vais dans les festivals, je vois beaucoup de spectateurs regarder des films étrangers, donc cela me pousse à améliorer le niveau de mes films.


Un grand merci à Kim Jyoung-Hyun pour m'avoir aidé à sauver cette interview du placard.
date
  • septembre 2008
crédits
  • interviewer
  • Elise
  • traduction
  • Kim Jyoung-Hyun
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