Manga (ex. Manga Design)

Info sur l'article

Type Livre
Editeur Taschen
Date de Sortie 30/06/2004
Prix constaté 30€
Plus d'info Présenté en 4 langues (japonais, allemand, français, anglais), une "encyclopédie" choisie sur des auteurs manga, avec petit article sur chacun et quelques planches.

Notre Avis

MANGA POUR POLYGLOTTES

Après deux livres franco-français traitant du manga c’est à un éditeur allemand que nous devons un troisième ouvrage à l’iconographie plus ambitieuse et destiné au marché international puisque proposé en version multilingue. Manga, des éditions Taschen, a tout pour intéresser aussi bien l’amateur éclairé que le néophyte. Promesses tenues ?

Les éditions Taschen ont acquis une certaine réputation auprès des amateurs d’art et de graphisme en proposant des ouvrages soignés pour un prix abordable et c’est donc avec confiance qu’était attendu la sortie de Manga (anciennement titré Manga Design). Au programme 135 mangaka abordés - on vous fait grâce de la liste complète - avec iconographie de circonstance, texte en japonais, allemand, anglais et français, prés de 570 pages, un DVD proposant trois interview d’auteurs ainsi que des petits reportages sur des magasins de manga au Japon et une section présentant pas moins de 900 couvertures de mangas... La feuille de route a de quoi faire saliver, d’autant qu’on remarque un équilibre entre auteurs anciens, classiques, jeunes, shonen, shojo, seinen, gekiga... Un panorama intéressant à défaut d’exhaustif (ce n’est pas l’encyclopédie Universalis).

Si pour un peu moins de 30 euros « la bête » est définitivement intéressante, de grossières erreurs et imprécisions viennent sensiblement entacher le plaisir de lecture. En vrac : images de planches attribuées aux mauvais auteurs, images de couvertures se trouvant également à la mauvaise page, pas de légendes claires permettant de rattacher les visuels à un titre particulier, fautes de retranscription dans certains noms japonais, grossières fautes de français pour le texte qui nous est destiné, difficultés à retrouver facilement un auteur en particulier car l’ordre alphabétique retenu suit l’alphabet japonais... Trop de défauts évidents qui ne risquent pas de passer inaperçus des amateurs pointilleux comme des amateurs tout court.

Un ouvrage entaché (Taschen, taché, entaché, rapport à l'éditeur... humour de maître sanskrit quoi...)

Sans rentrer dans l’énumération complète voici quelques uns des défauts les plus criants relevés en cours de lecture. Pour les images : mauvaises planches attribuées à SHIROW Masamune (page 279), pas de visuels de couvertures pour TADA Yumi (page 318), Une couverture de TERADA Katsuya dans la rubrique consacrée à TOME Kei (page 364), TORIYAMA Akira se retrouve avec une couverture de Trigun (page 372), NIGHTOW Yasuhiro (Trigun) n’a droit à aucune de ses planches en guise d’iconographie (pages 374 à 376), mais à celles de KANEKO Atsushi présentes également en page 176, HOSHINO Yukinobu (Le trou Bleu, mais surtout quelques autres titres incontournables inédits en France - mais on causera un de ces jours sur le site - de ce maître de la SF Gekiga style A.C Clarke) n’a pas droit à des visuels de ses couvertures (page 452)... On le constate, ce ne sont pas là de petites fautes d’inattention et leur répétition tend au contraire à pencher pour des défauts « structurels » de l’ouvrage. Une finition « à la va vite » quoi...

Ce qu’atteste également la faiblesse rédactionnelle et informationnelle de la partie textuelle : les renseignements proposés dans les fiches auteurs ne se révèlent généralement pas plus abondants que ce bon vieux Google et la traduction en français à peine plus efficiente que ce moins bon vieux Babelfish (« héros » systématiquement écrit « héro »). A noter la façon pour le moins « légère » - si ce n’est complaisante - avec laquelle est abordée le cas KOAYASHI Yoshinori, mangaka ouvertement révisionniste que sa fiche présente comme auteur « poussant à la réflexion »... Taschen avait déjà repoussé de plusieurs mois la sortie de son livre à l'époque mais quelques mois supplémentaires et une relecture attentive n’auraient pas été de trop.

Bénéficiant de l’expertise reconnue de Masanao Amanao (ancien rédacteur en chef du magazine japonais Comickers), Manga a de quoi décevoir au regard des espoirs suscités. L’ouvrage n’est pas aussi indispensable qu’on l’attendait mais reste tout de même relativement séduisant en raison de son rapport quantité/quantité surtout/prix et de son DVD sous-titré anglais proposant, notamment, une intéressante interview du génial URASAWA Naoki (Monster, 20th Century Boys). A vous de voir.

Astec
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