Sujet assez commun mais interprétation hors-normes 
Des histoires d'adultère, en Corée, on les ramasse à la pelle. Pas autant que les petites romances basiques qui se faufilent partout, mais tout de même assez visibles dans la programmation en général. C'est d'autant plus intéressant que par rapport aux romances, leurs sujets sont en général plus matures, bien que les films ne soient pas tous bons. On trouve également une grande diversité de scénarios, bien qu'ici, on ne se voit pas réllement s'impliquer dans le récit. On y trouvera tout de même un point qui ressort bien de la confrontation entre ces deux femmes : l'une est dans un esprit très mariage, s'épanouissant au travers d'une relation conjugale, cherchant plutôt à être heureuse avec quelqu'un et fonder quelque chose de durable, alors que la deuxième est complètement indépendante et évite absolument de se prendre la tête avec des problèmes de coeur, même si évidemment, ça l'atteint dans une certaine mesure. Les deux actrices jouent très bien, particulièrement Lee Mi-Yeon qui crève l'écran. Mise en scène également inspirée, et bonne musique assez entraînante. Ce film se veut tout sauf mélodramatique, ce qui est un bon point ; l'atmosphère fraiche et assez comique fait respirer le film. C'est d'ailleurs une constante dans les films sur l'adultère ; alors que les romance sont souvent mélo (même les comédies), les relations d'adultère jouent plutôt sur le cynisme de ces relations et sont plus agréables à regarder. Bref, bon film, et super bonnes actrices.
21 janvier 2008
par
Elise
Plutôt bien joué, mais un background en toc
Love Exposure tient un discours digne de celui que l'on peut trouver dans les sitcoms américains qui pullulent sur nos écrans de télévision à longueur de journée. Le peu prolifique cinéaste Lee Eon-Hee, à qui l'on doit le superbe ...ing (qui même s'il n'évitait pas une certaine forme de misérabilisme, s'avérait touchant grâce au charisme d'une LIM Soo Jung des grands jours), décroche du mélodrame classique pour une chronique de femmes sans intérêt. Deux filles tellement proches qu'elles partagent leur vie sans tabou sont confrontées aux aléas des sentiments : l'une n'en peut plus de son bonhomme qui voit de temps en temps une jeune femme plus jeune qu'elle, l'autre mord la vie à pleine dent sans s'en soucier plus que cela, ce qui a le don d'effrayer sa conjointe en instance de divorce. Pourquoi est-elle effrayée? Sans doute parce que la petite fréquente un homme marié et que, dans cette logique, c'est mal. Quid d'une réflexion sur un tel thème? Un crêpage de chignon le temps d'une séquence faussement larmoyante, point barre. L'indifférence avec laquelle est traité le sujet fait froid dans le dos et les barrières du sitcom américain de base sont franchies sans difficulté : lorsqu'elles n'évoquent pas leur vie sentimentale, les filles discutent fringue et sac à main de luxe. L'une apprend le japonais parce qu'elle est sur le point de se rendre à un concert sur l'archipel, l'autre ne fait pas grand chose si ce n'est de concevoir les préparatifs du divorce avec son mari et de boire du vin parce que parait-il cela freine le vieillissement de la peau. Pas plus digne qu'autre chose, la thématique sur l'adultère est le fil conducteur du film et joue de ses facilités pour pondre des clichés gros comme des trente tonnes. Le traitement des personnages tient aussi du rêve, comme ce coréen adopté par une famille espagnole qui vient faire coucou à la caméra le temps d'une soirée chez les filles (pas un mal au vu de la pauvreté de son jeu) tout comme la jeune fille de vingt-deux ans aussi mignonne que transparente à l'écran une fois ses scènes, deux, bouclées. Le rare potentiel comique du film incarné par le mari de Hee-Su est exploité dans la première demi-heure pour finalement disparaître, comme par lassitude, pour finalement déboucher à la séquence la plus mièvre du film : les retrouvailles entre les deux compères.
Même si on a connu des chroniques de femmes récentes plus intéressantes ailleurs (au pif, Almodovar), Love Exposure avait de quoi séduire sur le papier : deux actrices intéressantes du paysage cinématographique coréen que sont Lee Mi-Yeon et la rare Lee Tae-Ran, jouant de leur côté bon chic bon genre pour être aussi bien détestables que naturelles, éléments destructeurs et dépendants des hommes (même si en instance de divorce, Hee-Su et son mari crèvent d'envie de se revoir), ou deux gamines très gâtées, c'est selon. Elles sont l'attraction du film, mais leur interprétation ne suffit pas à rendre Love Exposure un minimum intéressant. Ce n'est même sans doute pas sa vocation, mais l'absence de signature visuelle comme cette photographie bleutée et très contrastée qui semble être une redite du cinéma "chic" (qui plus est le film est tourné en scope), ces mouvements de caméra trop classiques pour créer la durée ou le suspense (de toute manière aucun intérêt, il n'y en a pas) et cette musique d'ascenseur trop présente ruinent les ambitions du film. Il manquerait plus que le film se passe à Manhattan, et l'on aurait une copie conforme de la chronique féminine d'Hollywood dans toute son horreur. Il n'y a pas non plus de regard de cinéaste, celui qui nous avait pondu un petit bijou du mélodrame quatre ans plus tôt n'est pas de la partie, et c'est justement la force des vrais mélodrames que d'être portés par le regard de son auteur. Ici ce n'est pas le cas, et lorsque le film se termine sur la vision de la vie des deux femmes, on est encore plus consternés par tant de lourdeur naïve. Elles sont jolies et drôles, pourtant Love Exposure est un ratage sur toute la ligne.
