Requiem pour un Rêve sans Lendemain 
1976, un jeune écrivain reçoit le 
prix Akutagawa (sorte de 
Goncourt Japonais pour les jeunes auteurs) pour un premier roman impressionant ; 
Bleu presque Transparent. Une chronique quasi-autobiographique sur une bande de jeunes entre sexe, drogues et rock'n'roll dans une ville où régne le bruit des avions de chasse (on est en pleine guerre du Viet-nam). Cet auteur s'appelle Ryû Murakami et il devient déjà l'un des écrivains les plus passionnants de la littérature japonaise.
Après son deuxième roman, 
La Guerre commence au-delà de la Mer, une sorte de bad-trip apocalyptique qui annoncera son chef d'oeuvre le plus absolu ; 
Les Bébés de la Consigne Automatique, qui lui-même préfigurera les 
Akira, les 
The Man who Stole the Sun, les 
Watchmen et autres 
Fight Club. Ce roman sort en 1980, la même année, Murakami a des envies de cinéma, à défaut de voir adapter par l'
Art Theatre Guild son 
Coin Locker Babies avec Yusaku Matsuda et Kenji Sawada dans les rôles principaux et Kinji Fukasaku à la réalisation (ce dernier préférera signer 
Virus, une grande réussite, mais surtout un des plus gros échecs commerciaux de l'histoire du cinéma japonais), il décide de signer lui-même l'adaptation de son premier roman choc, co-produit par la 
Toho (propriétaire de l'
ATG) et la toute jeune maison de production 
Kitty Film (qui produira, la même année, le premier film de Masato Harada, 
Goodbye Flickmania, un drame aussi existentialiste que le film de Murakami et qui, surtout, produira toutes les adaptations de Rumiko Takahashi ).
Si l'adaptation édulcore la teneur choc du roman (exit la bisexualité du narrateur et la pornographie des rapports entre les personnages), l'auteur en prévilégie l'existentialisme, donnant au film des airs proches du cinéma de Toshiya Fujita (notamment des films comme 
Wet Sand in August, la Trilogie d'
Eros, 
La Lanterne Rouge, 
Days of No Return et 
So Soft, So Cunning).
Le jeune cinéaste se permet des scènes d'une grande beauté comme la nuit d'amour sous la pluie entre Ryû et son amie Lily, mais aussi des moments étranges, proche du fantastique (notamment la présence d'une séquence animée, proche de 
Yellow Submarine et du 
The Wall d'Alan Parker).
Un film sombre (la fin n'est pas la plus heureuse du monde, mais pas la plus nihiliste, non plus), mais magnifique. Un petit OFNI qui se doit d'être regarder au moins une fois dans sa vie, mais surtout un métrage indispensable à tous fans de Murakami Ryû et du cinéma existentialiste de Fujita.