L'année commence bien pour le boeuf

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03/03/09 13:56 

Dépêche:
L'année 2009 commence particulièrement bien pour le cinéma coréen indépendant, dans la mesure où un documentaire, Old Partner, aura vu sa côte de popularité augmenter à tel point qu'en un moins, il aura dépassé le million de spectateur. Sortie le 15 janvier, il aura atteint 1,36 millions d'entrées le 20 février (encore en cours d'exploitation). Ce documentaire trainte de la relation entre un vieux fermier et son boeuf sur le point de mourir.

En outre, Scandal Makers continue son petit bonhomme de chemin, et à 8 millions d'entrées après presque 2 mois d'exploitation, ce qui le transporte aisément dans le top 5 des plus gros succès coréens de tous les temps. Enfin, le film d'action du moment, The Scam, s'approche lentement du million après 3 semaines dans les salles, malgré un casting assez alléchant.



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03/03/09 15:51 RE: L'année commence bien pour le boeuf

"Old Partner" aura déclenché le même phénomène que le triomphe de "881" à Singapore: se faire déplacer à nouveau toute une génération de spectateurs, qui avaient délaissé le cinéma jusque-là: la génération des seniors ! 

Dingue, que les producteurs n'y aient pas pensé plus tôt, vu le nombre de seniors dans bon nombre de pays asiatiques et qui avaient encore pu connaître le vrai "âge d'or" du cinéma, quand les projections au milieu des places de village ou dans des salles communes rameutaient les foules...

Les producteurs coréens étant des sacrés filous, je me demande dès à présent, comment ils vont exploiter ce filon...du bon vieux cinéma à papa à resurgir d'outre-tombe...(un peu comme dans la scène musicale française actuelle, quoi...).



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03/03/09 16:53 RE: L'année commence bien pour le boeuf

Nan mais ya pas que les vieux. Pour être en Corée, je peux te dire que j'entends parler très régulièrement du film : à l'école, au boulot, dans le métro, les gens discutent du film, se conseillent d'y aller, alors qu'en gros, ils ont même pas la quarantaine. Alors ok, ya certainement des vieux qui font du nombre, mais faut pas oublier qu'un grand pan de la jeunesse coréenne s'intéresse aussi à autre chose que le dernier blockbuster à la mode. Ya q'à voir la fréquentation des cinéma d'art et d'essai ; quand j'y vais je prends un sacré coup de vieux. Pareil pour les festivals.


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03/03/09 19:51 RE: L'année commence bien pour le boeuf

Oui, le film dispose d'un très bon bouche-à-oreille général.

En fait, ce sont les producteurs du film, qui m'ont raconté l'histoire des petits vieux, après avoir fait des études de leur public cible...Le public plus généraliste ne s'est déplacé que dans un second temps, souvent curieux du bon avis de leurs aînés.



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04/03/09 13:43 RE: L'année commence bien pour le boeuf

Ça semble bien logique.

Bon, tout ça, ça me donnerait presque envie d'aller le voir (car reconnaissons le, le sujet ne m'a absolument pas botté les deux fois où j'aurais eu l'occasion de le voir). J'attendrai la sortie DVD avec les sous-titres anglais. D'ailleurs, petite anecdote sympa : le film est sous-titré en coréen, tellement ce que dit le vieux est incompréhensible même pour les Coréens :)



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04/03/09 19:19 RE: L'année commence bien pour le boeuf

Cela signifie-t-il que la Corée n'a finalement pas besoin de quotas pour attirer des spectateurs dans ses salles et tailler des parts de marché au cinéma US ?


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05/03/09 01:17 RE: L'année commence bien pour le boeuf

En l'occurrence, 2008 a montré la domination du cinéma américain. Il n'y avait pas grand chose pour rivaliser avec, au niveau du cinéma coréen, même deux ou trois films ont très bien marché.

En ce qui concerne Old Partner, on parle de son succès parce que c'est un documentaire, mais le reste de la production indépendante fait très pâle figure.



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06/03/09 08:10 RE: L'année commence bien pour le boeuf

Tiens ma news n'était plus très à jour. J'ai appris aujour'hui que Old Partner a dépassé les 2,5 millions d'entrées et chatouillerait même les 3 millions. Impressionnant pour un documentaire.


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06/03/09 10:05 RE: L'année commence bien pour le boeuf

QUOTE:
 
"Cela signifie-t-il que la Corée n'a finalement pas besoin de quotas pour attirer des spectateurs dans ses salles et tailler des parts de marché au cinéma US ?"
 
T'es pas sérieux là ?!! ; p Pendant que Deauville fête l'avènement du cinéma coréen, al réalité est toute autre. Depuis l'abolition de ces fameux quotas, le cinéma coréen s'est totalement effondré – pas qu'à cause de l'abolition des quotas d'ailleurs, mais à cause de multiples autres raisons détaillées ci-dessous.
 
Pour faire plus parlant, s'il y a encore deux / trois ans, plus de 100 films étaient produits, on en est tombé à une 40aine en 2008 !! Certes, il y a eu plus de sorties (près d'une centaine), mais la plupart étaient des films TOURNES en 2007 (encore une "bonne année", bien que déjà très largement en retrait par rapport à 2006) et ANTERIEURS, comme des films comme "Sak-kwa" mis au placard pour d'obscures raisons depuis…2005 (alors que j'avais pu le voir au festival de Hong Kong en 2006)…Ce sera le même cas de figure pour "Viva ! Love", invisible depuis son unique projection à cannes…et si les affaires de son producteur ne s'arrangent pas (Studio 2.0, heureux DISTRIBUTEUR de "Rough Cut", mais dont les membres de la direction semblent s'être volatilisés avec la caisse depuis le début de l'année et qui a dû arrêter des tournages sur le point de commencer en raison de l'effondrement du won), le film pourrait même sombrer dans un oubli total.
 



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06/03/09 10:05 RE: L'année commence bien pour le boeuf

Bref, keski s'est passé en gros ces dernières années ? L'abolition des quotas américains, c'est sûr, mais également un profond bouleversement de la société coréenne – autant du côté des spectateurs, que des producteurs et Gilles saura sans doute apporter quelques compléments avec son regard éclairé.
 
Côté spectateurs, il n'y a plus cet élan de pouvoir "jouir de tout", qu'il y a eu suite à la fin du règne dictatorial des années 1980. Oui, cet esprit indépendantiste est allé crescendo au fur et à mesure des années, lorsque les gens se sont enrichis et ont pu dépenser leurs sous dans des salles à s'ouvrir massivement et partout en Corée. Depuis, la société s'est largement stabilisé, il y a eu déjà un quasi renouvellement de génération et dans l'effort économique, les gens sont plus avides à s'enrichir personnellement, qu'à passer leur temps au cinéma. Enrichissement = meilleur équipement audio / TV à la maison, bien que le marché du DVD n'ait jamais réussi à vraiment s'installer en Corée (il est finalement tout petit et – contrairement aux pays occidentaux – ne signifie pas du tout un véritable marché secondaire pour els œuvres cinématographiques !!); pire, la WARNER, l'un des tous derniers mastodontes du marché du DVD sur place, vient d'annoncer la fermeture de son dernier bureau sur place pour ne plus se faire distribuer que par quelques diffuseurs (rares) locaux. Les éditions, souvent sublimes, étaient presqu'une aberration, vu l'investissement pour des telles sorties, mais était l'une des stratégies pour tenter de "faire vendre" en multipliant les bonus, etc du produit.
Non, les coréens préfèrent se fournir par le biais de l'Internet – et de manière de plus en plus illégale avec les nouvelles générations, qui n'ont été élevées qu'à ça et ne voient pas pourquoi ils PAYERAIENT pour voir un film (le même phénomène, qui s'installe actuellement dans les pays occidentaux et que l'industrie néglige totalement à lutter contre – bref, c'est un autre débat).
 
Avant, le cinéma était également un plaisir en COMMUN: les anciennes générations avaient pour habitude de voir des films COLLETIVEMENT et les plus jeunes avaient pris l'habitude de se donner RDV pour aller au cinéma. Si le phénomène existe toujours, on a constaté, qu'une majorité de spectateurs préféraient dorénavant aller SEUL au cinéma, notamment pour laisser libre cours à leurs émotions sans être vus par leurs proches / amis / entourage. Aller seul, ça exige également une discipline plus grande, que de se aire entraîner par la fébrilité d'un groupe.
 
Enfin, le public s'est lassé des formules à répétition du manque d'imagination des producteurs, du manque de qualité évident du gros de la production, fabriqué par des producteurs avides de bénéfices  et préfère investir son argent dans un film hollywoodien où il sait qu'il en aura pour son argent en voyant des "vrais stars" mondiaux et des SFX dignes de ce nom. Seul le ton un peu plus "local", principalement de comédies à l'humour local, peuvent encore se détacher du lot ("Scandal Makers", "200 Pound Beauty", …), en plus des grosses productions forcément attendues et "vendues" au spectateur à coups de grosses campagnes mercantiles dans la tronche ("Good, bad, ugly", "D-War" et le futur film-catastrophe "Haeundae").



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06/03/09 10:06 RE: L'année commence bien pour le boeuf

Côté PRODUCTEURS…ben, on a mal géré son coup.
La "Nouvelle vague" s'est essentiellement créé à cause de l'instauration des quotas (aidant l'industrie locale), de l'Etat (il a injecté une bonne somme d'argent, notamment pour permettre à sa "vitrine coréenne" de briller en extérieur en participant à des Marchés de Films internationaux), de la création du festival de Pusan (magnifiquement géré, permettant d'intégrer le circuit festival professionnel mondial, d'attirer l'attention des professionnels et des critiques et de servir les propres productions locales) et l'assimilation de quelques professionnels des règles essentielles du business international: formater leurs produits à un marché plus international, donc comprendre comment EXPORTER leurs produits pour engranger des meilleurs bénéfices en vendant à l'international, être plus attentif à la DEMANDE du public, recycles des formules à succès, etc, etc, etc.
On peut également dire, qu'ils ont eu les couilles de miser sur des nouveaux talents – nombreux à émerger et plein de rage pour avoir grandi sous le régime dictatorial; d'où des productions de "qualité". D'ailleurs, sur ce point, il n'y a plus ce même élan artistique à notre époque: d'un côté, les jeunes n'ont plus autant d'opportunités à s'exprimer dans une machine cinématographique bien rôdée; souvent, ils préfèrent engranger des gros bénéfices en se soumettant à la volonté de leurs producteurs pour cibles le succès, plutôt que d'oser présenter une vraie vision artistique et puis, il n'y a plus cette même "rage" revendicative à faire bouger le système. C'est pépère, tout roule, on se la coule douce.
 
Côté producteurs, en acquérant les connaissances nécessaires à faire tourner les machines, on a petit à petit "industrialisé" l'Art du Cinéma en recyclant les formules à succès, en commençant à rogner à l'un ou l'autre poste pour que rien ne dépasse, à forger les produits à un marché international (je pense notamment à des dizaines de produits "prêts à consommer" du type "April Snow" pour le marché japonais). Tout est allé très vite, la machine s'est emballée, on a produit à la chaîne – dans un premier temps pour profiter des quotas, puis pour faire toujours mieux que son concurrent. Les budgets se sont emballés pour toujours faire mieux, mieux payer les acteurs, créer des SFX plus spectaculaires, etc…avec le résultat évident de saturer le marché, saturer le public et de ne plus du tout rentabiliser leurs produits.
 
D'un autre côté, des petits producteurs plus indépendantistes, qui ont parfois su produire des résultats intéressants, mais y ont laissé leur chemise, ont été remplacés par des nouveaux producteurs friqués, c'est-à-dire issus de la télé (pour imposer les vedettes du petit écran et profiter des équipes techniques déjà en place dans le milieu du petit écran, depuis le cadreur et / ou le réalisateur peu habitué aux formats plus grands, donc donnant des mises en scène plan-plan jusqu'au scénariste écrivant des scénarii soapy à la chaine) et surtout l'industrie MUSICALE pour faire de films ciné de gros spots publicitaires pour leurs artistes et disques (les hongkongais et japonais sont très forts aussi en la matière). Le film "Attack of the pinboys" n'est rien d'autre qu'un énorme spot publicitaire sans aucun intérêt.
 
Bonjour la créativité artistique.
 
Et on en est là. Les quotas abolis, les gens montrent quand même la préférence pour un ciné plus ricain; la grosse machinerie enrouillée ne laisse plus de place aux paris osés artistiques; les petits producteurs ont quasiment disparu au profit de grosses maisons de prods, elles aussi exsangues pour avoir accumulé les pertes sur leurs produits passés. Le renouvellement d'une nouvelle génération talentueuse de réalisateurs tarde à venir, même s'il y a de l'espoir par-ci, par-là.
 
Parmi les mauvaises nouvelles, le marché exportateur s'est bien effondré aussi en partie pour des raisons politiques (la marché japonais était fleurissant, jusqu'à ce que l'industrie nipponne avec la complicité de l'Etat aient organisé une véritable campagne dénégatrice des prods coréennes) et bien évidemment qualitatives (des produits, même formatés, pas forcément ADAPTES à la demande des producteurs mondiaux).
 
Et puis il y a la crise actuelle, avec la forte dévaluation du won, qui a mis un terme précoce à des très nombreux tournages et autres projets en cours en attendant des jours meilleurs…
 
Le bon côté des choses, c'est que l'industrie doit FORCEMENT chercher à se renouveler – et le spectre des GROS profits des dernières années va motives plus d'un producteur à chercher des nouvelles solutions – pour le meilleur et pour le pire.
 
Il y a donc une recrudescence de budgets moyens tout à fait honorables, qui vont chercher à cacher leur manque de finances derrière des histories plus abouties et finement écrites ("Scandal Makers", "Crush & Blush", "Rough Cut"…de qualité relative, on est d'accord); et puis il y a la sempiternelle solution racoleuse du "sexe fait vendre"…et qui FAIT vendre en vue des nombreuses productions du genre à sortir, que ce soit la comédie grossière "Legendary Tale of libido", le mélo "Portrait of a beauty" ou la fresque historique "Frozen Flower"…et ce n'est pas fini malheureusement, vu le succès de ces sorties.
 
En revanche, les jours où les "productions locales" se taillaient la part du lion semblent bel et bien révolus…et n'ont finalement été que très rares, les chiffres ayant été forcément "faussés" par les mega-gros succès des grosses locomotives annuelles ("Frères de sang", "Silmado", "The Host", "D-War", "Good, bad…" pour ne citer que quelques-uns, mais qui ont explosé les records d'entrée année après année)…



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07/03/09 05:34 RE: L'année commence bien pour le boeuf

Rien d'autre à ajouter. Ça mériterait même d'être mieux mois en valeur sur le site. :)


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07/03/09 12:37 RE: L'année commence bien pour le boeuf

Bah oui, carrément, pondez un p'tit dossier sympa à plusieurs plumes & hop  :)





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