Gerardmer 2007: rien pour l'Asie

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05/02/07 18:09 

Je remets la dépêche ici, histoire de papoter un peu de "l'avenir du cinéma fantastique asiatique", mal engagé à ce jour, manifestement.

PALMARES FANTASTIC'ARTS 2007

Grand Prix: Norway of Life (Jens Lien, Norvège)
Prix du Jury : Black Sheep (Jonathan King, Nouvelle Zélande) et Fido (Andrew Currie, Canada), ex-aequo.
Prix de la bande-originale : Fido.
Prix de la Critiques Internationale : Norway of Life.
Prix du Jury jeunes : Norway of Life.
Prix du public : Black Sheep.
Prix Sci-Fi : Norway of Life.
Prix du court-métrage : Echo (Yann Gozian, France).
Prix Inédit Vidéo : Alien Apocalypse (Josh Becker, EU)

« Zen soyons zen » nous dit une Zazie toute stressée dans le métro, à l’opposé d’une Asie en faisant beaucoup trop dans le stress routinier « métro-boulot-dodo ». On a en effet envie de dormir devant cette vieille flaque orientale peinant à convaincre, en témoigne la programmation asiatique du Festival Fantastic’Arts 2007 de Gerardmer, décevante mais assez représentative du ras-le-bol général. Ce cinéma-là se prend royalement les pieds dans un tapis de couleur noir, tissé avec horde de longs cheveux envahissants, ceux de fantômes ne faisant plus peur à personne... à part peut être aux poilophobes? Ces excès et répétitions dans le paysage fantastique entraînent un humour non souhaité, évidemment, mais bel et bien présent à l’écran. Ainsi, le grotesque Sakebi du stagnant (par le bas) Kiyoshi Kurosawa, est une bien jolie perle du genre. Avec ses effets cheaps, un Koji Yakusho dépressif, et ces femmes qui flottent, on a l’impression de se retrouver soudain dans une version japanisante de SOS Fantômes. Yakusho côtoie la prestation de Bill Murray à chaque fois que l’autre gros boulet de fantôme vient squatter chez lui, idem quand on le voit dans la foulée s’affaler sur le fauteuil de son psy pour lui déballer ses délires. A nous alors de nous poiler franchement devant des dialogues assez gratinés, puisque le docteur n’aura pour seule réponse qu’un mémorable: « Vous êtes juste un peu stressé… ». Ben voyons. Le film, au scénario inepte, se termine sur le cri silencieux d’un fantôme. On dirait qu’il bâille… imitant ainsi parfaitement la tronche du spectateur lambda, épuisé par tant de @!#$. Cure et Kairo sont très « phare, oh ouais ! » pour le coup. L’autre film asiatique en compétition, c’est le hong kongais Re-cycle des toujours esthétisants frères Pang. Et si le film, sorte de Silent Hill, a pour lui quelques effets spéciaux gratinés ainsi qu’un soundtrack parfois bien dans le ton, le découpage et la narration restent médiocres, encouragés qu’ils sont par un scénario des plus catastrophiques. L’abus de CGI empêche l’ambiance de s’installer, et bien sûr des cheveux longs traînent partout. Près de l’évier, dans la douche... Non mais vous vous rendez compte ??!! Des cheveux dans la douche ??!! L’angoisse… Pour finir, on nous enfonce à coup de maillet dans les yeux un petit pamphlet contre l’avortement, à moins que ce ne soit qu’un ressort dramatique placé là pour justifier un twist à la mode. Dans les files d’attente, les spectateurs, gavés, se lâchaient carrément: « Y’en a marre des films asiatiques, c’est toujours pareil ! ». Dur de les contredire…

On peine malheureusement à trouver son bonheur tout au long du festival, même les hispaniques Kilometro 31 (Roberto Castaneda, Mexique) et Abandonned (Nacho Cerda, Espagne) déçoivent. Le premier est tout simplement mauvais, ses personnages sont peu crédibles et il ne se passe strictement rien tout au long de cette histoire, bâclée et cousue de fil blanc. Le second est nettement meilleur. Une femme d’une quarantaine d’année part à la recherche de ses origines… L’histoire, particulièrement vacharde, nous réserve quelques rebondissements plutôt appréciables. La photo est superbe et les quelques zombis des plus réussis. Il n’empêche, l’abus d’effets sonores et clippeux nuisent à l’instauration d’un réel climat de terreur. Cette dernière remarque concerne d’ailleurs beaucoup des films présentés cette année : c’est bien joli, mais question frissons, nada. Pour ces deux-là, l’influence de Jaume Balaguero est flagrante (Nacho Cera "serait" son monteur attitré), mais ses coups de speed screetch-scratchants n’étaient pas forcément un exemple à suivre…

LE film qui aura tiré cette édition vers le haut, c’est Black sheep. On a là un film gore poilant, où des moutons-mutants, ex-brouteurs, bouffent maintenant du bouffon paysan tout en bêêêêêlant, cri de ralliement repris par les festivaliers, très emballés. Ensuite, à chaque séance de n’importe quel film, des spectateurs bêlaient, propageant ainsi le mal dans les Vosges… Bref, c’est en effet très bien fait, les acteurs jouent leur rôle sans en faire des tonnes, et, Nouvelle Zélande oblige, on a même un petit clin d’œil au Bad Taste de Peter Jackson. Normal après tout, c’était dans ce film-ci qu’un mouton se faisait exploser au RPG, dans la joie et la bonne humeur. Ici, c’est une autre scène qui est citée, celle toute aussi culte de la victime coupée en deux jetant ridiculement des pommes de pin à son assaillant pour le repousser. Jonathan King va plus loin, cette fois un homme en tout aussi mauvais état jette tout ce qu’il trouve sur un mouton très-très féroce, en l’occurrence un bout de sa propre jambe arrachée… Bref, très décomplexé de partout, « Black sheep » est LA nouvelle bombe du cinéma gore.

Autres films (et pas mal de hors Asie, donc hors sujet total) :

Cry Wolf (Jeff Wadlow, EU): Tout petit slasher, peu violent mais assez bien raconté. Mineur mais doté d’un final assez sympathique. Bon Jovi est dedans. L’acteur hein, pas le chanteur. Comment ça c’est pareil ?? Pee Wee’s big adventure : je n’avais jamais vu ce premier film de Tim Burton. Le retard est désormais rattrapé. Beaucoup de choses futures sont déjà là, des compositions de Danny Elfman aux habituelles moqueries de l’american way of life par son réalisateur (La sciences des rêves, de Michel Gondry, doit beaucoup à l’introduction de ce film). Courts métrages : Judas : Malgré une histoire embrouillée, ce sont la présence de Jean-Pierre Cassel, les images léchées, et les effets spéciaux (Caro-Jeunet’s style), cumulés, qui arrivent à rendre le tout appréciable. Ange : Ambiance « poupées démoniaques » et artisan fou sont au programme de cette incursion honnête dans la porcelaine, en dépit d’une forte impression de déjà vu. Echo : Un joli travail sur l’ambiance et une fin originale dominent le jeu plutôt terne des acteurs. La narration est intéressante. Chair fraîche : Histoire très courte pour fable amusante avec gros troll très chouette dedans. C’est très bien construit, parfaitement rythmé, et très amusant. Un bonheur de concision efficace. Les petits hommes vieux : Un jeune homme est cerné par les vieux. Malgré l’humour noir jubilatoire de ce pitch, ça reste assez convenu. Donc prévisible.

Pas vus, pas pris

Voici quelques « échos des barrières » issus des gens qui causent, dans les files d’attente, des films que je n’ai pas pu voir (mince !). Rapide tour d’horizon :
Rinne (Takashi Shimizu, Japon) : @!#$ et avec des poupées dedans. (The Grudge et son remake ont également été diffusés). Wilderness (Mickael J Basset, GB) : Très attendu, c’est le second film du très bon réalisateur de Deathwatch, ce film hardcore qui se passait dans les tranchées pendant la première guerre mondiale. L’ambiance craspec et Andy Serkis étaient alors au menu, et le film impressionnait sacrément. Wilderness a fait la clôture du festival… pas d’avis dispo, malheureusement. Fido : Sympathique. Mais l’histoire, excroissance du zombi domestiqué (Bub) du Jour des morts-vivants, ne m’attire pas plus que ça. Norway of life : Avis partagés. Si tous s’accordent pour dire que le film est lent, certains l’ont trouvé réellement fascinant, d’autres trop lourd dans sa métaphore de l’individualisme. Je suis un peu vénère de l'avoir raté çui-là! MPD Psycho (les 6 épisodes) & The Great Yokai War : The Great Yokai War passerait comme un lettre à la poste. Il paraît. MPD : pas d’avis. Massacre à la tronçonneuse, le commencement : Pas mal du tout dans le genre. Sisters : Le remake du Brian De Palma serait une "grosse daube mal branlée". The Wig : Pas d’échos. The return (Asif Kapadia, EU) : Très nul. Kaw / The woods / Blood trails : Barrières muettes. FrostBite: Z sympathique. Alien Apocalypse : Dernière @!#$ en date avec Bruce Campbell. Les barrières disent que c’est un nanar amusant, mais un nanar quand même...



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05/02/07 20:22 RE: Gerardmer 2007: rien pour l'Asie

The Great Yokai War, très décevant car vraiment mal écrit (un des rares scénarii de Miike) et trop lourd avec son visuel a 70% en fond vert pour exploiter le numérique. MPD Psycho, je n'ai vu que les deux épisodes, et je doute que ça a bouleversé Gerardmer. The Wig, sympathique mais loin d'être digne d'une présentation festivaliere. Le problème de Gerardmer, c'est que ça n'a plus la saveur d'Avoriaz, où bons nombres de classiques du film d'épouvante se voyaient récompensés. La sélection depuis quelques années est donc assez moyenne, la faute à un véritable choix...


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09/02/07 23:06 RE: Gerardmer 2007: rien pour l'Asie

Le temps jugera, qq très bons films sont quand même déjà passés à Gerardmer (L'échine du diable, Fragile...) et le culte débarquera plus tard. Mais c'est vrai qu'Avoriaz reste clairement mythique. Les retrospectives diverses jouent en la faveur d'un certain ciné d'horreur asiat passé (l'étrange festival...) mais les bons Nakata + Kurosawa ne sont guère relayés je trouve. Même si "2 soeurs" (corée) et "Horror Hotline big head monster" (hk), et même "the eye" des frères boum ont plutôt bien joué les prolongations :)


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