Deauville 2002


PRESENTATION

Le Festival du film Asiatique de Deauville reste une des manifestations les plus intéressantes en France en matière de cinéma d’extrême orient. Déjà la 4ième édition et une programmation, aussi variée que l’année dernière, qui se cantonne pas au cinéma Hong-kongais et Japonais (le plus populaire pour le public hexagonal) mais ose montrer des films Coréens (de plus en plus présent dans les festivals) mais aussi en provenance de pays plus discret mais qui sont bel et bien là : La Malaisie, Singapour, L’Inde mais encore les Philippines. On ne peut qu’apprécier une telle ouverture d’esprit d’autant plus qu’au lieu de se « fermer » style festivals « Jet-Set », ici les projections sont ouvertes au public, alors n’hésitez pas, Deauville vous ouvre les bras ! Avouez qu’avec une présentation pareille, c’est tentant non ? Et maintenant un petit aperçu de cette sélection plus que prometteuse.

LES HOMMAGES

SHIN Sang-Ok

Réalisateur Coréen à qui l’ont doit prés de 70 films dans une carrière plus que prolifique allant de 1952 à 1995. Ca force le respect et c’est la deuxième fois que le festival lui rend hommage avec la projection de trois de ses films. Attendez-vous à du film historique et du complot politique, le tout en couleur et en noir et blanc. Je vous pousse à vous rendre sur la page suivante pour plus d’informations sur ce cinéaste mais aussi pour lire une passionnante et longue interview, que demande le peuple ?

Phantom Queen Phantom Queen (Corée, 1967)
Eunuch (Corée, 1968)
Vanished (Corée, 1994)

Johnnie TO Kei-Fung

On le présente plus notre cher Johnnie TO Kei-Fung, cinéaste / producteur à la tête de la Milkyway Production. Responsable de films de genre souvent novateurs, je vous invite à lire une complète présentation suivie d’une biographie de l’artiste mais aussi de parcourir les critiques des films présentés à Deauville.

Life Line (Hong Kong, 1997)
Running Out of Time (Hong Kong, 1999)
Help !!!
(Hong Kong, 2000)
Full Time Killer
(Hong Kong, 2001)

KUROSAWA Akira

Kagemusha (Japon, 1980)

Attention évènement ! Kagemusha Je cite :

« La version présentée est la version sortie au Japon en avril 1980. F. Coppola et G. Lucas, producteurs exécutifs de la version internationale, avaient fait amputer le film de trente cinq minutes pour ne pas effrayer le public occidental avec un film parlant japonais de trois heures. Deauville accueille ainsi la première sortie hors Japon de la version originale du film souhaitée par Kurosawa.»

Entre nous, c’est le plus cadeau que le Festival pouvait nous faire et je remercie le programmateur pour ce coup de maître ! Préparez-vous à un spectacle tout simplement grandiose signé par le maître.

On le présente plus notre cher Johnnie TO Kei-Fung, cinéaste / producteur à la tête de la Milkyway Production. Responsable de films de genre souvent novateurs, je vous invite à lire une complète présentation suivie d’une biographie de l’artiste mais aussi de parcourir les critiques des films présentés à Deauville.

Life Line (Hong Kong, 1997)
Running Out of Time (Hong Kong, 1999)
Help !!!
(Hong Kong, 2000)
Full Time Killer
(Hong Kong, 2001)

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Films en compétition / Le Panorama / La Section Vidéo

Voici donc toute la programmation de cette 4ième édition, cliquez sur les fiches pour les critiques et des informations détaillées.

Fathers (Chine, 2001)

Failan (Corée, 2001)

Peony Pavilion (Hong Kong, 2001)

Whispering Sands (Indonésie, 2001)

Travail (Japon, 2001)

Deathrow (Philippines, 2000)

The Rule of The Game (Taiwan, 2001)

The Man Who Watched Too Much (Corée, 2000)

A Small Miracle (Hong Kong, 2000)

Gips (Japon, 2000)

Tokyo Trash Baby (Japon, 2000)

Lips to Lips (Malaisie, 2000)

Hype (Singapour, 2001)

All the Way (Chine, 2000)

The Marriage Certificate (Chine, 2001)

Adresse Inconnue (Corée, 2001)

Musa, La princesse du désert (Corée, 2000)

Metropolis (Japon, 1994)

Waterboys (Japon, 2000)

Patlabor WXIII (Japon, 2001)

Les Larmes du Tigre Noir (Thailande, 2000)

La saison des goyaves (Vietnam, 2000)

Spécial Animation : Hommage au Studio Madhouse

DNA sights 999.9 (Japon)

Trigun (Japon)

Petshop of Horrors (Japon)

Manie Manie (Japon)

Boogiepop Phantom (Japon)

Vampire Hunter (Japon)

Le Programme Jeune Public

Robot Palta (Japon)

Mon petit diable (Inde-Canada, 2000)

Le Village de mes rêves (Japon, 1995)

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Bilan

Première constatation, cette 5ième édition du festival asiatique de Deauville n'a pas égalée celle de l'année dernière. Ceci et du à une programmation relativement inégale, mais qui malgré ça, nous a fait découvrir quelques brillantes surprises notamment (et surtout) dans la section Animation et films DV, et bien sûr avec l'inoubliable version longue de Kagemusha. qui marquera nos rétines pendant longtemps.

On commence avec la programmation coréenne qui fit son entrée fracassante avec . de Kim Sung-Soo, film dont le niveau de naïveté atteint des sommets records. A bien des domaines il est comparable à Bangrajan., pour son ultra nationalisme puant et son scénario qui tient facilement sur un ticket de métro. Pourtant le film réserve plusieurs (trop ?) scènes de batailles stylées qui satisferont les fans du genre. Dans un autre niveau, Failan de Song Hae-sung part d'un scénario très intelligemment maîtrisé et qui offre un duo d'acteurs plus que convaincant, d'une part l'adorable Cecilia Cheung qu'on avait rarement vu dans ce type de rôle, et de l'autre l'excellent Choi Min Sik, acteur incroyablement charismatique qui crève littéralement l'écran dans ce rôle de ce gangster raté. Le film remporta sans surprise le très " prestigieux " titre du lotus d'or. On poursuit avec . de Kim Ki-Duk, qui est sans doute le plus traumatisant des films présentés cette année. Superbe fresque de personnages dérangés plongés dans un univers totalement inédit, Kim Ki-duk aura marqué d'un fer rouge ce festival et les témoins de ce spectacle hallucinant s'en souviendront.

Du côté du Japon, la sélection était plus timide mais offrait tout de même d'excellentes surprises dans la section Animation. Travail. de Kentaro Otani dépeint habillement la relation autodestructrice d'un couple déchiré entre les sentiments et le travail. On y retrouve le réalisateur underground Shinya Tsukamoto dans le rôle d'un salary man (une fois n'est pas coutume) incapable de comprendre le caractère totalement lunatique de sa femme, joueuse obsessive de Shogi (l'équivalent du jeu d'échec au japon). Un film de qualité même si certains passages souffrent d'une légère niaiserie. Plus léger mais plus drôle, Waterboys. de Shinobu Yaguchi suit le parcours absurde d'une bande de lycéen, prêt à tout pour former une équipe de natation synchronisée. Le film offre quelques passages franchement hilarants et devrait ravir les fans de comédies à la sauce manga. Présenté dans la section DV, Tokyo Trash Baby. de Ryuichi Hiroki fait énormément penser au mythique Chungking Express. de Wong Kar Wai. Notez-vous même, une jeune fille (serveuse dans un café) dissèque toutes les ordures de son voisin pour se sentir plus proche de lui. Une histoire suffisamment originale pour vite nous faire oublier le format quelque peu ingrat de la DV.

Place à l'animation avec tout d'abord la projection de ., le très attendu troisième volet de la trilogie. A la fois différent et très proche des deux précédents épisodes, le film est globalement une réussite même si la musique de Kenji Kawai est d'un conventionnel assez surprenant venant de ce compositeur. Metropolis. marque quant à lui le grand retour de Rin Taro et quel retour ! Le film est bourré d'idées visuelles et narratives et saura, sans aucun doute, combler les aficionados du genre. A noter qu'à l'inverse de Patlabor XIII, la musique est ici tout simplement renversante. Une digne adaptation de l'œuvre de Osamu Tesuka. Et pour clôturer le tout, on ne pouvait pas passer à côté de la version longue de l'incroyable Kagemusha. d'Akira Kurosawa. Epique et fascinant ce film est une date dans l'histoire du cinéma, mais qui n'est pas au courant ?

Du côté de la Chine et de Hong Kong (qui a parlé de rétrocession ?) la sélection était bien pauvre et ne présentait que peu d'intérêt. On commence par un hommage à Johnnie To peu alléchant dont le festival présentait quatre de ses films les moins représentatifs du réalisateur. Certes Running out of Time. a ses qualités mais souffre d'un classicisme très gênant, Help !!!. se veut une comédie délirante mais arrache difficilement les sourires ce qui est malheureusement radical pour le genre, quant à Fulltime Killer., il ne supporte et ne rivalise pas avec . … Poursuivant ce triste spectacle avec All the Way de Shi Runjiu, consternant road movie qui, malgré la présence de Karen Mok, n'échappe pas au naufrage. Encore plus lourd, encore plus navrant, Peony Pavilion. de Yonfan se veut un portrait raffiné de deux femmes dans le monde dilaté de l'opéra chinois. C'est en réalité un film pénible, esthétisant et prétentieux. Un film pour sauver un peu cette sélection, le captivant . de Kenneth Bi (ancien collaborateur de Fruit Chan), un film tourné en DV et qui narre les mésaventures d'un salary man (décidément !) embarqué malgré lui dans une histoire de drogue. On notera une composition Hip Hop très éloignée des habituelles musiques utilisées dans les productions HK et la participation du revenant Sam Lee, perdu depuis un certain temps dans les pires productions locales… Un réalisateur à suivre de très près.

Pour conclure, on se permettrait pas d'oublier la judicieuse idée qu'a eu certains représentants chinois d'interdire tout simplement la projection de Fathers. de Lou Jian. Bien entendu les raisons sont d'ordre politique et prouve une nouvelle fois l'archaïsme de ce " grand " pays. Pire que ça, le festival a même eu droit à la visite musclée de quelques représentants de la SPA, venu interrompre une conférence de presse pour balancer leurs tracts à la sauvage. Une intervention évidemment méprisable. Ne soyons pas défaitiste pour autant, l'Asie était au rendez-vous cette année à Deauville et tout cinéphile qui se respecte a su profiter des quatre jours de projections non-stop dans la joie et la bonne humeur. Que demande le peuple !

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date
  • mars 2002
crédits
Festivals