Exte(n)sion de genre
Avis avec spoilers indiqués dont le début et la fin sont indiqués plus bas.
Sono Sion signe un film assez curieux sous couvert d'un genre particulier (J-horror) dans lequel s'inscrit, à priori ce long-métrage.
"Exte" me fait penser à un mélange entre Yokai Eiga (concept de films basés sur la présence de créatures monstrueuses folkloriques nippones dans un contexte féodal) et légende urbaine.
Le réalisateur/scénariste soigne son projet avec soin question mise en scène et atmosphère mais me semble autant, voir plus, motivé par un sujet en particulier.
Il tente de raconter l'histoire d'un corps (de femme) qui a souffert le martyre avant de succomber, enfin presque.
---------------------DEBUT DE SPOILERS---------------------
Sa colère, elle, persistera...dans ses cheveux. Ces derniers sont l'extension de son âme, incapable de reposée en paix.
Le parallèle entre le corps meurtri dudit cadavre et celui de la gamine battue par sa mère qui est elle-même sous l'emprise de son petit ami n'est pas un hasard. Pas plus que les extensions transportées dans une cage à oiseaux que propose le fétichiste travaillant à la morgue. Il y a également une révélation (douloureuse) qui a trait au corps du personnage incarné par Chiaki Kuriyama.
"Exte" me semble parler de corps et d'âmes féminines en souffrance.
On a arraché des parties de corps (le premier corps retrouvé vient d'un trafic d'organes), la petite "Mami" réduite corps et âme en esclave par sa génitrice ou Chiaki Kuriyama qui a dû faire un choix difficile par le passé.
Les cheveux, agressifs, le sont moins par perversité que par réflexes traumatiques (ils saignent lorsqu'ont les coupe notamment).
Le cadavre de la femme par lequel tout arrive pleurer à plusieurs reprises de l'orifice oculaire droit (on lui a enlevé l'œil).
Durant le dénouement du film, avant que le corps ne se redresse une dernière fois pour tuer son dernier geôlier, l'œil gauche de Chiaki Kuriyama verse également une larme de l'œil gauche.
Comme s'il s'agissait, un bref instant, d'une seule et même personne.
Une fois le salaud définitivement punie, la première victime du film peut désormais reposer en paix et retrouver son apparence que l'on suppose normale (coiffure y comprise) avant qu'il ne lui arrive toutes ces horreurs.
Une libération qui concernera également l'apprentie coiffeuse (Chiaki Kuriyama) et Mami...
-------------------FIN DE SPOILERS.--------------------
29 septembre 2020
par
A-b-a
De cette énième histoire de fantôme asiatique au cheveux longs, noirs et gras, on n'attend pas grand chose.
Sauf que... sauf que c'est le réalisateur de l'excellent diptyque SUICIDE CLUB (à la fois une cinglante critique de la société nippone et une vision sublime (autant que poétique et super optimiste) de l'avenir de l'humanité), qui est aux commandes ! Sono Sion signe ici un vrai film de divertissement, une fable horrifique contemporaine à la réalisation on ne peut plus maîtrisée, en même temps qu'une véritable critique sociale. À voir pour son originalité et peut-être aussi pour la belle Chiaki Kuriyama, qui, après BATTLE ROYALE, KILL BILL Vol. 1, mais aussi AZUMI 2 (aux côtés de la non moins délicieuse Aya Ueto) trouve ici un rôle sur mesure
Mouais...
Ben moi j'ai pas été emballé, et c'est le moins qu'on puisse dire.
J'ai vu un film ou un réalisateur délire avec des effets spéciaux toutes les 15 minutes.
L'histoire secondaire est complètement naze, surtout pour une fin ou tout le monde a cote de moi a lâché un "tout ça pour ça".
2 points pour KURIYAMA Chiaki et OSUGI Ren, et puis basta !
La malédiction du fil à couper le beurre mutant
J'avouerai ma curiosité, quelque peu mêlée d'appréhension, de voir Sono Sion (réalisateur qui le plus souvent remporte mon suffrage) s'attaquer au film de fantôme chevelu, véritable institution en Asie et qui commence à courir sur le haricot d'un peu tout le monde. Le résultat est mitigé, mais tout de même réjouissant : si Sono Sion ne chamboule pas les figures du genre le film n'en porte pas moins sa patte. Les fans de film d'horreur post-Nakata/Shimizu/Kurozawa pourront passer leur chemin.
La faiblesse du film vient de deux aspects : un premier temps des personnages qu'on n'ira pas jusqu'à dire en carton (ils sont même parfois attachants) mais manquant cruellement de profondeur, de même que les situations très bateaux, un second temps quelques emprunts malheureux au genre suscité (flashbacks syncopés déjà vus mille fois,...). Mais, et c'est là que le film devient intéressant, on ne peut s'empêcher de voir dans un démarche de Sono Sion comme une pointe de cynisme à l'égard de la mythologie qu'il manipule, mythologie de toute évidence usée jusqu'à la corde et féconde en figures qu'il devient difficile de représenter sans sourire. Les traditionnelles scènes horrifiques - plus que le théâtre d'une quelconque "flippe" artificielle, vide de sens comme d'intérêt - sont alors prétexte à des débordements graphiques dans la veine de ceux de
Suicide Club ou
Strange Circus, où l'exubérance semble moteur de toute action. Et quelque part, ça fait du bien.
Hair, hair, my hair, hair ! ! ! !
Osugi ren est excellent dans le rôle du psycho ! ! !
Le film ne fait pas peur, il s'agit plus d'un drame que d'un film d'horreur. Néanmoins Sion Sono a le mérite de livrer un film très esthétique, avec une personnalité plus marquée que toutes les copies Ring. Il ne se prend pas trop au sérieux et au final ça fait un petit divertissement sympa et joli à regarder.
Evidemment Chiaki est une raison de plus de regarder le film!
Hands in the hair
Après les chaussures, perruques et tambours tueurs, voici venir le dernier avatar d'une longue série d'objets du quotidien prompts à tuer: les extensions de cheveux. Pitch forcément "tiré par les cheveux", seule la présence de Sono Sion avait de quoi titiller la curiosité. Force est de constater, que le bonhomme dispose de son propre style et ait sans doute été l'un des seuls capables à endiguer tout possible naufrage. Malgré le postulat assez risible, il réussit à rendre les cheveux réellement effrayants et particulièrement efficaces dans leur manière d'investir les corps, de pousser par les plaies de leurs victimes et même de sortir des rétines des yeux.
Quelques séquences d'une redoutable efficacité en plus de celle d'un flash-back tourné à la "Hostel" et qui fait battre le coeur de tout amoureux d'horreur plus fort.
Un style Sion-ien typique dans l'illustration cruelle de la maltraitance enfantine et un meurtre graphique devant les yeux effrayés d'une petite fille.
Reste la lenteur d'un scénario sans réels temps forts, ni scènes d'horreur suffisantes pour satisfaire la dose d'attente. Efficace, bien meilleur que la plupart des productions asiatiques actuelles, s'en tirant sans trop de dommages devant le ridicule de la situation de départ – mais sans grand plus…