Il existe deux sortes de réalisateurs : ceux qui, en réalisant leur film, pensent au (plaisir du) spectateur. Et il y a les autres...
Funky Forest - The first Contact ou quand trois "grands" réalisateurs, ne sachant probablement que faire de leurs clips vidéos, les mettent en commun, bout à bout, et ce sur une durée de 2h30 - pour le plus grand 'dé'plaisir du spectateur, hum...
Eh oui, ceci n'est pas un film, vous voila prévenus ! Du grand n'importe quoi, ça oui ! Alors certes, il y a plusieurs bonnes idées et quelques moments (d'humour entre autre) forts sympathiques. Hélas moins d'une heure. Du cinéma expérimental ? Certainement. Du coup je pensais prendre mon pied et au final j'ai pris... mes nerfs, ou presque.
Amoureux du 7e art passe ton chemin, sinon... bon courage (à toi de voir) ! Aux amateurs/trices de film fun, décalé et décomplexé, je conseillerai plutôt de (re)voir, par exemple, The taste of tea ou Save The Green Planet, qui sont de véritables OVNI. Sauf qu'eux, en même temps, sont de(ux) vrais films, avec une forme, certes, et également avec un fond, du cinéma tout simplement.
Des aliens, des filles à couettes, des danses psychédéliques et des snickers : bienvenue dans la forêt magique.
Rien d'autre à ajouter par rapport à l'avis d'Epikt, si ce n'est de confirmer que ce
Nice no Mori aka
Naisu no Mori aka
Funky Forest est sûrement l'expérience cinématographique la plus hallucinante que j'aie pu voir depuis... depuis toujours, en fait.
Katsuhito Ishii, Hajime Ishimine et
Shunichiro Miki - les trois réalisateurs - ont dû entièrement la fumer, cette fameuse forêt, pour nous pondre un délire pareil. Aucune intrigue cohérente, aucun enchaînement logique entre les séquences, script complètement inintelligible pour le commun des mortels... ça vous tente ?
Les sketches ne sont pas tous aussi convaincants (ma préférence va aux "Guitar Brother" et aux "Homeroom", immenses de crétinerie), au final le film est peut-être un peu trop long (2h30 tout de même) mais qu'importe, une telle folie furieuse et une telle avalanche de bonne humeur mérite d'être visionnée (endurée ?).
Certains seront indignés. D'autres se demanderont ce qu'il leur arrive (syndrome du WTF? aka O_o), mais tous se souviendront longtemps après des grimaces hilarantes de
Susumu Terajima, des ballades foireuses à la guitare de
Tadanobu Asano, de la bouille irrésistible de la petite
Maya Banno, des danses de
Ryo Kase, aka Takefumi dans le film, accompagné de sa charmante copine
Erika Saimon, aka Notti (qui m'a tapé dans l'oeil *_*), ou encore de la nominée aux oscars (pour son rôle dans Babel)
Rinko Kikuchi, qui n'aurait peut-être pas eu toute cette reconnaissance si les gens avaient vu
Funky Forest au préalable (évidemment je plaisante... quoique...) ! J'oublie tous les autres, qu'ils me pardonnent. À noter que comme dans
The Taste of Tea,
Funky Forest se voit doté de scènes d'animation (débiles et hystériques, forcément).
[what the f*ck is that ?] O_o'
On savait
Katsuhito Ishii particulièrement secoué, inventif et bouillonant, du moins on pensait le savoir. Alors certes, qui a vu ses premiers films voir même son oeuvre animée ne sera pas pour autant dépaysé ;
Katsuhito Ishii restant fidèle à lui même. L'humour reste le même, les délires reste les mêmes. Mais voilà, dans
Nice no Mori, il se lache carrément.
Exit tout semblant d'histoire qui parasiterait le film a vouloir être développée et boufferait toute la place. Ici, c'est 100% je pars en vrille, une compil' parfois cohérente, parfois moins, de sketchs tous aussi tordus les uns que les autres. Ca en perturbera certains, ceux qui veulent à tout prix sortir d'un film en y ayant compris quelque chose et en pouvant raconter ce qu'il s'y passe ; ça en enchantera d'autres, ceux qui n'en ont rien à faire de toute sorte d'intrigue et ne vont au cinéma que pour prendre leur pied face au dernier film d'un cinéaste bourré d'audace et de talent.
Je suis de ceux-là, et pourtant j'ai eu du mal à rentrer dedans, mal à l'aise avec le rythme assez particulier, d'autant plus que certains scènes tirent un peu en longueur, tournant parfois à la démonstration technique et/ou au délire monomaniaque (la scène de comédie musicale sur la plage par exemple). Mais comme le temps suffit toujours à sa peine - et avec 2h30 devant nous, on en a du temps - on fini par rentrer dedans, et c'est le bonheur.
Tout ce qu'on avait pu dire de
Katsuhito Ishii, dans toutes ses contradictions, à la lumière de ses précédentes réalisations se retrouve à des degrés divers dans
Nice no Mori. De son outrance dans les cadres et les incrustations d'images animées à son calme posé lorsque dans de longs plans séquences il laisse toute latitude à ses acteurs qui eux aussi oscillent entre décontraction et franc pétage de plomb, en passant par son utilisation très particulière de la rupture de ton, du son et de la musique - encore plus présente dans
Nice no Mori, à travers notament une extraordinaire scène de mix forestier. Il serait fastidieux et vain de lister tous les petits plaisirs parsemant ce métrage, de la bataille de polochon filmée comme une baston de manga aux scènes nonsensiques de contact extraterrestres qui sont autant d'occasions pour le réalisateur de faire preuve d'un humour et d'une invention sans bornes.
Je l'ai déjà dit,
Katsuhito Ishii est audacieux et décomplexé. 0% inibition et 100% plaisir de cinoche. Chaque scène est plus réjouissante que la précédente, même si certaines le sont plus que d'autres (ne cherchez pas la cohérence de mon propos), et c'est avec les yeux écarquillés de grand môme de l'on regarde le film. Le plaisir de la découverte et la simple jouissance de spectateur sont trop rares pour se permettre de snober
Nice no Mori sous prétexte qu'il est incompréhensible. Car malgré tout il est rare de pouvoir se mettre devant les mirrettes un film réalisé par un extraterrestre.