Scénario un peu faible pour un polar assez mal cousu
Eye for an eye montre le duel entre un braqueur de convoyeur de fond et un policier bien décidé à le mettre sous les verrous pour faire oublier le fait qu'il ait raté la plus grosse enquête de sa carrière. Cette affaire va ressurgir au sein même de l'intrigue, puisque l'homme d'affaire qu'il avait déjà tenté de mettre sous les barreaux est celui-là même qui se fait voler une grosse quantité d'or à l'aéroport de Jeju et qui va tout faire pour retrouver les voleurs avant la police. Han Suk-Kyu joue ici le flic un peu taré sur les bords qui rigole toujours d'une rire glaçant et un peu agaçant aussi. En face de lui, Cha Seung-Won est joue le voleur avec classe, et est probablement l'interprète le plus crédible de l'histoire. Il est assez amusant de voir revenir ces deux acteurs, qu'on avait un peu perdu de vue depuis un moment, dans un film où il se tiennent tête dans ce que le réalisateur aimerait faire ressembler à Heat. Malheureusement, le film ne prend même pas le chemin de son modèle. Le scénario est trop bancale, manque totalement de crédibilité, et les scènes d'actions sont assez mal faites. En particulier la course poursuite, qui multiplie les erreurs de raccords, les dédoublements de scènes, profitant du cadrage trop serré pour donner l'impression de vitesse mais désintéressant le spectateur à une scène finalement assez illisible. Bref, encore un polar coréen qui tombe à l'eau malgré une idée de départ qui aurait pu être intéressante si elle avait été mieux exploitée.
01 novembre 2008
par
Elise
Copie-colle
On a souvent reproché au cinéma sud-coréen de pomper à gauche et à droite. On lui a souvent reproché de manquer d’inventivité lorsqu’on ne le qualifie pas de cinéma hollywoodien à la mode asiatique. Le film d’action policier Eye for an Eye / Noon e neun Noon I e neun i (2008) de Kwak Kyung-taek (à qui l’on doit Friend, Champion tout de même ! ou encore le navrant Typhoon) et co-réalisé avec Ahn Kwon-tae pourrait être représentatif de ce cinéma là.
Eye for an Eye partait sur une bonne idée mais comme souvent une bonne idée mal exploitée. La faute : la réalisation. On pouvait s’attendre à mieux du duo de réalisateurs qui mettent en scène un film comme on réalise un clip avec des effets pour donner un côté jeune, tendance. Le parti-pris scénaristique aussi qui multiplie les twists pas toujours maîtrisé et qui ennui de temps en temps. Quant au jeu des acteurs, on a vu beaucoup mieux notamment de Han Suk-kyu (Double Agent, 2003) que j’aime tout particulièrement. Mais là, disons les choses, il n’assure qu’une prestation moyenne qui pourrait en énerver plus d’un tant son côté désinvolte est (mal) surjoué (on peut bien surjouer).
Eye for an Eye c’est un peu Heat qui aurait rencontré Ocean’s Eleven. Pourtant le film sud-coréen n’est rien de tel, trop maladroit, des scènes d’actions bâclées, des confrontations creuse sans impact, sans force, sans tension. On assiste à ce film quelque peu dépité par tant de loupé. Et tout en assistant à ce film, on ne peut s’empêcher de s’interpeller soi-même en se disant que le duo de réalisateur est passé à côté de quelque chose qui aurait pu avoir de la gueule. Cela ne reste qu’un film policier de plus sans grand intérêt avec le même regret d’avoir vu un travail prendre le mauvais chemin. Rien ne rattrape cela durant tout le film et même l’ingéniosité des braqueurs est peu de chose face au résultat final.
Eye for an Eye est décevant, je ne suis même pas sur qu’il puisse combler la déception par un quelconque aspect divertissant.
In the heat of the fight
"Eye for an eye", ce serait un peu l'équivalent coréen de al franchise des comédies d'action américaines "Ocean's 11-13". L'intrigue s'attache ainsi à suivre une bande de véritables "cerveaux" de la casse, qui vont monter leurs coups sur fond de split-screens directement emprunts aux meilleurs films de de Palma ou à la récente série des "24 heures chrono".
"Eye for an eye" ne cherche pourtant pas à concurrencer les produits américains, mais développe une saveur bien locale, proche de l'esprit de la trilogie des "Public Enemy". Les bons ne sont jamais aussi blancs, qu'ils aimeraient faire paraître (le flic n'hésite pas à recourir à la violence pour arriver à ses fins et n'est pas contre un bon pactole d'argent pour arrondir la fin de ses mois), tandis que les méchants ne sont pas non plus les plus mauvais des bougres (un retournement final fait paraître le "cerveau" des malfrats sous tout un autre jour). L'ombre de Hamlet plane donc une nouvelle fois sur cette production typiquement asiatique, lointain cousin des "Running out of Time" hongkongais.
Et puis il y a la multiplication de lieux typiquement coréens, depuis la zone portuaire de Pusan, en passant par les jjimjilbang (sauna coréens) jusqu'à s'arrêter à quelque pojang macha (resto ambulant). Du pur polar kimchi, comme il s'en produit malheureusement un peu trop à la chaîne au pays du matin calme, sans que l'on soit toujours convaincu de la faible qualité des productions.
Le vétéran Kwak Kyung-taek – qui n'aura jamais retrouvé l'énergie de ses débuts avec "Friend" et "Champion" – récupère un tournage chaotique de son ancien assistant Ahn Kwon-tae à la volée pour emballer le film dans des beaux draps avec concision, savoir-faire, mais pas une once d'engagement personnel. Reste l'interprétation impeccable de ses comédiens, Han Seok-Kyu en tête, qui se fend d'un rire totalement culte en fin du métrage. Mention spéciale pour l'acteur Lee Byung-joon, méconnaissable dans son rôle de l'irrésistible travesti "Antonio". Bref, du pur cinéma d'action calibré, mais au-dessus du lot de la plupart des autres productions du genre à avoir été réalisés récemment.