Pari réussi
Difficile de faire la part des limites techniques dues au budget du film, mais une chose est sure Ryu Seung-Wan maîtrise parfaitement la construction de son. Car c'est la bien avant l'histoire ou l'esthétique du film la grande force de Die Bad, d'imposer à travers un récit livré en quatre partie, une unique vison créatrice qui vient sous-tendre l'ensemble. Etant donné les différences de choix esthétique, on pourra préférer l'une ou l'autre des parties, mais finalement ce n'est qu'assez secondaire devant la vitalité que Ryu Seung-Wan arrive à imposer à travers tout le récit, vitalité qui rejaillit aussi bien dans la scène d'ouverture que dans la scène familiale de la deuxième partie, le combat de la troisième ou le final. Une telle maîtrise pour un premier film mérite plus que d'être saluée, elle mérite le respect. On en redemande...
Trop peu à Sauver
Die Bad a valu à Ryu Seung Wan le surnom de Tarantino coréen de la part de la critique locale. Cette comparaison hâtive s'explique probablement par le fait que le film est composé de sketches possédant un lien narratif entre eux (le fameux principe de Pulp Fiction: les sketches qui mis bout à bout permettent de reconstituer un récit). Mais ici mis à part le troisième segment qui semble se situer en parallèle au reste du récit, il n'y a pas de jeu temporel; les sketches se suivent et représentent diverses époques de la vie d'un gangster. Bien sur, tous n'ont pas un impact identique mais au final malgré quelques gros défauts ils révèlent un auteur à la démarche assez intéréssante dans un contexte coréen où le cinéma de genre (surtout dans les catégories polar et action, c'est moins vrai dans le fantastique) a parfois du mal à se distinguer des codes hollywoodiens.
premier segment: Il révèle un procédé, celui de la narration parallèle (ici entre commentaires des professeurs et bagarre) qui sera beaucoup utilisé par le film. Au positif, les caméras portées évitent l'épate Dogma et donnent au film un charme amateur renforcé par le coté sale de la pellicule. Au négatif, le segment est desservi par des effets sonores peu subtils (bruits soulignés lourdement) et des accélérations clippeuses en accord avec le propos (la dénonciation de la culture jeu vidéo) mais qui nuisent au rythme des scènes de bagarre. Qui plus est, montrer le cinéma et les jeux vidéos comme source de la violence est une vision peu subtile vu qu'on pourrait aussi les considérer comme révélateurs d'une violence latente. Note: 1.5/5
second segment: Si quelques bruitages lourds (les battements de coeur) subsistent, les effets clippeux sont moins nombreux, la caméra passe d'un personnage à l'autre avec une vitesse qui varie selon l'intensité de la discussion et les caméras portées sont judicieuses. Si l'aspect fantastique permet au récit d'éviter le déjà vu sur la réinsertion, il fait un peu pièce rapportée dans le récit. Note:1.5/5
troisième segment: Il s'agit du segment le plus réussi du récit. Il alterne une longue baston flic/voyou avec des interviews croisées où les intéréssés évoquent leur métier et leur quotidien. Les caméras portées réhaussent bien les scènes de bagarre et donnent un coté documentaire aux interviews. Ryu Seung Wan inscrit ainsi son film dans la grande tendance du néopolar incarnée à Hong Kong par la Milkyway, Wilson Yip, Gordan Chan et Dante Lam qui ont pu proposer une vision prosaïque, quotidienne du monde de la pègre et de la police. Le croisement fait ici la preuve de son efficacité en rendant d'autant plus forte émotionnellement la bagarre que l'interview de deux hommes se définissant chacun de leurs cotés comme des professionnels est placée en contrepoint. Note:3.25/5
quatrième segment: Son début fait craindre un film de triades mèche rebelle revu et corrigé par Jim Jarmusch (pour cause de superbe noir et blanc). Son principal intéret est d'etre une sorte de saga mafieuse miniature montrant l'ascension d'un jeune voyou au milieu de petites frappes. La stylisation voyante (longs travellings, caméra tournant autour des personnages) arrive à créer de la dramatisation et à souligner la fougue aveugle des jeunes voyous qui les fera chuter. De plus, c'est ce segment qui crée l'unité du récit de par sa confrontation flic/voyou et son recours aux flash-backs (le noir et blanc prend alors son sens car il permet de créer un contraste entre le quotidien monotone du voyou et les meurtres qui le hantent -montrés en couleur-). Au rayon ratages, on a le coté épate Dogma de l'utilisation confuse des caméras portées lors de la bagarre finale, l'excès de pathos lors de la fin rythmée par "Is it the end?", l'utilisation peu judicieuse de synthés agressifs et de heavy metal. Quant à la citation biblique finale, elle commente le récit sans ironie tarantinienne. Note: 2/5
Au final, ceux qui recherchent une oeuvre maitrisée de bout en bout comme peuvent l'etre les meilleurs néopolars hongkongais resteront sur leur faim à cause d'une certaine épate visuelle et sonore un peu trop présente pour un film indépendant. Par contre, ceux qui sont prets à passer par dessus ces quelques défauts savoureront un polar trop inégal mais original. Ryu Seung Wan aura au moins permis avec ce film à la notion de cinéma indépendant d'exister en Corée. Espérons qu'elle aura plus d'espace pour se développer qu'à Hong Kong (le superbe Made in Hong Kong, considéré là-bas comme un film "indie", a pu voir le jour grâce à Andy Lau ce qui en dit long sur les possibilités de financement d'un film hors des circuits conventionnels à HK).
Un très bon film en provenance directe du cinéma indépendant coréen
A la base,Die Bad n'était pas sensé sortir dans les salles coréennes mais grâce au "netizen funds"(système d'investissments via le net), le film parvint finalement sur les grands écrans(avec la sortie dvd qui s'en suivi évidemment) et on peut franchement remercié les internautes d'avoir contribué à la promotion et à la découverte de ce film car c'est un vrai petit bijou.
La grosse originalité de Die Bad est qu'il regroupe quatre court-métrages qui pris chacun indépendamment constitue un film au style différent des autres segments avec sa propre identité et son histoire, mais mis bout à bout, l'ensemble crée un film sans pareil, à la cohérence remarquable. La première partie tient en une simple scènette montrant tout simplement l'éclatement d'une bagarre entre jeunes et son issue tragique. On apprécie fortement le montage parrallèle avec un adulte se plaignant de l'irresponsabilité des jeunes et la vision de la culture des jeunes, ayant pour référence Tekken et Bruce Lee pour justifier de passages à tabac complètement gratuits. On change fortement de style avec le deuxième segment qui se passe 7 ans plus tard lors de la remise en liberté du jeune meurtier du début. Cette partie se présente sous deux thématiques fort différentes: d'un côté, les difficultés de ré-insertion dans la société, de l'autre, les remords avec le fantôme du défunt qui vient hanter l'esprit du repris de justice. Cette seconde partie du film présente un léger défaut car le côté fantastique fait quelque peu dévier le film de son sujet initial même si cela reste assez bon.
Enfin, viens le troisième segment et qui est sans aucun doute le meilleur en lui-même et qui donne à voir une arrestation musclée dans un parking qui finit en baston jusqu'au-boutiste de plus de dix minutes entre un flic et un gangster.Le coup dé génie de ce court-métrage est de monter en parallèle des interviews des deux protagonistes qui expliquent chacun leur métier et leurs visions des choses. Et c'est alors que peu à peu, les points de vue se confondent et démontrent peu à peu que ces deux personnages se ressemblent énormément malgré leur différences de statut et cela rend leur bagarre acharnée encore plus absurde.
On en arrive au dernier et ultime segment qui tranche déjà dès le premier plan par rapport aux prédents en adoptant une image en noir et blanc du plus bel effet. Là où les actes des jeunes du premier segment apparaissaient comme gratuits, ici le film prend une autre tournure et tend à démonter les mécanismes de la violence organisée en montrant comment des jeunes influencables et naïfs peuvent être intégrées par la mafia en leur faisant miroiter une certaine respectabilité. C'est aussi ici que le film se nouera et dénouera, amenant l'unité du film via les personnages des deux frères (l'un flic, l'autre gangster) et comment leurs destins se sont mélangés pour finalement intervertir les rôles, ce qui amènera inévitablement le film vers le drame et on ne peut que rester bouche-bée devant la scène finale hallucinante de barbarie et de violence(le "soldat ryan" des films de gangsters?) pour finalement déboucher sur l'un des plus beaux moments de cinéma lorsque la chanson "It is the end" arrive pour conclure les sublimes images de fin de cette histoire digne d'une tragédie grecque.
En résumé, Die Bad est un bon complément aux film de triades, proposant à l'instar de A True Mob Story, une vision assez sombre et violente du milieu(la mafia HK et coréenne sont assez semblables). Aussi, l'avantage du film est sa non-linéarité via les différences entre les quatre parties qui maintiennent le spectateur en haleine et fait qu'à chaque fois c'est une nouvelle expérience à l'amorce d'un des segments. On rajoute à ça une réalisation habile et une interprétation sans faille et on se retrouve avec l'un de ses petits films indispensables et à découvrir de toute urgence.
La mort dans l'âme
D'entrée de jeu, je dois personnellement confesser ne pas trouver beaucoup d'affinités avec la filmographie de Ryu Seung-wan. Que ce soit au niveau de ses chorégraphies ou de ses combats exagérément longs, je m'ennuie. Il manque également d'une certaine sensibilité, qui rendraient ses personnages attachants.
Double surprise donc par son premier "Die Bad": non seulement rend-il certains de ses personnages attachants, mais en plus il condamne al violence gratuite par un finale en apothéose, plutôt que d'en faire son apologie comme dans la plupart de ses films suivants.
Production indépendante, elle semble contenir toute la quintessence de son œuvre. Tout ce que l'on retrouvera plus tard dans ses films se trouve condensé dans ces quatre petits sketches.
De plus, le talent semble vraiment naître avec une structure narrative et une mise en scène de plus en plus maîtrisées au fur et à mesure des épisodes, jusqu'à trouver son aboutissement dans le dernier (celui du flic et du voyou est déjà trop bon, quoique trop long).
Mû d'une incroyable volonté d'apprendre et d'en mettre plein les mirettes à ses spectateurs, Ryu s'en donne corps et âme devant et derrière la caméra – impossible de rester indifférent à sa belle créativité et vitalité. Si ses deux premiers semblent des vrais brouillons et donneraient plutôt envie de zapper, que de continuer, la suite vaut carrément le détour.
Depuis, Ryu a confirmé son beau talent – mais en perdant également une bonne partie de sa vitalité dans sa perte d'une certaine indépendance artistique.
Et d'attendre un premier virage (?) avec son film sur des vampires pour pouvoir juger de ses vrais talents de conteur, au lieu de répéter inlassablement ses mêmes formules d'un film à l'autre depuis son récent pénible "City of violence".
À la limite de l'expérimental, c'est violent, c'est réaliste, c'est terrible ! :)
À première vue, on pourrait se demander sur quel film on est tombé...
Surtout après les 15 premières minutes, cela commence à être de plus en plus confus, tout se mélange, tout s'embrouille avec des flashbacks et scènes coupées, c'est assez bizarre.
Die Bad est filmé en 4/3, et la réalisation est souvent très expérimentale, le montage complètement tordu, avec des plans de caméra souvent "en portée, à bout de bras".
Bref, un film indépendant, aux allures très cheap, et pourtant... ...quelle claque !!!
Le scénario est un peu à la sauce "Friend", histoire d'une amitié entres potes de lycée qui évoluent chacun dans deux domaines différents : d'un côté la police criminelle, de l'autre les gangs de Séoul !
Comme dans "Friend", le réalisme des sentiments et des caractères bien forgés des personnages crèvent l'écran. Les acteurs sont particulièrement doués, vraiment j'insiste pour noter la performance, entres autres, de RYU Seung-Beom (Guns and Talks, Conduct Zero, No Blood, No Tears, Sympathy For Mr Vengeance, Arahan) et de RYU Seung-Wan (No Blood, No Tears, Arahan).
Le film oscille sans arrêt entre la récurrence sans fin des combats et l'issue pourtant inévitable de ceux-ci, avec au final, un dénouement très fort, boulversant.
Enfin voila, il ne tient qu'à vous de vous procurer ce film, et de vous regaler tout comme moi, "Die Bad" en vaut vraiment la peine !
Un film sombre, très sombre
Même si les 4 sketchs ne se valent pas, il faut bien avouer qu'il y un vrai regard de cinéaste derrière chaque. Comme le disent toutes les critiques me précédant, 2 histoires sortent du lot mais cela n'éclipse en rien les qualités globales du film : une véritable volonté de réalisme (malgré un petit intermède virant au fantastique), des acteurs formidables et une mise en scène inspirée.
violent et "japonais"
c'est très violent, on croirait voir un film japonais (on pense à TSUKAMOTO (bullet ballet) ou Kitano de Kids Return), les prétentions expérimentales sont sympas sans plus: l'idée des histoires mises à la suite pour faire un tout est pas mal, mais moins intelligente et moins fouillé que dans Pulp Fiction par exemple.
l'histoire est assez banale: des jeunes violents qui rentrent dans un gang mais il faut dire que pour un film coréen ça sort du lot.