Elise | 4 | Je m'incline devant des combats de boxes en plan séquence |
Sonatine | 2.25 | Des poings mais des larmes. |
Ordell Robbie | 1.75 | Match perdu |
Après avoir recu un accueil très partagé pour son film d'action-fantastique Arahan, Ryu Seung-Wan ne se laisse pas démonter par les mauvaises critiques et repart dans un film dramatique mettant en avant deux personnage d'univers totalement différents finissant par se retrouver face à face sur un ring de boxe. Le film est donc basé sur les deux personnage, très distinctement, réglant bien la balance entre les deux univers en ayant soin de bien prendre le temps le temps de développer un passage avant de basculer sur l'autre personnage. Ainsi, les deux rôles sont bien approfondis ; on les identifie dès le début dans leur contexte social et le film dévoile progressivement les différents traits de personnalité et la métamorphose de chacun. Ryu Seung-Beom apporte une nouvelle figure à sa carrière ; il avait déjà joué auparavant des petites racailles mais jamais vraiment d'un point de vue si sérieux, à part pour Die Bad mais dans lequel il jouait un personnage quand même bien différent ; ici il rentre dans la peau d'un vrai gros voyou et échange ses nombreux cris de Tarzan de Arahan en "Shhhhhhibal", formule très utilisé par les Coréens pour éprouver un fort mécontentement ; son jeu s'y adapte bien, il négocie bien les changements d'humeur rapides de son personnage et sa métamorphose au fil du temps. D'autre part, Choi Min-Shik a encore droit à un rôle taillé à sa mesure ; même si sur certains points dramatique, on peut lui trouver de claires ressemblances avec ses rôles de Happy End et Failan, c'est toujours pour le coté misérable de tous ces personnage qu'il interprète à merveille
Coté mise en scène, peu de choses sont à regretter de ce film. On pourrait seulement noter un passage à vide au milieu qui fait lutter les yeux fatigués par une longue journée, mais évidemment nécessaire à l'avancement du film. En outre, tout le reste passe très bien ; la musique est très bien trouvée ; souvent à base de rock ou de blues, surtout l'intro sur un solo de guitare envoûtant. En plus de ca, Ryu Seung-Wan a pris la peine d'énergiser certaines certaines séquence, d'une manière qui n'est pas sans rappeler sa mise en scène très personnelle de No Blood No Tears, mais en moins imposant ici, le film étant moins sujet à des fantasmes de metteur en scène. En outre, là où il impressionne, c'est lorsqu'il tourne plusieurs round entiers de boxe en plan séquence et de plusieurs manières différentes pour donner des atmosphères bien distinctes aux séquences sans les rendre longues et ennuyeuses ; vraiment un très bon coup de génie de ce point de vue là, surtout quand on sait la difficulté qu'il y a à tourner de longues scènes très physiques.
On peut certes reprocher au combat final d'étre long et moins intense qu'un Raging Bull ou un Ali, mais il faut resituer le contexte d'un combats "amateur" dans lequel on peut difficilement crédibiliser une endurance de boxeurs professionels si on veut avoir un minimum de sérieux ; et de ce point de vue, le film me semble bien pensé. En outre, le final "en pleurs" est également plus que justifié par la motivation des deux personnages ; une clotûre sans cette émotion aurait été totalement injustifiée et aberrante. Et le film à également l'avantage de ne pas traîner en épilogue et couper ainsi sur une bonne note
Enfin, on peut noter que Ryu Seung-Wan s'est en général plutôt calmé dans sa mise en scène pour raconter plus sincèrement un histoire dramatique par rapport à ses films d'action précédents en laissant aussi quelques petits clichés sans gravité mais arrive tout de même à donner une marque de son passage dans les scènes de boxe, ne laissant pas ainsi un film "anonyme". Le sujet est très intéressant et les acteurs sont excellents, de quoi rendre un film de très bonne facture, à ne pas rater, même pour les défractaires des précédents film de Ryu Seung-Wan
Devenu genre à part entière, le film de Boxe présente généralement suffisamment d'intérêt pour attirer les foules dans les salles obscures. Présenté à la Quinzaine des réalisateurs en 2005, la salle fut comble en un rien de temps et tous était prêt à suivre le parcours original d'un ancien boxeur endetté jusqu'a la moelle et interprété par le maintenant célèbre (et presque adulé) CHOI Min-Sik.
Dernier film du jeune réalisateur RYU Seung-Wan, dont les trois précédents films (Arahan, No Blood No Tears et Die Bad) remportèrent pour la plupart un gros succès public, Crying Fist débute par une poursuite hystérique entre un jeune délinquant et deux flics teigneux laissant présager un film bien excité comme on les aime. On découvre ensuite Tae-shik (Choi Min Sik) un boxeur à la dérive et qui pour gagner sa vie, se transforme en punching-ball humain, et propose aux passants de le frapper moyennant finance. Une idée tout simplement puissante d'autant plus que le jeu de Choi Min Sik fait mouche, jouer sans exagération (le cabotinage étant une faiblesse récurrente dans le cinéma coréen) et avec finesse, Tae-Shik porte sur lui le poids d'une vie manquée et dont la seule réussite se symbolise dans cette médaille d'argent qu’il remporta lors des JO.
Bien que ce personnage nous est attachant, le réalisateur choisi de suivre aussi le parcours de Sand-hwan, jeune homme délinquant à la limite de l'autisme et qui se retrouve très vite en prison après le meurtre d'un petit Caïd de quartier. Malheureusement, à la différence de Choi Min Sik, le jeu de Ryoo Seung-bum paraît moins convaincant, et comme le film choisi de faire un parallèle entre les deux bonhommes, la comparaison est d'autant plus facile et frappante. Mais ce serait injuste d'en rester à cette faiblesse de jeu, car certains scènes avec Ryoo Seung-bum frappe le spectateur la ou ça fait mal, à l'image de cette scène ou l'ont voit Tae-Shik sous la douche, se lacérant le ventre avec une arme blanche (!). Une violence crue qui fait penser par exemple à certaines (nombreuses) scènes des films de PARK Chan-Wook.
Le film finit par prendre une direction auquel on s'attendait, la confrontation sur le ring de ces deux parias lors d'un championnat de Boxe amateur. Pour les deux personnages, on comprend vite qu'une victoire est le seul moyen de débuter une "nouvelle vie". Pour Tae-Shik, il s'agit de rembourser ses dettes et de se réconcilier avec sa famille, façon délicieusement ironique pour Ryoo Seung-wan de pointer du doigt le côté pourri de son personnage : il fait aussi ça pour l'argent. Quant à Sand-hwan, on lorgne déjà plus dans le mélo, son père décédé, il veut remporter ce tournois pour faire lui rendre hommage et s'excuser de son comportement infect qu'il a eu envers lui et ce jusqu'a sa mort éclair (vous comprendrez ...).
Vient le moment du combat en lui même, une finale que le spectateur attendait et c'est à partir de la que la déception gagne du terrain. En effet, si le parcours des deux protagonistes avait son intérêt, que le suspens avait bien duré (un peu trop même), la mise en scène de cet affrontement pèche par une mollesse qui fait grincer les dents. Sans tomber dans la comparaison facile, on peut pas s'empêcher d'espérer une mis en scène de combat aussi foudroyante que celle d’un Marin Scorsese dans son Raging Bull. Et bien on est loin d'un pareil résultat, l'intensité n'est pas au rendez-vous et les coups (même si ils ont l'air d'être réellement portés) n'impressionnent guère. Pire encore, le clou de la déception est encore plus enfoncée à la toute fin, quand le film sombre dans un festival de pleurs et de larmes que le réalisateur aurait très bien pu s'empêcher de nous faire subir. On finit donc par un mauvais mélodrame ou les plans insistent sur visages larmoyants plein de bons sentiment et franchement hors propos.
Crying Fist (le titre du film laissait présager cette dernière séquence ...) est un film cruellement handicapé par une fin médiocre et une mis en scène transparente. Mais ses quelques originalités scénaristiques et le jeu de l'excellent Choi Min Sik font qu'il est conseillé de jeter un oeil sur ce film de Ryoo Seung-wan , même si à la fin on finit par jeter ses gants.
On peut facilement cracher sur les grosses facilités mélodramatiques, les clichés du genre déroulés au kilomètre, le propos simpliste sur la vie comme combat de ce Crying Fist. C'est que le film de Ryu Seung Wan n'a pas d'autre prétention que d'être du gros cinéma populaire pas finaud pour un sou mais garanti sans addition de second degré. Mais même pris de cette façon le film peine à être ne serait-ce qu'un film de boxe n'inventant pas la poudre mais sachant correctement la faire parler. Hors des scènes de combat, la mise en scène est faite de classicisme terne, d'effets pubeux (plan subjectif en image floutée), de stylisation du cadre juste pour faire joli et de caméras à l'épaule ne dépassant pas le procédé pour donner une saveur "pris sur le vif". Lors du filmage des combats, la réalisation n'est pas plus convaincante. Ryu Seung Wan confond ainsi style heurté propulsant le spectateur à l'intérieur de l'action avec agitation brouillonne et fait un usage convenu du ralenti. Sans être aussi insupportable que dans Arahan, la tendance du cinéaste à l'épate est donc bien là.
La mise en scène force également trop le parallèle entre les deux personnages par un usage lourdement signifiant du split screen et de la superposition de plans. Parlons-en de ce parallèle justement... Les destins des personnages sont d'abord montrés en parallèle avant de se rejoindre sur la fin pour souligner leur communauté de destins. Cette construction aboutit en pratique à la superposition de deux films d'inégale qualité. Car alors que Choi Min Sik délivre une prestation extraordinaire faisant à elle seule oublier les limites formelles et scénaristiques de "sa" partie c'est loin d'être le cas pour un Ryu Seung Beom juste correct. Du coup, le choix de casting se met à déséquilibrer le film, à le rendre beaucoup trop long. Sans parler d'un score tout aussi inégal oscillant entre silde guitar écoutable, gros hard rock pompier et mièvre (la combinaison score mièvre/ralenti pompier gâchant le combat final).
Le talent de Choi Min Sik rend le film regardable malgré ses très gros défauts mais il ne le rend pas à lui seul digne d'un minimum d'intérêt cinématographique.