Kathryn Bigelow s'éloigne pas mal des canons hollywoodiens ici, avec un film filmé façon documentaire et qu'on devine sans mal impossible à produire par une major. L'armée américaine n'aurait pas tellement apprécié il faut dire. Le film est assez lent, avec des passages loins des images boum boum des productions patriotiques: la scène avec les snipers dans le désert fait preuve d'une absence de rythme assez sympa dans un film de guerre. Pas le meilleur Bigelow, mais le film a ses qualités et se démarque assez du tout venant américain pour mériter le coup d'oeil.
Le film de guerre est un genre que je peine à apprécier pour une bonne et simple raison : c'est plein de militaires. Une sale race. Là, impossible de trouver nos héros sympathiques mais tel n'est pas le propos - ça tombe bien - puisqu'en suivant un fana d'adrénaline c'est de cela qu'on cause : l'adrénaline. La guerre en Irak ? On s'en tape. Le film aurait pu prendre pour personnage central un pompier, un urgentiste, un flic de la BAC ou même juste un gars de la croix rouge s'en allant nourri des bénéficiaires by night que le concept du métrage n'aurait pas été dénaturé : une fois qu'on a vécu dans de telles situations de stress, qu'on a apprécié à ce point la vie à cause de risques inouïs, à quoi bon retourner vers une norme faite de... de... de quoi ?? de calme, de routine, de ces choses qui ont tellement peu de sens que pour s'en procurer on fait du jeu vidéo ou matons des films pour éprouver à peine 5% de ce que ces gars là ressentent dans le réel.
J'ai lu dans un forum : "ouais bof, y'a pas bcp d'exposions là-dedans". Il faut vraiment ne rien avoir vécu pour croire qu'il ne se passe rien dans ce film(*). Le malaise, la flippe, la @!#$ d'angoisse, la peur de mourir, l'attente... Cette ambiance là est formidablement restituée, et parce qu'elle est là le sang froid du Lieutenant James n'en apparaît que plus méritoire. A ce point méritoire qu'il en serait inhumain ? Un défaut ? Ce film muy macho nous a été pondu par une femme. Si c'est un défaut, il semble en attirer certaines (« beaucoupes »), et cette forme de glorification du besoin d'adrénaline, car c'en est une, peut largement faire office de propagande militariste. La plus intelligente et la plus belle qui soit : ce serait mieux que de baiser. Bien joué...
Une autre super qualité en passant : le gimmick du gosse autochtone pote avec le brave militaire ricain est joliment détourné ici.
Un p’tit défaut : inclure des stars pour les sacrifier rapidos - respectivement une folle du désert qui y restera et un patient anglais qui ne s'en remettra pas - et déjouer les attentes du public, Renny Harling nous avait déjà fait le coup & ça n'est pas nécessairement une bonne idée que de réitérer cela ici car parce qu'on nous a déjà fait le coup, on s'y attend…
(*) Pour ceux là, voir ou revoir le Blown Away de Hopkins, tout plein de jolies nexplosions.
Propagande militariste, pourquoi pas, mais il y a une grosse nuance entre mettre en avant du fantassin qui va tirer sur quelqu'un et un démineur qui a un travail assez particulier dans l'armée. Et je doute que l'armée américaine voit le film comme un bon média de propagande de toute façon, c'est pas assez clean pour eux. Et c'est forcément un peu déprimant pour l'après. Comme pour un sportif de haut niveau, passer de ce genre de job à la vie de tous le jours (génial plan au supermarché devant le rayon de céréales), c'est un vrai problème. Heureusement le film ne l'a pas joué trop pessismiste sur ce sujet, la fin est vraiment bien je trouve.
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RE: Démineurs
