Alors, ce dernier cru de Romero mérite-t-il réellement qu'on assène un jeu de mots aussi facile à son encontre ? Non, sans aucun doute. Si Diary of the Dead reste une indéniable déception de la part d'un cinéaste de cet acabit, il n'en constitue pas le désastre annoncé pour autant. Il faut dire qu'il s'en est écoulé des années, de Night of the Living Dead et son efficacité horrifique sensationnelle adjointe à une charge au vitriol de la société yankee jusqu'à l'anecdotique petit zombie movie dans l'air du temps que voilà. Dans le genre « ciné-reportage-cauchemar », les récents Cloverfield et [·REC] tiennent un peu trop la dragée haute à ce film pour qu'on ne discerne pas la maladresse de son traitement.
À situations peu crédibles (une des filles du groupe se suicide, les autres s'en fichent à moitié – des zombies se trouvent en plein milieu de la route, on est pas si sûr qu'il s'agisse de morts-vivants, tant pis, on leur passe dessus quand même) acteurs peu crédibles, qui parviennent juste à rendre leurs personnages d'une transparence crasse et d'une profonde antipathie. Cette distance que l'on prend face aux protagonistes nous oblige donc à cantonner nos attentes sur d'autres éléments du métrage, à savoir, entre autres, ses scènes d'horreur et sa portée politique. Mais là encore, déception: de critique sociale, on ne peut vraiment parler, sinon reconnaître que celle-ci soit parfaitement grossière et à mille lieues du « cinéma de genre intelligent » dont on pouvait qualifier des œuvres telles que Night of the Living Dead et Dawn of the Dead. D'horreur, il y en a tout de même à revendre, notamment lorsque Romero n'hésite pas à verser dans le gore le plus explicite qui, loin de se limiter à une fiesta de pompes à faux-sang (À l'Intérieur des Frenchies Julien Maury et Alexandre Bustillo), privilégie les détails comme au bon vieux temps des SFX du père Savini. Mais l'attachement zéro suscité par les personnages et la mollesse sensible de l'intrigue nous font payer cher ce petit plaisir coupable. Certains coups de théâtre bien sentis (la visite du domicile familial d'une des filles de la bande qui se soldera par un sombre carnage, le retranchement des survivants dans la chambre forte d'une fastueuse demeure, le final délicieusement cynique) permettent toutefois à l'ensemble d'émerger de temps à autre de sa torpeur. Ceci dit, pas de quoi snober un Night of the Living Dead, un Zombie ou encore un Day of the Dead, ces derniers restant de vrais classiques du genre, honneur auquel ce film ne pourra – ou du moins ne devrait – jamais prétendre hélas.
Les meilleures volontés du monde n'y changeront rien: Diary of the Dead est bel et bien un ratage. Mais un ratage doté de quelques beaux restes, ce qui, dieu merci, en fait une œuvre regardable à défaut de s'avérer mémorable. Qui sait, peut-être ce dernier volet de la saga des morts-vivants trouvera-t-il son public du côté des inconditionnels d'horreur contemporaine faute d'avoir conquis les fans de Romero et du zombie movie old school en général...
> Dans le genre « ciné-reportage-cauchemar », les récents Cloverfield et [·REC] tiennent un peu trop la dragée haute à ce film pour qu'on ne discerne pas la maladresse de son traitement.
Au contraire, j'y vois un gros coup de pied dans la fourmilière, le but n'est pas d'être "réaliste", c'est de pousser le concept au bout et de s'en moquer. D'ailleurs j'ai trouvé le film plein de moment comme ça où Romero se moque du genre, des clichés et des grosses ficelles. Bref, malgré les longueurs, je me suis beaucoup amusé.
Au contraire, j'y vois un gros coup de pied dans la fourmilière, le but n'est pas d'être "réaliste", c'est de pousser le concept au bout et de s'en moquer. D'ailleurs j'ai trouvé le film plein de moment comme ça où Romero se moque du genre, des clichés et des grosses ficelles. Bref, malgré les longueurs, je me suis beaucoup amusé.
Mouais... quitte à se moquer du genre, autant le faire par le biais de l'humour (Shaun of the Dead) à mon sens.
> " Au contraire, j'y vois un gros coup de pied dans la fourmilière, le but n'est pas d'être "réaliste", c'est de pousser le concept au bout et de s'en moquer. "
J'ai pas vu le film, mais... je vois mal l'intérêt de se moquer du concept (ou j'ai pas compris ce que tu veux dire), car même s'il a été beaucoup utilisé ces derniers temps il n'a justement jamais été exploité pleinement, encore moins dans le registre "horrifique" - c'est donner un coup de pied dans une mini-fourmillière !
(et puis mince, se moquer du genre, le détourner et ce genre de choses, c'est juste bon pour ceux qui se croient plus intelligents que tout le monde mais ne sont pas assez intelligents pour en faire quelque chose de correct)
Je sais que c'était il y a presque 10 ans mais dans le registre "horrifique" il y a quand même eu BlairWitch Project... (blabla même pas peur... blabla que de la m****...blabla... bref)
Je persiste, je trouve que Diary of the Dead fait preuve de beaucoup beaucoup de second degré rapport à l'utilisation de la camera embarquée sur protagoniste.
Pas de quoi avoir peur, ni même honte, de citer Blair Witch. Car honnètement, même si le film est très moyen, à la vision de Cloverfield ou de REC on ne peut que constater que des trois c'est Blair Witch qui utilise le mieux son parti pris visuel ! (c'est simple, les deux autres se contentent de raconter une histoire normale).
Mais ça n'empèche pas que le procédé n'est pas si usé que ça, malgré les utilisations régulières dans le genre (les trois films suscités + Cannibal Holocaust, August Underground, les trucs à la Face to Death,...), ça serait bête de laisser tomber tout de suite pour tomber dans la parodie facile. Enfin, je verrai bien ce que ça donne, Dairy of the Dead est sur ma liste.
(tiens, au fait, ça va en faire hurler un, mais la plus belle scène de caméra subjective dans un "film d'horreur" c'est celle de Der Todesking de Buttgereit)
> (tiens, au fait, ça va en faire hurler un, mais la plus belle scène de caméra subjective dans un "film d'horreur" c'est celle de Der Todesking de Buttgereit)
AAAAAAAAAAAAAAAH !!
Oups pardon, ça n'est pas moi qui devait hurler je crois. Simple méprise, autant pour moi :)
Vu.
Je ne dirais pas que c'est tout moisi, même si je le pense un peu quand même.
Le point de vue en caméra embarquée n'apporte rien (en effet [REC] ou Cloverfield étient bien plus intéressant à ce niveau, et dieu sait que j'ai pu faire des tonnes de reproches à ces films), si ce n'est un pauvre constat (on est à l'heure de l'info 24/24, de la producton de contenu amateur sur le net,...) lourdement asséné et jamais exploité autrement que de manière superficiel. Même d'un point de vue purement physique ça marche pas, difficile de se sentir concerné (la faute aux tentatives d'humour justement ? c'est autant de procédés de distanciation avec ce qu'on nous montre), alors que [REC] avait au moins la qualité d'être très immersif.
Bref, déjà que Land of the Dead volait pas bien haut, je me demande si Romero n'est pas un peu foutu sur les bords.
PS : La nuit des morts vivants est ressorti dans quelques salles (Lille, Paris et Marseille), quitte à se faire un film de zombie...
Tiens, je viens de voir sur Allociné que la presse aimait beaucoup (et mine de rien on evite presque les trucs stupides du style " Diary of the Dead est, dans les limites un peu frustes du genre, un sale petit chef-d'oeuvre ", merci le Nouvel Obs). Pas que ça me dérange.
Mais voilà ça fait deux fois ces derniers temps que je suis d'accord avec Télérama :(