Je viens de sortir de la projection de REC, et force est de constater que Balaguero est juste un mec génial.
Sens du cadre travaillé, sans doute encore plus alerte que Cloverfield (ne parlons de pas de Blair Witch Project, plus soporifique), à base de zooms, dézooms, focales, sans pour autant casser les cojones du spectateur qui vient juste s'asseoir pour se payer une bonne partie de frousse. Et le résultat est juste saisissant. Montée de tension crescendo, personnages tous identifiables malgré quelques clichés (notamment chez nos amis asiatiques, affreusement doublés en FR, à éviter), tourbillon à sensations dans un petit hall d'immeuble et dans la ridicule cage d'escalier en spirale (plus JAMAIS vous ne verrez un escalier de ce type comme avant), chaque rentrée dans un appartement est synonyme de tension, chaque ombre suspecte heurte, d'une manière ou d'une autre, notre esprit. Et tant pis si le doublage FR méchamment inégal octroie une belle partie du "naturel" de l'ensemble, on y croit, on se force même à y croire entre deux trois ricanements du couple de beaufs à côté de soi, ou du quinquagénaire qui se mouche comme s'il soufflait dans une trompette.
Mais si le spectateur super blasé et pas du tout excité par le projet peut se dire "bon ouai...ça papotte beaucoup, le Michou espagnol en fait un peu trop, le couple d'asiatiques sont les "chiants de service", les vieillards ronchonnent, la petite à une angine ouai mon oeil", il suffit d'attendre les dernière 20 minutes proprement AHURISSANTES pour souiller DEFINITIVEMENT ses dessous. DEFINITIVEMENT. (décors, climax, vieille légende sur la possession, caméra en mode vision nocturne).
Si Balaguero avait démontré tout son talent dans le registre du poème macabre avec le SUPERBE "Fragile", il n'est plus coutumier du fait parce qu'il change complètement de registre et nous flanque une petite leçon de cinéma d'épouvante, éclipsant tous ses prédécesseurs aux oubliettes du "filmé sur épaule".
Maintenant, allez le voir, ou je tue ce JOLI PETIT LAPIN.
Pour ma part, j'ai pris une jolie claque en pleine figure. C'est du cinoche-concept qui marche dans des traces déjà faites (Blair Witch Project et 28 Days Later entre autres). Mais c'est d'une efficacité sans précédent, au point de faire passer les films susmentionnés pour de vastes blagues (enfin, l'arnaque du tandem Daniel Myrick - Eduardo Sánchez l'était dès le départ, une blague). Jeu d'acteurs, réactions des personnages, gestion de la HD, tension, scènes-chocs, tout est saisissant de bout en bout. Que viva España !
P-S: vu en VO.