Alors, quid de ce labyrinthe de Pan ? Mitigé, vraiment. Oui c’est formellement sympa,
oui c’est un contre cruel intelligent, et oui c’est un bon divertissement. Maintenant, plusieurs choses ont du mal à passer…
Les effets spéciaux ne sont pas toujours réussis. Ils ne sont pas si beaux que ça : le faune est un animatronic trop décelable, les fées ne sont pas enchanteresses, et le final, par son opulence visuelle, rappelle davantage un vieux « Le cobaye » que « Le seigneur des anneaux ». Ensuite, la thématique n’apporte pas grand-chose de neuf par rapport au très proche (et plus abouti) « Espinazo del Diablo », à part peut être quelques ajouts concernant les choix de chacun d’aborder le monde. Le fascisme, la
résistance et le monde des fées représentent grosso modo et respectivement un opportunisme facile et dégueulasse, un militantisme difficile et risqué ainsi qu’enfin une simple fuite du réel. Le vilain Sergi Lopez est très bien, mais le problème majeur est qu’il est la seule source d’humour – noir - de l’œuvre, et qu’il est surtout admiré, voir carrément fétichisé, par Guillermo Del Toro, ça se ressent méchamment. Croisement flagrant entre l’Eduardo Noriega de l’Echine du diable et le zombi nazi ultra-maniaque
d’Hellboy, Sergi Lopez fait son show avec la bénédiction du réalisateur. Un parasitage iconique dirons-nous.
A part la comptine efficace et émouvante, la BO est un peu trop n’importe comment omniprésente, rendant fade une narration plutôt bonne à défaut d’être « aérée » comme elle aurait dû l’être avec des passages plus planants, de ceux qu’on impute plus largement au duo Tim Burton / Danny Elfman par exemple. Au final, on passe un bon moment, mais le film reste un peu trop froid pour susciter l’adhésion qu’on aurait souhaité avoir, et, surtout, les passages fantastiques sont beaucoup moins nombreux que ceux mettant en scène le quotidien du chefton nazi… à en préférer le très jovial
– même si très bancal - « Labyrinth » de Jim Henson et sa clique. Là on y tuait les fées à coup de pschit dans les ailettes, un petit ver de terre donnait des indications foireuses à la jolie Jennifer Connely pour qu’elle se paume dans le labyrinthe du titre, il fallait traverser le bourbier de l’éternelle puanteur pour progresser (« Nooooon, pitié !! Pas le bourbier de l’éternelle puanteur !!! »), un chien brettait comme Lagardère et Bowie
s’amusait à chanter des trucs horripilants tout le temps. Bref, c’était un peu plus le bordel, mais au moins on se marrait bien !! En l’état, Pan est un bon film, une sorte de « Labyrinth » triste shooté aux Peter Weir période australienne, mais il a des casseroles au cul et c’est dommage. Peut être qu’une hypothétique version longue pourrait corriger le tir…
Tiens...je l'ai trouvé particulièrement onirique moi ce Labyrinthe de Pan...
Visuellement magnifique, sorte de conte pour adultes bien narré malgré quelques facilités (la clé du vieille arbre, l'erreur qu'a commise la petite avec le banquet de fruits...), doté d'une interprétation générale exemplaire (Sergi Lopez est formidable), le fanboy Del Toro réussit le pari de mélanger un contexte historique à un autre carrément fictif, c'est cette alchimie qui m'a fait apprécier le Labyrinthe de Pan. Alors en plus si c'est parfaitement mis en scène et doté d'une bande son formidable (bien que comme tu le dis, un peu trop présente, scènes contemplatives oblige), pour moi ce sera un grand OUI!
>le fanboy Del Toro réussit le pari de mélanger un contexte historique à un autre carrément fictif
Oui, en effet, mais au delà du fait que le mélange conte pour enfants / contexte historique peine par sa nature même à cibler son public, qu'y vois tu là de neuf par rapport à l'Echine du diable??
Un autre pb qui me vient en passant: pour l'intro, je n'ai pas pu m'empêcher de penser à celle de MIB avec le moustique écrasé sur le pare-brise!! :-)
>Oui, en effet, mais au delà du fait que le mélange conte pour enfants / contexte historique peine par sa nature même à cibler son public, qu'y vois tu là de neuf par rapport à l'Echine du diable??
Oui ce n'est pas bien nouveau, faut le reconnaître. Mais ce n'est quand même pas un mauvais point, bien au contraire. J'avoue par contre m'être mortellement ennuyé devant l'Echine du diable, vu il y a quelques années sur Canal.
Je ne suis que moyennement receptif au cinéma de Del Toro (Echine du diable ZZZzzz,très bon Blade II, affligeant Hellboy) mais dans l'ensemble son labyrinthe m'a plus que séduit. =)
Eh bien moi c'est le contraire. Comme quoi chacun voyage :)
L'Echine du diable j'ai bien du le voir 3 fois, à chaque fois je le trouve de plus en plus bouleversant: la bombe plantée dans la cour, la scène du pichet d'eau, le prof, le fantôme (la scène du couloir & le trou de la serrure!), le désert, ce coin paumé, Noriega, etc...
Superbe film qui fait plaisir à voir après un Hellboy qui n'arrivait pas à trouver son style entre action, humour et émotion. Ici j'ai trouvé le film assez lent mais surtout à la fois très simplet et très complexe, on le lit un peu comme on veut. Par contre évidemment ce n'est pas un conte pour enfant à mettre devant les yeux des enfants, le film est d'une violence impossible à montrer aux USA par exemple, sauf via production indépendante. Aucune majors n'aurait produit ce Labyrinthe...
La réussite principale est justement ce côté très dur d'un film qui possède vraiment du coeur. Plusieurs scènes sont aussi difficiles que touchantes. Bien sûr ceux qui y vont en cherchant un film de fantasy en seront pour leurs frais, il y a peu de scènes fantastiques. Les effets spéciaux font assez vieux jeu, mais justement je trouve ça plus plaisant que la froideur du numérique.
BIen sûr Sergi Lopez est énorme en @!#$, comme toujours.
Quant à l'interprétation de la partie imaginaire, on peut à loisir essayer de l'expliquer ou la prendre tout simplement tel quel, c'est une des forces du film. Celui qui veut comprendre cherchera, celui qui veut juste prendre le film de manière très "superficielle" peut également le faire.
Bref, cela fait plaisir de voir Del Toro aux manettes d'un film vraiment ambitieux et qui sort des sentiers battus. Je n'ai pas vu l'Echine du Diable, cela semble très similaire, mais après tout, si c'est aussi réussi, je veux bien qu'il se répète régulièrement le bonhomme...