Spécial Chine dans les Cahiers de Janvier

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03/01/04 18:49 

Un cahier spécial jeune cinéma indépendant chinois dans le n° de janvier des Cahiers. Quelques articles, des entretiens, une filmographie. Intéressant, on y apprend surtout l'importance cruciale de la DV pour cette génération, et surtout quelques informations autour de ce film qui promet d'être hallucinant : Tiexi Qu de Wang Bing. Bergala y va carrément de ces grand mots : un nouveau Griffith. Rien que ça ! On verra bien si on peut lui donner raison, et en tous cas apparement ce film documentaire fleuve de 9 heures devrait être distribué avant l'été. J'ai hâte.

En tous cas ce dossier pose une question majeur : quelle avenir pour ces cinéastes dont la majorité des films trouvent un écho dans les festivals internationaux ? Et dont l'attrait d'authenticité un peu franc tireur, ce qui apparaît aux yeux de certains comme une nouvelle vague chinoise, existe surtout parce qu'en Chine ils s'opposent à un gouvernement envers lequel faire un film représente encore un acte politique. N'y-a-t-il pas là une forme de nostalgie occidental et surtout française propre au fait qu'un film politique est quelque chose de désormais impossible ici ? Est-ce que encore ces cinéastes ne trouvent-ils pas de l'appuie à l'étranger, en Europe et au Japon, avec leur cinéma à tendance très naturaliste ou réaliste, parce qu'après tout ce que l'on sait depuis le dehors sur la chine, ne sommes nous pas en demande d'image ? Alors, jusqu'où peut-on aller dans ce sens ? Sommes nous prêt à aider ou produire le moindre documentaire ou film indépendant chinois du seul fait qu'il soit chinois ?

Toujours est-il que s'il est un lieu sans doute où il se passe une réelle forme de révolution en cinéma propre à son pays, et peut-être même bien plus (utilisation de la DV inédite ?), c'est bien en Chine. Qui est pour organiser un convoi pour participer à la révolution ?



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04/01/04 10:09 RE: Spécial Chine dans les Cahiers de Janvier

>quel avenir pour ces cinéastes dont la majorité des films trouvent un écho dans
>les festivals internationaux?

Aucun avenir vu que l'avis momentanée d'une presse "engagée" ne façonne pas des cinéastes d'un coup de baguette magique, tout au plus on en causera pendant un ou deux parce que c'est "in" d'être chinois et contre le gouvernement et après ils tomberont dans l'oubli quand cette même presse passera à autre chose. Un gars comme Lou Ye (Suzhou River) a bien plus de chances de durer car il fait du cinéma avant tout et pas de l'exotisme. Dans le fond, ça me rappelle le début des 90's avec la 5ème génération qui était encensée de toute part pour leurs styles de l'époque dont le cinéma de la 6ème génération est quelque peu l'anti-thèse, d'ailleurs ça m'étonnerait pas que si on ressortait Judou aujourd'hui, il se ferait flinguer par cette même presse parce que son style est has-been. A part que Cheng Kaige et Zhang Yimou sont loin d'être des incapables derrière une caméra et savent se réinventer grâce au film de genre tandis que des mecs comme Zhang Ke-Jia (Xiao Wu), je doute fort qu'ils soient capables de se renouveller, de s'adapter à l'heure époque. Un bon exemple serait le cinéma iranien qui en dehors d'un cercle de personnes déjà partisanes ne risque jamais d'attiser l'envie.

>utilisation de la DV inédite?

humhum, si il faut perdre son temps à encenser n'importe quel tâcheron qui tient un DV en main parce qu'il a des idées et qu'il brave des interdits, alors le cinéma chinois est vraiment foutu (au niveau de son image à l'étranger tout du moins)...



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04/01/04 10:16 RE: Spécial Chine dans les Cahiers de Janvier

D'ailleurs, exemple par l'absurde(mais authentique):
J'ai un collègue africain qui va réaliser un métrage en DV sur l'immigration: est-ce que ça en fait pour autant un cinéaste à part entière? Est-ce que les cahiers vont commencer à faire un dossier là-dessus?



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04/01/04 18:47 RE: Spécial Chine dans les Cahiers de Janvier

Tu as bien raison à peu près sur tout Alain. Je te chipoterais peut-être sur Jia Zhang Ke. Je ne crois pas qu'il soit sans avenir. Son cinéma est riche (j'ai rarement vu film aussi beau fort et intelligent que Platform), il s'inspire des changements de son pays, et je crois que sur ce sujet, il y a encore bien des choses à dire.

Sur la DV, le sujet est largement discutable. Ce que voit les Cahiers, bien sûr, c'est une utilisation "légitime" et "nécessaire" de la DV. Je pense qu'ils y voient avec leur bonne vieille nostalgie une sorte de cousin germain de la nouvelle vague qui s'est emparé du 16mm à l'époque. Je pense qu'ils y voient aussi quasiment un acte politique dans l'acte de filmer, de plus ou moins braver les interdits, et de plus avec les "moyens du bord". Disons que je pense que ce qui leur plaît, et c'est vrai que c'est séduisant, c'est qu'il y a une véritable petite révolution en ce moment là-bas du fait de l'arrivée de ces nouvelles technologies et de l'expansion économique.
Mais, de ce fait, et en sachant la vitesse avec laquelle la Chine se dévelloppe, dans 5, 10 ans au plus, nous aurons combien de "super cinéastes du réel" ? Des dizaines de milliers (au regard de la population) ? Les festivals étranger vont être débordés. Il va falloir faire des festivals spécial Chine (tout court).
Sachant enfin que le grand public chinois préfère les films populaire et les blockbuster U.S, quel avenir encore pour nos futurs dizaine de millier de cinéastes dont peut-être un jour la presse se sera lasser ?

Je te chipoterais encore sur un détail Alain. Tu dis, ils tomberont dans l'oubli etc. Peut-être. Mais regarde quand même, le nombre de festivals dédiés au cinéma asiatique, rien qu'en France. D'année en année il y a de plus en plus de monde, le public en raffole, il est très très curieux. Et ces festivals sont partout en France, et je parle pas de l'étranger. Je pense donc que l'oubli peut-être, mais pas de si tôt quand même. Ces festivals qui sont par ailleurs le moyen idéal pour certain cinéastes d'obtenir un achat et la distribution de leurs films, voir une bourse de la cinéfondation, ou encore de l'argent pour produire leur prochain film.

Alors...



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04/01/04 20:43 RE: Spécial Chine dans les Cahiers de Janvier

Quand je dis qu'ils tomberont dans l'oubli, ce n'est pas forcément que plus personne ne s'en souviendra dans 10 ans mais que le "cinéma du réel", c'est déjà réservé aux cinéphiles hardcore à la base (à part Rosetta parce qu'Emilie a un bonne bouille mais bon..), c'est un cinéma qui restera toujours en marge même dans les cercles cinéphiles (difficile de trouver des cinéastes "du réel" dan les rélas préférés par exemple). Faire du réel pur et dur, c'est renier ce qui peut être valorisant cinématographiquement, ce qui fait que cinéma rime avec 7ème art. Si tu prends le premier dyptique de Bruno Dumont, il y'a beaucoup d'éléments comme la composition des plans qui vont au-delà de la simple chronique d'événements qui font que Dumont réussi bien mieux que beaucoup de films français à retranscrire une réalité car il ne la filme pas à nu mais la recrée via la difformité intrinsèque au cinéma.(bon maintenant si Jiang machin a changé son style depuis Xiao Wu, je retires ce que j'ai dit ^^)

Sinon par rapport aux fantasmes sur la DV comme nouvel outil politique, ça me fait vaguement sourir parce que la photographie existe depuis longtemps déjà et comme dit si bien Paris Match: "le poids des mots, le choc des photos"(oui elles sont ultimes mes références). Au lieu de brasser du vent, les cahiers feraient mieux de s'intéresser au cinéastes qui repoussent les limites visuelles de la DV comme Danny Boyle avec 28 Days Later ou de façon moins éclatante dans les direct-to-video et les séries télé asiatiques.

Et concernant l'essor des festivals asiatiques en France, je m'en fous un peu vu que j'y habite pas ;). Mais d'une façon générale qui dit festival asiatique" ne dit pas "tous les films, tous les genres", c'est encore largement laissé aux organisateurs et justement, la spécialisation récente de Deauville dans les films d'auteurs n'est pas forcément appréciée par tout le monde donc à terme les divers festivals asiatiques risquent bien plus de se spécialiser chacun séparément que de prétendre à une certaine exhaustivité donc pour moi, ça reste quand même une option peu recommandable pour avoir une idée globale de l'Asie ou de la production d'un seul pays, la vidéothèque personnelle peut aisément pallier à cette non-exhaustivité. Dans ce sens, l'essor vidéo en Europe est bien plus intéressant car quand tu vas acheter des trucs en promo chez Carrefour et que tu dois passer par le rayon vidéo où trônent des Memento Mori et autres 2009 Lost Memories(j'en ai été d'ailleurs vachement étonné sur le coup, j'aurais jamais cru ça y'a 10 ans), tu te dis que c'est bien là que se trouve l'éventuel essor européen du ciné asiat et non dans des festivals qui s'adressent un public déjà conquis. Bon, je sais plus ce que je devais répondre à la base mais c'est pas grave...



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