Arrrrg !... Je sors il y a peu de la diffusion de "Shaolin Soccer" sur Arte. Accessoirement, j'ai quand même aussi pris une douche salvatrice pour me remettre les idées en places après ce qu'on ne peut qualifier autrement que de trahison. Mais voyons déjà comment cela avait commencé...
Apprenant la diffusion de cet opus moult fois visionné de cet auguste réalisateur/comédien parmi mes préférés de l'ex-colonie, je compulsais incidemment le programme TV sur le net pour en organiser une vision familiale devant profiter à la culture de ma progéniture cinématographiquement avide (y'en a qu'une version HK ST anglais à la maison, de "Shaolin Soccer"). Or donc, sur le détail de programme Télérama, je tombe sur ça :
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Shaolin Soccer
Film de Stephen Chow (Siu lam juk kau, Hongkong, 2001). Scénario : S. Chow, Tsang Kan-cheung. Image : Kwong Ting-wo. Musique : Raymond Wong. 85 mn. VF. Avec Stephen Chow : Sing. Vicki Zhao-wei : Mui. Ng Man-tat : Fung. Patrick Tse-yin : Hung.
Le genre : farce décomplexée.
Le foot ne se joue pas qu'avec les pieds. Nul n'ignore que le vrai secret de la réussite, c'est le mental. Démonstration avec ce film de Hongkong où le héros, Sing, appliquant à la lettre les préceptes du kung-fu shaolin, métamorphose le soccer en un art pas très martial mais d'une fantastique efficacité.
D'un scénario rachitique, Stephen Chow tire autant d'effets comiques qu'il peut, dans un registre farceur joyeusement décomplexé, et dope le reste - c'est-à-dire les simili-matchs - aux effets spéciaux les plus cartoonesques. Surfant sur la surenchère parodique et l'hyperbole athlétique, le film turbine à plein régime. Sur sa lancée, il arrive qu'il capote sur une bêtasse histoire d'amour ou que la parodie vire à la redite. Mais Stephen Chow, superstar en son pays, aussi décontracté devant que derrière la caméra, crée une espèce de bonne humeur très volatile mais assez communicative. Depuis, Chow a prouvé, avec Crazy Kung-fu, qu'il pouvait faire encore mieux. J.-C.L.
Plus d'infos :
- Titre original : Siu lam juk kau
- Durée cinéma : 86
- Clechaine : 111
- 1er primetime : OUI
- Rediffusion le... : Mardi le 30 à 14h55.
- Genre : Comédie
- 16/9 : OUI
- Année : 2001
- Stéréo : OUI
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Hummm... le genre de jugement vaguement condescendant propre à entamer d'emblée ma bonne humeur initiale par un mépris manifestement réciproque. Mais le pire était à venir en ce fatidique 28 mai 2006 à 21h00, ce en quoi j'aurais dû être alerté par 2 indices du genre qui ne trompent pas : "VF" et un peu plus bas "Durée cinéma : 86". En fait, le "VF", je l'avais vu mais je pensais naïvement qu'en 2001 on aurait été loin des doublages calamiteux des Jackie Chan époque 70-90. Pour la durée raccourcie en revanche, j'avais pas tiqué. Pourtant, de 21h00 à 22h25, il était mathématiquement impossible de faire tenir mes habituelles 110 minutes de comédie kungfootbalistique délirantes et néanmoins humaines (quoique voyons voir... conversion NTSC vers PAL... nianiania divisé par 25 auquel je soustrais la racine d'un poil de queue de raton laveur... non, même comme ça, comme dirait l'autre : "ça dépasse"). Bref, moins chargé d'enthousiasme partageur (la bière vietnamienne dont je m'étais aussi un peu chargé n'a rien à voir là-dedans... hips...), j'eus probablement pressenti l'amertume de la vilaine farce à venir mais là non.
Le résultat ? Un vrai massacre, pire que dans le film et même pas drôle pour le coup. Dés le générique, bye bye le gag de la terre, du crâne de moine et du ballon et bonjour le gros médaillon doré prétentieux échappé du cou de Mr T ou du générique d'un sombre "Double Dragon" ou autre navet similaire. Et au long du métrage, ce fut une destruction en règle de chaque effet comique (la scène de danse du début, les oeufs, etc...) et une suppression pure et simple de tout climat humain par un montage fait en dépit du sens du film (je n'ose même pas parler de la simple cohérence d'espace et de temps des scènes ainsi massacrées), le tout surmonté par un doublage des plus calamiteux donnant au mieux l'impression d'avoir été lu en direct par une bande d'intermittents n'ayant jamais vu du film que des sous-titres approximatifs. Bref, au bout de 10 minutes, ma femme s'est tirée en râlant sur cette bouse de cut VF irrespectueux et j'me suis retrouvé seul avec ma fille pour contempler ce pitoyable spectacle, elle pour avoir au moins une fois l'histoire en français et moi, pestant de rage entre deux rires (malgré tout), par esprit d'analyse socio-cinéphilique.
Du coup, je me dois de présenter mes plus sincères excuses à J.-C.L responsable de la critique télérama un peu plus haut car, si je n'avais moi aussi eu à voir que cette version lamentablement doublée et tronquée, je n'aurais pas pu en dire plus de bien que lui-même, n'ayant également retenu de l'ensemble qu'une bonne humeur très volatile car non soutenue par une histoire humaine (pourtant une des spécificités des films de Stephen Chow...).
Mis à part la dernière phrase, cette critique date de la sortie du film au cinéma. Jean-Claude Loiseau n'a certainement pas vu la version longue lorsqu'il a rédigé ça, mais par contre il a quand même du voir le film en V.O :-)
La critique en elle-même est positive, surtout si on la compare aux critiques assassines de certains mag cinéma (les Cahiers du cinéma, bien sûr !).
Les doublages des jackie époque 70-90 sont plus honorables que les VF actuelles à mon avis. Par extension, les kung fus, wu xia, comédies, Shaw et autres adaptations françaises de l'époque VHS ont beaucoup plus de charme. Même avec des résultats calamiteux, l'équipe de doublage y mettait de l'entrain, de la personnalité et savait toucher à l'esprit même du film, pondre une identité, ne pas se prendre au sérieux et déconner vraiment quand il le fallait, comme les acteurs à l'écran. Et beaucoup des voix de l'époque sont devenus de grands doubleurs cultes. Les VF actuelles des films asiatiques sont la définition même de l'insipide, du boulot qui gonfle à la chaîne. Aucune personnalité, on y ressentirait presque sur certains films l'équipe venue bosser avec une sorte de dénigrement général, une condescendance vis à vis du cinéma de divertissement asiatique, pire pour les comédies, un dénigrement du ton "potache / naïf" qui fait tout le charme HK lorsqu'il est assumé.
En effet, bien souvent, le doublage français des films asiatiques est nullissime.
A mon avis, c'est aussi la faute des distributeurs, qui paient un travail au rabais : équipe de doubleurs réduite ( une personne faisant plusieurs voix ), non vérification du résultat...
C'est au fond un mépris total pour le public de ces films, considérés comme des démeurés...
[Antaeus]
>> La critique [de Jean-Claude Loiseau] en elle-même est positive
Bah oui, après avoir vu le "cut" français hier soir, j'me rend bien compte (d'où mes excuses à son encontre).
[Drelium]
>> Les doublages des jackie époque 70-90 sont plus honorables que les VF actuelles à mon avis
Pas certain... Je ne suis toujours pas remi de ma vision du "Drunken Master II" en VF dont la traduction des dialogues et le doublage sont d'un niveau équivalent à ceux du "Shaolin Soccer", adaptant l'histoire et cassant tout jeu dramatique.
D'ailleurs, c'est en comparant la VO et la VF de certains films qu'on pourrait se rendre compte de la qualité d'interprétation de ces acteurs souvent juste considérés comme de simples athlètes/cascadeurs...
[P'tit Panda]
>> C'est au fond un mépris total pour le public de ces films, considérés comme des démeurés...
Le public tout comme les auteurs. Et ça, c'est plus grave car ça dénote carrément d'un esprit de dénigrement à priori de toute une culture inconnue et que l'on ne souhaite même pas découvrir.
[Drelium]
>> Bref, VF d'aujourd'hui SUCKS !!
>> ... ça fait du bien, merci du topic le singe. ^^
Arte a au moins un mérite. Ce sont les seuls à diffuser régulièrement de bons films asiatiques...
Ils ont foiré par contre sur Shaolin Soccer, valait mieux s'abstenir, effectivement. Tombé dessus par hasard, j'ai tenu moins d'une minute en voyant Stephen parler comme les bodybuilder américains de RTL9 doublés en français vendeurs de body-trainers.
Pour les doublages VF, séance culte : celle de Super Express 109 à l'étrange festival. Un vrai régal de propagande anti-gauchiste :-).
Quand on voit ce que la distribution peut faire subir à un réal aussi coté que Chow, ca fait peur pour ceux qui n'ont pas sa renomée... Est-ce que le public français est considéré comme incapable de voir les versions originales?...
Avec comme principe de rendre le film accessible au plus grand nombre, l'existence d'une version doublée en langage local (quelle qu'en soit la qualité) n'est pas une mauvaise idée en soit. Mais là où il y a vraiment trahison et mépris du spectateur comme du créateur, c'est quand on présente une version tronquée avec un tel manque d'à propos qu'il dénature complètement l'oeuvre initiale. Passe encore pour certaines scènes à la violence un peu plus crue que dans le commun des comédies grand publique (question d'accessibilité...) mais pour le reste des coupes opérées, c'est du foutage de gueule pur et simple. Et qu'on ne vienne pas dire que le film était trop long dans sa version initiale puisque ses 110 minutes originales sont un minimum pour attirer dans une projection à 8 ou 10 euros un public qui en veut pour son argent.