Voilà, je fais une p'tite pub pour ma homepage. J'espère que vous la trouverez pas mal, parce que je suis un vrai débutant en html et je me suis donné du mal pour la faire.
Désolé si ça n'a rien à voir avec le cinéma asiatique (à part la page des liens ou je fais une petite pub pour un grand site...).
C'est vrai. C'est un problème mais je voulais absolument avoir ces images de fond. Le problème est de trouver une couleur de police assez lisible pour les clairs et les foncés.
Ah là j'approuve totalement. Tu fétichises le film en tant qu'objet exacerbé d'un désir dans lequel tu te confonds, tu te plais à le sublimer pour des raisons obscurs, alors que Fight club ne cesse de te hurler brutalement de faire et penser le contraire. Faut être cohérent dans l'incohérence, c'est ça l'art maintenant.
Ce n'est pas parce que j'adore Queen que je vais me mettre à faire de la chanson et devenir subitement homosexuel. Ce n'est pas parce que tu aimes le film tetsuo que tu vas te planter des bouts de fer dans le corps. Il faut savoir relativiser quand même. Il y a une différence entre fétichiser et adorer. J'adore ce film et je trouve l'édition dvd excellente. Où est le problème?
Oh...t'es pas un artiste. Mais tu me donne des idées...Tetsuo, pourquoi pas. Aimer Queen et être homosexuel, lourd à porter. Je plaisante, quoique pour Queen pas vraiment.
Il n'y pas de problème, rassure toi. Par contre pour moi Fincher est devenu vraiment intéressant à partir de Panic Room. Ah... le plan de la cafetière ! N'est-ce pas Nicolas ?
C’est à intervalles réguliers que des critiques cinématographiques installés réveillent leurs collègues en glosant comme des vierges effarouchées sur de prétendus films fascistes qui viendraient, selon eux, déshonorer le cinéma d’auteur. C’est ainsi que des films aussi différents que « Vent d’Est » de Robert Enrico, « Europa » de Lars von Trier ( Breaking the wawes, les idiots ) « Starship Troopers » de Paul Verhoeven ou encore « Funny Games » de Michael Haneke ( 71 fragments d’une chronologie du hasard ) ont reçu l’étiquette disqualifiante de FILM FASCISTE, comme d’autres recevaient naguère le label d’œuvre « dégénérée ». Il y a quelques mois, c’est le dernier film de David Fincher (réalisateur de Seven) qui a reçu l’épithète fatale. Pourtant il faut reconnaître que si pour les quatre films sus-nommés, la polémique relevait de la plus mauvaise foi (trahissant le dépit des petits censeurs du cinéma, confrontés à des œuvres parfois trop intelligentes pour eux), la question se pose réellement à propos de Fight Club ; pour une fois, en effet, il semble que la désignation comme film « fasciste » relève plus du diagnostic que de l’outrage. Voyons ce qu’il en est.
Avant d’être un film, Fight Club est le premier roman d’un garagiste de l’Oregon, Chuck Palahniuk. Parfois pénible à lire à cause de son style « zapping », le roman a en tout cas trouvé dans le film de Fincher, qui respecte intégralement son développement, un support idéal. Tout a été dit sur l’histoire imaginée par Palahniuk et sur ses deux héros. Certains critiques ont voulu présenter Tyler Durden ( interprété par Brad Pitt) comme un « anarchiste de génie » : nous n’avons pas dû voir le même film. Comment qualifier en effet d’anarchiste un homme qui n’accorde même pas à ses disciples le droit de porter un nom et qui, paraphrasant Mussolini, rappelle dans le décalogue du projet Chaos qu’il faut « toujours faire confiance à Tyler Durden » ? D’autres critiques sérieux ont cru reconnaître dans le fight club une « secte gay sado-maso » mais là encore, c’est une interprétation hasardeuse : le film ne pose pas la question de l’homosexualité mais celle de la dévirilisation (voir le symbole ostentatoire du cancer testiculaire ou les confessions de Durden : « Nous sommes une génération d’hommes élevés par des femmes »). Quant au sado-masochisme, il n’y en a aucune trace, malgré peut-être les apparences (l’épisode de la soude sur la main) ; le masochiste jouit de la souffrance et c’est pourquoi il veut souffrir ; alors que les fight-clubbers, eux, font volontairement l’épreuve de la souffrance afin de ne plus la ressentir. De la même façon, le sadique aime faire souffrir alors que le fight-clubber aime avant tout détruire (et prend bien soin d’épargner les vies humaines lors de ses actes).
Par contre, il est certain que les thèmes, les arguments, la « vue-du-monde » de Tyler Durden se rapproche d’un « nihilisme MÉDIAN » qui a trouvé dans le fascisme sa plus funeste incarnation historique. Le philosophe Armin Mohler a montré que le nihilisme « fasciste » ou « révolutionnaire-conservateur » se situe à mi-chemin entre le nihilisme « français » (expression de dégoût et d’écœurement, fait de nausées et de vertiges monotones, d’aboulie suicidaire et de distance aristocratique) et le nihilisme « slavo-oriental », nihilisme de la plénitude qui s’exalte dans la violence, le messianisme radical, le terrorisme ou le bavardage incontinent. C’est ce nihilisme médian que l’on retrouve dans les écrits de Ernst von Salomon ou du jeune Jünger : « Nous avons dans le monde entier la réputation d’être capable de détruire des cathédrales (…) Nous avons, solidement nihilistes que nous étions, manipulé quelques années la dynamite et, renonçant à la plus modeste feuille de vigne de contestation réelle, nous avons fait sauter le XIXe siècle ». La révolte des fight-clubbers est de cette nature : comme le fascisme, elle est « d’après la civilisation » mais elle trouve encore la force de rêver à un âge d’or, un « avant de la civilisation ». Car les fightclubbers, englués dans leurs destins de petits bourgeois yankees, sont avant tout des réactionnaires, nostalgiques des temps rustiques où les objets avaient un poids et où les communautés organiques étaient encore bien vivantes (« Nous chasserons les élans sur la 5 ème Avenue, nous vivrons dans des chaumières forestières, on aura un vieux blouson en cuir que nous garderons toute notre vie … »). Écologie radicale et résolument anti-progressiste qui rappelle évidemment les thèmes du néo-paganisme fascisant. Il n’y a pas de sentimentalité utopique dans la révolte radicale des fight-clubers contre la modernité mais une complicité tragique avec la mort (« Croyez en moi, et vous mourrez. Pour l’Éternité. »), un pessimisme tonique, une « joie » qui rappelle évidemment la « joie fasciste » de Brasillach. Il ne faut pas oublier que le fascisme « immense et rouge » n’est pas une idéologie. Il doit utiliser une idéologie (pour séduire, mobiliser, rassembler) mais il ne se situe pas essentiellement dans la sphère du logos. Le penseur antifasciste Georges Bataille a montré que le fascisme n’appartient pas au monde « homogène » (le monde dont les éléments peuvent être mesurés par les critères rationnels de l’utilité) : Le fascisme appartient au monde de « l’hétérogénéité, le monde non-utile de la « dépense improductive », de la destruction, de la violence. Le ressort du fascisme n’est pas tant la construction d’un ordre nouveau que la destruction de l’ordre ancien. Éthique de la perte, le fascisme est aussi une weltanschauung, une vue-du-monde qui, contrairement à la tradition philosophique ne fournit pas un système mais une pensée parcellaire, faite non pas de raisonnements mais d’images-clés. Le fascisme est la revanche des mythologies anciennes, le retour aliénant du vieux paganisme, devenu totalitaire dans un monde massifié, réifié et déserté par Dieu. C’est ce monde désenchanté, peuplé de pseudo-divinités que décrit Fight Club...
Les analogies directes avec le fascisme abondent : les fight-clubbers s’en prennent violemment à l’individualisme massificateur, l’égalitarisme, le matérialisme, le consumérisme (« l’Ikealcoolisme »), les infrastructures de communication, les pouvoirs institués, les milieux culturels ( voir les coupures de journaux que Tyler Durden classe consciencieusement : « des artistes agressés par un mystérieux commando »). Comme le fascisme, la révolte des fight-clubbers est dirigée contre la modernité mais utilise les potentialités technologiques de notre époque (le quartier général des Spacemonkeys résonne en permanence du bruit des connexions internet). Les membres du fight club sont des petits bourgeois déclassés, des employés médiocres, des fonctionnaires désabusés, des ex-sportifs dépressifs, pleurant leur virilité perdue, isolés dans un monde ou se sont cassées les anciennes structures d’intégration sociétale. En cherchant auprès de Tyler Durdenn un père de substitution, ils ressemblent à cette « personnalité autoritaire » dont l’École de Francfort a montré qu’elle était la base de l’électorat fascisant. Mais Le fascisme est aussi une révolte métaphysique, un révolte de la nature opprimée (et c’est en cela, affirment Horkheimer et Adorno, que le fascisme est totalitaire : « Le fascisme est […] totalitaire dans le fait qu’il cherche à mettre directement au service de la domination la révolte de la nature opprimée contre cette domination. ») Durden montre bien cet aspect de sa révolte lorsqu’il affirme devant ses disciples : « Si vous êtes de sexe masculin, chrétien et si vous vivez en Amérique, votre père est votre modèle de Dieu. Si votre père vous rejète, vous cherchez Dieu. Puis si vous vous rendez compte que Dieu ne vous aime pas, que faites-vous ? Vous vous révoltez ! Nous nous révoltons car nous sommes les enfants non désirés de Dieu ! » Dans un autre ordre d’idée, On peut aussi se hasarder à dresser un parallèle entre le Fight Club et la première guerre mondiale. On sait que l’expérience des tranchés, en plongeant des hommes dans l’extrême violence a joué un rôle déterminant dans le développement ultérieur du fascisme. De la même façon, dans le film, le club de cogne désinstalle à tout jamais ceux qui y ont participé ; ses règles exclusivistes, viriles, communautaires fonctionnent comme autant de contre-règles sociales qui poussent naturellement les clubers à une action directe plus offensive contre la société comme les communautés soldatesques issues du conflit mondial avaient préparé l’embrigadement dans les milices fascistes.
On peut objecter qu’en représentant les fight-clubbers comme des « spacemonkeys » décérébrés, FC est au contraire une dénonciation de la révolte initiée par Durden. A mon sens, la question ne se pose pas de cette manière. Les néo-fascistes eux-mêmes ne considèrent pas leur doctrine comme une doctrine de libération des individus ; ils se battent pour le retour d’une Autorité impérative et contre le postulat de l’autonomie du sujet individuel. Le fascisme ne souhaite pas la libération individuelle de la personne mais cherche à réaliser la volonté collective de la communauté, volonté qui trouve son incarnation mythologique dans la figure du Chef. Pour les néo-fascistes, la « libération » véritable passe par l’acceptation par chacun de son rang dans la hiérarchie et par la « mise en mouvement » du corps social. Mystique du chef, le fascisme est aussi une mystique de la domination (se dominer soi-même pour pouvoir ensuite dominer ses inférieurs). Durdenn incarne le mythe du chef fasciste : Il n’est pas un Che Guevara, encore moins un Makhno. Il évoque plutôt Codreanu ou Léon Degrelle par son charisme, son pragmatisme, son exemplarité, sa faconde, son énergie et ses aspirations. Or, reposant en grande partie sur la fascination qu’exerce Durden / Brad Pitt., ce que montre Fight Club, c’est la beauté du chef fasciste, l’immédiate séduction qu’il exerce sur les autres hommes… et sur le spectateur.
C’est à ce niveau que l’on peut apporter une nuance. FC repose sur le couple représenté par Durden et par son double, interprété par Edward Norton. Or, dans le film, Durden n’a finalement aucune réalité sociale. Il n’existe pas. Il n’est qu’un « symptôme de dissociation mentale, un état de fugue psychique ». Il est la face (obscure ou solaire) d’un petit fonctionnaire torturé par le vide de son existence. Et c’est ce dédoublement de personnalité, cette schizophrénie incarnée qui est la trouvaille la plus ingénieuse de FC car elle illustre le duel inscrit au cœur même du révolté, balancé entre le scrupule et le cynisme, entre le découragement et la persévérance. Lorsqu’il prend conscience de son état, notre homme tente d’utiliser son autorité pour faire avorter le projet Chaos ; mais c’est trop tard : ses hommes ne lui obéissent plus car cette autorité usurpée n’est plus légitime ; le fight Club est devenu une machine totalitaire, fonctionnant d’elle-même, qui ira jusqu’à broyer celui qui l’a mise en branle, puisque celui-ci faiblit. Norton est l’homme révolté mais il est avant tout l’homme décadent et dégénéré, l’occidental scrupuleux et moral. Refusant cette condition d’ homme « libre » qui le rend stérile, il rêve à l’age d’or de la barbarie, aux temps glorieux des clans organiques. Évidemment, cette aspiration du « dégénéré pensant la dégénérescence » (Drieu La Rochelle), cette révolte du décadent nostalgique de la Grande Santé doit s’incarner dans un mythème. Durden est là pour lui donner une incarnation. Durden doit nous séduire car le fascisme est avant tout une séduction. Et comme toute séduction, il est une utopie esthétique, et par là même, il devient totalitaire si sa réversibilité n’est pas pensée simultanément.
Alors, Fight Club, film fasciste ? Non, si l’on considère qu’il est bon de chercher à comprendre le fascisme de l’intérieur. Fight Club nous incite à subir la fascination du fascisme, il nous demande d’accepter d’être séduit par lui afin d’en analyser concrètement les ressorts. Évidemment, c’est une démarche originale et il n’est guère étonnant qu’elle n’ait pas été comprise par les censeurs autorisés. Il est vrai que la scène finale (destruction des maisons-mères des grandes banques américaines), qui voit la réalisation magnifique du projet Chaos, peut être prise comme une justification de celui-ci. Mais dans cette scène comme dans les autres, la démarche de Palahniuk et de Fincher consiste à se situer sur le terrain du principe antagonique. Les caractères qui, de manière restrictive, sont généralement vus comme éléments « mauvais » (violence, domination, exclusion), sont pensés ici dans l’indistinction du rapport conflictuel qui les oppose à leurs contraires. En nous montrant corrélativement la beauté de la révolte existentielle fasciste et son incapacité à s’incarner dans une attitude de libération positive, Fight Club fait au contraire œuvre de salubrité éthique.