10e Udine Far East Film Festival
10 ans déjà, que la petite ville du Nord de l'Italie accueille le désormais plus grand Festival de films asiatiques (populaires) en Europe. Et la menace annoncée de sa probable disparition à l'issue fin de la 7e édition pour fonds insuffisants ne semble plus qu'un lointain souvenir en vue de l'exceptionnel crû 2008. Un événement dignement fêté avec l'invitation de pas moins de 60 vedettes asiatiques, dont Edmond Pang, Hideo Nakata ou le "parrain" du festival, Johnnie To.
L'HISTOIRE FAIT VIVRE
Le Far East Film Festival est né d'un heureux hasard. A l'origine, cette petite ville italienne organisait des événementiels dédiés au cinéma européen et italien, sous le nom de UdineIncontri Cinema. En 1997, Lorenzo Codelli (collaborateur très actif à la revue POSITIF et figure éminente du cinéma italien) propose de consacrer une importante rétrospective au cinéma hongkongais – un événementiel inédit à l'époque en Italie et qui remporte un franc succès.
Cette initiative donne l'idée à quelques passionnés de perpétuer ce rendez-vous en créant un vrai Festival dédié au cinéma asiatique. L'idée n'est pas de viser un public "élitiste", mais de partager leur amour avec le plus grand nombre de gens. La première édition de l'Udine Far East Film Festival est née et se passe dès le départ dans l'imposant théâtre de 1.200 places dans une bourgade de seulement 100.000 habitants (à deux heures de train de Venise).
Le Festival ne cessera de croître (le Festival se passe désormais sur 9 jours avec pas moins de 62 films montrés en provenance d'une douzaine de pays asiatiques), de s'étendre (rétrospective, organisation de journées avec des professionnels, des fêtes avec des artistes asiatiques, …) et de gagner en importance sur un plan international (plus de 50.000 spectateurs en provenance d'une vingtaine de pays en 2008).
L'une des forces du festival est également d'avoir su s'entourer de consultants prestigieux résidant directement en Asie (Stephen Cremin au Taiwan, Darcy Parquet en Corée, Mark Schilling au Japon ou Tim Youngs à Hong Kong, pour n'en citer que quelques-uns) pour se tenir au courant des dernières sorties ("Tactical Unit" de Law Wing-cheong était ainsi une Première Mondiale) et proposer des perles rares (le malaisien "Kala Malam Bulan Mangambang" de Mamat Khalid) ou passées inaperçues à leur sortie (le chinois "PK.COM.CN" de XIAO Jiang).
SIGNES EXTERIEURS DE RICHESSE
Le Festival tente d'être à la pointe de l'actualité, en proposant un maximum d'avant-premières mondiales, internationales et européennes; un pari d'autant plus difficile en raison de la proximité du Festival de Cannes, qui empêche beaucoup de producteurs à mettre à disposition les copies de leurs films avant de n'avoir été absolument certains de ne pas faire partie de la sélection cannoise.
Le Festival met également beaucoup d'importance à s'appeler "Festival Asiatique du cinéma populaire"; les films d'arts et essai sont donc plutôt chichement représentés, même si parfois présents (le philippin "Casket for rent" de Neal Tan; des nombreux chinois, dont "The other half" de LIN Lisheng ou "Lucky Dog" de Zhang Meng). Certaines sélections semblent ainsi parfois un peu "faciles" (notamment côté hongkongais), mais les "mauvaises surprises" sont plutôt rares.
Parmi les particularités, il faut saluer l'effort accordé aux rétrospectives. Si l'édition 2008 a été plutôt décevante (seulement quatre films du "Orson Welles" du cinéma coréen classique, SHIN Sang-ok, déjà montrés dans d'autres pays, dont la France), impossible d'oublier l'incroyable sélection de comédies musicales en provenance de 7 pays en 2006 en présence d'Inoue Umetsugu, ou celle – en 2007 – des œuvres de Patrick Tam, reprenant la plupart de ses films TV de la fin des années 1970. Des rétrospectives, qui s'accompagnent dans la plupart de cas de la publication d'ouvrages absolument passionnants.
D'autres focus s'intéressent à des jeunes réalisateurs méconnus, comme celui accordé à Miki Satoshi ("Deathfix: Die and let live", "In the pool"), dont la qualité exceptionnelle de son dernier, "Adrift in Tokyo" (second prix du public), augure du meilleur à venir.
L'incroyable accueil public réservé aux quelques pinku eiga (films érotiques japonais) présentés il y a quelques années a depuis motivé les organisateurs à ne plus faire l'impasse sur ce genre solidement ancré dans le cinéma nippon actuel et d'en proposer aux cours de séances de minuit devenus mythiques (avec la révélation, cette année, du bouleversant "The Tender Throbbing Twilight" d'IMAOKA Shinji). D'autres jours, des films instantanément cultes assurent la privation de tout sommeil au cours de projections chahutés ou justement applaudis, comme ceux de l'excellent "Crows Zero" de MIIKE Takashi ou l'improbable film de zombis malaisiens "Kampung Pisang" de Mamat Khalid.
Le "Horror Day" est – comme le nom l'indique – une journée entière dédiée au genre du fantastique et de l'horreur; une preuve, s'il en est, que l'Asie sait toujours garantir les frissons à travers des œuvres foncièrement différentes. Le traditionnel japonais "Kaidan" de Hideo Nakata n'a ainsi rien à voir avec les gorissimes coréens "Black House" et "Guard Post" de SHIN Terra et KONG Su-chang, qui sont très loin du fantastique philippin "Altar" de Rico Maria Ilarde.
Pour se remettre de ses émotions accumulées tout au long de la journée (la première séance débute généralement vers les 9 heures et la dernière séance démarre au plus tard à 0h30), chasser les fourmis de ses jambes et digérer les kilos de pizza dévorés sur le pouce entre deux séances, rien de tel que de s'agiter au son des beats des DJ's locaux ou riffs d'artistes asiatiques au cours de la soirée quotidienne organisée dans différents endroits de la ville. Le Festival n'aura pas fait les choses à moitié, puisque ce n'était pas moins que le DJ écossais mondialement connu Howie B (collaborateur régulier d'artistes tels que U2, Björk ou Tricky), qui a clos en toute beauté cette dixième édition.
Enfin, le Festival organisait pour la toute première fois un rendez-vous ouvert à tous publics avec des professionnels du show-biz asiatique pour expliquer davantage l'économie de leurs industries cinématographiques et tenter de nouer des liens avec l'Occident. Là encore, les organisateurs n'avaient pas fait les choses à moitié en invitant des gens tels que le réalisateur IM Sang-soo (en repérage dans la région pour son prochain, Une femme française"), le producteur Frederick Tsui (Media Asia), Mase Yasuhiro (le japonais TBS) ou Marco Müller (le directeur du Festival de Venise). Un rendez-vous souvent plus instructif, que n'importe quel ouvrage dédié à la question.
DROLES DE RENCONTRES
Le Festival met toujours énormément de soin à inviter des personnalités prestigieuses pour les faire participer aux festivités. Largement accessibles au détour des couloirs, dans les bars et restaurants environnants ou au cours des soirées, ils se font également un honneur de venir présenter leurs œuvres respectives, de RESTER à la projection de leurs films (déchaînant des applaudissements chaleureux, peu importe la qualité du film) et de s'en expliquer au cours de rendez-vous publics quotidiens fixés à une "heure creuse" (cad sans qu'aucune projection ne pourrait dissuader des spectateurs à venir les voir) chaque soir de la semaine.
Parmi les invités les plus prestigieux, il y avait Hideo Nakata pour l'avant-première européenne de son (calamiteux) dernier, "Death Note 3: L change the world", l'habitué du festival Edùond Pang en compagnie de son compositeur Peter Kam; les japonais Yamazaki Takashi ("Returner", "Always sunset on third street 2"), Hiroki Ryuichi ("Vibrator", "Your friends"), Miki Satoshi ("Even turtles swim faster", "Adrift in Tokyo") ou encore l'enfant miracle de l'actuel cinéma indonésien Joko Anwar ("Joni's Promise", "Kala: Deadtime"); mais
la bande la plus célèbre à venir fouler la scène italienne (et à remettre un magnifique cadeau d'anniversaire aux organisateurs du Festival Sabrina Baracetti et Thomas Bertacche) était incontestablement celle composée par Wai Ka-fai et Johnnie To venus accompagner de leurs acteurs fétiches Lam Suet, Lau Ching-wan et Kelly Lin. Un très, très grand moment dans l'Histoire du festival.
Le dernier film de la paire Wai / To, "Mad Detective" est d'ailleurs reparti avec le prix du "public VIP" (possesseurs d'un abonnement spécifique au Festival).
Le prix du public a récompensé le très bon "Gachi Boy – wrestling with a memory" du jeune Koizumi Norihiro ("Midnight Sun") (le secodn et troisième prix sont revenus à "Adrift in Tokyo" et la comédie finaude "Fine, totally fine", soit un palmarès 100% japonais), tandis que le public "VIP" a désigné vainqueurs "Mad Detective", "Fine, totally fine" de FUJITA Yousuke et Crows Zero" de MIIKE Takashi.
PASSIONNEMENT
Nul besoin d'avoir une date anniversaire pour célébrer le Festival d'Udine en vue de l'enthousiasmant accueil du public – et quelle émotion, que de pouvoir rire aux éclats et applaudir les blagues totalement potaches d'un blockbuster de SF philippin (!!) "Resiklo" de Mark A. Reyes, de l'indonésien "Quickie Express" de Dimas Djayadiningrat ou frémir ensemble devant le thaïlandais "Body" de Paween Purijitpanya.
Le Festival d'Udine est régi par une bande de fous amoureux de cinéma asiatique et leur générosité passionnée illumine au moins autant l'écran, que les films qu'ils auront choisis avec beaucoup de soin. Voilà sans aucun doute la clé de leur formidable success story et qui promet encore des belles années à venir.
Bastian "Happy" MEIRESONNE – Mai 2008
Récapitulatif des films projetés :
CHINE
The Assembly de FENG Xiaogang
Lucky Dog de ZHANG Meng
The Other Half de LIN Lisheng
PK.COM.CN de XIAO Jiang
Ta Pu de WEI Wang
HONG KONG
The Detective de Oxide PANG
An Empress And The Warriors de Tony CHING Siu-tung
Mad Detective de Johnnie TO & WAI Ka Fai
Magic Boy de Adam WONG, 2007
Mr Cinema de Samson CHIU
Run Papa Run de Sylvia CHANG
Sparrow de Johnnie TO
Trivial Matters de PANG Ho-cheung
Tactical Unit - The Code de Law Wing-cheong
INDONESIE
Quickie Express de Dimas DJAYADININGRAT
JAPON
Always - Sunset On Third Street - 2 de YAMAZAKI Takashi
Crows - Episode 0 de MIIKE Takashi
Fine, Totally Fine de FUJITA Yosuke
Funuke, Show Some Love You Losers! de YOSHIDA Daihachi
Gachi Boy, Wrestling With A Memory de KOIZUMI Norihiro
The Glorious Team Batista de NAKAMURA Yoshihiro
Kaidan de NAKATA Hideo, 2007
L change the WorLd de NAKATA Hideo
Peeping Tom de FUKAGAWA Yoshihiro
Your Friends de HIROKI Ryuichi
Adrift In Tokyo de MIKI Satoshi, 2007
Deathfix: Die And Let Live de MIKI Satoshi
In The Pool de MIKI Satoshi
Love Master de KOMINO Masashi
The Tender Throbbing Twilight de IMAOKA Shinji
DEATH NOTE de KANEKO Shusuke
DEATH NOTE The Last Name de KANEKO Shusuke
MALAISIE
Kala Malam Bulan Mangambang de Mamat KHALID
Zombie Kampung Pisang de Mamat KHALID
PHILIPPINES
Altar de Rico Maria ILARDE
Casket for Rent de Neal TAN
Resiklo de Mark A. REYES
SINGAPORE
Gone Shopping de WEE Li Lin
COREE DU SUD
Black House de SHIN Terra
Forever The Moment de YIM Soon-rye
Going By The Book de RA Hee-chan
The Guard Post de KONG Su-chang
Happiness de HUR Jin-ho
The Happy Life de LEE Joon-ik
Hellcats de KWON Chil-in
Our Town de JUNG Kil-young
Shadows In The Palace de KIM Mi-jeong
The Wonder Years de KIM Hee-jung
TAIWAN
Secret de Jay Chou
THAILANDE
Body de Paween PURIJITPANYA
Handle Me With Care de Kongdej JATURANRASMEE
Love Of Siam de Chookiat SAKWEERAKUL
Me… Myself de Pongpat WACHIRABUNJONG
Muay Thai Chaiya de Kongkiat KOMESIRI
The Screen At Kamchanod de Songsak MONGKOLTHONG
Sick Nurses de Thospol SIRIVIVAT & Piraphan LAOYONT
VIETNAM
The Rebel de Charlie Nguyen
FLOWERS IN HELL: RETROSPECTIVE SHIN SANG-OK
A College Woman's Confession, 1958
A Flower In Hell, 1958
It's Not Her Sin, 1959
A Sister's Garden, 1959